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Venezuela : Les cinq coups d’Etat ratés de l’opposition vénézuélienne en 2019*

22 Janvier 2020, 18:18pm

Publié par Bolivar Infos

 

par Marco Teruggi

 

Cinq importantes actions violentes de la droite vénézuélienne ont pu être mises en échec en l’année 2019. Cela explique en partie pourquoi le pays arrive à cette fin d’année dans un calme que beaucoup trouvent étonnant. La dernière grande opération aurait dû avoir lieu le 15 décembre dernier. Sputnik a évoqué quelles ont été ces actions.

 

Début 2019, personne ne savait comment l’année s’achèverait. Juan Guaidó s’était autoproclamé président par intérim du Venezuela dans une opération conçue et publiquement soutenue par les Etats Unis du président Trump et le Venezuela semblait s’acheminer vers une confrontation violente sans retour.

 

Ce pronostique diffusé à grande échelle par toute une architecture médiatique a induit de nombreux analystes à faire des projections erronées. A quelques jours de la fin de l’année, le Venezuela montre en surface un calme qui surprend ceux qui circulent dans ses rues : l’opposition ne se mobilise plus, le chavisme garde sa capacité de déploiement habituelle et la majorité de la population ne pense qu’à faire que les Fêtes soient des fêtes.

 

Pourquoi le projet de coup d’Etat rapide que Guaidó devait mener n’a-t-il pas abouti ? En partie, parce que la Force armée nationale bolivarienne (FANB) et le noyau du pouvoir politique du chavisme ne sont pas fissurés. Et aussi parce que au moins cinq actions violentes ayant dû les conduire à la victoire ont échoué, dont deux ont été visibles et trois désactivées avant d’être mises en œuvre. La dernière aurait dû avoir lieu le 15 décembre dernier avec l’attaque de plusieurs garnisons

 

Le 23 février

 

La première grande action a eu lieu le 23 février, avec une journée qui a atteint le plus haut point d’accumulation du bloc putschiste, tant au niveau national qu’au niveau international. Guaidó s’était autoproclamé président un mois plus tôt, jour par jour, et à cette date devaient entrer au Venezuela par la force, depuis Cúcuta, Colombie, les « camions d’aide humanitaire » tant annoncés.

 

La présence putschiste à la frontière se donnait en spectacle : un concert millionnaire avec des chanteurs comme Maluma ou Carlos Vives et une journée avec la présence du vice-président des Etats Unis, Mike Pence, du sénateur républicain Marcos Rubio, et des présidents de la Colombie, Iván Duque, du Chili, Sebastián Piñera, et du Paraguay, Mario Abdo Benítez.

 

L’échec de cette opération fut aussi retentissant que son annonce. Les camions n’ont pas pu entrer au Venezuela ; deux camions ont été incendiés sur l’un des ponts frontaliers par des groupes de choc, sous le regard des médias et des gouvernements de la région, des Etats Unis et de l’Europe.

 

La réunion du Groupe de Lima qui a suivi le 23 février, à Bogota, a montré que la promesse de la droite vénézuélienne s’était avérée frauduleuse et les appels de Guaidó et de Julio Borges – fugitif de la justice vénézuélienne – demandant à aller jusqu’à l’intervention internationale sont restés sans suite.

 

Le 30 avril

 

A l’aube du 30 avril, le pays s’est réveillé surpris par une vidéo diffusée par Guaidó, Leopoldo López – leader du parti Volonté populaire dont l’autoproclamé fait partie – et un petit groupe de militaires les armes à la main. Ils affirmaient se trouver à la base militaire de La Carlota, au cœur de Caracas, et appelaient la population et l’armée à les soutenir.

 

Dans la matinée on a appris que la vidéo avait été filmée hors de La Carlota, qui n’a jamais été sous leur contrôle. Le simulacre, avec en tête López – tout juste échappé de son assignation à résidence – fut bref.

 

Les putschistes ont été confrontés à deux problèmes majeurs: un secteur de la FANB ne les a pas rejoints et le soutien de la population dans les rues a été faible. Sans armes et sans peuple, la tentative d’insurrection a été réduite à la fugue de certains de ses protagonistes, comme López, accueilli à l’ambassade d’Espagne, où il se trouve encore aujourd’hui, et Christopher Figuera, chef du Service bolivarien d’intelligence (SEBIN), qui a fui d’abord en Colombie puis aux Etats Unis.

