Cuba: Jamais nous ne faillirons à notre peuple !
Cuba: Jamais nous ne faillirons à notre peuple !
Discours prononcé par le général d’armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba et président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, à la séance de clôture de la 8e Période ordinaire de sessions de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire, à la 8e Législature, au Palais des Conventions, le 27 décembre 2016, « Année 58 de la Révolution »
Auteur: Raúl Castro Ruz | internet@granma.cu
28 décembre 2016 17:12:32
(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)
CAMARADES,
Les journées de fin d’année, comme d’habitude, ont été marquées par une activité intense. Samedi dernier, nous avons tenu la réunion du Conseil des ministres, qui a adopté la présentation à cette Assemblée du Plan de l’Économie et du projet de Budget pour l’année 2017, que nous avons analysés aujourd’hui.
À la différence des sessions précédentes, nous n’avons pas procédé à cette occasion à l’évaluation du déroulement du processus de mise à jour du Modèle économique et social, compte tenu que nous continuons de travailler à la proposition de sa Conceptualisation, ainsi qu’aux bases du Plan de développement économique et social à l’horizon 2030, depuis la tenue, sur décision du 7e Congrès du Parti, du profond débat démocratique mené avec les organisations du Parti et de la Jeunesse, les représentants des organisations de masse et de vastes secteurs de la société.
Le Comité central devrait approuver ces deux documents programmatiques dans le premier semestre de l’année prochaine.
Lors de la session ordinaire de 2015, j’ai averti que le comportement de notre économie en 2016 devrait faire face à des limitations financières découlant de la baisse des revenus des exportations, du fait de la chute des prix des principaux produits, ainsi de difficultés dans nos relations de coopération avec d’autres pays.
Déjà au mois de juillet de cette année, les faits ont confirmé ces prévisions, dont j’ai fait part au peuple depuis ce Parlement. Il n’en est pas moins vrai que les limitations dans les fournitures de combustibles et les tensions financières se sont aggravées dans le second semestre, provoquant une contraction du Produit intérieur brut de 0,9%. Cependant, nous avons préservé les services sociaux gratuits, comme l’éducation et la santé publique à toute la population. Il n’y a pas eu d’effondrement de notre économie, ni de retour aux coupures de courant dont avions souffert aux moments les plus durs de la période spéciale, comme le laissaient entendre nombre de médias internationaux malintentionnés.
Par ailleurs, au milieu de ce scénario défavorable, notre pays a continué de s’acquitter strictement des obligations contractées dans le cadre de la restructuration de la dette extérieure cubaine. Cependant, il a été impossible de surmonter la situation transitoire que nous traversons dans les retards des paiements courants aux fournisseurs, mais une série de démarches sont en cours pour améliorer le panorama dressé.
J’en profite pour remercier, une fois de plus, nos partenaires commerciaux pour leur compréhension et la confiance envers Cuba, et je réitère la volonté du gouvernement de rétablir progressivement la normalité dans cette importante sphère et de jeter les bases pour éviter que ce phénomène ne se reproduise.
Concernant le comportement de l’économie cubaine, on ne peut pas oublier les effets négatifs provoqués par le blocus économique, commercial et financier des États-Unis qui, comme chacun sait, est toujours en vigueur. Signalons à titre d’exemple que Cuba ne peut toujours pas réaliser de transactions internationales en dollars étasuniens, ce qui nous empêche de mener à bien de nombreuses et d’importantes affaires en perspective.
On ne peut pas oublier non plus les importants dommages provoqués par le dangereux ouragan Matthew, les 4 et 5 octobre de cette année, qui s’est abattu avec une violence inhabituelle sur six municipalités de l’extrême est du pays, avec son lot important de destructions de logements, d’établissements scolaires et de santé, d’entrepôts, d’installations industrielles et hôtelières, ainsi que les dommages sévères causés aux infrastructures routières, électriques, hydrauliques et de télécommunications.
Heureusement, grâce aux mesures adoptées pour la protection de la population, nous n’avons eu à déplorer aucune perte en vie humaine, comme cela s’est produit dans d’autres pays qui se sont retrouvés sur la route de ce phénomène météorologique, dont plusieurs dizaines sur le propre territoire des États-Unis.
Je me souviens qu’un ouragan beaucoup plus faible que celui-là, de catégorie 2, à cette même époque, mais en 1963, il y a 53 ans, le Flora causa plus de 1 200 pertes humaines. Nous en avons tiré plusieurs leçons, notamment en rapport avec le nombre de barrages dont nous disposions – il en existait quatre ou cinq dans l’ensemble du pays –, et lors du passage de ce dernier ouragan, comme je le signalais, nous n’avons pas essuyé une seule perte, pas même un blessé grave. Nous travaillons et nous continuerons à travailler.
