Venezuela : Un an de pandémie. Et maintenant ?
Coup d'oeil sur la semaine du 9 au 15 mars 2021
2ème année article N° 34
Par Jesús A. Rondón
C'était vendredi, quand nous sommes partis du bureau dans une ambiance de fête qui ignorait les alertes épidémiologiques présentes sous d'autres latitudes. Nous ne sommes pas revenus le lundi suivant et il s'est passé des mois avant que nous nous revoyions. Quand nous nous sommes retrouvés, il n'y a pas eu d'embrassades mais au contraire, des distances et des barrières. A présent, nous vivons en quarantaine intermittente. Presque un an s'est écoulé depuis ce jour-là. Le lendemain, la Gouvernement déclarait l'état d'urgence à cause de la pandémie de COVID-19. C'est pourquoi nous allons apporter quelques éléments pour faire un bilan de cette période. Comme d'habitude, nous aborderons d'autres sujets parmi lesquels la dynamique législative, les tensions concernant le problème des droits de l'homme et nous achèverons par des informations en bref.
Un an de pandémie. Et maintenant ?
A ce jour, l'Etat vénézuélien a enregistré près de 144 000 malades (21 cas pour 100 000 habitants) sur lesquels plus de 1 400 sont morts (133 pour 1 000 000 d'habitants). En principe, le fait que ces indicateurs ne sont pas aussi dramatiques qu'à d'autres endroits ( le Brésil est le pays où il y a le plus de malades et la Colombie est en dixième position mondiale) est encourageant alors que dans le monde on dépasse les 117 000 000 de malades diagnostiqués et les 2 600 000 morts. Au-delà des chiffres, toujours exposés à des révisions et à des doutes, il faut faire un bilan de cette année de vie en pandémie. Conscient que cet article est limité, j'apporterai 4 éléments :
La mise en place des mesures coercitives unilatérales nous a mis en situation de blocus croissant qui a exigé que nous trouvions, en tant que population, des formes de résistance individuelles et collectives. Cette situation in habituelle a eu un avantage car quand la pandémie est arrivée, ce n'était pas la première situation d'urgence que nous affrontions et nous avions déjà certaines capacités pour y faire face.
L'action du Gouvernement vénézuélien pour éviter l'urgence sanitaire a été précoce bien que classique car la quarantaine a été la formule prépondérante avec des actions « expérimentales, ambigües, empiriques, individualisées, bio-médicalisées, micro-biologisées, totalisantes, exceptionnellement sécurisées » comme l'a dit Gonzalo Basile (2021).
La pandémie de COVID-19 a eu son expression politique car certains s'attendaient à un effondrement imminent du système sanitaire vénézuélien fragilisé. Cela ne s'est pas produit car malgré les déficiences du système national de santé publique, il a soigné plus de 98 % des cas diagnostiqués. Cet argument était destiné à faire pression en discréditant la gestion du Gouvernement bolivarien. A ce moment-là, le chavisme a avancé politiquement et l'opposition s'est encore plus divisée, ce qui apermis d'élire un nouveau Parlement. Le cirque d'un secteur de l'oppsoition qui se croyait maître d'un gouvernement s'est dilué et à ce jour, de moins en moins de pays le reconnaissent officiellement.
Lé défi, au Venezuela, reste le même qu'avant la pandémie : le retour de l'économie à la normale, qui continue à être une tâche complexe puisqu'elle doit être accomplie dans une situation d'augmentation des mesures coercitives unilatérales et de baisse de l'économie mondiale même si à l'intérieur du pays, il n'y a pas d'opposition solide et s'il existe dpelus en plus d'alliances avec des secteurs du capital privé vénézuélien et étranger.
