Pérou : Les médias de droite agressent les médias alternatifs
Par Carlos Aznárez,
Roger Taboada est un journaliste reconnu qui dirige plusieurs publications au Pérou et qui a mis en place un nouveau projet intitulé « El Puka. » L'un des rares médias qui, en plus de soutenir le processus engagé avec l'arrivée au pouvoir de Pedro Castillo, le fait au milieu d'une mer de médias hégémoniques d'opposition et de droite qui continuent à attaquer le Gouvernement. Mais, comme le dit Taboada, « El Puka » n'accorde aucune trêve aux ennemis du Gouvernement ni aux collaborateurs qui s'y sont infiltrés.
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Roger, parle-nous d' « El Puka » et dis-nous qui est derrière cette nouvelle initiative.
Le projet est né d'un besoin du peuple péruvien, celui d'envisager une proposition médiatique alternative à la mer de presse hégémonique que nous avons ici. 80% de la presse péruvienne est contrôlée par un groupe économique qui appartient à la famille Miró Quesada : des radios, la télévision et des journaux sont contrôlés par les Miró Quesada. C'est l'une des 12 familles de l'oligarchie qu'on appelle au Pérou « les 12 apôtres. » Ce sont elles qui gèrent l'économie et elles sont l'un des pouvoirs factuels qui existent dans le pays. Face à cela et à la campagne brutale de mensonges, de haine, de calomnies, de diffamation malsaine du projet historique que représente Pedro Castillo, nous nous sommes joints à un groupe de camarades, de journalistes, d'intellectuels, de techniciens, de professionnels, pour mettre au point ce projet d' « El Puka » et aussi ce que nous, nous appelons l'Agence Andine d'Informations du Bicentenaire qui vise à installer une radio et une télévision digitales pour diffuser en permanence et en direct sur les réseaux sociaux. L'idée de base est de contrecarrer l'influence de la presse de droite qui déchaîne à tout vent ce que certains appellent « la guerre de quatrième génération. » La geurre médiatique que cherche à installer l'opposition favorable aux intérêts mesquins de l'oligarchie traîtresse qui cherche à attaquer les points centraux et essentiels de la pansée populaire de changement qui existe ici, au Pérou. C'est la raison pour laquelle nous sommes nés et l'importance de livrer la bataille des idées sur le terrain de la communication contre ces médias qui pensent être les seuls capables d'avoir une voix. Face à cette situation, nous voulons mettre la vérité au côté des peuples, des changmeents, d'un projet historique et c'est une forte bataille contre cette agression médiatique brutale de la presse qu'on appelle « la presse poubelle. »
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Pourquoi ce média s'appelle-t-il « El Puka » ? Et quelle est sa périodicité ?
« El Puka » paraît tous les 15 jours. La semaine prochaine sortira son second numéro. « El Puka » signifie « rouge » en quéchua. Généralement, les secteurs réactionnaires, quand ils disent « rouge » le font de façon méprisante ou péjorative pour nous qualifier, nous, les gens de gauche. Ici, on a cherché à diaboliser les communistes, les gens de gauche, il y a une cabale des médias. Par contre, nous nous nous revendiquons en tant que « rouges, » comme de gauche, nous sommes marxistes, nous sommes bolivariens, et alors ? Et nous allons affronter cette presse pourrie , cette presse vile qui cherche à abrutir le population péruvienne. Nous allons dire que oui, nous sommes de gauche, que oui, nous militons pour l'idée politique du parti et que non, nous n'avons pas peur d'eux et que nous allons livrer la bataille des idées. C'est pourquoi ce média s'appelle « rouge », Le cœur du peuple est rouge. D'autre part, il a une identité qui comprend de nombreuses traditions de lutte et de liberté de notre peuple. Il va aussi sortir tous les 15 jours pendant ces premiers mois et l'année prochaine, il deviendra hebdomadaire et le but sera d'en faire un journal qui va beaucoup plus loin pour pouvoir continue rà livrer la bataille des idées et la bataille sur le terrain de al guerre de quatrième génération que la presse de droite impérialiste génère en cherchant à s'emparer de notre pensée, de nos émotions et de nos façons de penser et en essayant d'orienter l'opinion publique en la déformant. Ce sont ceux qui insistent sur le « castro-chavisme » pour justifier plus tard un coup d'Etat. Un coup de patte de gorille, qui est ce que beaucoup d'entre eux cherchent, dans les casernes.