Je profite aussi de cette occasion pour exprimer notre gratitude pour tous les témoignages de solidarité et le soutien matériel que nous avons reçus de nombreux pays et des organisations internationales du système des Nations Unies, pour contribuer à la réhabilitation de ces territoires. L’aide apportée par la République sœur du Venezuela, à l’initiative de son président, le camarade Nicolas Maduro Moros, mérite une mention à part.
Concernant le plan et le budget pour 2017, je dois avertir que les tensions financières persisteront, tout comme les défis, qui pourraient s’accentuer dans certaines circonstances. Cependant, nous prévoyons que l’économie cubaine reprendra sa courbe ascendante et que le Produit intérieur brut renouera avec une croissance modérée autour de 2%.
La réalisation de cet objectif passe par trois prémisses décisives : garantir les exportations et leur encaissement opportun ; augmenter la production nationale visant à diminuer les importations ; et, ce qui n’est pas moins important, réduire toutes les dépenses qui ne sont pas indispensables et utiliser rationnellement et efficacement les ressources disponibles. Dans le même temps, au milieu des difficultés, nous continuerons d’exécuter les programmes d’investissements en fonction du développement durable de l’économie nationale.
Nous accordons une grande importance à la nécessité de dynamiser les investissements étrangers à Cuba, conformément à l’Orientation No 78 de la Politique économique et sociale du Parti et de la Révolution, adoptée au 7e Congrès.
Je reconnais que nous ne sommes pas satisfaits dans ce domaine et que les retards excessifs dans les processus de négociations ont été fréquents. Il s’impose de surmonter une fois pour toutes la mentalité obsolète, pleine de préjugés contre les investissements étrangers. Afin de pouvoir avancer résolument dans cette voie, nous devons nous débarrasser des fausses craintes envers le capital étranger. Nous n’allons pas et nous n’irons pas vers le capitalisme. Ceci est complètement hors de question, comme le stipule et le maintiendra notre Constitution, mais nous ne devons pas avoir peur et dresser des obstacles à ce que nous pouvons faire dans le cadre des lois en vigueur. Ceci requiert, en premier lieu, d’assurer une préparation et une formation systématiques des cadres et des spécialistes chargés des négociations, et de tirer des leçons des insuffisances et des erreurs du passé afin qu’elles ne se reproduisent plus jamais.
Comme chacun sait, cette petite Île ne produit pas tout le combustible dont elle a besoin, et doit en importer des volumes considérables, dont le coût est suspendu telle une épée de Damoclès sur notre économie. Sans renoncer à augmenter la production nationale de pétrole, pour laquelle il faut aussi des investissements, nous nous devons d’accélérer le développement des sources renouvelables d’énergie, qui actuellement ne représentent que 4,65% de la production d’électricité.
Pour ce faire, nous avons des conditions plus que suffisantes dans les domaines de l’énergie solaire ou photovoltaïque, de l’énergie éolienne et la biomasse. Il s’agit d’un secteur stratégique où il faut promouvoir résolument les investissements étrangers.
En effet, ces deux derniers sujets dont je vous parle ont été abordés il y a quelques jours à la dernière réunion du Conseil des ministres, et nous devons maintenir, comme je le signalais, l’objectif de 24% auquel nous aspirons selon le plan à l’horizon 2030. Mais nous devons déjà travailler pour le dépasser à cette date.
Dans un autre ordre d’idées, dans la matinée d’aujourd’hui cette Assemblée a convenu de continuer de travailler, jusqu’à fin de l’actuelle Législature en 2018, à l’expérience appliquée dans les provinces d’Artemisa et Mayabeque, dans le but de séparer la direction des conseils d’administration des assemblées provinciales et municipales du Pouvoir populaire.
En cours depuis un quinquennat, lors de la création de ces deux provinces, cette expérience a permis de mettre en pratique un ensemble de principes organisationnels et de fonctionnement des organes de gouvernement, permettant aux assemblées locales du Pouvoir populaire de porter une attention plus soutenue aux conseils populaires, aux délégués de circonscription et à la population en général.
De même, on est parvenu à démarquer les fonctions étatiques de celles des entreprises au niveau local, et à mettre en place au niveau de ces provinces un système d’entreprises chargée de prêter leurs services au peuple. Ce travail a permis de réduire considérablement les effectifs des fonctionnaires et des cadres des structures de direction dans les provinces et les municipalités.
Cependant, nous avons détecté une série de déficiences qui, sans invalider les concepts essentiels de l’expérience, ont empêché la consolidation du modèle de gestion mis en pratique pour assurer le succès de sa généralisation ultérieure dans le reste du pays.
Parmi les principales déficiences constatées : le niveau de fluctuation élevé des cadres à ces instances, ainsi que le complètement des effectifs, attribué à une sous-estimation de la sélection, de la formation et du contrôle du personnel. À ceci s’ajoute une attention et une supervision insuffisantes de l’expérience de la part des organismes et des entités nationales, ce qui a retardé la mise en pratique des décisions adoptées.
