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Bolivie : Un système de santé effondré et 2 épidémies

10 Mars 2020, 17:53pm

Publié par Bolivar Infos

 

Le système de santé et son bouclier épidémiologique sont brisés : le Gouvernement, par l'intermédiaire de son ministère de la Santé, affronte 2 épidémies en même temps : la dengue en expansion et le coronavirus qui se rapproche. Et il ne semble avoir la capacité de venir à bout d'aucune des 2 dans les circonstances actuelles. Dans la région du nord de La Paz, une troisième maladie appelée arenavirus, est présente. C'est une maladie qui provoque une fièvre hémorragique qui peut être mortelle si elle n'est pas diagnostiquée traitée correctement.

 

Le risque de pénétration de la maladie asiatique mortelle dans le pays a exaspéré le régime au point que la Chancelière Karen Longaric a envisagé de fermer les frontières radicalement si nécessaire pour éviter l'infiltration de l'épidémie dans le pays sans prendre en compte le fait que le coronavirus a la mauvaise habitude d'entrer par les aéroports parce qu'il vient de très loin. Pour sa part, le ministre des Travaux Publics, se substituant de façon grotesque au ministre de la Santé, a expliqué en public l'utilisation d'un scanner de température corporelle avec rayons infrarouges donné par le Gouvernement chinois sous le regard stupéfait du responsable du secteur aussi abasourdi que l'auditoire. Evidemment, l'usurpation de fonctions est déjà une habitude dans un régime qui a pris la volonté du peuple bolivien en otage.

 

Les marchands d'illusions actuels ont cru qu'après le coup d'Etat, dans le cadre des mal nommées transition et pacification, viendrait la lune de miel qui les conduirait à la victoire aux élections de mai 2020. Cependant, ils ont sous-estimé les problèmes du pays, en particulier ceux qui sont en relation avec le secteur de la santé publique.

 

Le système de santé publique en général et le bouclier épidémiologique en particulier ont été péniblement construits tout au long de lus de 10 ans mais ont été abruptement démantelés et utilisés comme butin de guerre par la nouvelle administration putschiste qui, en plus d'avoir fait éclater en mille morceaux la démocratie bolivienne, a dévasté la structure sanitaire du pays.

 

11 000 000 de Boliviens sont soumis l'improvisation et de la scandaleuse inaptitude du ministre de la Santé qui a perdu toute capacité à affronter a crise actuelle dans tout le pays. Dans le cas de l'épidémie de dengue, la situation ne peut pas être plus atroce. Cette maladie cause des ravages dans l'est du pays dont les statistiques de mortalité, en particulier de mortalité des enfants, sont manipulées dans certains cas par le Gouvernement et les départements et gardées secrètes, dans d'autres cas, par les médias. L'enquête du correspondant en Bolivie d'un média français, Javier Aliaga (la dengue s'apprend avec les enfants, France24.com) a été immédiatement passée sous silence par le pouvoir en place à cause des statistiques scandaleuses concernant les enfants malades et la mortalité des enfants dans la capitale orientale.

 

On estime que plus de 30 personnes sont mortes de cette maladie, des enfants et des vieux pour la plupart. Les hôpitaux de la ville de Santa Cruz, la plus touchée, suivie par Trinidad, la capitale du Beni et Cobija, la capitale du Pando, et les deux tiers du pays, sont pratiquement paralysés avec des centaines de malades qui n'accèdent pas aux médicaments et n'ont ni assez de personnel ni un soutien suffisant des techniciens de la santé. El Deber, un journal conservateur, dit qu'il y a des dizaines de patients dans les rues devant les hôpitaux du Plan 3.000 y Villa 1° de mayo qui attendent des soins pendant plus de 8 heures (les patients atteints de la dengue attendent sur le trottoir plus de 8 heures avant d'être soignés dans des salles où ils sont entassés,(El Deber, 16 février 2020). Le directeur du Service Départemental de la Santé (SEDES) de Santa Cruz, Marcelo Ríos, a prévenu que le département affronte une « épidémie explosive » et réaffirmé qu'il était évident que cette épidémie était hors de contrôle. L'expansion de la dengue est tellement hors de contrôle dans le pays que le ministre de la Santé lui-même, Anibal Cruz, a confirmé l'information donnée par la fonctionnaire du département en indiquant que la dengue serait sous contrôle seulement en juin mais pas à cause de l'efficacité de son ministère mais à cause de l'arrivée de l'hiver.

