Bolivie : Six fronts de déstabilisation du Gouvernement du MAS.
Par Eduardo Paz Rada
Alors que le Gouvernement du Président Luis ARCE du Mouvement vers le Socialisme (MAS) vient d’accomplir six mois d’actions pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale après onze mois d’un gouvernement de fait, issu d’un coup d’Etat, différents fronts ont entamé un processus de déstabilisation et d’affaiblissement qui cherche à empêcher sa consolidation ou, le cas échéant, à le soumettre à des pressions aboutissant à des reculs structurels des avancées réalisées par la Révolution Démocratique et Culturelle et dans la mise en œuvre du Modèle Economique et Social Communautaire et Productif inscrit dans l’Agenda Patriotique 2025.
Le fer de lance de cette campagne se trouve dans un ensemble de médias de communication (télévisions, journaux, agences de presse et radiodiffuseurs) et de réseaux virtuels d’Internet, qui par des rumeurs, des demi-vérités et des spéculations établissent dans l’opinion publique des thèmes portant sur la division entre des secteurs du MAS et le Gouvernement, le non-accomplissement des promesses électorales dans les secteurs économique et sanitaire, ou le caractère arbitraire de l’arrestation, sur les instructions du Parquet et du Pouvoir Judiciaire, de Jeanine Anez, de certains de ses ministres et des chefs de l’Armée et de la Police qui ont exécuté la rupture de la démocratie et les massacres de Sacaba et Senkata en novembre 2019.
Ces mêmes médias et leurs “analystes” ont été les promoteurs du coup d’Etat et ont soutenu le régime issu de l’émeute de la police, de l’insubordination des militaires et de la mobilisation de secteurs urbains aisés menés par les partis politiques conservateurs et néolibéraux. Dans certains de leurs récits, ils font référence à des sources provenant du MAS et du Gouvernement, créant ainsi des soupçons et des interprétations relatifs à des divisions internes.
Dans cette perspective, plusieurs parlementaires de l’opposition appartenant à Communidad Ciudadana (CC) de Carlos Meza et à Creemos de Fernando Camacho se sont rendus il y a quelques semaines aux Etats-Unis où ils ont rencontré des membres du Département d’Etat, des sénateurs républicains d’extrême-droite et des membres de la communauté des migrants de l’endroit, dans le but de “rendre compte” de la situation politique bolivienne.
Ce fait est survenu immédiatement après que l’administration de Joe Biden se soit manifestée en rejetant la détention de Jeanine Anez et en réclamant sa remise en liberté, dirigeant ainsi, depuis le Département d’Etat avec la connivence des tendances conservatrices du Capitole, la stratégie de déstabilisation de la Bolivie.
En parallèle, le Parlement Européen, sous la houlette des partis ultraconservateurs et pro-fascistes d’Europe, s’est prononcé en critiquant le Gouvernement de Luis Arce et en demandant la mise en place de sanctions de la part des pays de l’Union Européenne. A cet égard, il convient de rappeler que l’Ambassadeur de l’Union Européenne en Bolivie a participé activement en octobre et novembre 2019 au départ d’Evo Morales et à la consolidation du coup d’Etat.
Par ailleurs, la hiérarchie des Evêques de l’Eglise Catholique mène une campagne systématique contre le Gouvernement sous le prétexte de défendre les droits de l’homme et la libération des autorités de facto tout en cherchant à dissimuler, sans y parvenir, sa participation directe à la conspiration contre le Gouvernement d’Evo Morales et à l’investiture d’Anez en dehors de toutes normes juridiques et constitutionnelles du pays ; campagne ourdie dans les bureaux mêmes de l’Université Catholique. La Conférence des Evêques s’est convertie en un mécanisme visant à légitimer l’inconstitutionnalité du gouvernement d’Anez et maintient à l’heure actuelle une position belligérante qui va jusqu’à s’opposer aux avis du Pape François sur l’Amérique Latine et la Bolivie.
Enfin, l’oligarchie régionale propriétaire terrienne et agro exportatrice de Santa Cruz aux côtés du Comité Civique et des loges de pouvoir régional de l’Orient de la Bolivie, sous la direction du principal promoteur et exécutant du coup d’Etat, Camacho de Creemos, récemment élu gouverneur de Santa Cruz, a proféré des menaces contre le Gouvernement en rappelant que son département avait été le protagoniste de la déstabilisation du gouvernement démocratique d’Evo Morales.
Dans les jours à venir, le Congrès du MAS, sous la présidence d’Evo Morales, devra approuver les lignes tactiques de défense du processus national-populaire et définir un plan de réponses aux actions conspirationnistes contre le Gouvernement Démocratique de Luis Arce et David Choquehuanca tout en prenant les décisions qui permettront de relancer et d’approfondir le processus révolutionnaire.
Eduardo Paz Rada. Sociologue bolivien et Professeur à l’UMSA. Il a écrit dans des publications de Bolivie et d’Amérique Latine.
Source : Rebelion
Traduction Frédérique Buhl pour Bolivar Infos
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