Venezuela : Déclaration du Groupe de Lima
21 mai 2018
Nous, les Gouvernements d'Argentina du Brésil, du Canada, du Chili, de Colombie, du Costa Rica, du Guatemala, du Guyana, du Honduras, Mexique, du Panama, du Paraguay, du Pérou et de Sainte Lucie déclarons :
Ne pas reconnaître la légitimité du processus électoral qui s'est déroulé en
République Bolivarienne du Venezuela le 20mai dernier parce qu'il en respecte pas les standards internationaux d'un processus démocratique, libre, juste et transparent.
Décider de réduire le niveau de nos relations diplomatiques avec le Venezuela, c'est pourquoi nous appellerons pour consultation nos ambassadeurs à Caracas et convoquerons les ambassadeurs du Venezuela pour exprimer notre protestation.
Réaffirmer notre préoccupation concernant le renforcement de la crise politique, économique, sociale et humanitaire qui a détérioré la vie au Venezuela et se reflète dans la migration massive de Vénézuéliens qui arrivent dans nos pays dans des conditions difficiles, dans la perte des institutions démocratiques, de l'Etat de droit et l'absence de garanties et de libertés politiques des citoyens.
Décider de présenter dans le cadre de la 48°période de sessions de l'Assemblée Générale de l'Organisation des Etats Américains une nouvelle résolution concernant la situation au Venezuela.
Pour faire face à la situation qui découle de l'augmentation préoccupante du flux de Vénézuéliens qui se voient obligés de quitter le pays et à cause de l'impact que cette situation a eu sur toute la région, nous décidons d'adopter les mesures suivantes :
a) Convoquer une réunion de haut niveau avec les autorités responsables des affaires migratoires et des réfugiés pour échanger des expériences et définir les orientations d'une réponse totale comprenant les démarches migratoires et les documents d'identité. En ce sens, nous acceptons l'offre du Pérou d'être le siège de cette réunion dans la première quinzaine de juin.
b) Considérer la possibilité d'apporter des contributions financières aux organismes internationaux compétents pour renforcer les capacités des institutions des pays dans la région, en particulier des pays voisins, pour prêter assistance au flux migratoire de Vénézuéliens.
Nous déplorons la grave situation humanitaire du Venezuela et, en tenant compte des implications en matière de santé publique pour toute la région, nous décidons d'adopter les mesures suivantes :
a) Convoquer une réunion de haut niveau avec les autorités responsables du secteur de la santé pour coordonner des actions en matière de santé publique et renforcer la coopération pour faire face à l'urgence épidémiologique.
b) soutenir la fourniture de médicaments par des institutions indépendantes et les actions de surveillance épidémiologique au Venezuela et dans les pays voisins, en particulier face à la réapparition de maladies comme la rougeole, le paludisme et a diphtérie.
Nous réaffirmons ce qui est contenu dans le paragraphe 4 de la Déclaration de Lima du 8 de août 2017 et, pour contribuer à préserver les attributions de l'Assemblée Nationale, nous décidons d'adopter, à condition que leur législation et leurs règles le permettent, les mesures suivantes dans le domaine économique et financier :
a) Demander aux autorités compétentes de chaque pays d'émettre et d'actualiser des circulaires ou des bulletins au niveau national qui transmettent au secteur financier et bancaire le risque qu'il pourrait courir s'il faisait avec le Gouvernement du Venezuela des opérations qui n’auraient pas l'aval de l'Assemblée Nationale et même des accords de paiement et de crédits réciproques pour des opérations de commerce extérieur y compris sur les biens militaires et concernant la sécurité.
b) Coordonner des actions pour que les organismes financiers internationaux et régionaux n'accordent pas de prêts au Gouvernement du Venezuela à cause du fait qu'il n'est pas conforme à la Constitution d'acquérir de la dette sans l'aval de son Assemblée Nationale sauf quand le financement doit être utilisé pour des actions d'aide humanitaire en ayant à l'esprit avant de l'accorder, les éventuels effets non souhaités sur des économies de pays tiers plus vulnérables.
c) Intensifier et élargir l'échange d'informations de renseignement financier grâce aux mécanismes existants sur les activités d'individus et d'entreprises vénézuéliens qui pourraient être liés à des actes de corruption, du blanchiment d'argent ou à d'autres conduites illégales qui pourraient conduire à des procédures judiciaires qui sanctionneraient ces activités criminelles comme le gel des actifs et l'application de restrictions financières.
d) Dans le cadre des standards internationaux fixés par le Groupe d'Action Financière (GAFI) et des mécanismes opérationnels déjà existants, on appelle instamment à faire une analyse de risque de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme et on propose, en plus, que les pays sensibilisent le secteur privé dans leurs juridictions aux menaces et aux risques de blanchiment d'argent et de corruption qu'ils ont identifié au Venezuela et qui affectent la région, ce qui élargirait les capacités pour prévenir ou détecter d'éventuels actes illégaux plus opportunément.
e) De même, on demandera aux Unités de Renseignement Financier et aux autorités compétentes de chaque pays d'émettre et d'actualiser des guides, des circulaires ou des bulletins au niveau national pour alerter les institutions financières sur la corruption dans le secteur public vénézuélien et les méthodes que les serviteurs publics vénézuéliens et leurs réseaux utilisent pour cacher et transférer des ressources provenant d'actes de corruption.
Le Groupe continuera à suivre le développement de la situation au Venezuela pour adopter les mesures additionnelles adéquates, individuellement ou collectivement, pour favoriser le rétablissement de l'Etat de Droit et de l'ordre démocratique dans le pays.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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