Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Amérique Latine : Nouveau cycle de résistance populaire ou nouveau cycle progressiste ?

28 Juin 2021, 16:07pm

Publié par Bolivar Infos

Par Guillermo Cieza

 

Depuis la fin de la seconde décennie du XXI ème siècle, on a enregistré dans Notre Amérique une augmentation des résistances populaires aux politiques néolibérales. La victoire de Manuel López Obrador au Mexique et la défaite de Mauricio Macri en Argentine ont fait penser à certains analystes internationaux que ces résistances annonçaient un nouveau cycle progressiste. Les grandes rébellions populaires en Equateur et au Chili ont affaibli les gouvernants de ces pays, Lenin Moreno et Sebastían Piñera.

 

On s'est interrogé sur les effets politiques de la pandémie qui s'est répandue sur le continent. Le coronavirus a frappé avec une dureté particulière Notre Amérique à cause de son fort pourcentage de malades et de morts mais aussi à cause de l'effondrement de ses économies et de la chute des revenus du peuple.

 

Certains faits qui méritent d'être notés ont infirmé les pronostics disant que la pandémie renforcerait les droits et le contrôle de l'Etat sur les manifestations populaires grâce à la propagation de la peur et à la répression ouverte. 

 

Les rébellions populaires se sont poursuivies avec celles qui se déroulent en Haïti et la Grève Générale en Colombie dont les actes de résistance se sont prolongés avec succès pendant plus d'un mois. En Bolivie, le MAS a repris le pouvoir par la voie électorale, au Chili, la droite a été battue lors du plébiscite et des élections à la Constituante et au Pérou, c'est l'instituteur rural Pedro Castillo qui a gagné les élections de façon surprenante.

 

Dans cette nouvelle situation, les 3 pays dans lesquels le projet néolibéral semblait le plus stable et qui constituaient la base de ce qu'on appelle « l'Alliance du Pacifique » pendant la première décennie du XXI ème siècle ont été secoués par la résistance populaire. Le Groupe de Lima semble avoir perdu son pays modèle, sa force militaire et son siège.

 

Que tous ces événements finissent par se rassembler dans le début d'un cycle progressiste est une possibilité mais ce n'est pas la seule.

 

Dans le cas de l'Equateur, pour l'instant, les efforts du peuple n'ont même pas réussi à éviter un nouveau Gouvernement néolibéral. La banquier Guillermo Lasso a remplacé à la présidence à Lenin Moreno, discrédité. Ce qui se passera au Chili est imprévisible. La protestation populaire et les votes de l'opposition ont renvoyé au coin la droite et le «progressisme light » qui s'exprimait dans la Concertation. Le peuple chilien a réussi à comprendre que ces 2 forces sont responsables des échecs du néolibéralisme.

 

La situation au Brésil mérite notre attention parce qu'il s'agit de laplus grande puissance économique et du pays le plus peuplé de Notre Amérique. Ce qui se passe là n'est pas encourageant. Qu'on ait élu Bolsonaro et qu'on l'ait gardé au Gouvernement pendant plus de 2 ans snas grandes mobilisations d'opposition est inquiétant. Il est très probable que Lula gagen à nouveau les élections en 2022, ce qui serait uen bonne chose pour la situation politique de la région mais le plus probable est qu'un nouveau gouvernement du PT soit une version encore plus atténuée et vieillie du progressisme modéré qui a gouverné ce pays pendant 13 ans.

 

Ce qui va se passer au Brésil semble devoir ressembler à ce qui se passe en Argentine où le progressisme libéral d'Alberto Fernández incarne une version modérée des politiques mises en place par le couple Kirchner pendant 10 ans. Le gouvernement du Front de Tous harcelé par la droite dès le premier jour ne s'est pas effondré face à la pandémie et a réussir certaines choses en particulier sa campagne de vaccination. La chute abrupte des revenus du peuple pendant les 4 années de gouvernement de Macri ne s'est pas arrêtée sous l'actuel Gouvernement qui au moins, peut en rendre responsable la pandémie et la chute de l'activité économique. Cette justification, la reconnaissance de certaines avancées en matière de droits comme la loi sur l'avortement, la caractère criminel de la politique de la droite concernant l'épidémie et les mouvements sociaux territoriaux ont empêché pour l'instant de grandes protesgtatiosn populaires. Il est évident que le Gouvernement comme l'opposition de droite essaient de ocnstruire un ordre du jour politique de débats qui esquive les questions stratégiques comme le contrôle et l’administration de la voie navigable du Parana (ports, hydrovoie), le modèle de production, la répartition de la richesse, la réforme constitutionnelle etc... L'ordre du jour fixé, on organise la fissure entre « progressistes » et « conservateurs. »

 

Dans cette nouvelle situation, il faut mentionner ce qui s'es tpassé ces dernières années dans de pays qui se sont proposé d'aller au-delà des projets progressistes. Des pays comme Cuba et le Venezuela ont payé leur défi. Les grandes puissances capitalistes occidentales les soumettent à des sanctions économiques, dont certaines d'une précision chirurgicale pour renverser leurs économies et affamer leurs peuples.

