Argentine : Indignation après les déclarations de Macri sur les assassinats sous la dictature
Par Stella Calloni (Cubadebate, 9 novembre 2016)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
La présidente des Grand-mères de la Place de Mai Estela de Carlotto a dénoncé mardi comme une provocation et une campagne de discrédit et de dégénérescence la diffusion d'un communiqué du gouvernement de droite du président argentin Mauricio Macri qui indique que pendant la dictature militaire, il y a eu 6 348 disparus et pas 30 000 comme l'ont dit les organismes qui s'occupent des droits de l'homme.
De Carlotto a estimé que ces actions cherchent à provoquer le discrédit de ceux qui ont lutté pendant des années pour la vérité et la justice, contre les crimes contre l'humanité commis par la dictature civile et militaire (1976-1983) qui avait, en plus, un plan systématique de vol d'enfants nés en captivité, arrachés à leurs parents qui ensuite ont disparu.
De la même façon, les organismes ont rappelé que le rapport de la Commission Nationale sur la Disparition de Personnes (CONADEP) créée par le premier président après la dictature militaire Raúl Alfonsín, remis en 1984, a présenté une liste de presque 10 000 victimes.
Le temps de travail et les recherches ont été relativement courts mais leurs résultats qui sont devenus le livre « Jamais plus » ont été la base des procès historiques contre les juntes militaires à travers le monde.
Même maintenant, après le passage du temps, de nouvelles plaintes seraient découvertes et même des documents déclassifiés par les Etats-Unis parlaient de 22 à 25 000 disparus. Au début, on niait aussi le vol des enfants qui ont été arrachés à leurs mères en captivité et ensuite disparues comme les pères.
La dure lutte des familles tout au long des 40 dernières années, commencée par les tournées des Mères de la Place de Mai en 1977, en pleine dictature, a rendu possible de connaître la vérité et l'horreur du terrorisme d'Etat implanté et aussi de nouveaux cas et de nouveaux témoignages qui ont confirmé les plaintes des familles qui, comme l'a dit mardi De Carlotto, ont lutté pour la mémoire, la vérité et la justice en se faisant traiter de menteuses et de faiseuses d'histoires.
Nous sommes bouleversées, blessées et perturbées, a dit De Carlotto et elle a rappelé que les assassins eux-mêmes ont dit qu'il y avait quelques 45 000 morts et disparus. Beaucoup de ces responsables de crimes contre l'humanité ont été condamnés même pour génocide lors des procès qui ont eu lieu sous les gouvernements de Néstor Kirchner (2003-2007) et de Cristina Fernández de Kirchner (2007-2015) quand on a récupéré les Centres Clandestins de Détention transformés en Musées de la Mémoire.
Non seulement De Carlotto mais les Mères, les fils et les familles des disparus ont condamné ce rapport qu'ils ont qualifié d’infâme et dont la diffusion sous forme de communiqué a été signé par le secrétaire aux Droits de l'Homme Claudio Avruj.
Cela a été la réponse que donna lundi au Registre Unifié des victimes du Terrorisme (RUVTE) qui dépend du Ministère de la Justice l'ONG Citoyens Libres, une des si nombreuses organisations financées par l'étranger.
Cette ONG avait demandé qu'on inclut les victimes des violations des droits de l'homme depuis 1973. On comptabilisait ainsi 7 010 disparitions forcées et 1 561 assassinats sans disparition forcée jusqu'à la fin de la dictature en décembre 1983. On obtenait ainsi un total, pour les 2 périodes, de 8 571 victimes du terrorisme d'Etat, ce qui était aussi très polémique puisque les organismes ont des données des années de plomb de l'Alliance Anticommuniste Argentine (Triple A) et de l'Opération anti-rébellion Independencia qui a laissé une traînée de crimes et de disparitions dans le nord-ouest du pays à partir de 1975.
Ils ont osé dire que nos fils étaient vivants à l'étranger, profitant de 40 ans d'absence, a dit De Carlotto et elle a assuré que ce qu'elles veulent, c'est « un « Jamais plus » pour nous. » Elle a aussi soutenu que le gouvernement de Macri a peur des organismes qui s'occupent des droits de l'homme, que nous perturbions leurs projets et leurs plans avec lesquels ils travaillent sournoisement.
Ils ne vont pas nous détruire
Elle a enfin rappelé : « Nous, ils ne vont pas nous détruire, nous avons lutté contre une dictature et nous marchons encore et continuons à retrouver nos petits-enfants... au lieu de se demander combien ils sont, nous leur demandons de nous aider à les trouver. »
Les Grand-mères ont retrouvé 121 après avoir supporté les moqueries et les mauvais traitements les accusant de mentir.
Pour sa part, Adolfo Pérez Esquivel a dit à La Jornada qu'il était évident qu'ils chercheraient à discréditer les luttes concernant les droits de l'homme et qu'il ne pouvait pas en être autrement puisque ce qui est en train de se produire est un retour aux violations des droits de l'homme, des droits des peuples, des mesures qui provoquent la douleur, l'abandon, les répressions, les menaces, les persécutions, les prisonniers politiques. C'est ce qui est en train de se produire.
D'autres organismes ont averti qu'en plus d'avoir détruit de nombreux programmes et d'institutions liés aux droits de l'homme, il y a un retour aux procès, aux tentatives pou renvoyer chez eux les condamnés pour crimes contre l'humanité et pour faire disparaître la politique des droits de l'homme qui a mis l'Argentine à la première place dans le monde.
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