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Venezuela : Elliott Abrams, les serres du Condor

24 Juillet 2020, 18:29pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Geraldina Colotti

Lors de la journée de travail consacrée à « l'accouchement humanisé, » le président Maduro a dénoncé les menaces d'Elliott Abrams concernant le financement d'une campagne médiatique sans précédent contre la Révolution Bolivarienne. Le Représentant Spécial de Trump pour le Venezuela, qui a dévasté l'Amérique Latine d'abord avec Ronald Reagan dans les années 80 puis avec George W.Bush au début des années 2000, a promis d'y impliquer des radios, des télévisions et des réseaux sociaux.

 

Une campagne qui existe déjà, qui agit en permanence à travers «AP, Reuters, Bloomberg, Euronews, etc... » a dit le président vénézuélien. Une stratégie généralisée qui « utilise des groupes de mercenaires sur les réseaux sociaux à travers des pages, des sites, des comptes qu'ils alimentent en bruits, en rumeurs jour après jour, organisent des campagnes et imaginez ce qui va arriver maintenant qu'ils l'ont annoncé. « Mais, a dit Maduro, la vérité du Venezuela est puissante et surmonte toutes les manipulations d'Elliott Abrams.

 

Un puissant système de médias se charge de passer sous silence les informations qui montrent les réussites du modèle bolivarien aussi bien contre la pandémie que contre la guerre économique et financière organisée par l'impérialisme étasunien et ses subordonnés de l'UE. On ne parle du Venezuela que pour falsifier les nombres ou pour prédire des désastres en soutenant la construction virtuelle de « l'autoproclamé » Guaidó.

 

La stratégie est celle qui est énoncée par le Commandement Sud dans le manuel « Guerre totale en temps de mondialisation. » son objectif est toujours le même : saper la confiance du peuple pour qu'il renverse le Gouvernement, empêcher les mouvements internationaux de le soutenir. C'est aussi pour cette raison qu'après la Seconde Guerre Mondiale, la CIA a dirigé la bataille aussi sur le terrain des idées.

 

Allen Dulles, qui a fondé et dirigé l'Agence de Renseignement des Etats-Unis pendant 8 ans, de 1953 à 1961, l’explique dans son livre L'art du Renseignement : « L'objectif final de la stratégie à l'échelle de la planète est de vaincre au niveau des idées les alternatives à notre domination à travers le discrédit et la persuasion, la manipulation de l'inconscient, l'usurpation de l'imaginaire collectif et la recolonisation d'utopies rédemptrices et libertaires pour empaqueter un produit paradoxal et inquiétant : que les victimes arrivent à comprendre et à partager la logique de leurs bourreaux. »

 

Dès lors, la CIA a commencé à former ses agents qui sont recrutés aujourd'hui à la fin du lycée dans toutes les parties du monde. Ainsi, le poulpe étend directement ses ramifications dans les universités, les fondations, les centres de recherche, les grandes institutions et les bureaux des maisons d'édition. Les campagnes d'intoxication et de manipulation psychologique, toujours utilisées pendant les guerres, atteignent un niveau plus insidieux, inhérent aux guerres hybrides, aux guerres de 4° et de 5° génération.

 

La crise de l'institution et les conflits de pouvoir qu'elle traverse, même avec le Gouvernement Trump, ne signifie pas que la philosophie sous-jacente de la CIA reflétée dans les textes du Commandement Sud ne continuent pas à être en vigueur pour perpétuer la guerre asymétrique. Le discours de Trump devant les opposants cubains, vénézuéliens et nicaraguayens de Floride l'a mis en évidence une fois de plus.

 

Il n'est pas surprenant qu'en allant dans l'une des zones les plus affectées par le coronavirus, Trump ait organisé une réunion au siège du Commandement Sud qui se trouve à quelques 3 km de son club de golf. « Nous lutterons pour le Venezuela et pour nos amis à Cuba, a dit le haut commandant des Forces Armées. Sachez que nous le faisons comme dans beaucoup d'autres endroits... Mais Cuba et le Venezuela, nous les avons parfaitement sous contrôle. »

 

Comment ? En bloquant les « lignes de financement pour le régime illégitime de Nicolás Maduro, grâce à une opération de surveillance du Commandement Sud dans les Caraïbes. »

 

Des déclarations suivies immédiatement par les principales corporations de médias qui ont publié des articles sur les menaces envers les compagnies qui osent encore faire du commerce avec le Venezuela et le gouvernement iranien qui ne se laisse pas intimider comme l'Inde essaie de le faire maintenant.

