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Amérique Latine : Bolivie… Chili, Pérou: le début de la fin?

8 Août 2021, 17:27pm

Publié par Bolivar Infos

Par Gabriela Montaño

 

Face aux nouveaux processus constituants dans la région, il est important de revoir les leçons apportées par les événements qui se sont déroulés en Bolivie.

 

Elisa Loncón et Silvia Lazarte, 2 femmes indigènes à la tête des processus constituants au Chili et en Bolivie, est-ce un hasard ou un symbole de la lutte de ces peuples du sud de l'Abya Yala pour atteindre des équilibres durables et des démocraties véritables ?

 

Le processus constituant bolivien a montré que, quand les peuples décident d'engager cette lutte, c'est le début de la fin, de la fin des Etats archaïques incapables de répondre à des sociétés plurielles, avec des peuples indigènes marginalisés par la reconnaissance de la définition classique de l'Etat-nation et des majorités encore plus pauvres en cette période de pandémie.

 

Je parle du début de la fin en pensant au Chili qui a déjà mis en place sa Convention constituante et au Pérou qui a enfin proclamé le président Pedro Castillo qui a proposé une nouvelle Constitution. Ces processus constituants, comme celui qui s'est déroulé en Bolivie, dans leur étape de gestation, ont été précédés par de grandes crises sociales et économiques, des crises structurelles lors desquelles la majorité de la population a décidé qu'il ne s'agissait pas de rafistoler des Etats et des Gouvernements incapables de répondre à ses besoins. Dans le cas du Chili, d'immenses mobilisations, en 2019 ont fait germer le processus constituant et au Pérou est survenue une crise institutionnelle pendant laquelle plusieurs présidents ont défilé sans réussir à arrêter le mal-être social croissant. Dans les 2 cas, les gens ont endigué leur colère par les voies démocratiques malgré les pièges qu'ont place sur leur route ceux qui sentent que le pouvoir leur échappe comme de l’eau leur filerait entre les doigts.

 

La Bolivie est la preuve qu'avoir un Gouvernement qui soutient le processus constituant est la meilleure façon de garantir que le bateau arrive au port bien que cela n'empêche pas la droite de contrattaquer même si cela signifie ficher en l'air les ciments même de la démocratie. Les processus constituants sont des processus harcelés en permanence. S'ils ne peuvent pas le freiner, comme au Chili, alors, ils essaient de l'encercler, de l'étouffer de l'intérieur et de l'extérieur. Dans le cas de l'Assemblée Constituante bolivienne, plus de 50% de ses membres étaient des représentants du MAS. Evo Morales était aux commandes de l'organe exécutif en tant que pouvoir constitué et les forces de droite étaient divisées. Celles-ci ont parié sur la transformation de la discussion du règlement et des règles de fonctionnement de la Constituante en une fracture qui finalement a fait faire naufrage au Titanic.

 

Le Pérou va avoir à la tête de l'Etat un instituteur de campagne qui encouragera un processus constituant qui transformerait structurellement les déséquilibres sociaux et économiques du pays. 

 

Au Chili, pendant que la Convention discute de ses règles internes de fonctionnement, au-dehors, le processus électoral qui déterminera si les forces progressistes obtiendront le soutien de la majorité de la population pour arriver au pouvoir s'échauffe. En outre, des pas encourageants ont été faits concernant la capacité de cette assemblée à trouver des accords pour élire la présidence de la Convention. Il existe une volonté qu'elle soit tournante et cela semble être une signe de plus de cette autre façon de gouverner que pratiquent les peuples indigènes du continent.

 

L'Assemblée Constituante bolivienne assiégée a achevé le texte de la Constitution avec 4 mois de retard. Evo Morales, en tant que Président, a dû prendre la tête, en octobre 2008, de la ville mythique de Caracollo à La Paz, d'une longue marche « pour la refondation de la Bolivie. » Les gens les plus oubliés par l'Etat colonial et patriarcal, à la tête du Pacte d'Unité (une alliance des principales organisations ouvrières, paysannes et indigènes du pays) a organisé cette mobilisation pour arracher au Congrès avec une majorité de droite au Séant, une loi destinée à organiser un referendum d'approbation de al nouvelle Constitution. Le peuple bolivien est sorti victorieux de ce referendum : le « oui » a obtenu 63 % des voix. 

 

Presque 1 an plus tard, en septembre 2009,7 mois après la promulgation de la nouvelle Constitution et avant le blocage par l'opposition d'une loi électorale de transition au Parlement, à nouveau le premier président indigène de la région a eu recours à une méthode de lutte syndicale largement utilisée dans la lutte des organisations sociales et ouvrières du monde entier : la grève de la faim. Avec la principale direction du Pacte d'Unité, Evo Morales installe le premier piquet de grève de la faim dans le Palais du Gouvernement même. Ensuite, d'autres s'y sont joints dans divers points de la Bolivie.

 

La loi exigée avait pour but de convoquer des élections générales, départementales et municipales en incorporant des ma dats du nouveau texte constitutionnel qui permettent de voter à l'extérieur du pays et de réserver des sièges spéciaux aux Indigènes. L'opposition parlementaire de droite prétextait un nouveau corps électoral pour faire obstacle à l'application de la nouvelle Constitution. Le naissant Etat Plurinational vainquit à nouveau cet écueil et les forces conservatrices décadentes et désespérées ont été vaincues une fois de plus.

 

Le peuple bolivien, en outre, a dû vaincre une tentative de coup d'Etat civique et préfectoral pendant les étapes constituantes et celles qui ont suivi et Evo Moralesa dû vaincre dans les urnes la droite bolivienne avec 67,43 % des voix lors d'un refernedum révocatoire. La clarté politique de la direction et l'unité des forces progressistes ont toujours été imbattables.

 

Evidemment, chaque peuple a ses formules, aucune ne peut être calquée sur uen autre, s'appliquer mécaniquement comme cherche à le faire la droite sur le continent. Mais les leçons que nous avons apprises en Bolivie apporte un éclairage qui pourrait inspirer des réflexions : un Gouvernement proche du peuple et la participation de la force de mobilisation des gens sont indispensables pour mener à bien un processus constituant. Le 

Chili a déjà le sien en marche et le Pérou a un Gouvernement qui répond aux secteurs populaires. Le reste de l'histoire, ce sont leurs peuples qui l'écriront. Je pense que c'est le début de la fin.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/02/nuestramerica-bolivia-chile-y-peru-el-principio-del-fin/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/amerique-latine-bolivie-chili-perou-le-debut-de-la-fin.html