Amérique latine: Biden cède au chantage de groupes d’intérêts
Le président Andres Manuel Lopez Obrador a répondu aujourd’hui à l’argument brandi par le Gouvernement des États-Unis qui a qualifié de « dictatures » les Gouvernements des trois pays exclus du sommet des Amériques, a regretté que le président Joe Biden cède aux pressions de groupes d’intérêts et est certain qu’il va cesser de céder à ce chantage.
« Ils continuent de la même façon parce que ce n’est pas que le Mexique, c’est le monde, les pays du monde sont nombreux. Dans le cas des États-Unis, avec tout le respect que je leur dois, c’est la façon de faire de deux siècles dans le cas de l’Amérique, on n’invite pas tous les pays au sommet parce qu’on les considère comme des « dictatures » ou parce qu’ils n’ont pas de bonnes relations avec ces pays. Qui autorise une nation à en exclure une autre ? Y a-t-il un Gouvernement mondial ? » a déclaré le président ce matin dans sa conférence de presse au palais national.
Il a déclaré qu’on ne peut pas continuer à parier sur l’interventionnisme, l’absence de respect de l’indépendance et de la souveraineté des nations mais qu’on doit chercher des solutions à travers le dialogue. C’est pourquoi il a décidé de ne pas aller au neuvième sommet des Amériques qui a commencé hier à Los Angeles et se déroulera toute cette semaine.
« Déjà les choses ont changé, nous allons chercher à nous intégrer, à avoir des relations de fraternité, nous allons chercher à nous compléter, plus d’affrontement, déjà plus de charge idéologique, plus de dogmatisme, plus de préjugés, nous n’allons pas continuer à progresser avec des politiques qui portent atteinte au peuple. Quelle faute ont commise les gens de Cuba ou de n’importe quel pays qui, parce que ça convient aux élites politiques et économiques, elles souhaitent, elles poussent pour qu’il y ait des blocus et des politiques contraires aux pays alors que cela porte préjudice aux gens. A qui cela profite-t-il ? A ceux d’en haut. »
Il a rappelé qu’hier, en confirmant son refus d’assister au forum continental, il a parlé des pressions de groupes des les deux partis des États-Unis envers le président Biden.
« Je disais, il y a 50 sénateurs du parti démocrate 50 du parti républicain et il y en a un qui est de la commission des affaires étrangères (le démocrate Bob Menéndez d’origine cubaine), celui qui fait la différence parce qu’il peut faire pencher la balance et celui-ci dit : qu’on n’invite pas Cuba ni les autres. Alors, ce n’est pas possible parce que ce monsieur ne veut pas, parce que peut-être un membre de sa famille a quitté Cuba au moment de la Révolution, bon, mais c’était il y a 60 ans. Ne pouvons-nous pas pardonner ? Ne pouvons-nous pas comprendre que nous devrions chercher la fraternité et en plus ne pas nous servir de la douleur des gens ? »
Lopez Obrador a insisté sur le fait que le blocus économique des États-Unis contre Cuba a un impact négatif sur la population de l’ile puisqu’elle ne peut pas acheter des produits de base comme des aliments et des médicaments.
« L’entreprise qui les vend aux autres pays se retrouve sur une liste noire et ne peut rien vendre aux États-Unis, un bateau qui va à Cuba est rayé, pire, ils déclarent que c’est un pays « terroriste » et qu’on ne peut faire aucun accord, que personne ne peut se rendre dans un pays « terroriste. » Alors, sommet des Amériques, pourquoi ? »
Il a répété que le président &étasunien a de bonnes intentions mais « est soumis à de fortes pressions, à des chantage de ces personnages qui poussent avec cette politique, bien que je comprenne la position du président Biden je ne la partage pas parce que cela ne peut pas être permis, il est temps de dire « ça suffit et on ne va pas me faire du chantage. » Parce que, d’abord, il y a les peuples et je pense parce qu’en cela aussi ils se trompent, ils pensent que s’ils invitent tous les pays d’Amérique, ils pensent qu’ils vont perdre des voix, que ça va renforcer le parti républicain. Non ! »
Le président a lié le thème au problème de la migration et à l’utilisation électorale que certains groupes aux États-Unis font de ce phénomène. Alors, il a condamné la maltraitance des migrants et considéré que « maintenant que les campagnes arrivent, comme par hasard, arrivent les caravanes. »
À une question sur la nouvelle caravane composé de plus de 5000 personnes de 18 nationalités différentes qui est partie hier de Tapachula, Chiapas, et avance vers le nord, le président a remarqué qu’il fallait investir en Amérique centrale pour s’occuper des causes de la migration et qu’il cherche à ce que la Maison-Blanche assume ce modèle de soutien direct.
« Maintenant que les campagnes arrivent, comme par hasard arrivent les caravanes. Là, il en vient une autre, oui, évidemment il y a des besoins c’est la raison du phénomène migratoire mais on les encourage et il y a un trafic de personnes, il y a des bandes qui se consacrer à cela. Nous devons faire attention aux transports, faire attention à la vie des migrants parce qu’ils sont transportés dans des remorques 300, 400 migrants dans des conditions inhumaines et nous sommes derrière les transporteurs parce que, je l’ai déjà dit à la table sur la sécurité, ce n’est rien de plus que le chauffeur qu’on arrête ou qui s’enfuit, non, c’est celui du transport et nous allons enquêter à fond et ensuite protéger les migrants, nous allons continuer à les respecter mais aussi à dénoncer ceux qui sont derrière cette tentative pour aggraver le problème dans le but de porter atteinte à un parti ou un autre, » aux États-Unis.