 

Les plateformes internet de l’opposition vénézuélienne ont accompagné les articles par des photos de bateaux de guerre étasuniens face aux côtes vénézuéliennes, ce qui indique que le blocus naval pourrait être proche.

 

Sans aucun doute, a dit Elliott Abrams à Reuters, pendant ces derniers mois, Washington a centré ses efforts sur le respect des sanctions envers le commerce du pétrole et l'isolement de Caracas, en particulier dans le domaine maritime. « Ils verront, a-t-il promis, que la plupart des armateurs et des capitaines s'éloigneront du Venezuela. Simplement parce que le risque n'en vaut pas la peine. »

 

C'est pourquoi les Etats-Unis font pression sur les compagnies maritimes, les compagnies d'assurances et les compagnies qui doivent qualifier les bateaux pour leurs règles de sécurité ou environnementales. Et les grandes entreprises de Londres, comme la Lloyd’s Register (LR), affirment avoir retiré leurs services à 8 pétroliers qui faisaient du commerce avec le Venezuela.

 

Accompagner cette stratégie d'étranglement économique par une attaque médiatique est essentiel. Il est essentiel de la camoufler en diabolisant le Gouvernement Bolivarien pour éviter de provoquer la même indignation que la genou du policier blanc sur le cou de l'afro-descendant Floyd. Tromper le lecteur avec des déformations et des superpositions fait partie de la stratégie destinée à « empaqueter le produit paradoxal et inquiétant » dont parlait Dulles.

 

Prenons seulement 3 exemples. La soi-disant « exclusivité » d'une flotte de voitures de luxe des Etats-Unis est en train de circuler, destinée, selon un « journaliste » de type CIA, à la Force Armée Nationale Bolivarienne. Mais comment cette flotte arriverait-elle au Venezuela avec les sanctions de Trump? Et pourquoi Trump lui-même devrait-il faire des facilités au Gouvernement Bolivarien s'il veut le détruire ?

 

Cela n'a pas de sens mais ça fonctionne. Cela fait partie des attaques médiatiques mises en place contre une des clefs de voûte de la Révolution Bolivarienne, l'union civique et militaire. Pour cela, on a besoin d'un autre soi-disant « expert » en affaires militaires qui parle de conflits mortels entre Maduro et le président de l’Assemblée Nationale Constituante, Diosdado Cabello, en spéculant sur la contamination du cher capitaine par le COVID-19.

 

Pendant ce temps, les images de « l'autoproclamé » entouré d'uniformes sont diffusées dans le monde entier pour illustrer la proclamation de «39 ex officiers» qui ont décidé de trahir le drapeau et la Constitution et qui soutiennent le « président par intérim » virtuel.

 

Le troisième exemple concerne une information publiée par Reuters à propos d'une autre escroquerie organisée par Guaidó contre le peuple vénézuélien. C'est le contrat de 125 000 000 signé avec 2 firmes financières d’Amérique du Nord, Versement de BRD et Administrateur de BRV, pour « l’administration des fonds à l'étranger. »

 

Bien qu'on sache que  l'autoproclamé ne peut « légiférer » que depuis son immeuble, qu'il n'a aucun mandat pour gérer des fonds et que le seul Parlement, bien qu'il soit dans l'illégalité, est celui qui est présidé par le député qui a accepté le dialogue avec le Gouvernement, Luis Parra, Reuters écrit : « Le Parlement vénézuélien, à majorité d'opposition, a approuvé le 9 juillet la décision d'engager 2 firmes aux Etats-Unis qui se chargeront de gérer les fonds à l'étranger qui restent sous contrôle du chef du Congrès et dirigeant de l'opposition, Juan Guaidó. »

 

Et pour aller plus loin, la note est illustrée par l'image de l'hémicycle de l’Assemblée Nationale que  l'autoproclamé a décidé de quitter avec sa bande. Ils ajoutent les photos des dirigeants putschistes et le piège est prêt : la réalité de la politique vénézuélienne disparaît pour céder le pas au crique virtuel soutenu par les institutions internationales comme c'est arrivé avec le Parlement Européen.

 

Après les révélations contenues dans le livre de son ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton, Trump a exprimé à nouveau une opinion négative concernant Guaidó, alléguant qu'il veut se concentrer sur quelqu'un qui « ait un meilleur soutien du peuple. » Mais si pour le soutien du peuple, il devra attendre longtemps, les candidats ne manqueront pas pour ramasser ses miettes.

