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Colombie : Discours prononcé par le Commandant des FARC Timochenko à la signature des Accords de Paix

19 Octobre 2016, 11:11am

Publié par Bolivar Infos

 

26 septembre 2016

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Notre seule arme sera la parole

 

Mes premiers mots, après la signature de cet Accord Définitif sont destinés au peuple de Colombie, un peuple plein de bonté qui a toujours rêvé de ce jour, un peuple béni qui n'a jamais abandonné l'espoir de pouvoir construire la patrie du futur dans laquelle les nouvelles générations, c'est à dire nos enfants et nos petits-enfants, nos femmes et nos hommes, pourront vivre en paix, dans la démocratie et la dignité, pour les siècles des siècles.

 

Je pense aussi aux laissés-pour-compte qui peuplent les bidonvilles de cette Carthagène, la Ville Héroïque, qui, bien que souhaitant être ici, à cette cérémonie, n'ont pas pu y être. A eux et à elles, je tends ma main de frère et je les embrasse avec le cœur. Vous serez aussi, avec le reste de la société colombienne, les artisans des semailles de la paix qui commencent à peine.

 

On dit que cette légendaire ville de mer, de belles plages, de brise, de vieilles murailles, d'histoire courageuse et de gens extraordinaires a réussi à faire tomber amoureux notre prix Nobel Gabriel García Márquez qui en est arrivé à dire : « il me suffit de faire un pas à l'intérieur des murs pour les voir dans toute leur grandeur à la lumière mauve de 6 heures du soir et je ne peux pas réprimer le sentiment que je viens de renaître. » Car nous sommes ainsi aujourd'hui, certainement, nous qui assistons à ce crépuscule dans lequel nous renaissons pour mettre en marche une nouvelle ère de réconciliation et de construction de la paix.

 

Compatriotes, cette lutte pour la paix qui aujourd'hui commence à porter ses fruits vient de Marquetalia, stimulée par le rêve de concorde et de justice de nos pères fondateurs Manuel Marulanda Vélez et Jacobo Arenas et, plus récemment, par la persévérance de l'inoubliable commandant Alfonso Cano. A eux et à tous ceux qui sont tombés dans cette geste pour la paix, notre éternelle reconnaissance.

 

Comme vous le savez, la X° Conférence Nationale des Guérilléros des FARC-EP a unanimement approuvé les Accords de Paix de La Havane et a donné mandat pour la création d'un nouveau parti ou d'un nouveau mouvement politique, ce qui constitue le passage définitif de la lutte clandestine et du soulèvement armé à la forme de lutte ouverte, légale, vers l'expansion de la démocratie.

 

Que personne ne doute que nous nous dirigeons vers la politique sans armes. Préparons-nous tous à désarmer les esprits et les cœurs.

 

Dans l'avenir, la clef est dans la mise en place des accords, de telle sorte que ce qui est écrit sur le papier prenne vie dans la réalité. Et pour que ce soit possible, en plus du contrôle international, le peuple colombien devra devenir le principal garant de la matérialisation de tout ce qui a été décidé.

 

Nous, nous allons le faire et nous espérons que le gouvernement le fera.

 

Notre satisfaction est énorme de constater que le processus de paix en Colombie est déjà une référence pour la résolution de conflits dans le monde.

 

Comme nous souhaitons que l'autorité palestinienne et Israël trouvent le chemin de la réconciliation ! Comme nous souhaitons ardemment que les bombes se taisent en Syrie et que s'arrête une guerre dont la victime est le peuple, une guerre qui l'exile et l'oblige à se lancer sur la mer dans des bateaux dangereux pour chercher refuge dans des pays qui les rejettent aussi et les répriment sans aucun sentiment d'humanité. Depuis l'outre-mer, depuis Carthagène des Indes, nous demandons une paix négociée en Syrie  !

 

Paix pour le monde entier, plus de conflits guerriers avec leurs terribles drames humains dans lesquels les femmes, les petites filles et les petits garçons nous émeuvent par leurs larmes et leur tristesse.