 

Selon la presse, Santa Cruz fait face à une épidémie explosive  avec plus de 3 000 cas confirmés et environ 30 000 personnes touchées et estime que dans les 2 prochains mois, la population affectée pourrait dépasser les 60 000 malades, une véritable catastrophe humanitaire. Mais ce n'est pas tout : le système de santé du pays en général est virtuellement en crise profonde étant donné l'absence de transferts et de paiements, le déficits d’items et l'absence de médicaments, des facteurs qui mettent en danger la santé de la population en plus de l'absence de coordination entre e système national et les gouvernements régionaux et municipaux.

 

Concernant l'épidémie de coronavirus, il n'y a jusqu'à présent aucune preuve de sa pénétration en Bolivie bien qu'il y ait un malade en observation dont les premiers résultats ont été négatifs. Cependant, il faut déplorer l'absence de bonnes conditions pour affronter cette pandémie. Il n'y a ni le matériel ni le personnel nécessaire dans les endroits critiques – les frontières, les terminaux d'aéroports ou de bus internationaux – pire encore, il n'y a pas non plus les ressources technologiques élémentaires ou un système d'alerte précoce de la population pour arrêter dette pandémie. La seule annonce du cas présumé en observation a déchaîné la peur et la panique parmi la population au point que tout le stock de masques des pharmacies privées a été épuisé.

 

Le problème de fond n'est pas les failles du système de santé héritées du Gouvernement antérieur mais la dépendance et la soumission idéologique envers l'étranger ainsi que les décisions politiques qui ont conduit le système de santé vers le précipice. Le ministère de la Santé et son ministre ont été un butin remis au Collège Médical de la Bolivie à cause du rôle qu'il a joué dans les protestations de rue qui ont finalement conduit à la démission d'Evo Morales. Anibal Cruz et Roxana Lizárraga ont consacré pendant plus d'un mois toute leur attention, tout leur travail et toutes leurs ressources, en coordination avec l'ambassade des Etats-Unis et avec la complicité du ministre de la Santé et du ministre de la Communication, à chercher des preuves des soi-disant activités de renseignement de la brigade médicale cubaine, se désintéressant de leurs tâches spécifiques. Pendant un tiers de leur activité, ils ont parcouru le pays pour dénoncer l'ingérence politique et idéologique de Cuba dans le système de santé sans en montrer une seule preuve. Il sont dénoncé les salaires de plusieurs millions qu'auraient soi-disant touché les médecins cubains et les dépenses quotidiennes dispendieuses. Tout un arsenal de mensonges préfabriqués délibérément pour porter atteinte à la réputation de solidarité du peuple cubain qui donne le peu qu'il a et non ce qu'il a en trop.

 

Les autorités du régime ont agi avec une rage digne du pire des fascismes en déchaînant une campagne de mensonges féroce contre la coopération médicale cubaine commanditée depuis les entrailles obscures de l'USAID. Les médias en sont même arrivés à inciter à la violence contre le personnel étranger grâce à de fausses accusations et des arrestations arbitraires sans le procès dû.

 

Sur décision du Palais du Gouvernement, qui obéit aussi aux instructions du Gouvernement nord-américain, la Chancellerie a rompu les relations diplomatiques avec le Venezuela et Cuba, on a expulsé le corps médical cubain, on a perquisitionné la clinique du collaborateur en violant de façon flagrante la Convention de Vienne, on a suspendu tous les soins médicaux dans tout le pays et les contrats ou les conventions de coopération et de service médical ou scientifique ont été rompus. La conséquence de cette soumission aberrante aux ordres de l'étranger a été de laisser désarmés des millions de Boliviens qui aujourd'hui, ont cessé de recevoir les soins médicaux de base dans les capitales des départements, les villes moyennes, mais surtout dans les communautés rurales, paysannes et indigènes. Suspendre ces services médicaux destinés aux gens les plus pauvres du pays est un véritable crime contre l'humanité.