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Quel bilan fais-tu de la tournée de Pedro Castillo aux Etats-Unis, de ses discours, de son discours à l'OEA, de son discours aux Nations Unies, des contacts qu'il a eus avec les patrons ?
Globalement, le bilan est positif. Le discours à l'OEA a été applaudi debout par de nombreux présidents d'Amérique Latine. Il a pointé certaines choses, il s'est opposé aux blocus du Venezuela bolivarien et de la Cuba révolutionnaire, que nous saluons, et il a parlé clairement des caractéristiques de ce Pérou actuel. C'est un pays gouverné par des Gouvernements corrompus depuis 200 ans. Nous, nous pensons que depuis 200 ans, le Pérou a été gouverné par des organisations criminelles qui ont utilisé la politique comme alibi pour prendre l'argent de l'Etat. D'autre part, il a prouvé au monde que le Pérou est l'un des pays qui les plus profondes inégalités en Amérique Latine et qu'il essaiera de surmonter cette situation avec son Gouvernement. C'est pourquoi il a invité patrons étrangers à ne pas le craindre pour les intérêts du capital privé s'ils viennent ici en respectant les actions et les lois de notre pays, de ce nouvel Etat qu'il cherche à construire et qs'ils respectent les standards du droit du travail international et de la protection de l'environnement. Globalement, le bilan est positif, il est important d'avoir montré le nouveau visage du Pérou parce qu'il existe certaines erreurs et beaucoup d'opposition de la droite apatride que nous avons ici. L'attitude de Pedro quittant les lieux quand au moment du discours d'un fasciste comme Bolsonaro, je pense, est assez éloquente comme sa conversation avec le président Nicolás Maduro que la droite cherche à déformer en disant qu'il veut soutenir un dictateur alors que c'est un Gouvernement démocratiquement élu par une majorité écrasante. Cela prouve les avancées immportantes dans les petits sujets brûlants. Par conséquent, je pense qu'il y a des avancées importantes mais aussi beaucoup de choses à reformuler et à ré-envisager.
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On a appris aussi que le premier ministre Guido Bellido a affronté le chancelier et le vice-chancelier parce que celui-ci avait interprété librement les relations de politique étrangère entre le Pérou et le Venezuela. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Même cela est au niveau des médias. On ne sait rien de plus mais il doit être clair que les gens de la chancellerie que dirige Oscar Máurtua sont des gens de droite. Des gens qui ont été à l'origine du Groupe de Lima, des gens qui ont reconnu Guaidó. Des gens qui se sont agenouillés devant l'Empire et ce sont des gens qui n'ont pas la moindre idée de ce que signifie défendre la Patrie. Pour eux, défendre la Patrie, c'est défendre le Gouvernement de service et défendre les mandats et les stéréotypes diplomatiques. Pour nous, défendre la Patrie, c'est défendre le Peuple, défendre les ressources naturelles, défendre la richesse nationale, la dignité d'un peuple qui veut des changements dans le pays pour modifier sa structure socio-économique. Pour eux, la Patrie, c'est simplement s'agenouiller devant les Yankees, être bien avec le FMI, payer ponctuellement la dette et s'opposer aux revendications de la grande majorité des travailleurs du pays et