Honduras : Discours d’investiture de Xiomara Castro
Mon cher peuple, mesdames et messieurs les députés du Congrès National, mesdames et messieurs désignés par la présidence, messieurs les magistrats de la Cour Suprême de Justice, hommes et femmes du Honduras, héroïque Résistance Nationale, militants et amis du parti LIBRE victorieux, (...)
(…)
Chers frères et sœurs, peuple hondurien, la Présidence de la République n’a jamais été assumée par une femme au Honduras, 200 ans ont dû s’écouler depuis que notre indépendance a été proclamée, nous brisons des chaînes et nous brisons des traditions. Ce fait historique n’a pu naître que de la volonté majoritaire du peuple. Merci, peuple hondurien, merci pour cette honneur et pour cette confiance.
En ce jour historique, l’informerai le pays et les pays étrangers sur les chiffres réels, non maquillés, de ce que je reçois, sur la tragédie sociale et économique qu’affronte le Honduras et sur mes propositions de refondation de l’État socialiste et démocratique.
L’État du Honduras a été ruiné pendant ces 12 dernières années et je l’ai reçu en banqueroute. Le pays doit savoir ce qu’ils ont fait avec l’argent et où sont les 20 000 000 de $ qu’ils ont sorti en prêts. Mon gouvernement ne continuera pas le tourbillon de pillages qui a condamné les générations de jeunes à payer la dette contractée derrière leur dos, Nous devons arracher les racines de la corruption de 12 ans de dictature. Nous avons le droit de nous refonder sur des valeurs souveraines, pas sur l’usure et la spéculation.
La catastrophe économique que j’ai reçue n’a pas son pareil dans l’histoire du pays et son impact sur la vie des gens se traduit par l’augmentation de 700% de la dette, par la pauvreté qui a augmenté de 74% et a fait de nous le pays le plus pauvre d’ Amérique Latine. Ce chiffre explique par lui-même la caravane de milliers de personnes de tout âge qui fuient vers le nord, le Mexique et les Etats-Unis à la recherche d’un endroit et d’une façon de subsister sans courir de risque pour leur vie.
L’État a été constitué pour assurer à ses habitants la jouissance de la justice, de la liberté, de la culture et du bine-être économique et social et par conséquent, nous avons le devoir de restaurer le système économique sur la base de la transparence, de l’efficacité de la production et de la justice sociale dans la distribution de la richesse et du revenu national.
Malgré les impôts déplacés qu’ils ont accepté pour nous et l’augmentation des revenus fiscaux pendant la période de 2009 à 2022, l’endettement , le paiement des intérêts et du capital ont été si élevés, qu’à ce moment-là, ils absorbent 50% du montant du budget général de la République après 12 ans de dictature, le montant de la dette intérieure est passé de 20 000 000 000 à 179 000 000 000, une augmentation de 700%. Le montant de la dette extérieure est passé de 37 000 000 000 à 157 000 000 000, une augmentation de 319%. Avec ce chiffre, il est évident que l’État n’a pas la capacité de soutenir cette dette écrasante et étouffante dont nous avons hérité. Il est pratiquement impossible de respecter les échéances de la dette, la seule façon de faire est un processus de restructuration complet grâce à un accord avec les créanciers privés et publics.
En parlant du budget, il se ventile en 38 000 lignes et comprend 393 objets de dépenses pour 101 institutions. La majeure partie du budget est destinée aux soldes et aux salaires, aux soldes et aux salaires des 210 000 employés publics: 152 000 travaillent au ministère de la Santé, de l’Education, de la Défense et de la Sécurité. Le décret législatif qu’a publié la dictature en approuvant un budget pour mon administration, violant ainsi le principe de non intervention dans le gouvernement suivant, comprend seulement les montants globaux et les dispositions légales à appliquer mais ne nous fournit pas de détails par objet de dépense et aucune garantie concernant les ressources pour les financer. La question que tous les Honduriens se posent est : dans ce budget, combien d’argent arrive aux pauvres ? Au service de qui est ce budget ? Qui audite le budget et son exécution ? Que font-ils avec la corruption budgétaire ? Parce que disposer de ressources économiques pour l’investir dans les gens est l’une de mes missions essentielles pendant mon mandat. L’axe transversal du prochain budget que je présenterai devant le Congrès National sera la transparence et l’anti-corruption.
Maintenant, je vais donner quelques détails sur l’Entreprise Nationale de l’Energie Electrique : la destruction de l’ENEE est une souillure que nous laisse la dictature et un trou fiscal qu’on ne peut combler à court terme. Le problème va au-delà du problème de l’énergie, c’est un problème social, économique qui peut encourager la migration. Les options que m’ont présentées les organismes financiers sont de contracter plus de dette mais pas pour sauver l’ENEE, pour sauver les fournisseurs de l’entreprise. Contracter plus de dette pour payer les producteurs d’énergie sans un programme d’urgence énergétique équivaut à se rendre complice de l’usure et de la spéculation légalisées par des contrats préjudiciables à l’intérêt national.