 

Le premier mérite de ces expériences sociales de transformation à l'échelle nationale est qu'en vivant des temps très difficiles comme la vague néolibérale qui a balayé tous les Gouvernements progressistes de al région, ils ont pu éviter que les pouvoirs politiques des institutions tombent dans les mains de al droite. Le Venezuela a perdu le contrôle de l'Assemblée Nationale pendant 5 ans mais a pu la récupérer. Dans les 2 cas, survivre a obligé à faire des concessions sur le terrain politique et économique. Mais ce qui, à Cuba, a été des reculs dans l'ordre accompagnés d'explications claires données à la population sur la nécessité de faire certains sacrifices ou de prendre des décisions qui ne seraient pas prises en des temps meilleurs, au Venezuela, ça ne s'est pas fait de la même façon. Le Gouvernement de Maduro a reculé dans le désordre et souvent sans donner d'explications claires à la population et en faisant taire les voix qui, à l'intérieur du chavisme, faisaient des dénonciations et envisageaient des alternatives. La situation d'urgence est la même pour les 2 projets mais les réponses ont été données à partir de structures différentes. A Cuba, le parti au gouvernement est plus solide, la direction plus expérimentée et après 50 ans de révolution, a réussi à construire un schéma économique qui la rend moins vulnérable au blocus et aux sanctions économiques. Au Venezuela, ils ont affronté la situation de ne plus avoir de devises d'exportation parce que le blocus a interrompu l'approvisionnement en produits de première nécessité et a freiné les ventes de pétrole à l'étranger en faisant appel à certains coups économiques dont certains de nette tendance néolibérale. Dans un pays soumis à une menace d'invasion permanente, la dépendance envers le secteur militaire augmente et des vides dans l'information se légalisent, ce qui facilite la corruption. Le PSUV continue à se montrer efficace en tant que machinerie électorale et assistance sociale mais il s'est montré impuissant pour fixer une orientation politique au processus en orientant et en contrôlant ceux qui exercent des fonctions de gouvernement. Mais, au-delà des faits dont nous avons parlé et qui causent des dommages aux institutions, il faut signaler que le peupel vénézuélien à l'économie, même celui qui se met en retrait de la politique, garde des réserves révolutionnaires. C'est pourquoi la majorité de la population, qui a vu ses revenus baisser de façon abrupte et voit la fourniture des services publics de base affectés, continue à résister et à s'opposer au retour de la droite.

 

Des faits symboliques qui illustrent la différence entre les processus dont nous avons parlé : aujourd'hui, Cuba affronte l'épidémie avec 5 candidats vaccins et va être l'un des premiers pays de Notre Amérique à vacciner toute sa population. Le Venezuela non seulement ne produit pas de vaccins mais leur acquisition a été retardée par le blocus qui ne cède même pas face à la pandémie. La dernière information à ce sujet est que les banques suisses bloquent les fonds destinés à payer les vaccins au fonds COVAX. Même ainsi et grâce au développement de la médecine préventive dans les quartiers populaires et à la discipline de la population, le Venezuela est l'un des pays du continent les moins touchés par la maladie et la mort.

 

En résumant de qui est en train de se passer dans Notre Amérique, nous pouvons conclure que ce qui est sûr, c'est qu'il y a une augmentation des luttes populaires et un recul des Gouvernements et des politiques néolibérales. Ce sont les peuples qui définiront ce qui remplira ce vide. Dans certains cas, les propositions progressistes connues se recycleront dans des versions plus conservatrices, dans d'autres cas, des possibilités de dépasser les limites du progressisme sont en train de s'ouvrir. Les processus les plus dérangeants, très frappés par l'offensive néolibérale de la dernière décennie auront, dans ce nouveau contexte, plsu d'oxygène pour se réorienter et moins de justifications s'ils veulent abandonner l'orientation originale. De nouvelles surprises peuvent apparaître comme Pedro Castillo au Pérou, qui, pour certains, incarnera l'idéal mariateguiste et pour d'autres conduira à une nouvelle frustration comme l'a fait le gouvernement d'Ollanta Humala. 

 

Il est difficile de faire des pronostics mais certainement, des temps meilleurs viendront dans Notre Amérique. Enfin, on doit être averti de ce que les marins savent bien. Les vents favorables sont seulement de meilleures conditions météorologiques pour avancer. Construire une voile pour en profiter est de la responsabilité de chaque équipage.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/06/25/nuestramerica-nuevo-ciclo-de-resistencia-popular-o-nuevo-ciclo-progresista/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/06/amerique-latine-nouveau-cycle-de-resistance-populaire-ou-nouveau-cycle-progressiste.html