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Bolivie : 5 leçons à tirer du coup d'Etat 

11 Novembre 2019, 17:41pm

Publié par Bolivar Infos

par Atilio Borón

 

La tragédie bolivienne montre éloquemment plusieurs leçons que nos peuples et les forces sociales et politiques du peuple doivent apprendre et graver dans leurs consciences pour toujours.

 

1°)Même si l'économie est gérée de façon exemplaire comme l'a fait le Gouvernement d'Evo, si la croissance, la redistribution, le flux d'investissements sont garantis et si tous es indicateurs macroéconomiques et microéconomiques s'améliorent, la droite et l'impérialisme n'accepteront jamais un gouvernement qui ne se mette pas au service de leurs intérêts.

 

2°)Il faut étudier les manuels publiés par diverses agences des Etats-Unis et leurs porte-parole déguisés en professeurs ou en journalistes pour pouvoir percevoir à temps les signes de l'offensive.

 

Ces écrits soulignent invariablement la nécessité de détruire la réputation du dirigeant populaire, ce qui en jargon spécialisé s'appelle un assassinat du personnage en le qualifiant de voleur, de corrompu, de dictateur ou d’ignorant.

 

C'est la tâche confiée aux communicants sociaux autoproclamés « journalistes indépendants » qui, ayant un quasi monopole sur le contrôle des médias, font pénétrer ces diffamations dans le cerveau de la population accompagnées, dans le cas qui nous occupe, de mensonges de haine dirigés contre es peuples originaires et les pauvres en général.

 

3°)Ceci fait, c'est le tour de la direction politique et des élites économiques qui réclament « un changement », de mettre fin à « la dictature » d'Evo qui, comme l'écrivait récemment l'imprésentable Vargas Llosa, est « un démagogue qui veut rester éternellement au pouvoir. »

 

Je suppose qu'il aura sablé le champagne à Madrid en voyant les images des hordes fascistes pillant, incendiant, enchaînant des journalistes à un poteau, tondant une femme maire et la peignant en rouge et détruisant les actes de la dernière élection pour remplir le mandat que don Mario leur a confié et libérer la Bolivie d'un méchant démagogue.

 

Je parle de lui parce qu'il a été et il est l'immoral porte-étendard de cette vile attaque, de cette félonie sans limite qui crucifie les dirigeants du peuple, détruit une démocratie et installe le règne de la terreur grâce à des bandes de tueurs à gages engagés pour terroriser un peuple digne qui a eu l'audace de vouloir être libre.

 

4°)Entrent alors en scène les « forces de sécurité. » Dans ce cas, nous parlons d'institutions contrôlées par de nombreuses agences, militaires et civiles, du Gouvernement des Etats-Unis.

 

Ceux-ci les entraînant, les arment, elles font des exercices conjoints et ils les éduquent politiquement. J'ai eu l'occasion de le constater quand, invité par Evo, j'ai inauguré un cours sur « l'anti-impérialisme » pour des officiers supérieurs des 3 armes.

 

A cette occasion, j'ai été troublé par le degré de pénétration des slogans nord-américains les plus réactionnaires hérités de l'époque de la Guerre Froide et par l'irritation non dissimulée causée par le fait qu'un indigène soit président du pays.

 

Ce qu'ont fait ces « forces de sécurité, » c'est de se retirer et de laisser le champ libre à l'action incontrôlée des hordes fascistes – comme celles qui ont agi en Ukraine, en Libye, en Iraq, en Syrie pour renverser ou essayer de le faire dans ce dernier cas, des dirigeants gênants pour l'empire – et de cette façon, intimider la population, les militait et même les personnalités du Gouvernement.

 

Ou alors, ils créent une nouvelle image sociopolitique : le putschisme militaire « par omission » en laissant les bandes réactionnaires, recrutées et financées par la droite, imposer leur loi. Une fois que règne la terreur et face à a vulnérabilité du Gouvernement, le dénouement est inévitable.

 

5°)La sécurité et l'ordre public n'auraient jamais dû être confiés en Bolivie à des institutions comme la police et l'armée colonisées par l'impérialisme et ses laquais de la droite autochtone.

 

Quand a été lancée l'offensive contre Evo, on a opté pour une politique d'apaisement et décidé de ne pas répondre aux provocations des fascistes.

 

Cela a servi à les enhardir et à intensifier leurs actions : d'abord, exiger le ballotage, ensuite, parler de fraude et exiger de nouvelles élections, ensuite des élections mais sans Evo (comme au Brasil, sans Lula).

 

Plus tard, exiger la démission d'Evo et enfin, face à sa répugnance à accepter le chantage, semer la terreur avec la complicité des policiers et des militaires et forcer Evo à démissionner. Le manuel, tout le manuel. Apprendrons-nous ces leçons ?

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/bloggers/El-golpe-en-Bolivia-cinco-lecciones-20191111-0001.html

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/11/bolivie-5-lecons-a-tirer-du-coup-d-etat.html