Ils ont approuvé des lois pour satisfaire des intérêts créés, ils ont organisé la ministère de l’Energie et le Centre de bureau où les représentants sont nommés par ceux qui vendent l’énergie, c’est à dire qu’ils sont juge et partie à l’ ODS et au CREE, ils ont partagé l’ENEE en 3 morceaux et en ont donné l’administration à 3 fidéicommis. Ils ont accordé un contrat onéreux de mesure et de réduction des pertes qui les a bien plus augmentées. Ils ont accordé des dizaines de contrats de production d’énergie solaire, thermique et hydroélectrique à des prix élevés et préjudiciables à l’intérêt général. Les pertes à cause du vol à l’ENEE ont atteint plus de 38%. Leur impact sur le flux de caisse est de plus de 10 000 000 000 de lempiras par an, 450 000 000 de $.
Le Honduras dépasse considérablement les pourcentages moyens de pertes dans la région. Il sont transformé l’État en oppresseur et en violeur des droits de l’homme, avec le Honduras Open For Business falsifiant les chiffres, ils ont mis entre parenthèses la souveraineté populaire, avec le projet de vente de territoires aux ZEDES, ils ont destitué tout d’un coup 4 des 5 magistrats de la cour constitutionnelle pour atteindre leur but. Ils vendent le territoire comme n’importe quelle marchandise. Pendant cette cérémonie, je remets au Congrès National le projet de décret qui abroge la loi sur les ZEDE élaboré par l’avocate et députée Maribel Espinoza.
Ils ongt modelé toute la législation pour leurs propres intérêts de groupe sans se préoccuper des dommages brutaux sur la population qu’ils ont réduite à la misère. Ça n’a pas été la décennie perdue comme celle de 1980 mais la décennie corrompue. Il est impossible de trouver, dans l’histoire du Honduras, un autre moment si plein de sabotage contre notre Patrie mais je ne viens pas aujourd’hui faire un récit plein de plaintes ni faire les comptes du passé, la justice s’en chargera.
Quand nous avons créé le parti de la résistance et avons formé des alliances politiques, nous l’avons fait avec une conscience éthique profonde pour refonder le Honduras comme une mission patriotique, une mission qui ne fera pas seulement rendre des comptes à ceux qui ont été responsables du fait que l’image de notre pays s’écroule, méprisée par le monde. Nous nous sommes engagés, par notre proposition de socialisme démocratique, à poser les bases du combat frontal contre la corruption pour que ces faits qui nous font honte ne se répètent plus jamais.
La refondation du Honduras commence par le rétablissement du respect de l’être humain, l’inviolabilité de la vie, la sécurité des citoyens, plus jamais d’escadrons de la mort, plus jamais de silence face aux féminicides, plus jamais de tueurs à gages, plus jamais de trafic de drogues ni de crime organisé. Nous voulons que le Hondurien sente la présence d’un État qui garantit ses droits, dans lequel il peut vivre en paix. Notre police sera une police préventive communautaire, disciplinée et fraternelle, une police qui doit cultiver le sentiment de service. Nous transformerons peu à peu les organisations des corps de sécurité pour qu’ils deviennent des collaborateurs des citoyens. Nous allons concentrer nos plus gros efforts sur 4 secteurs que les citoyens mettent en avant en permanence : l’éducation, la santé, la sécurité et l’emploi.
Ce seront les véritables ancres du progrès et du développement : l’éducation, la priorité suprême. Dès demain, nous entamerons le dialogue avec les maîtres pour que nos enfants retournent en classe de façon présentielle. Nous devons redéfinir le secteur de la santé dans toute son infrastructure et le réseau national en donnant la prééminence au secteur public qui doit se consacrer à la prévention et eu renforcement des soins primaires en mettant l’accent sur les enfants, les femmes et les vieux. La sécurité, pas seulement juridique mais aussi la sécurité des citoyens, la sécurité sociale, la sécurité de pouvoir parler en toute liberté et sans craindre de représailles, la sécurité qui admet les opinions contraires.
Compatriotes, dans le cadre de ce Bicentenaire, refonder est plus qu’un mot, c’est une mission indispensable à laquelle on ne peut renoncer et envers laquelle nous devons nous engager à cause du mandat direct que le peuple nous a donné de façon écrasante dans les urnes.
Le gouvernement ne sera pas seul, il sera accompagné par la voix et l’opinion du peuple par l’intermédiaire de consultations du peuple.
C’est pourquoi je convoque dès à présent le peuple hondurien et je demande au Congrès National d’approuver la loi sur la participation des citoyens aux consultations. Nous en pouvons pas être attachés au fait d’obtenir 86 voix qui remplacent la voix du peuple et qui ne nous permettent pas de consulter le peuple.
Dans le cadre du respect des droits de l’homme que la Résistance a fait bouger avec ses martyrs pendant ces 12 années de lutte, à partir de cette présentation de ma Promesse de Loi, conformément au rôle que la Constitution m’a attribuée : diriger la politique de l’État et le représenter avec l’engagement ferme d’assurer à tous la jouissance de la justice, de la liberté, de la culture, du bien-être économique et social, j’ordonne :
1. Que plus d’1 000 000 de familles qui vivent dans la pauvreté et consomment moins de 150 kilowatts par mois, à partir de ce jour, ne paient plus de facture de consommation d’énergie. La lumière sera gratuite dans leurs foyers. Comme cette décision implique un côt plus élevé pour l’Entreprise Nationale d’Energie Electrique, ceux qui consomment beaucoup devront payer plus pour compenser l’énergie que nous donnerons gratuitement aux pauvres du Honduras.