 

Le 23 juin

 

La troisième grande action aurait dû avoir lieu les 23 et 24 juin. Le Ministre de la Communication, Jorge Rodríguez, a révélé le plan désamorcé : « Nous avons suivi ces opérations depuis 14 mois, suivi chacun de ceux qui étaient impliqués dans des conspirations, des troubles de l’ordre public, des bombardements, des explosions ; nous les avons suivis dans toutes leurs réunions pour planifier les coups d’Etat », a-t-il expliqué à la télévision.

 

Selon Rodríguez, le plan comprenait plusieurs actions simultanées: l’assassinat du président Nicolás Maduro, du président de l’Assemblée nationale constituante, Diosdado Cabello, parmi d’autres ; l’assaut de deux bataillons militaires ; le bombardement de la base militaire de La Carlota ; l’assaut du siège de la Direction de contre-intelligence militaire et l’accès à la chambre forte de la Banque Centrale du Venezuela.

 

L’escalade aurait dû se terminer par la prise du Palais présidentiel de Miraflores. Il s’agissait, comme l’a avoué un des impliqués, connu sous le nom de Marino, de « brûler tout pour sauver le pays ».

 

Le 29 août.

 

Un plan similaire a été désamorcé au mois d’août. Cette fois-ci il s’agissait de commettre des attentats à l’explosif C4 dans des lieux clef de Caracas : le siège des Forces d’actions spéciales (FAES), le quartier du 23 de enero et le Palais de Justice.

 

Rodríguez a révélé que le plan avait été dirigé depuis la Colombie, à partir de trois bases d’entrainement paramilitaire qui ont planifié ces actions. Deux des bases – dont l’une se trouvait à 2,5 kilomètres de la frontière – étaient destinées à la formation en explosifs et la troisième à l’entraînement militaire. 

 

« Tout mène à Iván Duque, à Álvaro Uribe, au nord de Santander, aux paramilitaires qui agissent en toute liberté dans la République sœur de Colombie », a expliqué Rodríguez, signalant que le gouvernement colombien a accueilli un grand nombre de fugitifs de la Justice vénézuélienne inculpés d’actions de ce genre. 

 

Ce n’est pas la première fois que le Gouvernement vénézuélien dénonçait l’existence de bases d’entraînement paramilitaire pour agresser le Venezuela. La fois précédente a été la tentative d’assassinat de Nicolás Maduro, en août 2018, lorsque Rodríguez a dénoncé que les attentats avaient été préparés de l’autre côté de la frontière, à la base de Chinácota.

 

Le 15 décembre

 

La dernière action de 2019 aurait dû avoir lieu le dimanche 15 décembre. Une partie du plan consistait dans l’attaque de deux garnisons situées dans l’orient du Venezuela, à l’état de Sucre, attaque qui aurait dû être relayé pas des actions similaires dans les états de Zulia, Táchira, Barinas, Aragua et à Caracas. « Une conspiration prétendait attaquer plusieurs garnisons de l’armée bolivarienne et de la Garde nationale bolivarienne dans différentes villes pour provoquer un bain de sang militaire, populaire, pour assombrir et ensanglanter Noël », a dit le président Nicolás Maduro en se référant à ces faits.

 

Maduro a accusé Leopoldo López et Juan Guaidó d’en être les responsables et a pointé le rôle joué par les Etats Unis.

 

Tout ce qui n’a pas eu lieu

 

Si le calme règne au Venezuela en cette fin d’année, c’est parce que plusieurs des actions violentes prévues ont été désarticulées avant d’avoir eu lieu. Le panorama serait bien différent si l’un de ces plans avait réussi.

 

Cela fait partie des raisons de la crise politique de l’opposition, qui, à l’approche du mois de janvier, se trouve divisée, sans initiative politique, plongée dans des scandales de corruption et avec une administration Trump qui ne fait plus confiance à la capacité de la droite vénézuélienne, vu ses échecs évidents.

 

La date clé sera le 5 janvier: ce jour on saura si Juan Guaidó continuera à être le président de l’Assemblée nationale, donc reconnu comme président par intérim par les Etats Unis, ou s’il en sera écarté par un autre secteur. En attendant, les projets d’actions violentes ne cessent pas. Depuis plusieurs années un secteur de l’opposition ne parie que sur une issue violente et la politique des Etats Unis continue de planifier des actions cachées pour parvenir au renversement de Maduro.

 

Source :

Ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela en France

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