 

Aucun gouvernement du monde pendant les presque 200 ans de vie du pays, n'a été aussi solidaire envers le peuple bolivien que le peuple cubain. Il suffit de rappeler, en utilisant les données officielles du MINREX, que « la coopération médicale avec la Bolivie a débuté en 1985 avec le don de 3 salles de thérapie intensive pour les hôpitaux pédiatriques. De 2006 à 2012, Cuba a assumé tous les coûts de la coopération avec la Bolivie pour une valeur de plus de 200 000 000 de dollars par an, ce qui comprend l'équipement médical, les médicaments, les fournitures et le matériel jetable, l'entretien de la brigade cubaine, le transport aérien des collaborateurs et les dépenses en matériel médical. Depuis cette date, en tenant compte de la bonne situation de l'économie bolivienne, ce pays a assumé les dépenses concernant la prestation des services médicaux mais n'a jamais transféré un dollar à Cuba et Cuba n'a jamais touché aucun revenu. En même temps, 5 184 jeunes Boliviens ont obtenu leur diplôme de médecine à Cuba, totalement à la charge de la partie cubaine.

 

Aucune des autorités de fait n'a reconnu que, suite à l'engagement et à la conduite professionnelle et strictement humanitaire du personnel de santé cubain dont 54% était des femmes, 1 529 301 interventions chirurgicales, 60 640 accouchements, 508 403 opérations des yeux ont été réalisés, 22 221 vaccins ont été appliqués. Des services dont le peuple bolivien est dépourvu depuis le départ de nos collaborateurs de la santé.

 

La question qu'il faut se poser en ce moment où la Bolivie affronte ces 2 épidémies, de dengue et de coronavirus, est si le ministère de la Santé, un satellite politique de l'ambassade américaine, sera capable d'affronter ces risques qui mettent en danger la vie de millions de Boliviens. Il semblerait que l'efficacité avec laquelle il se soumet à des tâches politiques indignes soit inversement proportionnelle à sa capacité à affronter aujourd'hui la responsabilité de sauver la vie de nos compatriotes. Evidemment, mener à bien de véritables massacres blancs n'a pas suffi au ministère de la Santé, pas plus que condamner des centaines de médecins formés à l'étranger à ne pas pouvoir exercer dans leur pays.

 

Le ministère de la Santé a été beaucoup plus efficace pour donner la priorité à une politique de vengeance dont l'étranger l'a chargé que pour se consacrer à soigner les Boliviens. C'est pourquoi chaque nouveau cas de dengue ou de coronavirus ou chaque mort qui pourrait survenir n'aura qu'un seul responsable : le régime putschiste qui voue un culte à la mort et un ministre de la Santé soumis à des taches indignes.

 

Il n'y a aucun doute que la politique de santé aux mains du Collège Médical de Bolivie, est plus malade qua jamais étant donné que même ses alliés les plus proches remettent en question l'action du gouvernement. Le Secrétaire Général du Syndicat des Secteurs Médicaux de la Santé Publique (SIRMES), Fernando Romero, tout en remettant en question le manque d’items et de matériel médical, a prévenu le régime qu'il devra décider s'il se consacre à satisfaire les demandes de son secteur ou à la campagne électorale et qu'au cas où il ne le ferait pas, ils retourneraient dans la rue. Clair comme de l'eau de roche.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/especiales/2020/03/03/bolivia-frente-al-colapso-del-sistema-de-salud-regimen-golpista-en-medio-de-dos-epidemias/#.Xl9w_C17R_8

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/03/bolivie-un-systeme-de-sante-effondre-et-2-epidemies.html