2.J’enverrai le projet de loi au Congrès National pour créer une subvention pour les combustibles et obtenir une réduction des prix actuels.
3.J’ordonne à la Banque Centrale et au ministère des Finances de créer des mécanismes légaux de marché pour faire baisser les intérêts bancaires sur la production.
4.Il faudra attribuer un budget au ministère de l’Education pour commencer cette année scolaire avec des classes présentielles pour nos enfants, nos jeunes, en leur assurant l’inscription gratuite, le repas à l’école, les vaccins et les masques.
5.Tout mon Gouvernement doit se concentrer sur le développement agroalimentaire et la souveraineté alimentaire. Nous allons renégocier les clauses du CAFTA.
6.Nous travaillerons conjointement avec les Forces Armées à la protection de l’environnement.
7.Jamais de permis pour des mines ouvertes ou pour l’exploitation de nos minerais, jamais plus de concessions pour l’exploitation de nos fleuves, de nos bassins hydrographiques, de nos parcs nationaux et de nos forêts tropicales.
8.J’accorderai une attention particulière au développement agro-forestier, au développement industriel, à la promotion du tourisme et à une politique fiscale et monétaire stricte.
9.Dans les 100 premiers jours qui viennent, nous prendrons les mesures urgentes que j’ai promis de prendre lors de ma campagne pour la refondation du Honduras.
10. Liberté pour les prisonniers politiques de Guapinol.
11. Justice pour Berta Cáceres.
12. Vieux, personnes handicapées, enfants et jeunes, peuples indigènes et afrodescendants, communauté LGTBI, tous auront un lieu et les soins nécessaires sous mon gouvernement.
13. Lors de ce premier mois de législature, on doit démanteler les réformes constitutionnelles et légales aberrantes avec des contrats du Pouvoir Exécutif qui portent atteinte à la souveraineté populaire auxquelles le Congrès National a illégalement donné son aval comme celles des ZEDE.
14. C’est un engagement pris par l’alliance, de promulguer la Loi de Condamnation du Coup d’État qui a détruit le fil constitutionnel, la Loi de Condamnation de la Sentence de Réélection illégale qui est en soi un délit de trahison envers la Patrie, la loi d’Amnistie des prisonniers politiques, des prisonniers de conscience et la Loi pour le retour des Honduriens en exil.
J’ordonne qu’on rende la nationalité qu’on lui a volée pendant le coup d’État au père Andrés Tamayo.
Abroger les lois approuvées en moins de 60 jours en une hémorragie législative, en particulier celles destinées à piller les coffres publics pour arrêter l’appareil politique clientéliste, les lois destinées à la destruction de la protection sociale et à la criminalisation des protestations, les lois qui encouragent la corruption et le pillage des richesses publiques, les fidéicommis, les contrats et les concessions qui portent atteinte à l’économie. Il nous revient de garantir que les temps obscurs de la dictature législative ne reviennent jamais parce que le Congrès National sera devenu démocratique.
En cette année 2022, on doit garantir la réalisation de la première consultation du peuple historique et transparente sur les réformes constitutionnelles.
La réforme immédiate du budget de la République qui viole les règles constitutionnelles sur le régime économique et financier et sur les finances publiques, l’installation de la Commission Nationale et Internationale pour le Combat Frontal contre la Corruption et l’Impunité au Honduras avec le soutien de l’Organisation des Nations Unies sont des tâches qui doivent être exécutées immédiatement.
J’ai ordonné au ministre des Relations Extérieures d’en voyer une communication aux Nations Unies pour leur demander leur soutien et leur assistance face à la corruption.
Un Etat ouvert et une république digital sont nos propositions pour stimuler le développement du pays et renforcer notre capacité à auto-gérer de plus en plus efficacement nos besoins dans tous les domaines.
Une politique étrangère citoyenne, tournée vers l’Amérique centrale, latino-américaine, souveraine et solidaire.
Nous soutenons le multilatéralisme et la complémentarité.
Cher peuple hondurien, cette date est une date qui restera dans notre histoire comme l’empreinte d’une génération qui a décidé d’être libre et apportera en héritage aux générations futures la possibilité de grandir en pensant qu’un monde meilleur est possible.
Notre vision du monde fait passer l’être humain avant les règles du marché. Nous sommes dans les meilleures dispositions et nous avons l’esprit de dialogue.
Plus jamais de violence contre les femmes, je vais, de toutes mes forces, fermer la brèche et créer les conditions pour que nos fillettes puissent se développer pleinement et vivre dans un pays sans violence.
Femmes honduriennes, je ne vous ferai pas défaut, je vais défendre vos droits, tous vos droits, comptez sur moi.
Jusqu’à la victoire, toujours !
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