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Venezuela : Le changement climatique, un prétexte pour envahir des pays

5 Septembre 2021, 17:05pm

Publié par Bolivar Infos

Par Geraldina Colotti

 

A propos de la seconde rencontre avec la Terre Mère organisée à Caracas, nous parlons avec le député Ricardo Molina, président de la Commission pour l'Eco-socialisme de l'Assemblée Nationale du Venezuela.

 

  • Tu as eu plusieurs postes importants dans la Révolution Bolivarienne. Quel est ton rôle, aujourd'hui ?

 

Depuis 2010, j'ai été ministre de l’Habitat et du Logement, d'abord avec le Commandant Hugo Chávez, ensuite avec le Président Nicolás Maduro. En 2015, j'ai été élu député au Parlement. Ensuite, le président m'a nommé ministre des Transports et vice-président du Gouvernement pour le secteur des Services. Ensuite, pendant la période de violence de rue de l'opposition, je me suis engagé dans le projet d'Assemblée Nationale Constituante qui, comme nous le savons, était une mesure nécessaire et très importante pour rétablir la paix et nous défendre contre l'agression permanente des Etats-Unis. En 2017, j'ai été élu député à l'Assemblée Nationale Constituante. Ensuite, j'ai participé à la campagne pour la récupération de l'Assemblée Nationale qui est entrée en fonction en janvier de cette année et j'ai été élu député. Actuellement, je préside la Commission Permanente pour l'Eco-socialisme de l'Assemblée Nationale qui mène à bien le projet et les idéaux éco-socialistes basés sur la vision bolivarienne et humaniste du Commandant Chávez pour défendre la Terre Mère. J'ai aussi une mission à l'Ecole Bolivarienne de Planification : nous continuons à former des cadres de gouvernement au niveau national, régional et municipal et en particulier, le plus important, au niveau communal.

 

  • Comment a été organisée la seconde rencontre avec la Terre Mère et dans quels buts ?

 

En avril 2021, a eu lieu la première rencontre avec la Terre Mère à La Paz, Bolivie, organisée par le Gouvernement plurinational et les mouvements sociaux. Là, on a lancé un appel aux divers mouvements et Gouvernements du monde concernant la nécessité de lutter contre le changement climatique et la défense des droits de la Terre Mère. Nous avons proposé que la seconde réunion ait lieu à Caracas. L'Assemblée Nationale a approuvé cette proposition lors de la session plénière de la Journée Mondiale de l'Environnement et le Congrès Bicentenaire des Peuples, qui a eu lieu en juin pour commémorer la bataille de Carabobo, l'a prise en charge en la relançant pendant le sommet des pays de l'ALBA-TCP, qui a eu lieu à Caracas en présence de son secrétaire exécutif, Sacha Llorenti, et de plusieurs Gouvernements faisant partie de cet organisme multilatéral, tous d'accord pour assumer cette tâche. Cette seconde rencontre est le fruit du travail conjoint de nombreuses institutions : l'Assemblée Nationale, le Pouvoir Exécutif, le Ministère de l'Eco-socialisme, le Ministère de la Planification et le secrétariat exécutif de l'ALBA et elle avait 2 buts. Le premier : continuer à avancer dans la construction d'un grand mouvement de mouvements, aligné sur le V ème objectif historique de notre Plan pour la Patrie. Chávez avait été très clair : sans organisation du peuple, nous ne pouvons pas avancer vers la construction d'un monde nouveau. Par conséquent, il faut foemer ce grand mouvement de mouvements dans lequel serait présente toute la diversité de positions et aussi de visions mais unies par le même intérêt : la préservation de la planète pour garantir la continuité de l'espèce humaine. Le second but était d'arriver à une proposition partagée et collective résumée dans un document que nous présenterions au secrétariat exécutif de l' ALBA-TCP en souhaitant qu'il soit amené par las pays membres à la prochaine réunion de la COP26 qui aura lieu à Glasgow du 1er au 12 novembre.

 

  • Le processus bolivarien est la cible d'une attaque multiforme de l'impérialisme, en particulier depuis la mort de Chávez. Une attaque des droits et des réussites du peuple vénézuélien mais aussi de sa résistance et de sa pensée critique. Comment l'analyses-tu et quel a été ton expérience ?

