Chili : Une mesure désespérée pour empêcher les changements
Par Alejandro Baeza
À un peu plus de trois mois du plébiscite lors duquel les peuples du Chili devront décider s’ils approuvent ou non la proposition de nouvelle Constitution, la dernière mesure qu’essaie d’imposer la classe politique, dans un geste absolument antidémocratique, est l’idée que ce doit être le Congrès qui réforme la Constitution à peine approuvée. Elle essaie de réduire ainsi au minimum la capacité réelle de changement dans le nouvel ordre politique du pays.
La bataille de la classe politique traditionnelle chilienne représentante du statu quo concentre en ce moment son énergie sur la Commission des Règles Transitoires de la Convention Constitutionnelle, une instance qui travaille à la coordination nécessaire pour la mise en place de la nouvelle Constitution au cas ou elle serait approuvée le 4 septembre.
Même si dans ce qu’on appelle « L’accord pour la paix » du 15 novembre 2019, la classe politique a cédé comme elle ne l’avait jamais fait dans toute son histoire pour donner un espace institutionnel au processus constituant que les peuples du Chili avaient déjà engagé, la droite a mis comme condition que les articles soient approuvés par deux tiers des voix en session plénière, croyant qu’elle obtiendrai les 50 voix nécessaires pour bloquer les transformations réelles.
Comme cela n’est pas arrivé, la principale barrière que l’élite chilienne a instaurée pour freiner les changements réels fut le Parti Socialiste, l’ancienne Concertation et dans une bonne mesure certains secteurs du Front Large. Mais les changements obtenus par le nouveau pacte social sont suffisants pour que les grands pouvoirs économiques fassent l’impossible pour qu’ils ne soient pas appliqués non seulement grâce à une campagne agressive contre la Convention et en faveur du rejet de ses mesures dans ses médias et dans ses instituts de sondage mais en exerçant son influence à l’intérieur de l’organisme pendant tout le débat, jusqu’à aujourd’hui et alors que le premier brouillon de propositions de nouvelle Constitution a déjà été remis.
Même s’il y a eu des tentatives ratées comme « Jaunes pour le Chili » ou « troisième voie » et d’autres pour faire monter des critiques de personnes non associées à la droite classique, elles n’ont pas accroché et ils n’ont pas réussi à se transformer en acteurs d’intérêt.
Mais ces secteurs ont habilement compris que leur bataille, ils peuvent la livrer maintenant à la Commission des Règles Transitoires où ils essaient de n’importe quelle façon de faire croire, essentiellement à travers des personnalités de l’ancienne Concertation, qu’il serait prudent que ce soit l’actuel Congrès qui applique les réformes du texte plébiscitées pour limiter certains des points qui leur paraissent « conflictuels », une idée absolument antidémocratique. Pourquoi ? Parce que la nouvelle Constitution définit de nouvelles institutions non seulement à cause de l’élimination du Sénat, de la parité et des sièges réservés (ce qui serait la base pour avoir la légitimité de réformer) mais parce qu’elle applique une série de changements et dans certains cas reformule complètement la façon d’administrer l’État.
L’actuel pouvoirs législatif est sortant. Comment les sénateurs pourraient-ils décider si leur poste lucratif assuré pour 8 ans continuera d’exister et de ce qui va se passer avec leur charge à la chambre des Régions? Là se trouve clairement le schéma antidémocratique de cette proposition.
Il faut, avant d’envisager de faire n’importe quelle réforme, d’abord réaliser des élections sous le nouveau système. Le Pouvoir Constituant est en soi au-dessus de toute institution du pouvoir de la Constitution de Pinochet à la retraite. Ce serait non seulement un attentat contre la démocratie mais aussi contre toute logique que l’actuel Congrès puisse avoir une quelconque influence.
Les actuels législateurs ne peuvent pas non plus automatiquement faire partie de la prochaine institution car de nouvelles attributions constitutionnelles exigent qu’on réinvente les charges en elles-mèmes: le nouveau Congrès des députés ne sera pas le même que l’actuelle chambre basse, il va avoir de nouveaux rôles, de nouvelles attributions, par conséquent les gens qui postulent à ces charges doivent en accord avec les propositions faites à l’électorat dans cette nouvelle entité.
La manœuvre actuellement en marche est très grave. Si elle réussit à s’installer, la vérité est que voter « J’approuve » ne vaudra rien, et alimentera de façon importante la rage et le mal-être social qui n’a pas disparu après l’explosion sociale. Les peuples du Chili doivent faire valoir leurs droits de n’importe quelle façon, nous ne pouvons pas permettre qu’à nouveau l’élite passe par-dessus notre souveraineté et écrase nos décisions quand elles ne leur conviennent pas. Soyons attentifs.
