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Bolivie : La « transition » vers la « solution finale »

2 Décembre 2019, 19:10pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Rafael Bautista

Le mensonge d'un coup d'Etat vers la « transition » montre largement un tas d'absurdités politiques et intellectuelles, surtout dans la gauche dont l'apologie qu'elle fait du Gouvernement « de transition » définit son propre suicide historique. Non seulement la gauche d'opposition (au Gouvernement du MAS) a opté pour l'opportunisme mais la perte totale du sens de l'histoire de cette gauche a accompli fidèlement l'ultime objectif de l'Empire : dénigrer et faire exploser définitivement tout horizon populaire. Parce que la criminalisation actuelle et la persécution de l'Indigène a pour finalité ultime l'abolition de l'horizon politique proposé à ce peuple : le bien vivre, la décolonisation et l'Etat plurinational.

 

La gauche d'opposition a tellement dénoncé la droitisation du Gouvernement d'Evo qu'elle n'a jamais pris note de sa propre droitisation. Ils ont tellement dénoncé la soi-disant dictature et la soi-disant « domination du MAS » qu'ils ne savent lus à présent reconnaître une véritable dictature et la domination du suprémacisme blanc dans sa version créole et métisse. Ils ont tellement accusé le « caudillo » indien qu'ils ne se sont pas aperçus de la légitimité qu'ils ont accordée au caudillo Carlos Mesa et au caudillo “macho,” l'inquisiteur Fernando Camacho.

 

Ils se sont tellement déchiré les vêtements pour une nationalisation dont ils disent qu'elle n'a pas eu lieu que maintenant, ils ne savent que dire de l'aliénation systématique du lithium et de toutes nos ressources stratégiques qui a été annoncée. Alors qu'ils se plaignaient librement de l'absence de liberté d'expression sous la soi-disant dictature, ils oublient à présent tout à fait cette revendication alors que tous les droits sont violés et qu'on menace, persécute, emprisonne et expulse des journalistes et qu'on interdit des médias internationaux.

 

Cette gauche favorable à l'Empire scelle sa propre mort. Elle critique tout mais jamais ne fait son autocritique et ne lave au moins sa propre misère historique qu'elle porte comme une malédiction : apporter à la droite, sur un plateau d'argent, sa propre reconstitution.

 

Le trotskisme en a été un exemple en ouvrant les portes au fascisme en rééditant toujours son propre anathème génétique. C'est pourquoi il n'est pas étonnant que la modération extrémiste soit le virus introduit dans la lutte du peuple pour tirer ses positions vers la droite. Cela passe par l'utilisation systématique du désaccord et du dissentiment envers le Gouvernement au profit d'un fascisme devenu plus puissant qui n’a pas tardé à diriger un assaut contre la démocratie au nom de la démocratie.

 

Cette droitisation a également été encouragée dans les milieux académiques qui, à partir de là, protégés par un criticisme a-critique (qui penche plus vers la criticonnerie) se sont consacrés à tout saper pour qu'il ne reste rien donnant ainsi le meilleur argument pour légitimer la haine fasciste déchaînée contre l'Indien.

 

L'académie s'enorgueillit d'être « critique » mais c'est elle qui apporte les arguments nécessaires au retour des conservateurs. Par l’intermédiaire de l'académie, la droite fasciste a reçu « l'illustration » de son obscurantisme comme une offrande intellectuelle. Cette médiation a même favorisé et légitimé un coup d'Etat fasciste qui a fait de la « transition » le démantèlement systématique non seulement des institutions qu'ils disent tellement défendre mais de la souveraineté même du pays.

 

L'instauration du régie de fait, le décret qui donne « le droit de tuer » à l'armée, la libération des quotas d'exportation, la privatisation annoncée des entreprises stratégiques, le massacre blanc revanchiste, le renouvellement du corps diplomatique, la révision des RR.II., le rétablissement des relations avec les USA, etc... ne font pas partie des attributions d'un « gouvernement de transition. » Ce virage définitif sera l'orientation du nouvel ordre imposé qui sera instauré avec la véritable fraude qui se trame avec la nomination de Salvador Romero, pion de Carlos Mesa, comme membre du Tribunal Suprême Electoral.