aux revendications sociales de la majorité. C'est pourquoi le conflit entre Guido Bellido et le vice-chancelier a été immédiatement repris par la droite disant que « depuis le 5 janvier, il n'y a pas de Gouvernement au Venezuela » ou que « le Pérou ne reconnaît pas Maduro » alors que le Président en personne a rencontré Maduro au Mexique pour trouver une issue au problème des migrants vénézuéliens. Au Pérou, au service de l'Immigration, sous l'influence de la chancellerie et de ses individus néfastes, ils en veulent pas laisser partir les ressortissants vénézuéliens qui veulent rentrer dans leur pays. On les en empêche, on les menace, on leur dit que s'ils partent, ils ne pourront pas revenir pendant 15 ans mais beaucoup ont des femmes, de la famille, des réseaux au Pérou. Ils les menacent, leur font du chantage et leur demandent 1500 $ étasuniens pour les laisser partir. Ensuite, ils empêchent Conviasa, l'entreprise d'Etat vénézuélienne, de venir, ils l'empêchent d'atterrir sur le sol péruvien et de faire le plein de carburant pour pouvoir organiser les voyages humanitaires du peuple vénézuélien. C'est ce qui se passe et celle qui truque tout cela, c'est la chancellerie. Nous allons publier dans « El Puka » un rapport sur tout le harcèlement auquel se livre la chancellerie, tous les mafieux qu'il y a, tous les diplomates cavernicoles qui dirigent la politique étrangère du Pérou.
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Qu'est-ce qui l'a fait se séparer d'Héctor Béjar qui était un excellent chancelier et ensuite accepter Máurtua qui est vraiment un chancelier de Washington. Quelles pressions y a-t-il et pourquoi le gouvernement fait-il tant de concessions ?
Je pense, personnellement, qu'il y a beaucoup de pression sur le Gouvernement. Ici, au Pérou, il y aune gauche que nous appelons « caviar, » dont l'empire ou l'oligarchie ont besoin. Ce sont des gens qui se gargarisent de discours progressistes et de gauche mais qui, dans la pratique, ne remettent pas le modèle en question, ne remettent pas les transnationales en question, ne se posent pas de questions sur les problèmes fondamentaux de l'économie qui découlent de l'exploitation des peuples sous-développés. Ils peuvent être contre le racisme, en faveur de la non discrimination de la femme, de la protection des plus faibles, de la protection des droits à la diversité sexuelle, des minorités indigènes mais quand nous touchons au modèle, nous touchons à la dette extérieure ou aux relations hégémoniques de l'Empire avec nos peuples, ils sautent au plafond ou saisissent toute excuse ou tout prétexte pour sauter à la gorge des dirigeants sociaux. Il se passe la même chose avec la droite que quand le premier ministre Guido Bellido se rend au Congrès où il y a une meute extraordinaire et qu'il en sort pratiquement avec les oreilles et la queue avec 50% des voix en sa faveur et personne ne dit rien. Mais le lendemain, ils ont occulté cela comme les attaques contre les locaux de Pérou Libre, la maison de Vladimir Cerrón, le secrétaire Général de Pérou Libre. Ils cherchent la cinquième patte au chat pour pouvoir cacher les problèmes essentiels et assaiblir la crédibilité de Pedro Castillo.
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Ça se passe à l’extérieur du Gouvernement mais à l'intérieur, c'est pareil ?