Lopez Obrador a condamné le fait que depuis les États-Unis, il y ait des gens qui soutiennent son Gouvernement pour qu’il ferme la frontière sud au passage des migrants.
« Pas un centime et nous n’acceptons pas, il n’y a déjà plus le plan Mérida qui existait. Nous, nous voulons une relation de respect de coopération pour le développement, ce que nous envisageons, c’est qu’on investisse en Amérique centrale. Nous,nous le faisons par solidarité au Honduras, au Salvador, au Guatemala, avec (le programme) « en semant la vie » et « jeunes qui construisent le futur » parce que cela prouve, nous avons déjà les analyses, les évaluations, qu’avec le peu que nous investissons, parce que nous n’avons pas beaucoup de ressources, nous avons déjà obtenu que beaucoup de jeunes au Salvador et au Honduras restent dans leurs communautés, nous pouvons le prouver et ce modèle, cette essai, c’est ce que nous voulons que fasse le Gouvernement des États-Unis, qu’il investisse, depuis 5 ans on parle de 4 000 000 000 de dollars (pour ce soutien) et il n’est pas arrivé un centime, » a déclaré le président.
Il a indiqué que des sénateurs comme Menéndez et un autre comme Ted Cruz sont de féroces opposants à la migration et à la réforme migratoire envisagée par Biden pour régulariser au moins 11 000 000 de personnes et en tant que membre du Congrès des États-Unis, Ils ont empêché l’approbation de 4000 000 000 de dollars pour le développement de l’Amérique centrale qui aurait pu éviter la migration mais par contre, ils participent à la promotion et donnent leur aval à quelques 40 000 000 000 de dollars pour fournir des armes à l’Ukraine dans le cadre de la guerre contre la Russie.
Sur l’utilisation de la migration dans la campagne électorale aux États-Unis, il a dit que tout acteur dans ce pays qui pratique la xénophobie, le clacisme et agit contre les migrants ou maltraite un Mexicain « n’aura pas notre soutien. »
–L’ancien président Donald Trump a-t-il votre soutien ? lui a-t-on demandé à propos des positions qu’il a eues contre les migrants.
À son époque, nous sommes allés le voir. Tout cela a à voir et c’est un autre problème de fond. Parce qu’ils ont des campagnes et qu’ils ne peuvent plus rien faire. Cette année, aux États-Unis, on ne peut attendre de changement profond parce que tout se fait en fonction de l’élection de novembre.Cela aussi doit changer, il ne faut pas penser à la prochaine élection mais à la prochaine génération.
Il est rappelé que sous le mandat de Trump, il y a eu une relation de respect avec l’ancien président étasunien au point que le problème du mur n’a pas été traité lors de la visite que Lopez Obrador a faite à la Maison-Blanche en juillet 2020.
« Sans que nous lui en ayons parlé directement, il savait qu’il ne fallait pas évoquer le problème du mur pendant que nous aurions des relations et il ne l’a pas fait et ça a été une des conditions, pas des conditions mais des raisonnements quand je suis allé à la Maison-Blanche pour signer le traité (T–MEC). « J’y vais à condition qu’on n’évoque pas le problème du mur parce que si on évoque le problème du mur je vais répondre, » lui avais-je dit alors, et je lui ai amené par écrit ce que j’allais lui dire, je l’ai écrit et c’était un poème de Nicolas Guillén qui s’appelle « La muraille1 » et et je le lui ai donné à lire. »
NOTE de la traductrice :
"Le mur," par Nicolás Guillén
Pour construire ce mur,
apportez-moi toutes vos mains :
les Noirs, leurs mains noires,
les blancs, leurs mains blanches.
Un mur qui va
de la plage aux montagnes,
de la montagne à la plage,
au-dessus de l'horizon.
"Toc, toc!"
« Qui est-ce ? »
"Une rose et un oeillet..."
"Ouvrez le mur !"
"Toc, toc!"
« Qui est-ce ? »
"Le sabre du colonel..."
« Fermez le mur ! »
"Toc, toc!"
« Qui est-ce ? »
"La colombe et le laurier..."
"Ouvrez le mur !"
"Toc, toc!"
« Qui est-ce ? »
"Le scorpion et le mille-pattes..."
« Fermez le mur ! »
Au cœur de mon ami,
ouvrez le mur;
au poison et au poignard,
fermez le mur;
au myrte et à la menthe poivrée,
ouvrez le mur;
à la dent du serpent,
fermez le mur;
au rossignol dans la fleur,
ouvrez le mur...
Construisons un mur
rassemblant toutes vos mains ;
les Noirs, leurs mains noires,
les blancs, leurs mains blanches.
Un mur qui va
de la plage aux montagnes,
de la montagne à la plage,
à l'horizon...
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
URL de cet article :