Le problème des droits de l'homme à nouveau en discussion
L'ex-présidente chilienne Michelle Bachelet qui occupe à présent le poste de Haute Commissaire aux Droits de l'Homme des Nations Unies a déclaré dans une nouvelle mise à jour de son rapport sur les Droits de l'Homme au Venezuela qu'elle était préoccupée par les dénonciations que continue à recevoir son bureau concernant de soi-disant exécutions extra-judiciaires de la part des corps de sécurité de l'Etat vénézuélien. Dans le même discours, elle a demandé la libération de personnes qui, selon les critères de son organisme, sont détenus « arbitrairement. » L'ambassadeur du Venezuela devant les Nations Unies à Genève, Héctor Constant, a été le premier à réagir à ces déclarations. Il a déclaré que le suivi du Venezuela que fait le Conseil des Droits de l'Homme est le fruit d'une décision prise par un groupe de pays « qui violent » les Droits de l'Homme. Il a affirmé que les observations de Bachelet « manquent d'équilibre » et reflètent des informations qui n'ont pas été vérifiées et sont le produit de campagnes des médias internationaux contre le Venezuela.
Les déclarations de Bachelet sont basées sur un rapport remis en question par le Gouvernement bolivarien, qui a été réalisé par la Mission Internationale Indépendante de Détermination des Faits sur le Venezuela et ses affirmations sont basées sur des sources secondaires.
Cette nouvelle situation de tension est paaarue après une rencontre entre Bachelet et le président Maduro il y a 2 semaines lors de laquelle elle avait souligné les progrès dans le traitement des détenus au Venezuela, en particulier un meilleur accès aux soins médicaux, et avait exprimé sa confiance dans l'augmentation de la coopération entre son bureau et le Gouvernement de Nicolás Maduro.
L'Assemblée Nationale
Quant à la dynamique législative, on peut voir au premier coup d'oeil la force du dialogue politique face aux prochaines élections régionales et locales. Nous pouvons placer dans ce cadre l'appel du président de l'Assemblée Nationale du Venezuela, Jorge Rodríguez, à rencontrer « tous les partis de l'opposition. » Les candidatures aux postes de recteurs du Conseil National Electoral sont analysées par une commission parlementaire. On pense qu'ils seront nommés dans lapremière semaine du mois d'avril.
Conformément à la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela, les divers responsables des pouvoirs publics ont présenté leurs rapports de gestions devant l'Assemblée Nationale. Cette semaine, c'était l'Inspecteur Général Alfredo Ruiz qui a expliqué qu'en 2020, 153 000 actions pertinentes ont été réalisées pour défendre les droits de l'homme, 120 000 ont reçu une assistance et 97 000 une formation dans ce domaine.
Brèves:
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A partir du 8 mars 2021, tout citoyen vénézuélien se trouvant en situation migratoire illégale sur le territoire des Etats-Unis de Amérique aura 180 jours pour demander le statu de protection temporaire, un mécanisme qui n'est pas un visa officiel et par conséquent n'ouvre pas le droit à la résidence permanente aux Etats-Unis mais donne un statut légal et un permis de travail. Passée cette période, le Gouvernement étasunien décidera si la situation au Venezuela continue à être « dangereuse » et comment étendre ce programme. On estime que cette mesure touche plus de 320 000 Vénézuéliens aux Etats-Unis.
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La Force Armée Nationale Bolivarienne a réalisé des manœuvres militaires dans les 8 régions stratégiques de défense intégrale qui composent l’organisation militaire du pays. L'objectif est de déployer des militaires de toutes les forces pour mettre à l'épreuve leurs capacités à garantir al souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays.
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Le chancelier Jorge Arreaza a rejeté les déclarations de son homologue suédoise Ann Linde qui a exprimé son soutien à l'opposant Juan Guaidó. Le diplomate a déclaré qu'il était regrettable que la démocratie suédoise soutienne des plans et des individus créés par Washington pour détruire la démocratie vénézuélienne et reprennent littéralement le scénario de Donald Trump.
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Guaidó n'a pas écarté l'idée de participer aux conversations avec la médiation de représentants de la Norvège. Certains analystes politiques estiment que « l'équipe de la Norvège utilise la méthode de négociations appelée « pendulaire » : des conversations séparées avec le Gouvernement vénézuélien, celui des Etats-Unis et les divers secteurs de l'opposition. »
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Juan González, le directeur de la Maison Blanche pour les Affaires de l'Hémisphère, a fait savoir qu'il ne va pas négocier avec le Venezuela sur les points en litige entre les 2 pays. Il envisage un dialogue entre le Gouvernement et le G4 et il ajoute : « Maduro et aussi Guaidó sont mal placés dans les sondages. »
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Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
Jesús A. Rondón
URL de cet article:
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