Il semble que ces secteurs de la droite apatride ait des complices à l'intérieur du Gouvernement qui ne veulent pas de changement. Dans le cas de l'économie, je le dis à titre personnel, c'est Pedro Francke. Il ne représente pas les intérêts du changement au Pérou, il a fait une politique néolibérale jusqu'à présent. Et comme Francke, il y a le ministre de l'Intérieur qui est venu défendre le chancelier. C'est Juan Carrasco qui est impliqué dans la défense des groupes de patrons qui attaquent les entreprises sucrières du Pérou. Juan Carrasco Millones, le procureur discutable qui n'a pas démissionné pour assumer cette charge. Nous, nous allons dénoncer ces faits. Comme le fait que le ministre de la Justice qui est quelqu'un qui ne s'est pas consacré à nettoyer le secteur de la justice qui est l'une des institutions les plus corrompues et pourries du pays. Je crois qu'il a moins de 7% ou 9% d'indice de satisfaction dans la population et au lieu d'attaquer la corruption du Pouvoir Judiciaire, il s'est consacré à attaquer Vladimir Cerrón et Pérou Libre, à dire que ce n'est ni un Gouvernement de gauche ni un Gouvernement de droite, qu'il regarde vers le centre. Je me demande qui a autorisé cet invité à définir les caractéristiques d'un Gouvernement qui n'est pas le sien parce que c'est un invité, rien de plus. Ces taupes que nous avons même dans le Gouvernement continuent à causer des problèmes et sont l'une des raisons des contradictions dont la droite profite pour dire que dans le Gouvernement, c'est la chaos et que par conséquent, Castillo doit partir. L'objectif n'est pas de chasser Bellido, ce n'est pas d'emprisonner Cerrón, ce n'est pas de poursuivre Bermejo, non, l'objectif, c'est de chasser Castillo. Ils ne se rendent pas compte que l'idée que s'ils chassent Castillo, ils vont revenir au pouvoir, que si Bellido s'en va, ils vont occuper son poste est vouée à l'échec et ceux qui assument cette tâche, ce sont lers taupes du secteur de « la gauche progressiste » qui sont avec les ONG, les petits blancs, les catholiques, ceux de l'université étrangère, ceux qui touchent plus de 2500 000 000 de $ par an. Ils sont un pouvoir factuel du Pérou qui ne veut pas qu'il y ait de changements structurels dans le pays. Ils sont, sans aucun doute, un facteur de la division du secteur populaire.
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Ce ministre de la Justice et des « Droits de l'Homme, » Aníbal Torres, est l'homme qui a suggéré d'incinérer les restes d'Abimael Guzmán et de faire disparaître ses cendres...
Le problème des restes d'Abimael Guzmán est unbe horreur sans nom. La loi dit que si un homme ou un individu comme lui meurt, on remet son cadavre à sa famille et point final. La famille verra si elle le fait incinérer pou si elle le fait enterrer. Mais ici, non. Ils ont sorti une loi spéciale pour l'incinérer et disperser ses cendres sur la mer. C'est une chose tellement brutale, qui reflète la bestialité idéologique de la droite. Et qui a fait cela ? Le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice. Nous avons fini par savoir, c'est un scoop que nous vous donnons, qu'en plus de la corruption dela chancellerie, ce monsieur Aníbal Torres a été lié au fujimorisme. Nous avons la résolution et le décret législatif signé par Fujimori et son entourage dans lequel ils le nomment à la commission de l'UNiversité Nationale Major de San Marcos où plus de 1 500professeurs ont été assassinés sous le fujimorisme, en 1992/1993. nous allons dénoncer dans la journal et avec raison, que cet homme a été un ennemi des positions avancées et révolutionnaires des gens Pérou Libre. Celui-ci, c'est Aníbal Torres. Nous allons démasquer ces fujimoristes recyclés, ceux qui sont dans le Gouvernement actuel de Pedro Castillo.
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Le journal a un site ou un endroit où on peut consulter ses articles ?
Nous nous en occupons, nous avons eu des problèmes et comme tu le comprendras, nous sommes nés de l'effort propre d'un collectif de professionnels mais engagés dans le projet historique dirigé par Pedro Castillo, par conséquent, il y a des problèmes logistiques et des vicissitudes. Il aura une page, nous allons avoir une diffusion digitale, nous allons devoir développer tout ce que nous pourrons par la voie des réseaux sociaux pour informer l'Amérique Latine de ce qui se passe au Pérou mais de notre point de vue, qui est celui des gens qui ont des positions révolutionnaires, de gauche et bolivariennes, intégrantes, dans notre pays.
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traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/09/27/peru-roger-taboada-director-del-periodico-el-puka-estamos-dando-una-batalla-contra-la-agresion-brutal-de-los-medios-de-derecha/
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