 

Immédiatement après la disparition physique du Commandant, l'empire et l'opposition ont pensé que le processus révolutionnaire s'achèverait avec la disparition de son chef mais peu à peu, son rêve va devenir réalité parce que malgré l'absence et la douleur, nous, nous sommes en train d'en faire une réalité, nous défendons les idéaux chavistes et les rendons concrets. J'ai toujours dit aux jeunes que nous devions rendre compte de la signification historique de ce qui se passe au Venezuela et que nous avons la chance de vivre. Après le marxisme qui garde toute sa profondeur et sa complexité philosophique et politique, il ne semble pas que nous voyions dans le monde un « fidélisme, » un « guévarisme » ou même un « maoïsme » prendre corps. Par contre, nous commençons à voir comment la vision chaviste s'est propagée dans le monde. Le Commandant a laissé un héritage extraordinaire qui peu à peu, va devenir une doctrine de vie, un message et un exemple pour les peuples du monde. Comprendre cela, c'est comprendre pourquoi le processus bolivarien n'a pas été vaincu et en le sera pas. Nous pouvons dire que plus l'Empire nous attaque, plsu nous mettons le chavisme et sa philosophie de vie à l'épreuve. Chávez avait une immense capacité pour former le peuple en permanence et développer le bolivarisme et il a laissé une guide précieux pour le Venezuela et l'Amérique Latine avec le Plan pour la Patrie. Cette attaque multiforme et incessante a rencontré une barrière dans la vitalité du chavisme parce que Chávez n'est pas un modèle, un slogan ou une marque mais un idéal profond grâce auquel nous nous sommes défendus et nous continuerons à nous défendre.

 

  • Le veto des États-Unis empêche d'utiliser le financement qu'apportent les institutions internationales, violant ainsi les règles mêmes de ces organismes comme le fonds Monétaire International dont les États-Unis sont le principal actionnaire. Quelles sont les conséquences sur la défense de l'environnement ?

 

Toutes les mesures coercitives unilatérales et illégales imposées à notre pays et à beaucoup d'autres sans que l'ONU ou la «communauté internationale » ne se dérangent pour les arrêter, ont affecté tous les domaines de la vie : du domaine économique au domaine social et politique, environnemental. L'impossibilité d'accéder à un financement international, par exemple, pour réaliser des études et des recherches, a ralenti mais pas bloqué nos projets. Sûrement, nous pourrions avancer plus si nous pouvions continuer à utiliser nos ressources nationales, si notre principale industrie pétrolière, PDVSA, n'avait pas subi un siège tellement féroce qu'il affecte non seulement le commerce mais qu'il implique la sabotage de plusieurs installations pétrolifères, l'impossibilité d'accéder à la technologie et aux pièces détachées. La chute drastique des revenus du pays a également limité la formation et l'adaptation de diverses industries à la technologie, produit des reculs ou la décélération de diverses activités de diminution ou de réparation de dommages environnementaux que nous n'avons pas pu mener à bien bien qu'elles aient été largement prévues dans notre plan de développement. En imposant des mesures coercitives unilatérales, les Etats-Unis et leurs pays satellites empêchent le développement aussi bien ce qui est humain qu'environnemental.

 

  • Les rapports de l'opposition putschiste et de ses organismes autoproclamés à l'étranger accusent le Gouvernement bolivarien d'être « un Etat en déliquescence qui viole les droits de l'homme et de la nature. » Que répondes-vous à ces accusations en tenant compte du fait que le Venezuela a mis l'éco-socialisme en cinquième objectif du Plan pour la Patrie ?

 

Cela aussi, comme toutes leurs autres accusations sans fondement, répond à un plan qu'ils n'ont pas conçu eux-mêmes mais qu'ont conçu ceux qui tient leurs ficelles, pour affaiblir et détruire le rêve bolivarien et chaviste. L'éco-socialisme est un sujet transversal par rapport aux 5 objectifs du Plan pour la Patrie qui définit la vision que nous avons de notre souveraineté. Nous construisons notre socialisme avec une vision éco-socialiste. Nous concevons le développement économique à partir de toutes les ressources naturelles qui nous avons la chance d'avoir sur notre territoire dans une perspective éco-socialiste. Nous encourageons une nouvelle relation entre nos peuples et nos pays frères basée sur l'éco-socialisme, transversal par rapport à la politique, à l'économie et au développement de la Patrie. C'est pourquoi la seule chose qui reste à faire à cette droite, c'est de répéter le cliche de « l'Etat en déliquescence, » de la violation des droits de l'homme et de la nature. C'est faux. Au Venezuela, il y a un Etat fort, avec ses 5 pouvoirs en pleine activité, indépendants, conformément à la Constitution et avec une politique de respect des droits de l'homme jamais vue avant 1999. Au Venezuela, il n'y a pas de torture, d'assassinats ou de disparitions de jeunes progressistes comme pendant la IV ème République parce que nous aovns une vision profondément humaniste et un profond respect pour la nature. Malgré les « sanctions, » l'Exécutif fait de gros efforts pour concevoir des politiques de protection de l'environnement, pour adapter les procédés industriels. L'Assemblée Nationale travaille avec acharnement pour actualiser le cadre législatif grâce à des projets de loi destinés à lutter contre le changement climatique. Des politiques que la droite n'a pas faites et n'a pas pu mener à bien parce qu'elle protège d'abord les intérêts du capital.