 

Il y a quelques jours, un communiqué de presse a été publié dans les médias, non par l'opposition modérée qui accepte le dialogue avec le Gouvernement de Maduro mais par les pires extrémistes de l'entourage de Guaidó, comme Antonio Ledezma, Maria Corina Machado, Diego Arria, qui lui demandent d'expliquer où est l'argent qu'il a reçu et l'accusent d'absence de transparence dans la gestion des comptes.

 

Et comment pourrions-nous oublier cet enregistrement audio dans lequel le Gouvernement des Etats-Unis se plaint du nombre disproportionné de candidats à la présidence qui étaient dans l'opposition vénézuélienne, prêts à remplacer Maduro?

 

Bolton révèle dans son livre que Trump considère le Venezuela comme une sorte de protectorat nord-américain et qu'il estime qu'une invasion armée serait « agréable. » Il pense comme un patron et c'est aussi dans ce sens qu’on oit comprendre son intention de « vendre » Porto Rico, exprimée après le passage de l'ouragan María dévastateur de 2017 qui a fait 2 982 morts et plus de 90 000 000 000 de $ de dégâts. La secrétaire à la sécurité nationale par intérim de l'époque Elaine Duke, l'a révélé au New York Times.

 

« Il va arriver quelque chose avec le Venezuela, c'est tout ce que je peux vous dire, il va arriver quelque chose avec le Venezuela, » a dit Trump dans une interview accordée à Noticias Telemundo. La réponse de la FANB est arrivée par la bouche du ministre de la Défense, Vladimir Padrino López. Padrino a qualifié le discours de Trump devant le Commandement Sud de « mise en scène électorale, » un acte de la campagne de Trump avant les élections présidentielles du 3 novembre, élection dans laquelle il est en désavantage de façon évidente par rapport au démocrate Joe Biden.

 

La Floride se trouve parmi les états qui n'ont pas encore manifesté leur orientation définitive concernant ces élections et Trump veut répondre à l'accusation de Biden qui dit qu'il a créé un vide de leadership en Amérique Latine en permettant à la chine et à la Russie d'occuper l'espace.

 

Les proportions de la crise économique post-pandémie combinées avec la mauvaise gestion du coronavirus qui a également provoqué du mécontentement dans les Forces Armées et à l'impact de l'assassinat de George Floyd nous font penser que le terne Biden peut gagner contre le magnat.

 

Pour cette raison aussi, avec le tempérament instable qui le caractérise, Trump déplace la barre d'un côté et de l'autre mais en maintenant toujours le timon dans la direction de l'argent et des intérêts économiques. C'est ainsi qu'on doit comprendre la réunion du président étasunien et de son homologue mexicain, le progressiste Manuel López Obrador. Au Mexique, Trump s'est occupe des affaires et il a rencontré un groupe de patrons mexicains dont Carlos Slim, un des hommes les plus riches du monde.

 

Prenant en considération le peu de différences qu'il y a en politique étrangère entre les démocrates et les républicains, Trump essaie d'inspirer confiance pour les élections en promettant une plus grande stabilité sur les frontières. Par cette réunion, a aussi été lancé l'accord entre les USA, le Mexique et le Canada (USMCA), une version légèrement modifiée du pacte de libre commerce que Trump n'avait pas accueilli avec satisfaction et que les organisations populaires ne voient pas non plus favorablement.

 

AMLO a fait des facilités à Trump en acceptant l'envoi de troupes sur la frontière pour bloquer les migrants à destination des Etats-Unis, en donnant un autre espace de manœuvre aux militaires traditionnellement soumis à la doctrine nord-américaine et en laissant pratiquement intacts les intérêts du grand capital.

 

Maintenant, cela a permis au cowboy du Pentagone de détourner l'attention de la pandémie et des fautes qu'il a commises à l'intérieur et il présente la première réunion internationale organisée par AMLO comme une victoire. The Economist dit que Biden, s'il gagne, peut rappeler qu'en 2012, quand il s'est rendu au Mexique, il a rencontré les 3 candidats à la présidence dont AMLO... En tout cas, on sait que les démocrates, bien qu'ils divergent du Gouvernement Trump sur beaucoup de points, ne rejettent pas sa ligne dure dans le domaine du commerce.

 

En plus des murs et de l'argent, il y a encore la parole des peuples qui peuvent décider de hisser leur drapeau.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/07/19/venezuela-elliott-abrams-las-garras-del-condor/

URL de cet article :

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