Traduction de Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/05/chili-une-mesure-desesperee-pour-empecher-les-changements.html
À un peu plus de trois mois du plébiscite lors duquel les peuples du Chili devront décider s’ils approuvent ou non la proposition de nouvelle Constitution, la dernière mesure qu’essaie d’imposer la classe politique, dans un geste absolument antidémocratique, es l’idée que ce doit être le Congrès qui réforme la Constitution à peine approuvé et ainsi essayer de réduire au maximum la capacité réelle de changement dans le nouvel ordre politique du pays.
La bataille de la classe politique traditionnelle chilienne représentante du statu quo concentre en ce moment son énergie sur la Commission des Règles Transitoires de la Convention constitutionnelle, une instance qui travaille à la coordination nécessaire pour la mise en place de la nouvelle Constitution au cas ou elle serait approuvée le 4 septembre.
Même si dans ce qu’on appelle « L’accord pour la paix » du 15 novembre 2019, la classe politique a cédé comme elle ne l’avait jamais fait dans toute son histoire pour donner un espace institutionnel au processus constituant que les peuples du Chili avaient déjà engagé, la droite a mis comme condition que les articles soient approuvés par deux tiers de la session plénière, croyant qu’elle obtiendrai les 50 voix nécessaires pour bloquer les transformations réelles.
Comme cela n’est pas arrivé, la principale barrière que l’élite chilienne a instaurée pour freiner les changements réels fut le parti socialiste, l’ancienne Concertation et dans une bonne mesure certains secteurs du Front Large. Mais les changements obtenus par le nouveau pacte social sont suffisants pour que les grands pouvoirs économiques fassent l’impossible pour qu’ils ne soient pas appliqués non seulement grâce a une campagne agressive contre la Convention et en faveur du rejet de ses mesures dans ses médias et dans ses instituts de sondage mais en exerçant son influence à l’intérieur de l’organisme pendant tout le débat, jusqu’à aujourd’hui et alors que le premier brouillon de propositions de nouvelle Constitution a déjà été remis.
Même s’il y a eu des tentatives ratées comme « Jaunes pour le Chili » ou « troisième voie » et d’autres pour faire monter des critiques de personnes non associées à la droite classique, elles n’ont pas accroché et ils n’ont pas réussi à se transformer en acteurs d’intérêt.
Mais ces secteurs ont habilement compris que leur bataille, ils peuvent la livrer maintenant à la Commission des Règles transitoires ou ils essaient de n’importe quelle façon de faire croire, essentiellement à travers des personnalités de l’ancienne Concertation, qu’il serait prudent que l’actuel Congrès soit celui qui applique les réformes du texte plébiscitées pour limiter certains des points qui leur paraissent « conflictuels », une idée absolument antidémocratique. Pourquoi ? Parce que la nouvelle Constitution définit une nouvelle institutionnalité non seulement à cause de l’élimination du Sénat, de la parité et des sièges réservés (ce qui serait la base pour avoir la légitimité de réformer) mais parce qu’elle applique une série de changements et dans certains cas reformule complètement la façon d’administrer l’État.
L’actuel pouvoirs législatif est sortant. Comment les sénateurs pourraient -ils décider si leur poste lucratif assuré pour 8 ans continuera d’exister et de ce qui se passera avec leur charge à la chambre des Régions? Là se trouve clairement le schéma antidémocratique de cette proposition.
Il faut, avant d’envisager de faire n’importe quelle réforme, d’abord réaliser des élections sous le nouveau système. Le pouvoir constituant en lui-même est au-dessus de toute institution du pouvoir de la Constitution de Pinochet à la retraite. Ce serait non seulement un attentat contre la démocratie mais aussi contre toute logique que l’actuel Congrès puisse avoir une quelconque influence.
Les actuels législateurs ne peuvent pas non plus automatiquement faire partie de la prochaine institution car de nouvelles attributions constitutionnelles exigent qu’on réinvente les charges en elles -mèmes: le nouveau Congrès des députés ne sera pas le même que l’actuelle chambre basse, il va avoir de nouveaux rôles, de nouvelles attributions, par conséquent les gens qui postulent à ces charges doivent être à la base des propositions faites à l’électorat dans cette nouvelle entité.
La manœuvre actuellement en marche est très grave. Si elle réussit à s’installer, la vérité est que voter « j’approuve » ne vaudra rien, et alimentera de façon importante la rage et le mal-être social qui n’a pas disparu après l’explosion sociale. Les peuples du Chili doivent faire valoir de n’importe quelle façon leurs droits , nous ne pouvons pas permettre qu’à nouveau l’élite passe par-dessus notre souveraineté et écrasent nos décisions quand elles ne leur conviennent pas. Soyons attentifs.
Traduction de Françoise Lopez pour Bolivar infos un
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