Salvador : Échec de la stratégie de sécurité de Bukele ?
Par: María Josefina Arce
Le Salvador a vécu une fin de semaine violente. Soixante-seize assassinats, attribués aux gangs, ont été enregistrés dans la nation centraméricaine, remettant en cause la stratégie de sécurité gouvernementale, tant prônée par le président Nayib Bukele et à laquelle il attribue une diminution du nombre de meurtres.
La réponse gouvernementale, soutenue par l’Assemblée Législative, dans les mains du parti au pouvoir, Nuevas Ideas, a été de décréter un état d’urgence de 30 jours, ce qui a fait sauter (sic!) les alarmes concernant d’éventuelles violations des droits de l’homme.
La mesure implique la suppression de la liberté d’association, abolit l’interdiction d’interception des télécommunications sans autorisation judiciaire et porte la durée de la détention administrative de 72 heures à 15 jours.
On a constaté de même le renforcement de la présence de la police et l’armée dans les rues, ce qui constitue un mauvais augure pour une grande partie de la société, qui craint une augmentation du recours à la force contre les citoyens.
Une étude de l’Observatoire des Droits de l’homme de l’Université Centraméricaine indique qu’au Salvador les prérogatives des citoyens risquent de ne même pas être défendues face à des actions qui ont démantelé la division des pouvoirs et l’institutionnalisme.
Le document note également qu’en 2021 il y a eu une augmentation des cas de personnes disparues, de féminicides et de limitation illégale de la liberté de déplacement, ce qui viole le droit à la vie et à l’intégrité personnelle.
La décision d’instaurer le régime d’urgence est pour beaucoup une évidence du fait que la stratégie de sécurité n’est pas effective pour contenir la criminalité. Le Centre d’Études Juridiques, a également déclaré que cette mesure est une preuve de l’échec total du Plan de Contrôle Territorial, ou plutôt son inexistence.
Il a révélé de même que “la grave situation de l’augmentation des meurtres semble être le prétexte parfait pour demander la suspension des garanties constitutionnelles »
Déjà en novembre, le pays centraméricain a subi un autre rebond d’homicides, dans lequel 45 salvadoriens ont perdu la vie en trois jours, et le gouvernement a tenté de les attribuer à l’opposition sans entrer dans les détails ou présenter des preuves.
Ce qui est curieux est que les assassinats ont été commis dans des zones classées prioritaires par le Plan de Contrôle Territorial, et où l’on suppose que la phase quatre était déjà en cours.
Le gouvernement militarise les rues et réduit les droits des citoyens, laissant de côté les causes sociales et économiques qui continuent d’encourager l’existence des gangs, l’un des principaux problèmes de la société salvadorienne. La pauvreté, le chômage et le manque d’opportunités conduisent de nombreux jeunes à s’impliquer dans ces groupes criminels.
La société salvadorienne n’a pas besoin de plus de militarisation, mais de politiques sociales en faveur des plus vulnérables, que l’État atteigne les quartiers marginalisés pour éliminer les inégalités et garantir un avenir à leurs habitants.
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