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Bolivie : Qui est David Choquehuanca ?

21 Octobre 2020, 16:59pm

Publié par Bolivar Infos

Par Daniel Giovanaz, Brasil de Fato 

L’ex-dirigeant syndical chancelier d’ Evo Morales est considéré comme un acteur clef  de la victoire de la gauche aux élections.

 

Avec l’ex-président Evo Morales en exil et exclu des candidatures, le MAS a trouvé en David Choquehuanca les caractéristiques qu’il cherchait pour un vice-président : de l’expérience dans la gestion et des affinités avec les organisations syndicales et paysannes du pays. L’écart de 20 points qu’on voit dans le décompte partiel des voix indique que l’élection a été correcte.

 

D’origine aymara, David Choquehuanca, 59 ans, est né dans une communauté du bord du lac Titicaca, le lac le plus haut du monde et se définit lui-même comme anticapitaliste et anti-impérialiste. Dirigeant indigène et paysan, il a travaillé coude à coude avec Evo Morales pendant presque 30 ans dans le mouvement populaire et au Gouvernement.

 

En 2006, quand il est devenu chancelier de Bolivie, son bureau a attiré l’attention à cause de « continuelles allées et venues de représentants des mouvements sociaux, » comme dit un rapport  de Estadão de cette époque-là.

 

Les relations étrangères de la Bolivie, sous sa direction, étaient parquées par les efforts d’intégration latino-américaine sans rompre avec les Gouvernements de droite du continent. Ce choix s’est reflété jusqu’à ses derniers mois de gouvernement. En 2019, par exemple, Morales s’est rendu au Brésil et a félicité Jair Bolsonaro lors de son investiture.

 

Claudia Peña, l’ex-ministre de l’Autonomie de la Bolivie, souligne la différence entre la transition bolivienne actuelle et celle qui a eu lieu en Equateur en 2017. A ce moment-là,  Lenin Moreno est arrivé à la présidence avec le soutien de l’ex-président Rafael Correa mais a rompu avec la base de son prédécesseur et a été accusé de trahison.

 

« Quand on a discuté pour savoir qui seraient les candidats du MAS à cette nouvelle élection, David Choquehuanca fut l’un des favoris sur les hauts plateaux boliviens qui représentent moins de la moitié du territoire national, » rappelle Peña.

 

« La candidature d’ Arce s’est imposée à cause de ses connaissances économiques et du fait qu’il représentait les secteurs de la classe moyenne. je ne pense pas que ce soit un Lenin Moreno parce qu’il a été au centre des décisions économiques qui répondaient aux principes de redistribution en privilégiant les besoins des secteurs les plus pauvres. »

 

Sur l’importance du vice-président sur le bulletin de vote, l’ex-ministre du MAS souligne que le coup d’Etat a révélé la nécessite de renforcer la lutte indigène.

 

« Arce a les connaissances économiques, sait gérer un appareil d’Etat mais ne représente pas nécessairement les secteurs populaires. David Choquehuanca, lui, représente les secteurs populaires, les peuples indigènes et l’identité profonde de la Bolivie. Il y a une complémentarité très intéressante qui demandera un dialogue et une négociation constants. »

 

Le défi de la succession

 

Dans les Gouvernements de Morales, la vice-présidence a joué un rôle central dans la configuration des politiques politiques. L’immeuble dans lequel, depuis 2019, fonctionne le bureau d’ Álvaro García Linera, alors député, a été la scène de débats, d’investigations et de réflexions sur le processus de transformation que vit la Bolivie.

 

L’historien Luis Dufrechou dit que le nouveau vice-président doit renforcer ce processus : « Il y aura une meilleure autocritique sur l’héritage d’Evo Morales. Choquehuanca s’est déjà montré assez critique pendant la campagne, en particulier envers l’image d’Evo et a dit qu’il avait eu tort de se lancer dans une réélection « malgré la défaite au referendum de février 2016. C’est la personnalité le plus importante du MAS qui a parlé en ces termes ouvertement. »

 

L’historien définit Choquehuanca comme « un représentant de l’aile laplus indigène, la moins développementiste et la moins technocratique du mouvement. » Selon lui, jusqu’au retour d’Evo Morales en Bolivie, on ne sait pas quel rôle jouera le député dans le gouvernement.

 

« J’espère que l’image de Choquehuanca contribuera à une critique non destructrice mais interne, » ajoute Dufrechou. « Cela pourrait faciliter l’ouverture d’un nouveau cycle d’hégémonie du MAS en critiquant les erreurs du passé le plus proche, » d’ dit-il.

 

Similitudes et différences

 

Comme Luis Arce, le futur vice-président a une formation universitaire. Son diplôme qu’il considère comme le plus important porte le cachet de l’Ecole Nationale de Formation du Personnel Niceto Pérez, créée par l’Association des Petits Agriculteurs de Cuba.

 

Pour Choquehuanca, la coca est une plante sacrée et toutes les ressources naturelles qui poussent sur le sol bolivien doivent être nationalisées.

 

Sur ce point, il n’y a pas beaucoup de différence avec la position de l’ex-ministre de l’Economie. Arce a dirigé le processus de nationalisation des hydrocarbures bien qu’il accepte l’extraction par des entreprises étrangères – à taxes très élevées – et étudie des alliances avec des corporations chinoises et allemandes pour l’industrialisation du lithium.

 

Les déclarations du député sont habituellement passionnées et fortes, surtout quand elles concernent la présence des entreprises transnationales dans le pays.

 

Tout au long de la campagne, il a souligné la nécessité de la participation du peuple aux décisions. « Nous ne devons pas laisser la conduite d’un pays seulement dans les mains des bureaucrates, » a-t-il dit en juillet lors d’une interview accordée au site Diálogos del Sur. « Les décisions politiques doivent être prises avec laparticipation de tous, de tous les mouvements sociaux, du peuple. »

 

L’élection de Arce et Choquehuanca doit être officialisée mercredi ou jeudi. La nomination des premiers ministres, qui doit commencer en novembre, est attendue avec grand intérêt par les militants car elle donnera des pistes sur le rôle que jouera le vice-président dans le nouveau Gouvernement.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/10/20/bolivia-quien-es-david-choquehuanca-un-vicepresidente-no-decorativo-en-la-campana-del-mas/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/10/bolivie-qui-est-david-choquehuanca.html