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Brésil : Bolsonaro et Trump, l’histoire d’amour de 2 néo-fascistes

11 Novembre 2020, 19:48pm

Publié par Bolivar Infos

Par Dario Pignotti

 

Bolsonaro, son amour pour Trump et sa terreur de voir gagner Biden. Littéralement, le Brésilien lui a dit «I love you» quand ils se sont rencontrés à Washington. Mais les élections peuvent tout changer.

 

Plus que de l’amour, c’est de la rage. Jair Bolsonaro a dit dit «I love you» à l’oreille de Donald Trump à New York sous les yeux de diplomates et de conseillers des 2 Gouvernements pendant une interruption de séance de l’Assemblée des Nations Unies de 2019.

 

Ce geste résume la nouvelle politique étrangère du Brésil et la sorte d’alliance que Bolsonaro a établie avec son collègue dont il s’est déclaré « un fan » jeudi dernier, quand il a réaffirmé qu’il le soutenait dans les élections contre Joe Biden.

 

« Ce que Bolsonaro ressent pour Trump est une passion, » a dit le géographe et scientifique social étasunien Brian Mier à Página 12.

 

Des sources diplomatiques et militaires sont inquiètes face à la situation de Brasilia dans le cas où le démocrate Joe Biden s’imposerait, ont dit lundi les journaux Folha et Estado de San Pablo. Le président pourrait être « encore plus isolé qu’il ne l’est, » a écrit Estado.

 

En faisant du prosélytisme exagéré pour le candidat du parti républicain, Bolsonaro s’est impliqué entièrement dans le trumpisme et il semblerait qu’il n’ait pas de plan B, dit la presse conservatrice.

 

« Si Trump perd,  Bolsonaro aussi va subir une défaite qui l’affaiblira assez, » analyse Brian Mier qui a une émission à la progressiste TV 247.

 

L’hypothétique faux-pas aux élections étasuniennes peut se répercuter, en outre, sur le plan intérieur puisque l’occupant du Palais du Planalto se présente devant sa claque la plus extrémiste comme une version locale de son grand allié.

 

« Bolsonaro est un émule de Trump (…), Trump l’a convaincu d’utiliser la chloroquine contra le coronavirus et Bolsonaro en a fait la propagande au Brésil, »  commente Mier.

 

Sur le plan idéologique, Trump adopte des positions d’extrême-droite par opportunisme, pour complaire à ses électeurs. Par contre, Bolsonaro, est un néo-fasciste qui a toujours revendiqué la dictature. Bolsonaro est encore pire que Trump. »

 

Avec le clin d’œil du Gouvernement brésilien, des groupes d’extrême-droite ont levé des drapeaux nord-américains et ont ovationné Trump dans plusieurs cérémonies en faveur du coup d’Etat organisées il y a des mois à Brasilia et ils l’ont fait à nouveau dimanche, à San Pablo, lors d’une protestation contre le vaccin chinois ou «Vachina».

Les attaques contre le médicament Coronavac du laboratoire chinois Sinovac et la résistance à accepter la technologie de cinquième génération de la firme Huawei, font partie de l’arsenal lancé par Brasilia contre Pékin, en accord avec le Gouvernement étasunien qui, en moins d’1 mois, a envoyé en visite le secrétaire d’Etat Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale Robert O´Brien. Les discussions des fonctionnaires brésiliens avec  Pompeo ont été classées secret-défense et nepourront être publiées qu’en 2035.

 

Les progressistes avec Biden

 

Dans le camp opposé à Bolsonaro, les dirigeants progressistes et de gauche ont pris position, en partie, pour Joe Biden. Non parce qu’ils pensent qu’il a des positions avancées en matière de politique étrangère mais parce qu’un Gouvernement du parti démocrate aura difficilement avec Bolsonaro une relation aussi fluide que celle que cultive Trump.

 

Brian Mier explique  que la gauche du parti démocrate n’a aucune sympathie pour le capitaine à la retraite, en particulier pour ses politiques environnementales, concernant la communauté LGBT et les droits de l’homme. L’establishment démocrate, y compris Biden, n’approuve pas non plus le protégé de Trump mais il est improbable que si le parti revient à la Maison Blanche, on adopte des positions de franche rupture avec Brasilia.

 

Pendant l’un des débats télévisés avec Trump, Biden a prévenu qu’il pourrait appliquer des sanctions économiques au Brésil si un frein n’est pas mis à la dévastation de l’Amazonie. Une indigène originaire de la forêt, Alessandra Korap, de l’ethnie Munduruku, a reçu le prix  Robert F. Kennedy des droits de l’homme remis lors d’une cérémonie virtuelle où on a annoncé la présence de l’ex-secrétaire d’Etat John Kerry, un homme de poids dans l’équipe de campagne de Biden. Des signes qui ne doivent pas être sous-estimés.

 

 Celso Amorim, chancelier de Luiz Inácio Lula da Silva pendant ses 2 mandats, affirmé qu’une victoire de Biden qu’il compare à l’élection de Jimmy Carter en 1976, pendant la dictature du général Ernesto Geisel sera « très important pour le Brésil. » En 1977, pendant la première année de gouvernement de son mari, la première dame, Rosalynn Carter, s’était rendue à Brasilia où elle avait demandé des informations sur les morts et les prisonniers politiques, provoquant l’indignation de Geisel.

 

En 1978 , Carter en personne avait débarqué au Brésil où, en plus de rencontrer les autorités, il avait discuté secrètement avec l’archevêque de San Pablo, el cardinal Paulo Evaristo Arns, qui l’avait mis au courant des violations des droits de l’homme.

 

Mier, qui réside à San Pablo, est d’accord avec Amorim pour soutenir Biden « pour le Brésil, une victoire démocrate, ce n’est pas la même chose qu’une victoire républicaine. » « On ne peut pas être nihiliste, on ne peut pas voter blanc mardi bien qu’il n’y ait que de petites différences entre Biden et Trump, Biden est mieux pour le peuple brésilien. »

 

Mier dit que Biden à la Maison Blanche, Bolsonaro perdra un allié important dans sa campagne pour sa réélection en 2022 et prévoit que les démocrates soutiendront un candidat de la droite classique non fasciste, « certainement du parti Social Démocrate Brésilien avec qui ils ont de très bonnes relations depuis longtemps. »

 

Il dit que Biden est sensible aux droits de l’homme et qu’en 2014, alors qu’il était vice-président des Etats-Unis, il avait remis à  la présidente Dilma Rousseff un dossier contenant des documents déclassifiés sur la dictature destinés à la Commission de la Vérité. Mais 2 ans plus tard,  le même Biden est revenu à Brasilia pour  reconnaître Michel Temer déclaré président après le coup d’Etat qui a  renversé Rousseff.

 

« Biden n’est pas plus l’ami de la gauche brésilienne et latino-américaine que Trump. La différence, c’est que dans le parti démocrate, il y a une aile gauche et un groupe de congressistes qui en vient et ce sont des forces qui font pression. Par contre, dans le parti républicain, il n’y a pas de groupe progressiste. »

 

Source : Página 12

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/11/03/pensamiento-critico-bolsonaro-y-trump-la-historia-de-amor-de-dos-neofascistas/

URL de cet article :

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