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Venezuela : Coup d'Etat du 11 avril, guerre médiatique de l’Europe

11 Avril 2021, 17:42pm

Publié par Bolivar Infos

Par Geraldina Colotti

 

En analysant certains éléments du coup d'Etat d'avril 2002, il est évident qu'il est légitime de considérer le Venezuela bolivarien comme un exemple du XXIème siècle, un laboratoire qui va au-delà de la réalité vénézuélienne. Ayant pu observer ce point d'inflexion de l'intérieur des médias européens nous a permis de vivre de première main l'escalade de mensonges ingénieusement alimentée qui servirait ensuite à nier le coup d'Etat : des bombes médiatiques lancées contre la jeune République Bolivarienne du Venezuela  selon un plan établi par les grands intérêts multinationaux.

 

Presque 20 ans après le coup d'Etat, en lisant la grande production de documents fruits d'enquêtes journalistiques ou judiciaires, la vérité des faits surgit incontestablement : celle du choc des intérêts qui a amené et amène encore à déformer la vérité en la mettant au service de ceux qui agissent pour étouffer les raisons des secteurs populaires au nom du « pluralisme de l'information. »

 

Un « schéma » qui fonctionne encore puisque les grandes concentrations médiatiques sont un appendice exécutif qui soutient et alimente la concentration monopolistique qui existe au niveau économique. Comme cela se passe aujourd'hui avec la version des putschistes vénézuéliens hégémonique dans les médias européens parce qu'elle est imposée parles grandes corporations, l'interprétation souhaitée par Washington et empaquetée par les médias privés vénézuéliens s'est diffusée à ce moment-là : des Etats-Unis à l'Europe en passant par la Colombie et avec comme point de révision principal le journal espagnol El País.

 

Dans le Venezuela de l'époque, la lutte contre la grande propriété des médias débutait à peine et de la « leçon » d'avril surgira la force des médias alternatifs, du « journalisme de rue. » En 2001, les 2 principales chaînes de télévision privées vénézuéliennes, RCTV (qui a participé activement au coup d'Etat) et Venevisión occupaient chacune plus de 30% du marché. Les médias étaient un reflet du pouvoir économique et politique des grands groupes familiaux dans leur enchevêtrement avec les conglomérats économiques et financiers au niveau international.

 

Les organisations ce qu'on appelle les « journalistes indépendants » comme Reporters sans Frontières, porte-parole de la CIA, occupaient aussi l'espace. L'arrogance des médias privés en est arrivée à construire une fausse interview d'Ignacio Ramonet destinée à donner l'impression qu'il ne soutenait plus la Révolution Bolivarienne en faisant les mêmes critiques que ceux qui légitimaient le coup d'Etat au Venezuela. Dès le début, les médias ont joué le rôle d'acteurs politiques dans ce conflit en utilisant tout l'attirail de la pire « guerre froide » contre le «castro-chavisme».

 

Des arguments qui se sont renforcés dans une Europe dans laquelle le conte des vainqueurs concernant l'histoire du XX ème siècle était déjà entré dans la dérive applaudie des partis de gauche modérée. A ce moment-là, leur divorce d'un projet réformiste cohérent qui comprenait la nécessita de changements structurels en faveur des secteurs populaires et de forcer les limites de la « compatibilité » capitaliste était déjà évident. Par contre, ils auraient dû regarder avec intérêt le socialisme embryonnaire d'Hugo Chávez qui plaidait pour affaiblir les mécanismes de l'Etat bourgeois de l'intérieur en s'appuyant principalement sur le consensus et en utilisant seulement une contrainte minimale contre les ennemis.

 

Les 49 Lois d'habilitation promulguées par Chávez en novembre 2001 n'ont pas aboli lapropriété privée, n'ont pas proscrit la bourgeoisie, n'ont pas annoncé une véritable révolution économique. Bien sûr, elles ont miné des privilèges et des intérêts importants pour le grand capital international : en particulier le loi sur les Terres et la loi sur les Hydrocarbures. La tentative orchestrée de coup d'Etat a été la grève patronale du 10 décembre 2001, organisée par FEDECÁMARAS et soutenue par CTV le jour où Chávez devait promulguer la loi sur les Terres en un lieu symbolique comme Santa Inés di Barinas, où Ezequiel Zamora avait vaincu l'oligarchie au milieu du XIXème siècle.

 

La figure de Carmona Estanga, chef du syndicat patronal, a surgi en tant qu'acteur principal de la conspiration en cours. Le 5 mars 2002 a été présenté le programme du coup d'Etat, ce qu'on appelle le Pacte de la Esmeralda, signé par les plus hauts dirigeants de FEDECÁMARAS et de CTV avec la bénédiction de la hiérarchie ecclésiastique. Un soutien immortalisé par la photo du curé Luis Ugalde qui a triomphalement uni ses mains à celles de Carmona Estanga et à celles du syndicaliste Carlos Ortega. Pour l'occasion, ce dernier a déclaré : « Nous considérons comme imminent le départ de monsieur Chávez. »

 

Les médias privés ont mis l'accent sur l'applaudissement des Etats-Unis. Le 6 mars, un document en 125 points de la plus haute direction de PDVSA montrait l'ampleur du conflit ouvert par la décision de Chávez de remplacer les hauts foncitonnaires de cette entreprise qui était devenue un Etat parallèle. Peu après ont commencé les sabotages, la destruction de documents, les manifestations à l'intérieur de l'entreprise, la blocage de la raffinerie El Palito, à Carabobo, et la pénurie d'essence dans la capitale qui a suivi : les ultimes tentatives du coup d'Etat organisées en tandem par CTV et FEDECAMARAS qui ont même décidé depayer les jours de grève à leurs membres...

 

Au moment du coup d'Etat, dans les médias s'est concrétisée la force de ce qu'on appelle la « société civile » destinée à occulter la véritable nature des marches contre Chávez pilotées par le système de pouvoir propre à la IV ème République. Aussi bien pour une « gauche » persuadée qu'il n'y avait pas d'alternative au capitalisme que pour l'impérialisme étasunien, depuis lors, il a été impossible de comprendre la force du peuple organisé et conscient qui a été capable de résister à la grève pétrolière patronale et de continuer à défendre la Révolution Bolivarienne depuis 1998. La grève pétrolière qui a duré de décembre 2002 à février 2003, a causé la perte de plus de 20 000 000 000 de $. On a appris aussi que l'entreprise INTESA, créée à 60% par SAIC et à 40% par PDVSA contrôlait le « cerveau de PDVSA» et pouvait facilement organiser des sabotages. SAIC était dirigée par les Etats-Unis et comptait parmi ses directeurs exécutifs de hauts dirigeants militaires et d'anciens directeurs de la CIA. C'est ainsi que sera dirigé le gigantesque sabotage électrique de mars 2019 mais alors comme aujourd'hui, la Révolution Bolivarienne a réussi à résister grâce à la force du peuple en lançant son message d'espoir à ceux qui luttent dans d'autres parties du monde : « Chaque 11 avril est suivi par son 13. » 

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/04/10/venezuela-golpe-de-abril-guerra-mediatica-desde-europa/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/04/venezuela-coup-d-etat-du-11-avril-guerre-mediatique-de-l-europe.html