 

Peu à peu,la planification du coup d'Etat va être démasquée. En appliquant résolurent la logique fasciste, ils ont criminalisé la protestation du peuple tout en sanctifiant la « nuit de cristal » raciste qu'ont déchaîne la « Jeunesse de Santa Cruz, » la « Jeunesse cochala, » la résistance de La Paz » etc... aujourd'hui, ils persécutent les dirigeants du peuple en les qualifiant de « partisans du MAS, » en les accusant de sédition et de terrorisme mais ils ne disent rien des hordes de jeunes nazis et d'étudiants qui ont brûlé, détruit, insulté et presque brûlés vifs des membres du gouvernement antérieur sans compter que l'actuel recteur de l'UMSA avait pris une assurance contre l'incendie quelques jours avant l'incendie de sa maison ou que les 2 L2 Gouvernement les 64 bus pumakatari qui ont été brûlés étaient tombés en désuétude et retirés de la circulation et lis à la ferraille.

 

Maintenant, ils toucheront certainement avec délices leurs assurances dans une opération planifiée qui montre la perversité de certaines personnes qui ont semé le chaos pour faire de gros bénéfices sur le dos d'un pays en flammes. La société urbaine a englouti les histoires de « hordes » qui venaient tout détruire pour justifier la répression de l'armée. Ces « hordes » étaient, en réalité, ceux qui venaient soutenir Camacho et Pumari et l'attaque putschiste à présent bénis comme « défenseurs de la démocratie » par le régime de fait.

 

Ceux qui étaient mobilisés dans l'usine de Senkata l'ont bloquée ( jours sans police ni armée et jamais des réservoirs de gaz n'ont été incendié s mais il a suffi qu'on les accuse de terrorisme pour que les habitants de La Paz qualifient de « héros » l'armée et la police qui ont fait 9 morts et des dizaines de blessés. Encore une fois, comme en octobre 2003, La Paz se fournit en combustible dans le sang de ceux qui ont nourri la défense de nos ressources.

 

Les environnementalistes naïfs (qui ne comprennent pas la géopolitique du discours environnemental et la lutte des capitaux qui servent même des alternatives énergétiques pour en faire de nouvelles niches d'accumulation) ont déjà été cooptés pour la politique de « reforestation » de la Chiquitanía qui ouvrit-ra la voie à l'extension définitive de la frontière agricole du soja transgénique au bénéfice exclusif du capital agro-industriel de Santa Cruz qu'en jouant finement, contrôle le capital brésilien et est financé par Monsanto.

 

L'incendie prémédité de la Chiquitanía a servi à mobiliser la jeunesse urbaine autour de la revendication « d'aide internationale » de façon intéressée. Grâce à cette intervention, sont venus de Jujuy, Argentine, tout le matériel logistique et les dollars nécessaires pour acheter des groupes paramilitaires, des tueurs à gages guarimberos travestis en « jeunesse démocrate, » Comités Civils et les appareils coercitifs de l'Etat. Tout était planifié mais la gauche, même les enseignants, était tellement soumise à son rejet pathologique du « faux Indien président » qu'elle n'a rien vu. Et elle continue à être aveugle devant ce qui vient.

 

La droite a déjà son programme de gouvernement rédigé à Washington dont les porte-parole seront Camacho et Pumari: la « fédéralisation » du pays, c'est à dire la fracture du pays ou sa balkanisation pour que nos ressources stratégiques ne soient plus jamais patrimoine national.

 

Le pire : le dépeçage de l'esprit plurinational et l'imposition d'une nouvelle Re-conquête qui propage le « chaos constructif » dans la région. La Bolivie, c'est le début du coup d'Etat géo-économique du dollar sur tout le continent sud-américain.

 

C'est ce qu'on appelle une « solution finale » de l'Allemagne nazie jusqu'à la doctrine du « core and the gap » du Pentágono et de la CIA: déchaîner un chaos sans fin en tant que nouveau visage d'un monde soumis en enfer.

 

Ce qui est triste, c'est que quand nous en aurons fini comme la Syrie, l'Irak, l’Afghanistan ou la Libye, il ne restera personne de vivant pour dire aux fous « critiques » de gauche à quel point ils s'étaient trompés.

 

La Paz, Chuquiago Marka, Bolivie, 27 novembre 2019

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/11/27/bolivia-la-transicion-hacia-la-solucion-final/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/12/bolivie-la-transition-vers-la-solution-finale.html