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Venezuela : 10 conséquences de la défaite du chavisme aux élections législatives de 2015

14 Juillet 2020, 18:09pm

Publié par Bolivar Infos

Même si elle veut le cacher, on ne devrait plus parler de l’opposition vénézuélienne au singulier mais au pluriel car il y a l'opposition représentée par Juan Guaidó, délibérément soumise à la politique étrangère des Etats-Unis et l'opposition dissidente de ce courant qui est composée par les hommes politiques vénézuéliens anti-chavistes qui souhaitent occuper des charges publiques et des plateformes institutionnelles.

 

Nous sommes à un moment, au Venezuela, où toute la carte des intérêts et des ordres du jour du pouvoir se réorganise autour d'une élection qui va se dérouler sous une agression complexe organisée par le Nord.

 

Il s'agit des élections législatives qui se dérouleront fin 2020, pendant une pandémie et avec une direction de l'opposition qui a miné, depuis 2015, les institutions vénézuéliennes grâce à l'Assemblée Nationale (AN) qui, dès le début, a consacré ses premières actions à un affront direct pour le « changement de régime. »

 

Nous subissons encore les conséquences du fait que la défunte Table de l'Unité Démocratique (MUD) ait pris le pouvoir législatif et elles pèsent lourdement sur les épaules de la plupart de la population vénézuélienne.

 

Dès le 1° jour

 

La MUD a obtenu, en 2015, sa première victoire en tant que plateforme électorale et à peine le député Henry Ramos Allup, a-t-il occupé la présidence de l'AN que celle-ci s'est érigée en acteur belliqueux.

 

Cela a dynamité la dynamique politique de la direction de l'opposition qui a commencé à agir en marge des limites fixées par la Constitution avec un parlement à la dérive réclamant un isolement des institutions qui a provoqué un choc, d'abord, avec le pouvoir judiciaire dans le cadre de la désobéissance envers les sentences de la Cour Électorale et de la Cour Constitutionnelle du Tribunal suprême de Justice (TSJ) et ensuite, avec le Gouvernement et les 3 autres pouvoirs.

 

Depuis lors, la crise des institutions a bouleversé les bases de l'Etat et de la société vénézuélienne puisqu'il n'y avait plus de pouvoir législatif dûment installé selon les règles établies par la Constitution.

 

La répartition des quotas de pouvoir de l'AN dans la MUD a provoqué une série d'oppositions et de complots qui ont été destructeurs au point de provoquer l'extinction de la plateforme multipartiste de l'opposition. En effet, le facteur décisif a été l'hégémonie de ce qu'on appelle le G4 : les 4 partis qui ont eu le plus grand nombre de voix : Primero Justicia (PJ), Volonté Populaire (VP), Action Démocratique (AD) et Un Nouveau Temps (UNT).

 

L'adoption d'ordres du jour étrangers, la corruption interne des partis, la faiblesse des programmes de leurs objectifs et le gaspillage du capital politique ont produit au G4 une rébellion des députés en minorité en 2019, ce qui a prouvé que ces partis avaient cessé de représenter les aspirations politiques d'un grand nombre d’opposants.

 

Quand le G4 s'est réparti l'AN à sa convenance, la débâcle de la politique a commencé du côté de l’opposition. Les envies de coup d'Etat sont redevenues irrépressibles pour cette bande, surtout celle qui était représentée parPJ y VP.

 

Une plateforme aux buts multiples

 

Nous, la plupart des Vénézuéliens, pouvons nous souvenir qu'avec l'arrivée de l'anti-chavisme à l'AN, la situation économique du pays a commencé à baisser de façon tragique. Nous sommes beaucoup à nous souvenir de 2016 comme d'une année où les pénuries ont redoublé et où la capacité de consommation est arrivée à des limites impensables pour la plupart des gens.

 

Certains des secteurs patronaux, des chaînes d'approvisionnement et de commerce et des agents économiques qui avaient le plus de pouvoir au Venezuela avaient décidé de s'embarquer dans la même galère anticonstitutionnelle que l'AN. La coordination entre les grands syndicats économiques (FEDECÁMARAS, syndicat des éleveurs, etc.) et la direction du Parlement a été plus qu'évidente alors qu'une campagne de criminalisation du président Nicolás Maduro et des plus hauts dirigeants de l'Etat se développait.

 

La « guerre économique » a été supplantée par une image « d'inefficacité et de corruption » du Gouvernement, considéré ensuite comme un « régime dictatorial, » ce qui a représenté un changement des perceptions politiques de la population vénézuélienne dans lequel le « sauvetage de l'économie » serait important principal slogan de la campagne pour un « changement de régime. »

 

C'est pourquoi l'AN a servi de plateforme pour le blanchiment de crimes économiques commis par les producteurs et les commerçants qui avaient le monopole dans le pays. Le G4 a bien capitalisé le mécontentement social ou au moins a encouragé la guerre économique au bénéfice de la légitimité de son discours (pervers et anti-politique.)