 

  • L'un des arguments les plus utilisés même par certaines forces de gauche désorientées d'Europe est la critique du modèle extractiviste qui ne prend souvent pas en considération les conditions matérielles de développement des pays du sud ni le coût du changement de technologie encore plus pesant pour un pays sous blocus comme le Venezuela ni la nécessité de « changer le système pour changer le climat » comme disait Chávez. En particulier, on accuse le gouvernement bolivarien d'avoir donné libre cours à l'exploitation minière illégale et à l'exploitation sans contrôle des ressources par des entreprises privées étrangères, en particulier dans la zone de l'Orénoque. Que répondez-vous à cela ?

 

Cela fait partie d'un plan : ils nous bloquent, nous imposent des « sanctions » brutales dans tous les domaines et quand nous cherchons comment satisfaire les besoins de notre peuple, isl nous accusent d'être extractivistes, de détruire la nature, etc... C'est uen attaque grossière : on t'étrangle et si tu veux respirer, tu es le coupable. C'est ça, l'impérialisme, il agit conformément à sa nature. On prévoit un important plan de développement pour l'Arc Minier qui n'en est qu'à son début. Il s'agit de rationaliser et de revenir sur la logique extractiviste qui, depuis 1492, s'est développé en rendant esclaves des peuples et en les détruisant ainsi que les ressources naturelles, indépendamment des dommages qu'elle provoque avec les mines illégales : la prostitution, la drogue, l'exploitation des enfants... Le projet de l'Arc Minier est basé sur un profond respect de l'humanité et des droits de l'homme dans cette zone de travail et prévoit un ensemble d'activités coordonnées pour la remise en état de l'environnement une fois l'activité d'extraction achevée. Il sne peuvent nous refuser le droit d'extraire nos minerais qui aujourd'hui encore garantissent, malgré les limitations, les biens et les services nécessaires à notre peuple.

 

  • Au centre des critiques, il y a la loi sur les Zones Économiques Spéciales dans le cadre de la loi ant—blocus. Qu'en penses-tu ?

 

Sur les Zones Économiques Spéciales, il y a une discussion dans tout le pays avec la participation de différents secteurs et acteurs sociaux : personnalités politiques, patrons, aussi liés à l'oligarchie et ensuite les secteurs populaires comme les communes, les entreprises de production sociale, etc... Une discussion nécessaire pour stimuler le développement économique dans des zones qui ont l'avantage de la disponibilité de ressources naturelles qui peuvent se tranformer en produits d'usage national ou d'exportation. On a beson de beaucoup d'ordre et de planification pour stimuler un développement différent du développement capitaliste, pour créer des postes de travail non basés sur l'exploitation mais sur l'apport et l'énergie que tous et chacun de nous peut apporter. Etant donnée la situation actuelle, il y a une grande attente concernant les lois qui règlent un aspect déjà compris dans le Plan pour la Patrie, en particulier dans le troisième objectif historique qui prévoit une série d’actions concrètes destinées à transformer la vision économique de l'exploitation extractiviste en une vision de l'économie partagée et collaborative dans laquelle tous et chacun de nous pouvons déployer notre intelligence et notre énergie vitale en faveur du collectif.

 

  • Ce qu'on appelle la « transition écologique » est au centre de l'ordre du jour économique de Biden. Qu'est-ce que cela signifie pour les pays du sud ?

 

Il faut être en alerte parce que nous affrontons un nouveau modèle. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale, l'impérialisme a inventé le prétexte de la « lutte contre le communisme. » Et de cette façon, il a envahi des pays, assassiné des présidents, torturé et fait disparaître des opposants, renversé des Gouvernements. Ensuite est venu un nouveau prétexte, celui de la « lutte contre le terrorisme. » Les Etats-Unis se sont choisi eux-mêmes comme défenseurs de l'humanité et gendarmes du monde. Et à nouveau, des pays ont été envahis, des présidents assassinés, des opposants torturés et ont disparu, des Gouvernements ont été renversés etc... A mon avis, maintenant vient le tour d'un nouveau prétexte, celui de la protection de l'environnement et de la transition écologique. Si les peuples du monde n'arrivent pas à imposer leur force d’organisation pour se défendre et promouvoir l'idéal socialiste, sous prétexte de lutter contre le changement climatique, l'impérialisme tentera de faire la même chose. Sans l'approbation de l'ONU, il pourra envahir des pays, assassiner des présidents, torturer et faire disparaître des opposants, renverser des Gouvernements. Si, en tant que peuple, tu as besoin de consommer du charbon, l'impérialisme l'interdit. Si tu as du pétrole, il t'envahit, t'impose un Gouvernement fantoche qui exploite les ressources selon ses intérêts pour continue rà imposer le même modèle au monde au nom de la protection de l'environnement. J'espère me tromper mais c'est le nouveau modèle qui apparaît dans les paroles de Biden et de ses fonctionnaires sur la transition écologique. Un discours basé , en outre, sur une grande hypocrisie étant donné que les Etats-Unis sont l'un des pays qui contaminent le plus la planète avec son développement industriel destructeur et extractiviste qui ne respecte pas les droits de la Terre Mère et maintenant, ils prétendent être le gendarme du monde pour les défendre, mais contre les pays du sud. C'est le seul pays qui a contaminé d'immenses zones avec de l'uranium et du plutonium avec la bombe atomique qu’il a lancée sur Hiroshima et Nagasaki. Nous devons vraiment être en alerte.

