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Brésil : Bolsonaro peut-il faire un coup d’Etat?

13 Juin 2022, 17:38pm

Publié par Bolivar Infos

L’outil pour assurer la défaite de Bolsonaro ne sera pas la conquête de la sympathie d’un secteur de la classe dominante pour la candidature de Lula mais la capacité de la gauche à mettre en mouvement des millions de personnes dans cette campagne.

 

Quand Bolsonaro lance la menace d’un coup d’état, les trompettes de la terrible défaite qui se rapproche s’imposent : le coup d’Etat fasciste au Brésil frappe à la porte.

 

Quand Datafolha signale que Lula peut gagner au premier tour, la spectaculaire victoire qui se rapproche s’agite : l’humiliante défaite de Bolsonaro frappe à la porte.

 

Ni les alarmistes de la défaite finale ni ceux qui proclament la victoire triomphale ne se trompent totalement et n’ont totalement raison. Mais ils se trompe plus sur ce qui s’approche parce qu’ils ont unilatéraux : il y a une certaine difficulté à observer les contradictions de la réalité. Il y a beaucoup de preuves que Bolsonaro s’est affaibli politiquement et socialement depuis l’explosion de la pandémie. Il y a une majorité du peuple qui le rejette fermement, surtout les travailleurs qui ont le moins de revenus, les noirs, les jeunes,ceux du nord-est et les femmes.

 

Si dans une situation politique il réagissait encore, cette inflexion positive ne se serait pas produite (un moment de transition dans la corrélation des forces dont le résultat est en litige), on ne pourrait pas expliquer rationnellement pourquoi Lula est sorti de prison, a récupéré ses droits politiques et est en tête des sondages avec la possibilité d’être vainqueur au premier tour.

 

Quelle est la base matérielle de ce changement positif ? L’expérience concrète des masses laborieuses et opprimées avec la tragédie sociale et économique provoquée par le gouvernement de Bolsonaro (faim, misère, chômage, génocide de la pandémie, violence, famine, etc.), ainsi que des facteurs internationaux comme la défaite de Trump aux États-Unis. Cette expérience concrète a un impact sur la conscience.

 

Cependant, Bolsonaro, bien qu’affaibli, n’est pas encore vaincu. Et cela fait une grande différence. Le néofasciste continue à avoir près de 30 % de soutien parmi la population (une minorité mais significative), une majorité du patronat (petite et moyenne bourgeoisie), le soutien du secteur de l’armée et de la police et toutes sortes de connexions avec des bandes criminelles, en plus d’avoir le contrôle du Gouvernement fédéral et une alliance avec le centre au Congrès.

 

Mais le plus important, ce ne sont pas ces éléments séparément. Ce qui est essentiel, c’est la capacité de combat du bolsonarisme qui peut utiliser ces facteurs de force, en particulier la mobilisation potentielle de sa base sociale (une caractéristique propre au fascisme). Par conséquent, la force politique et la stratégie putschiste de Bolsonaro ne peuvent être sous-estimées d’aucune manière en cette année cruciale.

 

La victoire stratégique de 2022 –la destitution de Bolsonaro de la présidence– peut être obtenue. Les conditions sont réunies: il y a une majorité sociale dans le pays contre lui et Lula s’est renforcé en tant qu’alternative électorale pour le vaincre. Mais la victoire doit se gagner dans la lutte, elle ne viendra pas sans lutte. Et la lutte sera dure et dangereuse : Bolsonaro ne quittera pas le pouvoir sans affrontement.

 

Le double défi des prochains mois

 

D’une part, il faut assurer la victoire de Lula dans les urnes, si possible au premier tour. D’autre part, il faut former et organiser le secteur des masses pour vaincre le coup d’Etat grâce a la mobilisation directe. La campagne de Lula, par conséquent, doit aller au-delà de l’importante bataille pour le vote populaire, elle doit devenir aussi un instrument de lutte contre le fascisme dans les rues.

 

C’est pourquoi, la stratégie de tourner « vers le centre » la campagne de Lula et d’augmenter les concessions politiques et dans le programme aux élites économiques, la nomination d’Alckmin comme vice-président ne suffisant pas, est une orientation erronée et dangereuse aussi sur le plan tactique. Elle ne tient pas compte sérieusement du fait qu’il ne s’agit pas d’une dispute électorale normale. Lula va affronter un fasciste avec un plan de coup d’Etat, avec la capacité de mobiliser les masses et avec un soutien social et militaire considérable.

 

Lula doit élargir sa campagne mais dans le sens de la transformer en un large mouvement de masse pour vaincre le fascisme et lutter pour les intérêts les plus sensibles du peuple laborieux et opprimé (la lutte contre la famine, par exemple, pour les salaires, l’éducation, la santé, la fin de la violence raciste et machiste, etc.).

 

L’outil pour assurer la défaite de Bolsonaro ne sera pas la conquête de la sympathie d’un secteur de la classe dominante pour la candidature de Lula mais la capacité de la gauche à mettre un mouvement des millions de personnes dans cette campagne. Si de larges secteurs de la classe laborieuse et de la jeunesse entrent en scène lors de ces élections, non seulement en votant Lula mais aussi en étant dans la rue, la défaite de Bolsonaro sera inévitable et toute tentative de coup d’Etat condamnée à l’échec.

 

Et la bataille électorale doit se combiner, en ce moment, avec la lutte immédiate pour les conditions de vie du peuple. Que ce soit la lutte pour l’augmentation des salaires des travailleurs face a l’inflation ou la mobilisation contre les actes continuels d’extermination de Noirs par la police.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/06/12/brasil-puede-bolsonaro-dar-un-golpe-de-estado/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/06/bresil-bolsonaro-peut-il-faire-un-coup-d-etat.html