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Equateur : La bataille pour chasser les marchands du temple 

31 Janvier 2021, 19:03pm

Publié par Bolivar Infos

Par Geraldina Colotti et Verónica Díaz

Le 7 février prochain aura lieu le premier tour des élections présidentielles en Equateur . 17 partis sont présents et espèrent gagner les présidentielles. Parallèlement seront élus 137 membres de l'Assemblée Nationale. La journée électorale ouvre la voie au retour du pays vers un modèle national qui lui est propre de protection de la vie, du bien vivre dans la plénitude avec une véritable insertion stratégique dans la région et dans le monde et du renoncement à un modèle néolibéral dans lequel il ne peut plus prendre de décisions souveraines.

 

- Au cours de votre longue carrière diplomatique, vous avez été ambassadrice en Equateur aussi bien à l'époque de Rafael Correa qu'à celle de Lenin Moreno. Comment voyez-vous cette transition ?

 

- Il faut rappeler que Moreno est arrivé au pouvoir avec les voix du mouvement de la Révolution Citoyenne fondé par Rafael Correa, qui est la force politique la plus solide depuis que la stabilité est revenue dans un pays qui a eu 7 présidents en 10 ans.

 

Le Judas équatorien a trahi le peuple qui l'a élu, il a travaillé à sous-développer l' Equateur, à le faire rétrograder vers une perspective périphérique soumise aux Etats-Unis. Il a détruit ainsi les avancées bien connues des politiques publiques que la Révolution Citoyenne avait réalisées, pactisé avec la banque, les médias, judiciarisé la politique, récupéré le parti de Correa et ouvert les portes de l'aéroport des Galápagos, dans l'Océan Pacifique, aux Etats-Unis pour qu'ils l'utilisent pour leur aviation militaire.

 

En ce qui concerne la transition, même si pendant le mandat de Correa, les médias équatoriens ne nous donnaient pas la meilleure couverture possible, avec l'arrivée de Moreno et sa position claire de satellite des Etats-Unis, ils ont mis en place une politique très violente contre le Venezuela. Lenin Moreno en tant qu'agent de l'Empire, s'est fait l'écho d'une stratégie de racisme politique contre le président Maduro et les autorités du Gouvernement vénézuélien. Et a la fin, il a lancé une agression impitoyable contre le peuple vénézuélien qui, face à la guerre économique et aux sanctions, a choisi d'émigrer en Equateur ou de traverser son territoire.

 

Cette opération consistait à racialiser, grâce à la diffamation répétée, à l'infériorisation, à la sous-humanisation, les Vénézuéliens pour justifier les mesures d'agression et la stratégie de suppression de l'Etat national vénézuélien. On peut se voir clairement ce processus de racialisation fasciste en effectuant une analyse des caricatures, des articles de presse et des déclarations publiques du Gouvernement de Moreno contre le Gouvernement bolivarien.

 

Bien que cela semble surprenant, Moreno a encouragé intentionnellement des brigades de haine et de persécution du peuple équatorien contre les migrants vénézuéliens qui étaient chassés de leur maison pendant la nuit, dont les biens étaient brûlés sur un bûcher dans les rues. Certains ont été lapidés et persécutés, d'autres licenciés de leur travail. Et le Judas des Andes, loin de rectifier sa conduite fasciste, a persévéré. Les organisations des droits de l'homme ont gardé le silence. Seule la « dictature de Maduro » est venue au secours des Vénézuéliens grâce à la Mission Retour Dans la Patrie destinée à faciliter leur retour.

 

Dans le cadre de la campagne électorale actuelle, grâce à la diabolisation du Venezuela, on fait peur aux électeurs équatoriens en leur faisant croire que s'ils votent en faveur de leurs propres intérêts progressistes, c'est à dire pour le binôme Araúz/Rabascall, ils condamnent leur pays à un avenir incertain comme celui du Venezuela.

 

  • La trahison de Moreno est évidente comme le prouve ses décisions politiques qui ont fait revenir le pays qui faisait partie d'alliances de solidarité comme l'ALBA, l'UNASUR, dans l'entourage des Etats-Unis. Mais la crise avait déjà été préparée. Pouvons-nous considérer le tremblement de terre de 2016 comme un point d’inflexion qui a permis au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale de rentrer dans le pays ?

