Venezuela : Rapporteuse spéciale de l'ONU, vaccin russe, Assemblée Nationale en pleine action
Coup d'oeil sur la semaine du 8 au 14 février 2021
2ème année article N° 30
Par Jesús A. Rondón
La réalité vénézuélienne continue à être dynamique et son rythme semble augmenter mais il devrait ralentir cette semaine à cause des fêtes du carnaval lundi et mardi qui se dérouleront, cette année, avec les mesures de prévention du coronavirus. Je commence avec ce commentaire car écrire cet sélectionner les événements clefs pour présenter un panorama intégral et y incorporer des éléments qui permettent de l'interpréter m'a été plus difficile cette fois. Ceci dit, au travail !
Les 2 informations les plus importantes de la semaine dernière appartiennent à des domaines différents. La première a des conséquences mondiales car la rapporteuse spéciale des Nations Unies (ONU), Alena Douhan, a présenté un rapport préliminaire après un séjour de 12 jours dans le pays. La seconde est de caractère national et concerne le domaine de al santé car samedi dernier, les 100 000 premières doses du vaccin Spoutnik, de fabrication russe, sont arrivées. Mais il y a aussi des informations relatives à la mobilité des Vénézuéliens dans la région et à son impact sur les relations diplomatiques sud-américaines, l'intense activité du Parlement, et les nouvelles mesures prises dans le cadre de la pandémie.
Que signifie le rapport de la rapporteuse spéciale de l'ONU ?
Le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, à l'initiative du Mouvement des pays Non-alignés qui réunit plus de 20 Etats, a donné mandat à un rapporteur spécial pour étudier les répercussions négatives des mesures coercitives unilatérales imposées par le Gouvernement étasunien et ses alliés sur le peuple vénézuélien. La rapporteuse spéciale des Nations Unies (ONU), Alena Douhan, est arrivée au Venezuela le 1er février dernier et dès son arrivée, elle a rencontré différents acteurs politiques de toutes tendances institutionnelles et sociales pour finir par une rencontre avec le président Nicolás Maduro.
Vendredi dernier, la rapporteuse spéciale a présenté son rapport préliminaire dans notre pays et en septembre, elle présentera la version complète au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU. Dans ce rapport de 16 pages, elle dit que « les mesures coercitives ont coupé le développement du pays parce qu'elles ont porté atteinte à son économie. » Elle souligne « qu'il est inadmissible d'appliquer des sanctions extraterritoriales et appelle instamment le Gouvernement des Etats-Unis à mettre fin à l'urgence nationale concernant le Venezuela, à réviser et lever les sanctions contre le secteur public du Venezuela, les sanctions secondaires contre des Etats tiers et à s'abstenir d'imposer à la fourniture de diesel des sanctions qui provoqueraient une crise humanitaire sans précédent. »
Quel sens ont la visite de la rapporteuse spéciale et la révélation de son rapport ?
C'est important car les Nations Unies ont toujours été un champ de bataille qui, grâce à la dynamique diplomatique a réussi à établir une corrélation de forces favorable à certains intérêts. Dans le cas du Venezuela, les occasions n'on t pas été rares où on a cherché à accuser, criminaliser le Gouvernement Bolivarien pour justifier une action d'intervention qui porterait atteinte à la souveraineté vénézuélienne. Aujourd'hui, nous avons une autre voix, qui rend visible les Gouvernements qui mettent en place les mesures coercitives unilatérales et les conséquences que celles-ci ont sur ceux d'entre nous qui vivent au Venezuela. Nous attendons à présent le rapport complet qui doit être présenté en septembre en session plénière du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU.
Il faut signaler que ce rapport est présenté après que le bureau de responsabilité gouvernementale, un organisme de contrôle du Gouvernement des Etats-Unis ait rendu public un document dans lequel il admet que les « sanctions » de Washington envers le Venezuela contribuent à aggraver la détérioration de l'économie du pqye et ont créé des obstacles aux travailleurs humanitaires. On affirme dans ce rapport de l'agence que l'économie vénézuélienne s'est contractée « constamment » pendant presque 10 ans mais a fait une chute « abrupte » depuis l'application des mesures punitives de Washington en 2015 et en particulier à partir de 2019.
Migration et diplomatie régionale
Le président de la Colombia Duque a fait savoir que son Gouvernement commencerait à régulariser les migrants vénézuéliens en leur accordant un statut de protection temporaire de 10 ans. Cela a été apprécié par le haut commissaire des Nations Unies aux réfugiés Filippo Grandi et par Josep Borrell, le chancelier de l'Union Européenne. Dans ce cadre, il a annoncé que les Vénézuéliens qui se feront régulariser seront vaccinés. Cette mesure est vue avec suspicion car le Gouvernement colombien (le précédent et l'actuel) a utilisé la situation des migrants vénézuéliens pour faire des bénéfices politiques ou économiques, de sorte qu'ils sont devenus une monnaie d'échange. Qu'est-ce que le Gouvernement colombien pense gagner en faisant cela ? C'est la question qui est dans l'air.