 

Avec l'Accord que nous avons signé, nous aspirons à mettre un point final, en Colombie, à la longue histoire de luttes et d’affrontements continuels qui ont ensanglanté notre patrie comme un destin cruel et fatal depuis si longtemps. Seul un peuple qui a vécu entre l'épouvante et les souffrances de l'une ou l'autre guerre pendant tant de décennies, pouvait tisser patiemment les rêves de paix et de justice sociale sans jamais perdre l'espoir de les voir couronnés de succès par des voies différentes de la confrontation armée, par la réconciliation et le pardon. Un peuple qui souhaite ardemment que la persécution, la répression et la mort à cause de l'action des paramilitaires qui continuent encore ainsi que de beaucoup de choses qui sont à l'origine du conflit et de la confrontation, puissent être surmontées définitivement.

 

Le plus récent sommet de la CELAC a décidé, avec l'accord de tous les pays d'Amérique Latine et des Caraïbes, que cette partie du monde doit être un territoire de paix. L'Accord Définitif de La Havane vient ratifier cet objectif en mettant fin au plus long conflit du continent. La Terre entière devrait être déclarée territoire de paix, sans aucune guerre, pour que nous, tous les hommes et toutes les femmes du globe, nous puissions nous appeler et agir en tant que ce que nous sommes réellement, des frères et des sœurs sous la lumière du soleil et de la lune, laissant derrière nous toute trace de misère et d'inégalités.

 

Le traité de paix que nous signons aujourd'hui à Carthagène non seulement met fin à un conflit né en 1964 à Marquetalia mais aspire à mettre pour toujours les scellées sur la voie des armes, si longtemps suivie dans notre patrie. Qui sait quel vandalisme s'est implanté dans de larges secteurs de la classe dirigeante colombienne depuis même le cri de l'indépendance envers l'Espagne car les incontrôlables guerres civiles du XIX° siècle fournissent le témoignage évident de l'odieuse manie de vouloir résoudre tous les différends par les armes, en éliminant physiquement le contradicteur politique sans vaincre ses idées avec le soutien du peuple, en couvrant de cette façon des objectifs obscurs pour préserver et prolonger un régime de privilégiés et d'enrichissement à leur profit personnel.

 

A notre avis, toute forme de violence est un attentat contre l'humanité entière, au sens philosophique et moral mais cela constitue aussi un témoignage dramatique de l’histoire humaine.

 

Si l'histoire a démontré quelque chose, c'est qu'aucun peuple ne supporte indéfiniment la brutalité du pouvoir, qu'on l'appelle comme on veut. De la même façon, les peuples, victimes initiales et finales de toutes les violences, sont les premiers à rêver de la paix et de la convivialité qui nous ont été arrachées et à les souhaiter. Tout peuple aime ses enfants et rêve d'un avenir heureux pour eux. C'est ce que nous avons toujours cherché.

 

Nous avons décidé à La Havane de faire des enquêtes rigoureuses pour apporter des éclaircissements sur la vérité historique du conflit colombien. Nous leur laissons tirer leurs conclusions. Mais qu'on reconnaisse que nous, les FARC-EP, avons toujours cherché par tous les moyens à éviter à la Colombie les malheurs d'un affrontement intérieur prolongé. D'autres intérêts, trop puissants sur le plan international et dans les centres urbains et les champs du pays, se chargeraient de faire pencher la balance dans le sens contraire par de multiples moyens et une action de communication intense dans laquelle la manipulation des médias et les mensonges ont fait partie du pain quotidien.

 

Cependant, on ne pourra jamais effacer de l'histoire que, pendant plus de 30 ans, chaque processus de paix a représenté une réussite de l'insurrection et des secteurs populaires qui l'exigeaient. Et par conséquent, nous avons vraiment le droit de déclarer comme une victoire la signature de cet Accord Définitif par le Président Juan Manuel Santos et le commandement des FARC-EP. Pour être totalement justes, il faut dire que ce traité de paix est aussi une victoire de la société colombienne dans son ensemble et de la communauté internationale.