 

En 2017, quand Julio Borges est devenu président du Parlement, l'engagement a redoublé : maintenant, le pouvoir législatif était instrumentalisé en tant que gérant des mesures coercitives unilatérales d'aujourd'hui.

 

C'est la direction de PJ, ce petit groupe qui se trouve actuellement en Colombie, en Espagne et aux Etats-Unis qui a mis en place l'ordre du jour de la guerre économique internationale contre toute la population du Venezuela en utilisant les institutions vénézuéliennes de façon anticonstitutionnelle pour donner une légitimité à la demande de sanctions et de blocus économiques, financiers et commerciaux.

 

C'est l'une des conséquences les plus tragiques de l’obtention par l'opposition d'une plateforme de l'Etat pour sa stratégie putschiste, clairement contraire aux intérêts de tout un peuple, une stratégie qui cherche à l'amener au chaos d’une véritable « urgence humanitaire. » L'efficacité de cette démarche a beaucoup à voir avec les relations que Julio Borges et les siens ont construites avec des secteurs financiers de poids aux Etats-Unis et en Europe, sous couvert d'une fausse légitimité institutionnelle.

 

En effet, le G4, non seulement a continué à miner les relations normales entre les pouvoirs mais il a annoncé une légitimité claire et absolue avec la protection de Washington et des plateformes politiques et diplomatiques qui le secondent, face au Gouvernement vénézuélien.

 

A partir de cette construction fictive, diffusée par les médias anti-chavistes, les ONG de financement NED/USAID et les politiciens anti-chavistes, le Gouvernement des Etats-Unis et leurs dauphins internationaux disent que le président Nicolás Maduro n'est le président d'aucun pays et que Juan Guaidó est le « président par intérim » chargé d'un Gouvernement de transition vers un Venezuela sur mesure pour le Nord.

 

C'est ainsi que le Gouvernement étasunien a décidé de prendre directement les rênes du conflit vénézuélien en abandonnant l'ombre, en torpillant avec des « sanctions » et en faisant monter la température de la violence sous-traitée.

 

Vers un retour de l'AN à la légalité ?

 

La division de l’opposition a été une conséquence claire de la façon dont la direction anti-chaviste a réglé ses comptes et fait usage de sa position de commandement de l'AN et un affaiblissement stratégique pour les aspirations électorales de certains secteurs des partis qui ont voulu s'en tenir à la route constitutionnelle.

 

Une telle situation non seulement profite au chavisme pour qu'il obtienne la plus grosse quantité de sièges fin 2020 mais est aussi un attrait réel pour les opposants qui ont en vue la réorganisation des partis politiques anti-chavistes qui se sont exclus eux-mêmes de la vie,politique vénézuélienne, pris en otage par un petit groupe d'extrémistes qui ont choisi de se soumettre à l'ordre du jour de Washington. C'est le cas de AD et de PJ, ces dernières semaines en plus des sentences du TSJ demandant plus de participation politique aux législatives.

 

Il faut rappeler que, de même, tout le chemin parcouru depuis 2015 a servi à ce qu'il y ait un plan de retour de l'AN à la légalité proposé par la Table de Dialogue National entre les différents partis politiques en litige, excepté le secteur putschiste dirigé par Guaidó qui s'est exclu lui-même. Cela représente une avancée dans le dialogue entre le Gouvernement de Nicolás Maduro et ceux qui s'y opposent politiquement, dialogue tellement nécessaire pour le déblocage de la situation.

 

Mais sans aucun doute et pour conclure, l'une des conséquences les plus importantes de la victoire électorale de l’opposition vénézuélienne en 2015 est qu'elle a aiguisé les contradictions entre les 2 projets en lice, celui de la République Bolivarienne et celui de la république néo-coloniale, ce qui a provoqué un effondrement politique qui a laissé des séquelles qu'on subit encore aujourd'hui.

 

Dans cette situation, le chavisme a réussi à négocier le « changement de régime » avec des éléments politiques en mains qui ont réussi à résister à des situations de violence extrême, tentatives d'assassinat du président de la République, incursions de mercenaires, tableaux d'asphyxie économique, financière et commerciale, pandémie encore active et avec un Etat en lice aussi bien dans le domaine intérieur qu'à l'étranger.

 

A la lumière des événements de ces 5 dernières années, on peut comprendre l'importance qu'a pour le chavisme le fait de gagner à nouveau un espace comme l'Assemblée Nationale.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/06/29/venezuela-diez-consecuencias-de-que-el-chavismo-perdiera-la-an-en-2015/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/07/venezuela-10-consequences-de-la-defaite-du-chavisme-aux-elections-legislatives-de-2015.html