 

  • Dans l'accord signé au Mexique entre le Gouvernement vénézuélien et l'opposition putschiste, la levée des mesures coercitives unilatérales et la restitution des ressources du Venezuela volées ont été des points essentiels. Comment cela peut-il être mis en pratique, à votre avis ?

 

Nous espérons que cela sera fait mais honnêtement, je ne pense pas que cela dépende des décision des Vénézuéliens de l'opposition qui se trouvent au Mexique. Ce sera l'impérialisme qui décidera si nous pouvons importer de la technologie, exporter notre pétrole, faire du commerce avec l'étranger. Les Etats-Unis décideront, pas l'opposition extrémiste. Et nous espérons que ces négociations les amèneront à avoir du bon sens, qu'ils comprendront qu'ils ne peuvent pas continuer à imposer des mesures criminelles à un peuple seulement parce qu'ils ne partagent pas ses orientation politiques. Les résultats de l'accord sont de bon augure mais j'ai peur que ce problème dépasse le cadre du pays.

 

  • Le modèle impérialiste étasunien a à nouveau montré son échec en Afghanistan. Comment analysez-vous la situation internationale ?

 

Les Etats-Unis ont été vaincus plusieurs fois par les peuples qu'ils ont envahis et qui ont décidé de déterminer eux-mêmes leur avenir en fonction de leur propre façon de vivre, de leur propre culture. En ce qui concerne l'Afghanistan, je pense que nous devons prendre en considération un fait essentiel. Les talibans ont toujours existé en tant que faction minoritaire et avec une vision religieuse profondément fondamentaliste. Qui leur a donné une telle importance ? Les Etats-Unis ont fabriqué, organisé, armé et utilisé un certain Ben Laden pour lui faire commettre des crimes atroces en le dotant d'une immense armée. Ils l'ont utilisé pour détruire un projet de société avancée, un gouvernement qui, à l'époque de l'Union Soviétique, avait changé les conditions de vie dans un pays peuplé de 95% d'analphabètes, avait construit des écoles, des centres de santé gratuits et fait avancer les droits et la participation politique des femmes afghanes. Avec le soutien des Etats-Unis, ce Gouvernement a été renversé et Mohammad Najibullah, le quatrième et dernier président de la République Démocratique d'Afghanistan, a été torturé en public et assassiné par les talibans. C'est alors que le supplice du peuple afghan a commencé. L'intérêt de l'impérialisme est de maintenir cette région cette région dans le chaos pour détourner l'attention des peuples et des Gouvernements chinois et russes et continuer à réaliser des incursions dans le monde pour imposer sa propre domination. Si l'Afghanistan peut se comprendre comme une défaite de la politique étrangère des Etats-Unis, il est également vrai que ce n'est pas un gouvernement de libération nationale qui les a vaincus. Au contraire, les talibans soumettent toute la société avec le soutien des Etats-Unis qui, ne l'oublions pas, ne quittent pas l'Afghanistan étant donné que d'immenses bases militaires, des armes de haute technologie, des hélicoptères et des radars de dernière génération restent sur son territoire et aux ordres des militaires entraînés pour agir. Il ne s'agit pas de la libération d'un peuple mais de l'installation d'un gouvernement qui garantisse l'essence de la vision impérialiste des Etats-Unis, dont le rôle sera de continuer à déstabiliser les frontières avec la Russie et la Chine et toute cette zone.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/30/venezuela-entrevista-exclusiva-al-diputado-ricardo-molina-desde-ee-uu-un-nuevo-paradigma-para-invadir-a-los-pueblos-con-el-pretexto-del-cambio-climatico/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/09/venezuela-le-changement-climatique-un-pretexte-pour-envahir-des-pays.html