Argentine : Les Iles Malouines, une enclave stratégique de l’OTAN
L’arrière-goût de la guerre ne se dissipe pas facilement. Il suffit de tourner les yeux vers les Iles Malouines australes, un archipel qui héberge une importante base aéronavale au sud du parallèle sud.
Une chose curieuse, étant donné son rayonnement vers l’Antarctique comme l’a fait remarquer l’ancien chef de l’armée argentine, Martín Balza, dans une interview, e til a indiqué que le Royaume Uni a à sa disposition, dans l’océan, l’île Diego García et au nord de l’Atlantique sud, contrôle l’île d’Ascensión par la grâce des Etats-Unis.
Avec les Iles Malouines, « se forme un triangle qui permet à un membre de l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN) de contrôler le passage de l’océan indien vers l’Atlantique et de l’est vers le pacifique en plus de l’Atlantique sud, » déclare Balza.
Cette position privilégiée s’est renforcée grâce à la guerre des Malouines, dans laquelle l’OTAN s’est ingérée de façon très importante. Qui dit OTAN pourrait aussi bien dire Etats-Unis car « le soutien de l’alliance Atlantique pendant la guerre a été géré par ce pays qui commande militairement l’Organisation, » dit l’ancien chef de l’armée argentine.
C’est à l’initiative des Etats-Unis que s’est concocté l’OTAN en 1949. S’y sont joints dès le début le Royaume Uni, le Canada, le Danemark, la France, la Belgique, l’Islande, l’Italie, la Norvège, le Portugal, la Hollande et le Luxembourg. L’ Organisation s’est ensuite élargie vers l’est, avec une énergie particulière après la chute de l’URSS. Aujourd’hui, 30 pays en font partie.
En 1982, la force militaire la plus importante du monde est venue défendre le Royaume Uni pour briser les aspirations argentines sur les Iles Malouines.
« Je pense que notre diplomatie n’a pas évalué du tout non seulement les relations historiques des Etats-Unis avec le Royaume Uni mais aussi l’amitié personnelle et les engagements en Europe de Donald Reagan (1981-1989) envers Margaret Thatcher (1979-1990) qui dataient d’avant leur accession au pouvoir, » dit le général à la retraite, 40 ans après la guerre des Malouines dont c’est l’anniversaire samedi.
Balza, qui, en 1982 , était lieutenant-colonel quand il a été envoyé dans l’archipel en tant que chef du groupe d’artillerie 3, n’a pas eu l’ombre d’un doute sur le fait que dès le début, « les Etats-Unis et par conséquent l’OTAN allaient soutenir le Royaume Uni, comme ça a été le cas. »
L’intervention de l’Amérique du Nord a été essentielle dès l’instant où elle a permis au Royaume Uni d’utiliser l’île d’Ascensión. « Sans ce soutien, la flotte britannique n’aurait pas pu atteindre le sud, » précise-t-il.
Les Etats-Unis ont aussi fourni à son associé des missiles Sidewinder (air-air) que le Royaume Uni ne possédait pas. « Rien qu’avec cela et avec les informations par satellites dont ils avaient besoin, c’était suffisant. »
Unis contre l’Argentine
La France du président François Mitterrand (1981-1995) a aussi joué un rôle non négligeable dans la guerre des Malouines. Le socialiste, qui avait vendu 5 missiles Exocet (air-mer) à la dictature argentine, a annulé la remise de 20 autres et a déclaré un un embargo sur les armes et les avions contre ce pays. C’est ce qu’a révélé en 2002 au Daily Telegraph John Nott, qui était le ministre britannique de la Défense en 1982.