J’estime que les erreurs ont été identifiées et que la décision de prolonger l’expérience est une décision correcte. À présent, il nous revient à tous, et en particulier à la Commission permanente pour la mise en œuvre et le développement, de concert avec les structures du Parti dans les diverses instances, de les surmonter et d’avancer, sans reculs, dans le nouveau délai fixé.
En réalité, on a estimé depuis le début que ce serait une tâche facile, et la vie nous montre qu’il n’y a pas de tâche facile dans ce domaine, et que tous les accords que nous avons adoptés en vue du perfectionnement regorgent de tâches difficiles. Rien n’est facile, et il faut consacrer à chaque tâche le temps qu’elle mérite, et aucune de ces tâches ne peux être menée à bien superficiellement, et encore moins en s’en occupant de temps à autre.
Camarades,
Dans mon discours du 3 décembre, sur la Place de la Révolution Major général Antonio Maceo Grajales, à Santiago de Cuba, j’ai annoncé la volonté du leader historique de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, d’interdire l’usage de son nom et de son effigie pour baptiser des institutions, des places, des parcs, des avenues, des rues ou d’autres sites publics, ni d’ériger en sa mémoire des monuments, des bustes, des statues ou autres formes d’hommages.
Aujourd’hui, notre Parlement a donné force de loi à la volonté exprimée par le camarade Fidel jusqu’aux dernières heures de sa vie.
Le leader historique de la Révolution cubaine nous a légué son exemple impérissable, son optimisme résolu et sa foi dans la victoire.
À mon avis, tout comme l’a déclaré le camarade Lazo à l’ouverture de cette session, le meilleur monument que l’on puisse offrir à ses idéaux et à son œuvre, c’est de transformer en réalité chaque jour les postulats contenus dans sa brillante définition du concept de Révolution, qu’il a rendu public le 1er mai 2000, et auquel des millions de Cubains ont souscrit lors des activités organisées pour rendre un hommage mérité à celui qui n’a jamais failli à son peuple. Et, comme Fidel le signala dans son discours prémonitoire prononcé le 8 janvier 1958 à son arrivée dans la capitale au camp militaire Columbia, aujourd’hui Ciudad Libertad, il y a aujourd’hui presque 58 ans, lors que la Caravane de la liberté fit son entrée triomphale à La Havane – comme il m’avait confié la direction de la province d’Oriente, à Santiago de Cuba, capitale à l’époque des cinq provinces orientales –j’ai vu le discours à la télévision, le soir, et les plus âgés doivent se souvenir comment cela s’est passé, très émouvant, jusqu’aux colombes blanches qui se sont posées sur ses épaules, etc. Je ne me souvenais plus trop bien de ce que je vais vous lire, mais je me souviens de la manière dont il a commencé : « La joie est immense et pourtant il reste encore beaucoup à faire… N’allons pas croire que désormais tout sera plus facile. Tout sera peut-être plus difficile ».
Mais cette autre citation que j’aimerais vous lire, je ne m’en souvenais plus très clairement. Et avant de vous la dire ici, j’ai cherché l’enregistrement, en plus de ce qui avait été écrit, et elle est ainsi, textuellement. Fidel signalait ce jour-là, je cite : « Je sais que plus jamais, nous ne nous retrouverons face à une telle multitude » – il parlait de l’accueil réservé ici à La Havane et tout le long du parcours de la Caravane –, « sauf en une occasion, où je suis sûr que les foules se réuniront une nouvelle fois. Le jour où nous mourrons, parce que nous, quand il faudra nous mettre dans la tombe, ce jour-là, il y aura autant de gens qu’aujourd’hui, car jamais nous ne faillirons à notre peuple », fin de la citation.
Fidel s’en est allé invaincu, mais son esprit de lutte restera à jamais dans la conscience de tous les révolutionnaires cubains d’aujourd’hui, de demain et de toujours. Nous le prouverons à la revue militaire et à la marche du peuple combattant, le 2 janvier prochain, à l’occasion du 60e anniversaire du soulèvement héroïque à Santiago de Cuba et du débarquement des membres de l’expédition du Granma, des Forces armées révolutionnaires, en hommage au commandant en chef de la Révolution cubaine et à notre jeunesse.
Il ne me reste plus qu’à vous rappeler que dans quelques jours nous fêterons un nouvel anniversaire de la Révolution et l’avènement de la nouvelle année. Je tiens à transmettre nos plus sincères félicitations au très cher peuple de Cuba.
C’est tout (Applaudissements).
http://fr.granma.cu/cuba/2016-12-28/jamais-nous-ne-faillirons-a-notre-peuple