 

Sans ce large soutien de la société et du peuple qui a augmenté d'un bout à l'autre de la patrie ces dernières années, nous ne serions pas face à ce magnifique événement de l'histoire politique du pays. Aujourd'hui, nous devons remercier pour avoir contribué à la atteindre ce but collectif les femmes et les hommes de cette belle terre colombienne, les paysans, les indigènes et les afro-descendants, les jeunes, la classe ouvrière en général, les artistes et les travailleurs des arts et de la culture, les écologistes, la communauté LGBI, les partis politiques et les mouvements sociaux, les différentes communautés religieuses, d'importants secteurs du patronat et surtout les victimes du conflit. Nos petits garçons et nos petites filles, qui en sont le plus bénéficiaires car ils sont la semence des générations futures, nous ont émus par leurs expressions grandioses de douceur et d'espérance.

 

Nous devons admettre que notre proposition de rechercher une sortie politique à l'hémorragie fratricide de la Nation a trouvé chez le Président Juan Manuel Santos un interlocuteur courageux, capable de résister fermement aux pressions et aux provocations des secteurs bellicistes. Nous reconnaissons sa volonté prouvée de construire l'Accord qu'on signe aujourd'hui dans notre héroïque Carthagène.

 

Pour la première fois en plus d'un siècle, on a enfin réussi à unir suffisamment de volontés pour dire non aux amis de la guerre qui pendant si longtemps se sont emparés de l'histoire nationale pour la soumettre à un chaos interminable et douloureux.

 

Toute cette construction sociale et collective a pu porter ses fruits grâce à l'infatigable soutien des pays garants. Nos remerciements à Cuba, au Commandant de cette glorieuse Révolution Fidel Castro Ruz, au Général d'Armée et Président Raúl Castro Ruz et au peuple cubain en général. Egalement au Royaume de Norvège et à tout le peuple norvégien pour leur ferme soutien à ce processus.

 

Le Commandant Hugo Chávez mérite une reconnaissance particulière. Sans ses travaux aussi patients que discrets, cette heureuse fin n'aurait pas eu de début. A Nicolás Maduro, qui a continué ce généreux effort de paix en tant que Président de la République Bolivarienne du Venezuela, pays accompagnant et à travers lui, nos remerciements au peuple de cette république sœur. Nos remerciements au Chili, en sa qualité de pays accompagnant, à son peuple, à sa présidente Michelle Bachellet. Egalement à l'Organisation des Nations Unies. La Paix de la Colombie est la paix de Notre Amérique et de tous les peuples du monde.

 

Avec cet Accord Définitif a été fait un pas très important dans la recherche d'un pays différent en s'engageant dans une Réforme Rurale Totale pour contribuer à la transformation des structures des champs. Il encouragera une Participation politique intitulée Ouverture démocratique pour construire la paix par laquelle on cherche à élargir et à approfondir la démocratie. Nous, les FARC-EP, abandonnons les armes en même temps que l'Etat s'engage à proscrire la violence comme méthode d'action politique. C'est mettre une fin définitive à la persécution et au crime contre l'opposant politique, lui donner des garanties complètes pour son activité légale et pacifique. Avec le Cessez-le-feu Bilatéral, l'arrêt des Hostilités et l'Abandon des Armes grâce auquel s'achève pour toujours la confrontation militaire, a été décidée la Réincorporation des FARC-EP dans la vie civile, économique et sociale et dans la politique conformément à nos intérêts et on a signé l'accord sur les Garanties de sécurité et sur la lutte contre les organisations criminelles ou paramilitaires qui ensanglantent et menacent la Colombie.

 

La prévision du Pacte Politique National, par lequel nous, le nouveau mouvement politique né de notre conversion à l'activité légale, encouragerons un grand accord national à partir des régions avec toutes les forces vives de la Nation pour donner une réalité à l'engagement de tous les Colombiens et de toutes les Colombiennes à ne plus utiliser les armes en politique et à ne plus encourager d'organisations violentes comme le para-militarisme, mérite une attention particulière. En matérialisant cet objectif commun, la Colombie aura réussi à faire un gigantesque pas en avant sur la voie de la civilisation et de l'humanisme.

 

Nous sommes bien sûrs d'une chose : si cet Accord Définitif ne satisfait pas les secteurs des classes puissantes du pays, par contre, il représente une bouffée d'air frais pour les plus pauvres de Colombie, invisibles pendant des siècles, et pour les jeunes dans les mains de qui se trouve l'avenir de la patrie, ces jeunes qui seront la première génération de citoyens à grandir dans la paix.