Paris a aussi fourni au Royaume Uni des avions Super Étendard et Mirage identiques à ceux qu’il avait fourni à Buenos Aires « pour que les pilotes britanniques puissent s’entraîner à combattre les mêmes avions que ceux qu’avaient les Argentins. »
« A l’intérieur de l’OTAN, il fallait convaincre les partenaires du Royaume Uni que l’envoi d’un contingent naval considérable dans l’Atlantique sud n’allait pas affaiblir l’Organisation en Europe parce qu’ils ne l’auraient pas fait. » « Ils n’ont pas tardé à apporter leur soutien. Et la diplomatie britannique a agi avec sa sagacité habituelle. »
En 1983, une publication intitulée The Sunday Times Insight Team (traduit par « Une face de la monnaie ») a révélé qu’il « y avait une raison très importante et assez cynique à cet enthousiasme pour soutenir la guerre et c’est que l’Atlantique sud était le meilleur terrain d’essais pour les forces de l’OTAN. »
« Aucun des soutiens apportés au Royaume Uni ne peut nous surprendre mais l’inaptitude de la Junte Militaire et des hauts responsables argentins les a fait considérer cette situation comme favorable, » et ainsi a été mise en relief l’incapacité de la dictature à mettre en place une stratégie militaire.
Savoir négocier
Le succès de l’Opération Rosario qui a permis à la Junte de récupérer les Iles Malouines le 2 avril 1982 a enthousiasmé les militaires parce que c’était une « opération bien préparée » car un contingent de pas moins de 200 membres de l’infanterie de marine britannique qui surveillait l’archipel a été neutralisé.
Après la conquête des Malouines, « l’idéal aurait été d’accepter la résolution 502 du Conseil de Sécurité des Nations Unies 3 avril, de retirer les troupes et de négocier, » déclare Balza.
A son avis, «on aurait internalisé le conflit et on aurait négocié dans des circonstances favorables. » Mais cela ne s’est passé comme ça. « Ce qui s’est passé, c’est que récupérer les Malouines a provoqué une crise qui a duré tout le mois d’avril et a provoqué une guerre incompréhensible qui a débuté le 1er mai. »
Napoléon Bonaparte disait : « Un général ne doit pas se presser de considérer une situation comme favorable, » rappelle l’ancien chef de l’armée. « Le 2 av ril, c ‘était facile. C a a eu lieu, il n’y a eu aucun mort britannique, seulement une perte argentine. Mais il semble que cela les ait enhardis et leur ait fait croire que c’était un succès permanent. »
L’Argentine également a mal évalué sa situation internationale. « C’était un pays de la périphérie, discrédité par les violations des droits de l’homme, affecté par uen déprofessionnalisation. Qu’allait-elle faire face aux forces de l’OTAN qui avait 3 membres permanents au Conseil de Sécurité des Nations Unies : les Etats-Unis, la France et le Royaume Uni ? » demande-t-il.
Sur de fausses bases, la Junte pensait que le Royaume Uni n’allait pas réagir et qu’en tout cas, les Etats-Unis resteraient neutres ou soutiendraient l’Argentine. « C’était mal connaître l’histoire de al guerre, » déclare Balza.
Sans contrôle de la mer, une chose très importante pour avoir la victoire dans une zone insulaire, sans supériorité aérienne et avec le Royaume Uni et l’OTAN contre elle, l’Argentine était condamnée.
Balza est l’un des militaires les plus célèbres en Argentine après que, le 25 avril 1995 , il soit apparu sur toutes les télévisions argentines pour demander pardon au nom de l’£Armée pour les crimes contre l’humanité qu’elle a commis pendant la dernière dictature.
Le conflit que la Junte militaire argentine du général Leopoldo Galtieri (1981-1982) a engagé contre le Royaume Uni a laissé sur la terre des Iles Malouines presque un millier de morts.
Buenos Aires et Londres ont rétabli leurs relations diplomatiques en février 1990, sous le Gouvernement du président argentin Carlos Menem (1989-1999).
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
NOTE de la traductrice:
Un abonné me fait savoir qu'il y a aussi du pétrole à proximité des Iles Malouines... Je le remercie pour cette précision qui n'est pas sans importance...
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