Ensuite, avant la fin de la semaine, le même Iván Duque a annoncé la création d'un « commando contre le trafic de drogue et les menaces transnationales » dont le but est de poursuivre et de capturer les dirigeants des anciennes guérillas et les trafiquants de drogues qui, selon lui, ont trouvé refuge au Venezuela. Une initiative d'ingérence provocatrice, de toute évidence.
Pendant ce temps, le Gouvernement vénézuélien, par la voix du président Maduro, dénonçait la complicité du Gouvernement du Royaume d'Espagne avec les initiatives organisées par un secteur de l'opposition vénézuélienne dont les bases d'opérations se trouvent en territoire colombien. Et le président Maduro a rappelé l'Opération Gedeón ratée.
Revenons au problème de la migration vénézuélienne mais pour uen autre affaire. Mercredi, une centaine de Vénézuéliens est arrivée dans le pays, expulsés du Chili pour être entré illégalement sur le territoire. Cette opération est nouvelle et peut indiquer un changement dans la politique migratoire chilienne lié aux accords du Groupe de Lima qui reconnaît Juan Guaido comme “président” et soutient le discours de « l'urgence humanitaire » comme prétexte pour discréditer le Gouvernement bolivarien en fonction. La réaction du groupe d'opposition au chavisme ne s'est pas faite attendre. Il remet fondamentalement en question l'action du Gouvernement présidé par Sebastián Piñera à qui il demande, au contraire, de continuer à soutenir les Vénézuéliens qui se toruvent en territoire chilien.
En Equateur, la loi organique sur la mobilité humaine a été modifiée, les visas de résidence de l' UNASUR pour les citoyens de a région supprimés, ce qui supprime l'une des possibilités qu’avaient les Vénézuéliens d'arriver dans ce pays légalement.
L'Assemblée Nationale continue à avoir une intense activité
Tout semble indiquer que c'est un moment extraordinaire pour l'Assemblée Nationale car elle agit dans les espaces politiques de diverses façons et par conséquent, elle continue à influer sur l'ordre du jour de la communication.
La commission spéciale pour le dialogue, la paix et la réconciliation de l'Assemblée Nationale a rencontré mardi les organisations syndicales de la Centrale Bolivarienne des Travailleurs de tendance chaviste, l'alliance syndicale indépendante et la Centrale des Travailleurs du Venezuela, toutes 2 liées à l'opposition pour entendre leurs propositions qui pourraient devenir des lois et les problèmes de leurs salariés. Les dirigeants syndicaux ont exposé divers problèmes, les plus importants étant les bas salaires des travailleurs au Venezuela (le salaire de base est à moins de 1 euro), le discussion des conventions collectives et la diminution de la protection sociale réelle donnée par les institutions qui, actuellement, ne permet pas de jouir réellement des droits fondamentaux. Jorge Rodríguez, président de l'Assemblée Nationale, a évoqué, pour sa part, l'impact des mesures coercitives unilatérales dans la gestion de l'Etat dans le domaine du travail.
Le comité de candidature de l'Assemblée Nationale a fait savoir la semaine dernière que les candidats aux postes de recteurs du Conseil National Electoral pourront dpéoser leur candidature du 22 au 28 de ce mois. Dans lapremière semaine d'avril, il devrait y avoir un vote en session plénière pour effectuer la sélection défintiive des 5 recteurs du pouvoir électoral.
Des représentants de la fondation latino-américaine des droits de l'homme et du développement social (FUNDALATIN) et l'association civile vénézuélienne (SURES) ont comparu hier devant la commission spéciale d'enquête sur les actions perpétrées contre la République par les membres de la direction de l'Assemblée Nationale (AN) pendant la période 2016-2021, une instance devant laquelle elles ont exposé l'impact négatif des sanctions coercitives unilatérales des Etats-Unis contre le Venezuela.
On a également convoqué un groupe d'organisations non gouvernementales non identifiées pour l'instant devant cette commission pour qu'elles expliquent la destination des fonds qu'elles sont supposées avoir reçus de l'ancienne directionet qui devaient être destinés à ce qu'elles appellent « l'aide humanitaire. »
La commission de contrôle de l'Assemblée Nationale a présenté devant le Minsitère Public des éléments à charge contre l'ex-député Juan Guaidó concernant les dommages causés à la République et à l'usurpation de fonctions. L'opposant José Brito, président de la commission de contrôle, a indiqué qu'il existe des preuves pour imputer Guaidó de différentes charges parmi lesquelles association de malfaiteurs, délinquance organisée, usurpation de fonctions et tentative d'assassinat du chef de l'Etat et de coup d'Etat.
