Amérique Latine : Nouvelle guerre judiciaire
La condamnation en seconde instance de Lula da Silva est un pas de plus dans la judiciarisation des dirigeants progressistes qui ont dirigé le processus de changement des débuts du siècle dans la région en transformant la vie de millions de personnes. Si nous faisons un brève révision de al région, nous comprendrons la gravité de la chose : coup d'Etat au Honduras en 2009 suivi de l'inéligibilité de Manuel Zelaya Rosales, coup d'Etat au Paraguay en 2012 suivi de l'inéligibilité de de Fernando Lugo. Enfin, la proscription (quel autre mot employer pour définir ce que cherche le Pouvoir Judiciaire avec Lula?) du dirigeant syndical historique fait partie du même échafaudage. Dans le cas brésilien, il s'agit de la seconde étape après la destitution de Dilma Rousseff : il fallait ça pour éjecter le PT du Plateau mais Lula espère maintenant renverser le cours des choses – encore avec des attentes modérées étant donné ce qui s'est passé jusqu'à présent – devant des tribunaux supérieurs et devant le justice électorale elle-même.
Ces derniers mois, dans l'Amérique Latine où on essaie de rétablir le néolibéralisme, il s'est passé ceci : au Brésil, Lula condamné, en Argentine, Cristina Fernández de Kirchner poursuivie et Carlos Zannini en prison, en Equateur, Jorge Glas en prison et Rafael Correa sous le coup d'une enquête, en Uruguay, Raúl Sendic séparé de sa charge. Il s'agit d'un ensemble de dirigeants sur lesquels d'abord tirent les médias pour essayer d'éroder leur crédibilité grâce à cette véritable « guerre judiciaire. » Il y a eu aussi des attaques des médias contre Evo Morales –en Bolivie, on en est arrivé à dire qu'il avait eu un fils qui n'existait pas, ce qui a été déterminant pour qu'il perde une élection pour la première fois – et contre José Mujica – un auteur uruguayen en est venu à inventer les “tupabandas” qui finançaient soi-disant le Mouvement de Participation Populaire dont l'ex-président est le représentant grâce à des attaques à main armée.
Ce récit n'est pas dû au hasard : il rend compte d'une proximité entre les attaques contre ces dirigeants populaires et une planification qui semble venir de l'étranger. Le cas du Chili est aussi tristement célèbre : il y a 3 ans s'est ouvert un procès contre le fils de Michelle Bachelet, Sebastián Dávalos, pour délits fiscaux, trafic d'influence et achat illégal de terrains. Il est resté ouvert pendant la campagne électorale pour les présidentielles et le premier et le second tour des élections. Le conservateur Sebastián Piñera a gagné, avec un fort pourcentage d’abstention, contre Guillier, le candidat de Bachelet. Que s'est-il passé au début de cette année avec cette élection ? Dávalos a obtenu un non-lieu une fois qu'il a été clair que celui qui allait à La Moneda était le patron conservateur.
Dans l’utilisation de la loi contre l'ennemi en Amérique Latine, il n'y a pas besoin de preuves, à peine d'indices ou d'impressions. Quels mots ont été prononcés au 4° Tribunal Fédéral Régional de Porto Alegre? Watergate, Mensalao, Lava Jato, Petrobras. Pourquoi ont-ils condamné Lula? Pour un triplex qui n'est pas à lui. Quels mots ont été prononcés à la destitution de Dilma? Venezuela, Forum de Sao Polo, Lava Jato, Petrobras. Pourquoi l'ont-ils délogée du Plateau ? Pour « pédalages » fiscaux que tous les Gouvernements contemporains ont faits au Brésil, même celui de Fernando Henrique Cardoso.
Enfin, sous le voile de celle qui s'appelle elle-même la « nouvelle droite » latino-américaine avec un pédigrée soi-disant démocratique sa cache une furieuse attaque des institutions en général et de certains dirigeants politiques en particulier. Sous le terme de lutte contre les « populismes » - qui, il faut le dire, ont été ou sont des Gouvernements populaires – on défend l'atteinte contre les aspects de base de la république dont les victimes sont ces dirigeants que nous avons énumérés mais surtout, la vérité et la justice. C'est cela, en définitive, la nouvelle « guerre judiciaire » que vit notre région.
Jusqu'où iront-ils ?
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
http://www.cubadebate.cu/opinion/2018/01/30/nueva-guerra-juridica-en-america-latina/#boletin20180130
URL de cet article :
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