Venezuela : Fin de l’Assemblée Nationale Constituante, naufrage dans les Caraïbes et problème de l’Esequibo
Coup d’œil sur la semaine du 14 au 20 décembre 2020
Par Jesús A. Rondón
On s’attend à un pause dans le domaine politique à partir du 21 décembre à cause des festivités chrétiennes de la nativité et du nouvel an, tellement propres à l’occident. Le Venezuela ne fait pas exception, par conséquent, les préparatifs sont déjà en train dans les familles malgré la crise économique. A la différence de l’Europe, dans le pays, il n’y a pas de restrictions concernant les réunions familiales bien que le gouvernement bolivarien lance de multiples appels à pousser à l’extrême le respect des mesures de biosécurité. Cette semaine, il y a eu peu d’activités. Les événements les plus importants sont la cérémonie de clôture des activités de l’Assemblée Nationale Constituante et le débat suscité par un naufrage dans les eaux des Caraïbes qui, jusqu’à présent, a fait 29 morts.
Cet article sera le dernier de cette année et nous espérons pouvoir reprendre ces publications à la fin de la seconde semaine de janvier 2021. Je dois remercier les lecteurs et les éditeurs en Amérique et en Europe qui rendent possible cette publication aimablement et en particulier le blog Bolívar Info. Les camarades Françoise López, Gorri et Achim avec lesquels nous avons établi un travail de coopération dont sont sorties les traductions en français, en italien et en allemand, méritent une mention spéciale.
La fin de l’Assemblée Nationale Constituante
Ce premier mai 2017 où lors d’une cérémonie de commémoration de la journée internationale des travailleurs, le président Maduro a annoncé la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante semble bien loin. Dans un climat politique troublé, parqué par la violence de ceux qui s’opposent au chavisme, on a invoqué l’esprit de la Constitution pour créer un lieu de dialogue politique. Les acteurs politiques qui dirigent l’opposition ont serré les rangs et ont refusé d’y participer , se retranchant dans l’Assemblée Nationale qui, à ce moment-là, refusait de respecter la sentence du Tribunal Suprême de Justice qui lui ordonnait d’exclure 3 députés.
Le processus de convocation fut rapide et en effet, le chavisme seul y a participé. Les candidatures furent multiples mais ce sont les candidats du Parti Socialiste Uni du Venezuela qui ont été élus. L’installation de l’Assemblée Nationale Constituante a animé le débat sur la situation politique marqué par la violence mais après que celle-ci ait cessé, l’espace législatif s’est mis en sommeil, dont il n’est sorti qu’à l’appel du Président Maduro. Ca n’a pas été le mouvement constituant de 1999 où de larges secteurs politisés de la population provoquaient des débats sur des problèmes importants qui devaient être exprimés autrement dans la Constitution.
Le président Maduro a participé à la dernière session de l’Assemblée Nationale Constituante. Il a souligné l’apport de cette entité à la stabilité et à la paix du pays et on a approuvé une loi qui établit les critères qu’on devra respecter pour modifier ou abroger les 97 décrets constitutionnels et les 14 lois qu’elle a approuvés dans des domaines comme l’économie, la politique, la sécurité et la défense du pays. Sa dernière loi, la plus polémique : la loi anti-blocus, approuvée le 8 octobre.
L’Assemblée Nationale Constituante est l’un des espaces politiques qui a été touchée par la pandémie en 2020. Depuis la déclaration de l’état d’urgence, elle a très peu siégé et les députés constituants venus des régions ont rarement pu y participer. En somme, à la lumière des événements, nous pouvons affirmer que l’intention des chavistes n’était pas de créer une nouvelle Constitution mais de disposer d’un bastion qui permette, avec l’assentiment du Tribunal Suprême de Justice d’avoir un socle juridique minimum pour garantir la capacité du Gouvernement à agir et à mettre en place ses politiques destinées à répondre aux mesures coercitives unilatérales du Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique et de ses alliés.
La migration en tant que drame
A la fin de la semaine dernière, les autorités vénézuéliennes ont trouvé plusieurs corps en haute mer dans l’est du pays, dans la zone frontalière avec Trinidad et Tobago. Aujourd’hui, on décompte 29 morts à la suite d’événements qui ne s’ont pas clairs du tout mais qui évoquent le naufrage, peut-être de plusieurs bateaux qui transportaient des migrants vénézuéliens illégalement vers Trinidad.