 

Certainement, le tremblement de terre a frappé l'économie équatorienne qui, en tant que produit de la dollarisation, ne possède pas de mécanismes d'ajustement financier pour s'auto-réguler. Mais la demande de prêts n'est pas le problème, c'est l'avarice et l'usure pratiquée par les prêteurs occidentaux et les sacrifices imposés aux pays récepteurs de prêts. 

 

Retirer l'Equateur des instances d'intégration régionale a eu des conséquences politiques et humaines extrêmement graves. Par exemple, 3 mois avant la pandémie, Moreno a renvoyé 400 médecins cubains d'Equateur, le laissant gravement démuni. Les milliers de morts de la pandémie à Guayaquil sont de a responsabilité d'un gouvernement qui a sorti l'Equateur de l'ALBA, de l'UNASUR, dont le Conseil de Santé a choisi des solutions politiques conjointes comme l'achat conjoint de médicaments.

 

Moreno a détruit l'architecture stratégique d'insertion solidaire dans le monde que Correa, Chávez, Lula et Kirshner avait mise en place pour l'Equateur avec l'ALBA, l'UNASUR et a CELAC qui transmettaient des prêts accordés par la Chine sans fixer de conditions léonines. Et il a soumis l'Equateur à un statut de néo-colonie alignée sur des Etats-Unis en déclin. Les absurdités antinationales et anti-régionales de ce triste Judas des Andes devront être jugées par l'histoire.

 

  • Quelle analyse faites-vous de al situation en Equateur à la veille des élections ?

 

Le peuple équatorien travaille à chasser les marchands du temple. Andrés Arauz, le candidat progressiste est considéré dans les sondages comme le vainqueur inévitable du premier tour des élections présidentielles. Mais pour gagner au premier tour, il faut obtenir 

51 % des voix ou avoir 10% d'écart avec le candidat arrivé second. Ce n'est pas facile si nous nous souvenons que Moreno a gagné avec les voix du corréisme et grâce à une alliance secrète avec le parti social chrétien de l'ex-maire Nebot de Guayaquil qui, pour cette élection, soutient le candidat de droite. Gagner au premier tour est extrêmement important. Le second tout des élections opère habituellement comme un mécanisme qui donne une possibilité de renouer les alliances de droite et de se moquer de la volonté démocratique du peuple.

 

La récente alliance du binôme progressiste Arauz-Rabascall avec la CONAIE, la principale confédération indigène de l'Equateur, est un grand pas vers la victoire au premier tour. Mais pour gagner, il ne suffit pas d'avoir la majorité des voix. Souvenons-nous de la manipulation criminelle de la Mission Electorale de l'OEA lors de la réélection d'Evo en Bolivie. Là, un incident électoral mineur a été manipulé pour justifier le coup d'Etat. De plus, on a créé des mécanismes interventionnistes dangereux comme l'ISO Electoral grâce auquel les intérêts privés étasuniens affaiblissent la souveraineté électorale des nations du Sud et « certifient » ou « ne certifient pas » le bon déroulement des élections.

 

Simón Bolívar le voyait clairement au Congrès Constituant de Bolivie de 1826 quand il disait que le Pouvoir Electoral devait être le quatrième pouvoir de l'Etat pour éviter les abus contre la volonté majoritaire des peuples. La réimpression de millions de bulletins de vote à cause d'une erreur de l'instance électorale équatorienne est également inquiétante, tout comme le récent voyage de Moreno aux USA et le fait que des milliers d'électeurs résidant à l'étranger ne sachent toujours pas s'ils pourront exercer leur droit de vote à quelques jours des élections.

 

Le candidat du progressisme à la présidence, Andrés Arauz est un économiste bien connu qui a été cive-ministre de la Planification, ministre de la Connaissance et du Talent Humain et directeur de la Banco Central de l'Equateur sous le Gouvernement du président Correa. Il a largement démontré qu'il possède les connaissances et l'honnêteté qui, selon Bolívar, sont les conditions nécessaires pour diriger les pouvoirs publics.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/01/30/venezuela-exembajadora-en-ecuador-carol-delgado-arria-ecuador-batalla-para-sacar-a-los-mercaderes-del-templo/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/01/equateur-la-bataille-pour-chasser-les-marchands-du-temple.html