Honduras: L'autoritarisme et les dénonciations de corruption marquent l'installation du nouveau Congrès
L'imposition d'une direction totalement contrôlée par le Parti National et les institutions politiques partisanes du régime de Juan Orlando Hernández a marqué le début de la première législature du nouveau Congrès National.
Les nationalistes se sont imposés par 61 voix contre 6 réparties entre les partis Unification Démocratique, Démocratie Chrétienne et Alliance Patriotique Hondurienne.
La nouvelle direction du Congrès National confirme à nouveau la façon dont sont gérés les processus politiques au Honduras et transforme le Pouvoir Législatif en une bourse des valeurs pour les députés qui cherchent à accumuler des richesses, a dit l'historien Edgar Soriano : « On négocie toujours sur le dos du peuple, il y a toujours des millions, comme par exemple dans cette élection, on donne au plus offrant parce qu'il n'y a pas de véritable représentation du peuple hondurien. »
Le nationaliste Mauricio Oliva a été à nouveau imposé comme président. Les vice-présidents, sont le médecin étranger membre du parti Alliance Patriotique Hondurienne Dennis Castro Bobadilla, Mario Noé Villa Franca, du Parti Unification Démocratique (UD) et le secrétaire est Tomás Zambrano, également du Parti National.
Cette composition montre que le Pouvoir Législatif est soumis à une dictature parlementaire, dit le député libéral Mauricio Villeda car il ne reste pas d'espace pour que les groupes d'opposition débattent de al motion présentée par Reinaldo Sánchez, président du Parti National et représentant du département d'Olancho.
« Ca a été dans le style d'une dictature, c'est ça, le Parti National et c'est ce que nous devons combattre, nous ne pouvons pas continuer à permettre que la dictature soit maintenant au Congrès, » a remarqué Villeda.
Doris Gutiérrez, députée du parti Innovation et Unité (PINU), a dit que la composition de la direction du Congrès National donne le ton de la polarisation qui caractérise le Pouvoir Législatif.
Le contrôle total du Parti National sur le Pouvoir Législatif et la régression de al démocratie qu'il représente oblige les groupes d'opposition à mettre en place des stratégies qui empêchent l'approbation des initiatives présentées par le parti au pouvoir qui nécessite la majorité qualifiée, avertit Gustavo Irías, directeur exécutif du Centre d'Etudes pour la Démocratie (CESPAD).
« Si l'opposition veut être l'opposition, elle doit se coordonner autour d'un ordre du jour minimal et au moins avoir la possibilité d'influer sur les décisions pour lesquelles il faut la majorité qualifiée comme l'élection du nouveau Procureur Général et de les forcer dans la direction opposée à celle du parti de gouvernement » a précisé Irías.
Le président du Congrès accusé de corruption
Quelques heures après que cette nouvelle direction ait été imposée et avant l'installation de la première législature, le président réélu Mauricio Oliva a été accusé par le porte-parole de la Mission de Soutien Contre la Corruption et l'Impunité au Honduras (MACCIH), Juan Jiménez Mayor de faire partie d'un réseau de 60 députés auteurs de malversations de fonds publics.
Ces accusations découlent d'une dénonciation de la MACCIH dans laquelle on alerte sur le Décret 141-2017 qui ouvre la voie à la réforme des articles 16 et 131 de la Loi Organique du Budget et établit un nouveau processus de liquidation des fonds publics destinés à l'exécution de projets ou d'aides sociales incluant de l'argent géré et administré par des fonctionnaires de l'Etat entre 2006 et 2018.
En ce sens, Jiménez Mayor a dit que l’une des conséquences les plus graves serait de laisser sans effets et de provoquer l'impunité dans l'affaire « Réseau de députés » qui enquête sur les 60 parlementaires.
Malgré les dénonciations et avec un vrai cynisme, le président Oliva, entouré par les fonctionnaires les plus proches du régime nationaliste, jeudi matin, a installé la première législature de la période 2018-2022.
« Aujourd'hui, nous inaugurons un Congrès avec une variété de visions et de styles concernant le pouvoir. La démocratie est, en fin de compte, la façon de nous mettre d'accord sur nos désaccords. Nous légiférons pour moderniser le système électoral, » a dit Oliva.
Pendant qu' Oliva faisait son discours, le groupe du Parti Liberté et Refondation (LIBRE) a brandi des pancartes sur lesquelles son demandait le départ du président de fait Juan Orlando Hernández et on rappelait les noms des citoyens assassinés par l'Armée et la Police Militaire et de l'Ordre pUblic dans le cadre de la crise post-électorale.
Le député de LIBRE, Rony Martínez, a réaffirmé que les déclaration d'Oliva concordent avec celles du Gouvernement de Juan Orlando Hernández: « Il a parlé de dialogue, il a dit qu'ici, nous allons nous comprendre entre frères quand on nous refuse la parole, quand ils nous ignorent. »
« Assassins, hypocrites, corrompus, Dehors JOH, » criaient les députés d'opposition devant le groupe du régime et les Forces Armées qui riaient et applaudissaient le discours du président du Congrès.
Pour sa part, le député Jari Dixon Herrera a dit que « nous allons continuer ces manifestations tant que ce sera nécessaire, je ne sais pas s'ils veulent continuer à résister , la protestation des véritables représentants du peuple, ici, aucun député ne peut être indépendant du mandat du peuple. »
L'imposition de al direction du Congrès, l'absence de débat et les protestations de l'opposition sont des choses qui mettent en évidence l'absence de stratégie législative et la rupture avec les citoyens, signale le sociologue Eugenio Sosa.
Les analystes concluent que la reconfiguration du Congrès National représente un échelon de plus dans le coup d'Etat et dans la dictature.
Source en espagnol
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