Ces événements ont eu lieu dans l’état de Sucre, à quelques kilomètres de Trinidad et Tobago. Pendant des siècles, il y a eu des va-et-vient constants entre les îles et le Venezuela. Il existe même une longue histoire de contrebande mais aujourd’hui, la réalité est toute autre. Beaucoup de Vénézuéliens ont choisi d’émigrer dans les îles et les trafiquants qui les emmènent dans des embarcations précaires leur font des offres.
Le nombre de personnes qui émigrent à Trinidad et Tobago a augmenté et les autorités du pays ont répondu à cette situation par une politique de tolérance zéro, de sorte que les opérations de retour forcé des personnes qui arrivent sur le territoire de l’île ont débuté. Il existe certaines présomptions concernant les circonstance qui ont causé ces morts car certaines personnes prétendent que la police des frontières des îles a abandonné des bateaux en haute mer sans carburant, ce qui a créé les conditions d’un naufrage.
Cette semaine, les autorités diplomatiques vénézuéliennes et celles de Trinidad se sont réunies pour aborder le problème de la frontière et établir des accords destinés à contrôler la présence de personnes se livrant au trafic d’êtres humains dans cette zone.
Réapparition du problème de l’Esequibo.
Le Guyana et notre pays ont un différend à propos du territoire de l’Esequibo qui, historiquement, fait partie du Venezuela mais est actuellement sous le contrôle du Guyana grâce à une sentence arbitrale de 1899 qui violait les intérêts vénézuéliens.
Les autorités guyanaises ont eu recours à la Cour Internationale de Justice pour qu’elle se déclare compétente pour résoudre ce conflit alors que les autorités. vénézuéliennes soutiennent qu’il doit se résoudre de façon bilatérale conformément à l’accord de Genève signé entre les 2 parties en 1966. Le Venezuela ne reconnaît pas la démarche faite par le Guyana et par conséquent, rejette la déclaration de la Cour Internationale de Justice qui se dit compétente dans cette affaire et accède ainsi à la demande du Guyana.
En cette fin d’année, la Cour Pénale Internationale a pris 2 fois position contre le Venezuela : en plus du cas que nous venons d’évoquer , elle a soutenu qu’il existe des raisons d’enquêter sur la violation des droits de l’homme par le Gouvernement bolivarien. Ces décisions font partie d’une lutte intense se déroulant dans les espaces multilatéraux où certains secteurs ont intérêt à ce que ces entités prennent position contre la République Bolivarienne du Venezuela.
Brèves:
Cette semaine est mort le journaliste et homme politique José Vicente Rangel. Toute sa vie, il a milité à gauche et a joué un rôle important dans la défense de ceux qui ont été emprisonnés pendant la période pré-démocratique et démocratique. Pendant la Révolution Bolivarienne, il a occupé plusieurs postes de responsabilité parmi lesquels se détache celui de chancelier. Il a été le premier ministre de la défense civile de l’histoire du Venezuela.
Juan Guaido et un groupe de députés d’opposition ont décidé que la période de l’Assemblée Nationale serait prolongée tant qu’il n’y aurait pas eu des électiosn législatives reconnues par ce secteur. Une action non contraignante puisque les élections ont déjà eu lieu et que la prochaine période législative doit s’ouvrir le 5 janvier prochain.
Quant à l’évolution de la pandémie, les autorités vénézuéliennes sont inquiètes car il y a une augmentation importante du nombre de cas pour 100 000 habitants : elles disent qu’ils osnt passés de 12 à 14 ces dernières semaines. En ce qui concerne le nombre de cas actifs, ils restent en-dessous de 5 000. Il est très possible qu’au ois de janvier, les indicateurs montent de façon importante, c’est pourqyoi une nouvelle quarantaine est déjà prévue.
Ceci dit, il ne me reste qu’à faire des vœux pour que vous passiez de bons moments pendant ces fêtes et continuiez à respecter les mesures destinées àprotéger votre santé.
Si vous souhaitez commenter ce texte, demander qu’on approfondisse un sujet ou poser tout autre question en rapport avec ce texte, vous pouvez écrire à l’auteur : jesusalbertorondon@gmail.com
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
Jesús A. Rondón
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