 

L'Accord Définitif que nous signons ici contient presque 300 pages, difficiles à résumer en si peu de temps. Sa signature ne signifie pas que le capitalisme et le socialisme ont commencé à sangloter dans les bras l'un de l'autre, réconciliés. Ici, personne n'a renoncé à ses idées ni fait avancer ses drapeaux vaincus. Nous avons décidé que nous continuerions à les confronter ouvertement dans l'arène politique sans violence, dans un sublime effort de réconciliation et de pardon pour la coexistence pacifique, le respect et la tolérance et surtout pour la paix, la justice sociale et la démocratie véritable. En nous souvenant de Saint François d'Assise, nous devons nous répéter que quand on vient vers nous la bouche parlant de paix, nous devons prendre soin d'abord d'avoir nos cœurs pleins de celle-ci.

 

Notre voix continuera à retentir sur toutes les scènes possibles contre les injustices inhérentes au capitalisme, dénonçant les guerres comme l'instrument favori des puissants pour imposer leur volonté aux faibles par la force et la peur, exigeant le sauvetage et la conservation de la vie et de la nature, la fin de toute forme de patriarcat et de discrimination, proposant des issues vraiment humaines et démocratiques à tous les conflits, sûrs que l'immense majorité des peuples préfèrent la paix et la fraternité aux haines et mérite par conséquent une place privilégiée dans l'adoption des décisions qui concernent l'avenir de tous.

 

La Colombie a besoin de transformations profondes pour transformer vraiment en réalité les rêves de justice sociale et de progrès. La paix est sans doute un élément essentiel des grands destins qui nous attendent en tant que nation, destins qui devront être caractérisés plus par leurs lumières que par leur puissance, comme dirait le Libérateur.

 

Pour le rendre possible, notre patrie a besoin, en plus d'une renaissance éthique, de la restauration morale dont parlait Jorge Eliécer Gaitán avant d'être assassiné ce fatidique 9 avril 1948. L'enrichissement facile et le mensonge insolent, la discorde semée dans les esprits des citoyens par le mensonge habituel des médias, la farce de l'éducation fondée sur l'esprit de lucre des patrons sans principes, l'aliénation quotidienne semée par la publicité mercantile entre autres graves maux exigent, pour les surmonter, le meilleur des valeurs humaines de nos compatriotes.

 

La société colombienne doit être clairement inclusive dans le domaine économique, politique, social et culturel. L'Etat colombien, après la signature de cet Accord, ne peut continuer à être celui qui permet que la santé soit un négoce. Les tristement célèbres « marches de la mort 1» et les agonies devant le porte des hôpitaux doivent disparaître pour toujours. Plus de familles condamnées à vivre dans la rue et dans la misère à cause des dettes usuraires avec le système financier ou les bandes du « goutte-à-goutte2 ». La sécurité dont rêvent tant les Colombiens et les Colombiennes ne doit pas dépendre autant de l'importance des forces de sécurité de l'Etat ni le combat contre la pauvreté, les inégalités et l'absence d'opportunités dont souffrent des millions de compatriotes, source réelle des formes les plus caractéristiques de la délinquance. Les services publics doivent parvenir à tous et à toutes. C'est à cette tâche que nous proposons de nous joindre dès maintenant, sans autre arme que notre parole. Et c'est ce que l'Etat colombien a promis solennellement de respecter et de protéger.

 

Au contraire de ceux qui prétendent que notre entrée dans la politique ouverte en Colombie constitue une menace, nous pensons que des millions de Colombiens et de Colombiennes nous tendent leurs bras généreux et félicitent leur gouvernement pour avoir obtenu au moins la fin du conflit armé, parmi leurs différents buts. De toutes les parties du monde, nous recevons d'émouvantes félicitations pour ce que nous avons obtenu. La paix de la Colombie est la paix de Notre Amérique, nous répètent tous les gouvernements du continent.

 

Devant eux, nous sellons notre engagement de paix et de réconciliation. Où que dans l'avenir un ancien combattant des FARC - EP pose ses pieds, vous pouvez être sûrs de trouver une personne honnête, sereine et sensée, encline au dialogue et à la persuasion, une personne disposée à pardonner, simple, généreuse et solidaire. Une personne amie des enfants, des humbles et désireuse de travailler pour un nouveau pays pacifiquement.

