Bolivie : L'avenir a un nom : David Choquehuanca
Par Camilo Katari
Novembre a été le mois d'une nouvelle impulsion de la société dans laquelle nous vivons. Le modèle colonial, avec sa principale composante raciste s'est exprimée comme jamais, de la façon la plus crue et irréfutable. L'attirail ritualisé sur la base d'un discours religieux et d'une démocratie éthérée n'ont pas pu dissiper le nuage colonial qui a couvert tout le pays.
Nous avons été les victimes conscientes d'une attaque des médias qui a percé notre corps social et nous nous sommes rendus compte tard que nous étions sans défense. Dans cette ambiance, on nous a défiés de jouer avec les règles qu'ils nous ont imposées, nous ne pouvions rien faire d'autre.
Dans cette situation de trahisons et d'opérations politiques destinées à affaiblir l'Outil Politique est apparue une opportunité de corriger toutes les erreurs accumulées et celles que nous étions induits à commettre. Cette opportunité s'appelle David Choquehuanca et nous ne parlons pas seulement de sa personne mais de ce qu'il représente. et
En 1979, nous, les forces de gauche vraiment révolutionnaires, avions organisé le FRI, qui avait à sa tête un dirigeant paysan et une ouvrière, Domitila Barrios. Ce n'était pas le bon moment et nous avons fait un maigre résultat aux élections. Aujourd'hui, les conditions sont différentes, nous avons un sujet historique bien défini : le peuple indigène, paysan, originaire. Nous avons le projet révolutionnaire : le Bien-Vivre et la sorte de société que nous voulons construire : l'Etat Plurinational.
Reprendre l'histoire et marcher sur le Qapaq Ñan1 est le défi de toute la société non colonisée et en processus de décolonisation. Tous ceux qui nous traitent de “Pachamamistes” ne comprennent rien au savoir accumulé des peuples originaires dans la pratique et la théorie, ils répètent le vieil axiome du darwinisme social, tous leurs cartons accumulés leur sont inutiles pour dépasser leurs vieux paradigmes coloniaux et ils déguisent cette impuissance avec le discours qui dit : « la classe moyenne est nécessaire » ou « la classe moyenne doit avoir son candidat. »
Dans le modèle culturel qui organise la société bolivienne, « la classe moyenne » n'existe pas, on est colonialiste ou anti-colonialiste, la vieille catégorie de « classe moyenne » ne s'intègre pas dans la contradiction principale de la société bolivienne actuelle.
C'est pourquoi David Choquehuanca n'est pas seulement LE candidat mais la représentation claire et sans atténuation de cette contradiction sociale que nous traînons depuis des siècles au prix de milliers de vies.
Ce qu'on appelle « pacification » n'est rien de plus qu'une tentative sournoise pour occulter les contradictions et la structure coloniale de notre pays.
Les élections, en tant qu'expression de al démocratie, est un terrain libéral et occidental et nous sommes obligés, pour l'instant, d'entrer dans ce cercle qui, comme cela a été démontré, a ses limites et ses failles pour que le racisme colonial continue à avoir l'usufruit du pouvoir qu'il n'a jamais perdu complètement.
Dans la Bolivie actuelle, il ne s'agit pas d'une élection présidentielle, il s'agit d'ouvrir la voie à un nouveau modèle de civilisation, il s'agit de répondre au monde conflictuel actuel par une proposition de société qui rétablisse la mémoire tronquée il y a plus de 500 ans, c'est une réponse globale à un monde soumis aux contradictions les plus sanglantes créées par le capitalisme sauvage.
Toutes les tentatives destinées à freiner l'histoire ont leur date de péremption comme au Chili, comme en Argentine. Ce n'est pas un chemin facile, il exige une lutte quotidienne et des directions collectives et individuelles. Les premières, ce sont celles qui ont de la valeur, c'est pourquoi David Choquehuanca surgit en tant que représentant du corps communautaire des Quechuas y et des Aymaras. C'est l'unique avant-garde, en termes révolutionnaires, que nous devons soutenir.
Camilo Katari, écrivain et historien de Potosi
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
NOTE de la traductrice:
1Le Qhapaq Ñan-Chemin Principal des Andes est un système de voies qui comprend des villages, des magasins, des postes de contrôle et qui constitue l'oeuvre technologie la plus importante de l'Amérique précolombienne. A son apogée, il parcourait 23 000 km mais certains chercheurs disent 55 000. IL parcourt 6 pays : l'Argentins, le Chili, le Pérou, la Bolivie, l'Equateur et la Colombie.
(http://www.ign.gob.ar/content/qhapaq-ñ-patrimonio-mundial-de-la-humanidad)
Source en espagnol :
http://www.resumenlatinoamericano.org/2020/01/11/bolvia-el-futuro-tiene-nombre/
URL de cet article :
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