Équateur : La police arrête des militants guévaristes
Les six membres masculins du mouvement guévariste qui ont été arrêtés le 19 mai dernier ont été transférés au centre de détention provisoire l’Inca dans le nord de Quito alors que les deux femmes ont été envoyées à la prison de Latacunga, selon ce que des membres de leurs familles ont déclaré à la presse.
Suivant les pas des montage judiciaires typiques, le procureur les accuse du délit présumé de « traite de personnes à fin de recrutement forcé pour des conflits armés. » Il affirme que le groupe « se rapproche des communautés de Cotopaxi, Chimborazo et de l’Amazonie pour enlever des personnes illégalement et les former militairement sur la frontière entre la Colombie et le Venezuela avec les guérillas dissidentes. »
De cette accusation stupide aux « faux positifs » dans le style colombien, il n’y a qu’un pas.
Un juge a condamné les 8 personnes à la prison préventive après qu’elles aient été arrêtées à leur domicile à Imbabura, Pichincha et El Oro.
Le jour des perquisitions
Les membres des familles se sont rendus à l’unité de flagrance sur l’avenue du 9 octobre pour connaître les détails concernant les charges qui pèsent sur les guévaristes. Nathalie Sierra, sociologue et tante d’Ernesto F, le dirigeant porte-parole du mouvement, a raconté que vers les 15 heures, les avocats ont pu entrer. Ernesto F a été arrêté chez lui, dans le centre de la ville, après qu’ils ai enfoncé la porte de son domicile, à déclaré Sierra.
Ernesto F est psychologue et professeur à l’université centrale de l’Équateur, il a une maîtrise d’études culturelles de l’université des Andes et fait un doctorat à l’université du rosaire de Colombie. Il est l’auteur de 7 livres et de plusieurs articles. En 2021, il a reçu le prix Enrique Garcés pour son travail intitulé « psychologie populaire de la schizophrénie » et le prix Joaquin Gallegos Lara pour son récit « Las Guarichas. »
Gabriela G a été arrêtée le 19 mai à 6h du matin. Les agents sont entrés dans les trois appartements de la propriété de son père bien que celui-ci leur ait indiqué où se trouvait sa fille. Ils sont même entrés dans la chambre où se trouvait son fils de 11 ans, a déclaré sa sœur Claudia. Le père n’a pas pu voir la réquisition des biens de Gabriela G. « C’est un droit que le propriétaire de la maison puisse être témoin de la perquisition. Jamais plus nous ne les laisserons entrer. »
Gabriela G, 38 ans, fait partie du mouvement guévariste depuis l’université où elle a étudié la sociologie et rencontré son conjoint (qui a également été arrêté). Elle a travaillé dans des institutions publiques et comme conseillère. Sa sœur dit que ses sujets de recherche étaient la protection spéciale de la population vulnérable comme les enfants et les adolescents.
Les membres des familles racontent que les avocats ont pu entrer vers les 15 heures jeudi et que l’audience de formulation de charges a débuté à 1h30 vendredi 20 mai et a duré jusqu’à 4 heures.
« Ils nous ont dit qu’un membre de la famille allait entrer pour chaque détenu mais ensuite ils n’ont pas permis aux familles d’entrer à cause du COVID. Cela a attiré notre attention parce que le COE national et cantonal avait déjà enlevé les limitations du nombre de présents, » a dit Claudia, la sœur de Gabriela G. La juge de l’unité de flagrance a réalisé l’audience grâce à Zoom.
Après l’audience, Gabriela G. n’a pas pu avoir de contacts avec son avocat jusqu’à mercredi matin, le 25 mai. Elle a été transférée à la prison de Latacunga mercredi vers midi. Patricia Almeida qui défend 5 des accusés a pu rendre visite aux détenus à El Inca.
Bien que sept jours se sont écoulés depuis leur arrestation, ils n’ont pas réussi à avoir une copie du dossier. Almeida a réussi à le voir un peu avant l’audience de vendredi dernier. Jusqu’à présent, on n’a même pas notifié par écrit aux défenseurs la tenue de l’audience, ce qui les a laissés sans défense. L’avocat a dit que malgré cela ils ont déjà fait appel de la prison préventive et attendent une réponse.
INREDH, dans un communiqué, a rappelé que « toutes les personnes ont le droit, si elles ont commis un acte en marge de la loi, à un procès équitable.
Ernesto F a travaillé dans cette organisation de droits de l’homme et prêté des services de psychologie et ils ont exhorté le Gouvernement et le système judiciaire « à ce que cette situation ne soit pas utilisée pour engager une chasse aux sorcières contre les mouvements sociaux ou pour justifier la répression des collectifs qui a fait le choix de la protestation sociale pacifique. »
Un avocat des détenus explique que l’idéologie du mouvement est le marxisme léninisme qui cherche une alternative au capitalisme, c’est pourquoi il se focalise sur les secteurs populaires. Il considère qu’il existe une persécution politique contre Ernesto F, le plus en vue du mouvement, qui a participé à des marches. « C’est un mouvement politique qui n’a accompli aucun acte délictueux dans le pays ni aucun acte armé. Il est sorti des manifestations comme la CONAIE, le FUT, les maîtres, » a dit Almeida.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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