 

Il y a presque 5 ans, une note destinée à être lue par le Président Santos, à quelques jours de la mort de notre Commandant Alfonso Cano, s'achevait en disant : « Ce n'est pas ainsi, Santos, ce n'est pas ainsi. » Avec la conviction que la Colombie méritait un accord bien meilleur et que peut-être avec un peu plus de volonté, nous l'aurions obtenu, je dois reconnaître que celui que nous signons aujourd'hui constitue une lueur d'espoir, chargée de soif de paix, de justice sociale et de démocratie véritable, un document d'une importance exceptionnelle pour l'avenir de nos fils et de nos filles et de la patrie toute entière.

 

Les plus de 10 000 millions de dollars investis dans la guerre pour le Plan Colombie et les dépenses gigantesques pour financer la guerre auraient servi à résoudre une bonne partie des maux dont souffre le peuple colombien. Mais, comme dirait notre commandant Jorge Briceño, ce n'est plus le moment de pleurer mais d'avancer. Après des centaines de milliers de morts et des millions de victimes, en signant ensemble ce document, je le dis, Président, avec une émotion patriotique, que ce chemin-ci, oui, était le chemin indiqué, c'était ainsi.

 

Les soldats et les policiers de Colombie doivent savoir clairement qu'ils ne sont plus nos adversaires, que pour nous, il est évident que le bon chemin est celui de la réconciliation de la famille colombienne. Nous attendons d'eux, comme l'ont assuré plusieurs de leurs cadres les plus connus qui ont joué un rôle important à la Table de La Havane, un regard différend de celui qu'ils nous ont réservé jusqu'à présent. Nous sommes tous les fils du même peuple colombien, ses grands problèmes nous touchent de la même façon.

 

A nos guérilleras et à nos guérilléros, à nos prisonniers de guerre, à leurs familles, à ceux d'entre nous qui ont été démobilisés et estropiés, nous voulons envoyer un message d'encouragement : vous avez vécu et vous avez lutté comme des héros, vous avez ouvert avec vos rêves la voie de la paix en Colombie. Les 3 monuments qui seront construits avec vos armes témoigneront éternellement de ce qu'a représenté la lutte des combattants et des combattantes des FARC – EP et du peuple humble et courageux de cette patrie.

 

La Colombie espère maintenant que, grâce à la nécessaire diminution du pourcentage de dépenses publiques destinées à la guerre que devra provoquer la fin de la confrontation et grâce à l'augmentation de l'investissement social, jamais plus, ni à la Guajira, ni à el Chocó, ni nulle part ailleurs sur le territoire du pays, des petits garçons et des petites filles ne continueront à mourir de faim, de dénutrition ou de maladies curables.

 

Nous avons couronné, par la voie du dialogue, la fin du plus long conflit de l'hémisphère occidental. Nous sommes les Colombiens et les Colombiennes, un exemple pour le monde : soyons dignes, à l'avenir, de porter un pareil honneur. Reconnaissons que chacun et chacune d'entre nous, avons quelqu'un à pleurer. Nous avons perdu des fils et des filles, des frères et des sœurs, des pères, des mères, des amis et des amies.

 

Gloire à tous ceux qui sont tombés et aux victimes de ce long affrontement qui s'achève aujourd'hui !

 

Au nom des FARC – EP, je demande sincèrement pardon à toutes les victimes du conflit pour toute la douleur que nous avons pu provoquer dans cette guerre.

 

Que Dieu bénisse la Colombie. La guerre est finie. Nous commençons à construire la paix. L'amour de Mauricio Babilonia pour Meme pourra à présent être éternel et les papillons qui volent librement derrière lui, symboles de son amour infini, pourront maintenant se multiplier pendant des siècles en couvrant la patrie d’espérance.

 

Bienvenue à cette seconde opportunité sur la Terre !

 

Carthagène des Indes, 26 septembre 2016

 

NOTES de la traductrice:


1Paseo de la muerte : mafias qui profitent du commerce de la santé en Colombie.