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Amérique Latine : Mauvaises manières et absence de consensus au MERCOSUR

29 Avril 2021, 17:10pm

Publié par Bolivar Infos

Par Claudio della Croce

 

La réunion des chanceliers des pays membres du Marché Commun du sud (MERCOSUR) s'est déroulée dans un climat de tension et d'absence d'accords. On y évoqué la flexibilité commerciale du bloc et des baisses de l'impôt extérieur commun (AEC) sous prétexte de négocier dans de meilleures condition avec d'autres marchés du monde.

 

Les différences politiques, idéologiques et économiques qui règnent dans ce bloc pendant la pandémie qui affecte le monde ont été exposées dans cette réunion virtuelle. Le Brésil et l'Uruguay souhaitent tous 2 l'ouverture du marché commun à plus de flexibilité commerciale alors que le Paraguay a une position plus modérée et que l'Argentine, qui en exerce jusqu'au mois de mai la présidence tournante pense qu'il faut attendre que le pire de la pandémie soit passé pour prendre des mesures à ce sujet.

 

La chancellerie uruguayenne a fait savoir qu'avec « le soutien total du Brésil, la proposition de l'Uruguay sur la flexibilité et le droit de douane commun entre officiellement au MERCOSUR. » Le droit de douane extérieur commun est l'impôt que paie chaque marchandise pour entrer au MERCOSUR et il est discuté depuis 2 ans sans qu'on arrive à une solution.

 

L'Argentine, en tant que présidente tournante, a convoqué une réunion extraordinaire en présence physique du Conseil du Marché Commun (CMC) composé par les chanceliers et les ministres de l'Economie des 4 membres du MERCOSUR pour la deuxième quinzaine de mai à Buenos Aires, quand une décision finale aura été prise concernant l'avancée du plan présenté par l'Uruguay parmi les partenaires.

 

Même si cela n'est pas inclus dans l'information officielle, on pense que l'Argentine et le Paraguay ne soutiendront pas officiellement l’initiative de l'Uruguay soutenue par le Brésil. Le Gouvernement argentin a déclaré d'avance qu'il rejetait la flexibilité mais qu'il est prêt à discuter du droit de douane extérieur commun.

 

L'Uruguay et le Brésil veulent pouvoir signer des accords individuellement avec des pays tiers sans avoir besoin de l'aval des 4 partenaires du bloc régional. Il s'agit d'une équation économique avec effets géopolitiques que l'Argentine n'accepte pas à cause de la pandémie de coronavirus.

 

En plus des chanceliers Felipe Solá (Argentine), Carlos Alberto Franco França (Brésil), Euclídes Acevedo (Paraguay) et Francisco Bustillo (Uruguay), des ministres de chaque pays ont participé à cette réunion. Il y a eu un accrochage entre le ministre de l'Economie de l'Argentine, Martín Guzmán, et son homologue brésilien, le néolibéral Paulo Guedes, qui fut fonctionnaire du dictateur chilien Augusto Pinochet.

 

« La main invisible d'Adam Smith est invisible parce qu'elle n'existe pas, » a dit Guzmán. « Nous, nous connaissons très lien les économistes que cite le ministre Guzmán mais ce sont les économistes de l'université de Chicago qui ont gagné plus de la moitié des Prix Nobel, » lui a répondu le fonctionnaire de Jair Bolsonaro.

 

Lors du sommet virtuel des présidents du MERCOSUR, le 26 mars, 30 après sa création, il y avait eu un dur accrochage entre le président de droite de l'Uruguay Luis Lacalle Pou et son homologue argentin, le progressiste Alberto Fernández. Le président uruguayen avait dit qu'il n'était pas d'accord avec les conditions actuelles de fonctionnement du marché commun et que l'impossibilité de conclure des accords à l'extérieur de la région le « frustrait. »

 

Et il avait ajouté que ces limites étaient « un obstacle » et « un carcan » pour le développement de son pays. Très mal à l'aise, le président argentin lui avait répondu que le MERCOSUR ne devait devenir « une charge ou un obstacle pour personne » et avait invité ceux qui n'étaient pas d'accord à « prendre un autre bateau. » Cet épisode avait mis à nu les mauvaises manières dont ses membres font preuve.

 

Le document de l'Uruguay 

 

Le document soumis par l'Uruguay – diffusé aujourd'hui par la chancellerie – comprend, d'une part, la liste des différents pays ou blocs avec lesquels il existe des négociations ou qui sont intéressés par des accords (parmi lesquels la chine et les Etats-Unis) et d'autre part, un certain nombre d'options pour que les pays puissent négocier plus ou moins librement.

 

L'une des options est que pour les négociations conjointes du MERCOSUR, chaque nation puisse avancer vers des offres individuelles avec une contrepartie, une autre est qu'on puisse négocier un accord à diverses échéances d'application en fonction de la réalité de chaque pays et une troisième option est d'accepter différents rythmes de négociation.

 

Dans un additif, un mécanisme indépendant du précédent est établi pour permettre des négociations individuelles hors du bloc à partir du second semestre, au cas où on n'arriverait pas à un accord grâce au premier mécanisme. Il est stipulé que si le pays négociateur ontient de meilleures conditions que celles en vigueur au MERCOSUR avec la contrepartie, ces bénéfices devront être étendus à tout le bloc. 

 

La position de l'Argentine 

 

Pour l'Argentine, « le MERCOSUR est en sommeil » et certaines modifications doivent être faites pour le réactiver. C'est pourquoi elle estime qu'il faut moderniser et adapter les pays qui le composent. « Nous sommes d'accord qu'une intégration est d'une importance essentielle mais l'intégration doit servir de moyen et ne pas être une fin. »

 

La voie du développement de la région doit comprendre un dynamisme qui permette d'augmenter la compétitivité et la productivité : « La croissance des exportations est une condition nécessaire pour que nos pays aient les conditions d'une croissance soutenable de leurs économies et de leurs marchés intérieures, » soutenu Guzmán. Pour l'Argentine, « l'ordre du jour concernant le développement doit affronter le problème de la soutenabilité environnementale. »

 

« Il y a un grand courage à travailler en tant que bloc, cela demande de reconnaître qu'il y a des différences, l'Argentine reconnaît les différentes situations des pays du bloc, c'est pourquoi il est important de reconnaître la nécessité de la flexibilité pour résoudre ces situations mais aussi qu'il ne faut pas oublier que l'intégration, nous l'avons pensée comme moyen pour atteindre le développement en tant que fin, » a souligné Guzmán.

 

Le prochain chapitre sera la réunion extraordinaire du Conseil du Marché Commun (CMC) composé par les chanceliers et les ministres de l'Economie des 4 membres du MERCOSUR qui aura lieu la deuxième quinzaine de mai à Buenos Aires.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/04/27/nuestramerica-rispidez-y-falta-de-consenso-en-la-reunion-de-cancilleres-del-mercosur/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/04/amerique-latine-mauvaises-manieres-et-absence-de-consensus-au-mercosur.html