Pendant ce temps, Guaidó continue à agir hors-la-loi. Cette fois, il préside une commission législative déléguée sans rang constitutionnel ni validité qui continue à engager les ressources de la République en approuvant, mardi, l'extension du contrat avec des agences de services financiers entre ce qu'on appelle le « Gouvernement par intérim » et une compagnie financière nord-américaine grâce à la commission d’administration des dépenses, pour finir de saisir les 80 000 de $ du fonds spécial d'urgence.
Enfin, nous dirons que l'Assemblée Nationale, avant l'accord entre les différents blocs parlementaires, a désigné les députés qui représenteront le pouvoir législatif dans les instances du Parlement du MERCOSUR, de l'Union Inter-parlementaire et du Parlement Latino-américain et des Caraïbes (PARLASUR).
La difficile route du dialogue
Il y a 2 semaines, une délégation norvégienne est arrivée à Caracas « pour obtenir une actualisation de la situation politique et humanitaire au Venezuela, » selon le ministère des affaires étrangères scandinave. L'emploi du temps de cette délégation a été discret dans une grande mesure, sauf en ce qui concerne une réunion qu'elle a eu avec le président Nicolás Maduro qui a été largement diffusée sur le réseau national de médias publics. Le président Maduro n'a pas donné de détails sur la suite mais il s'est dit prêt à ouvrir toutes les voies de dialogue.
Par contre, Juan Guaidó qui dirige un groupe de l'opposition qui se dilue et s'affaiblit de plus en plus a confirmé avoir eu des contacts avec la délégation norvégienne mais il a qualifié cette initiative de « routine. » En tout cas, la délégation devrait, comme d'habitude, rencontrer divers acteurs politiques et institutionnels bien que les rencontres ne soient pas publiques et qu'à la fin, il y ait une estimation de la situation actuelle.
En ce moment, il faut souligner que le chancelier vénézuélien Jorge Arreaza a répondu aux récentes déclarations du Département d'Etat des Etats-Unis et de son ambassadeur pour le Venezuela qui agit depuis la Colombie. Il a affirmé qu'ils « continuent à répéter le même discours irresponsable que le Gouvernement Trump. »
Pour en finir avec ce sujet, je dirais que l'archevêque de Caracas a exprimé la disposition de l'église catholique de servir de médiatrice dans les dialogues entre les acteurs politiques. Une position difficile puisque la hiérarchie catholique vénézuélienne s'est placée du côté de l'opposition au chavisme, ce qui a provoqué des différends avec la position du Vatican et a conduit à une action que nous avons appelée double.
Arrivée des vaccins et gestion de la pandémie
Vendredi dernier sont arrivés les premiers 100 000 vaccins Spoutnik. Ils seront appliqués au personnel soignant du pays, ensuite aux maîtres et aux travailleurs des programmes sociaux. Ce premier lot représente 1% du total des vaccins accordés par le fonds Russe d'Investissement. On ne qit pas quand arrivera le reste.
Le Gouvernement bolivarien, ces jours-ci, a autorisé les activités culturelles et de loisir et a incité à y participer. Les cinémas ont donc commencé des opérations commerciales et les musées sont ouverts au public. Les diverses autorités nationales, régionales et municipales ont annoncé un ensemble d'activités récréatives dans le cadre du carnaval et ont précisé que celles-ci appliqueraient les mesures de biosécurité.
Un contingent de 140 000 fonctionnaires de la protection civile a été activé pour protéger les activités qui se déroulent habituellement pendant le carnaval intitulé cette année « carnavals bio-sûrs. » Rappelons que l'Exécutif a étendu l'assouplissement 3 jours de plus c'est pourquoi les Vanézuéliens pourront se déplacer par la voie terrestre pendant ces vacances.
Un fait important dans la gestion de la pandémie est qu'à partir du mois de mars, les élèves reviendront dans les classes à tous les niveaux d'éducation, selon le président Maduro. Il a dit que toutes les mesures doivent être prises pour organiser le système pour contrôler la pandémie pendant cette nouvelle phase. Ces mesures incluent la vaccination prochaine du personnel indispensable et du personnel enseignant par le Spoutnik car à cause des bas salaires, beaucoup ont déjà formé leurs propres entreprises ou travaillent pour d'autres pour arrondir leurs fins de mois. Cela leur rapporteplus que leur travail d'enseignants qu'ils continuent à faire à distance et avec souplesse mais la question est : combien d'enseignants ne reviendront pas dans le système ?
Brèves:
Des sources proches de PDVSA ont fait savoir que 2 bateaux battant pavillon iranien sont arrivés la semaine dernière au Venezuela avec plus de 400.000 barils d'essence. Les opérations se sont faites dans la discrétion pour éviter qu'ils ne soient attaqués par le Gouvernement étasunien en haute mer.
Tard mais ils sont arrivés. A Caracas, 2 distributeurs automatiques ont été installés pour faire les opérations avec le Bitcoin grâce à l'entreprise Criptobuyer. Le Venezuela est le premier pays dans la région à avoir sa monnaie digitale mais l'utilisation des monnaies digitales reste marginale bien qu'elle augmente.
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Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
Jesús A. Rondón
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