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Honduras : Les procureurs entre la vérité, la justice et la mort

4 Juin 2022, 18:09pm

Publié par Bolivar Infos

 

L’impunité ronge les institutions du Honduras. Les procureurs comme les accusateurs sont victimes de menaces, de persécution et d’assassinats.

 

La victime la plus récente est la procureur environnementaliste nommée à Nacaome, dans le département de Valle dans le sud du Honduras, Karla Almendarez, qui a été assassinée par arme à feu alors qu’elle rentrait chez elle vendredi soir.

 

Le rapport 2021 de l’organisation Human Rights Watch indique qu’aussi bien les procureurs que ceux qui portent des accusations reçoivent des menaces de mort au Honduras.

 

Le manque d’enthousiasme des institutions met en danger les procureurs

 

Le responsable de l’unité spécialisée contre les réseaux de corruption, Luis Javier Santos, a rappelé qu’avec l’assassinat d’Almendarez, il y a déjà eu deux assassinats de procureurs dans la zone sud « où le crime organisé a augmenté silencieusement » et il s’est demandé : « Qu’est-ce qu’on attend pour démanteler les mafias du Sud ? »

 

Le procureur Santos évoque l’assassinat de Manuel Eduardo Diaz Mazariegos, le procureur des droits de l’homme au bureau régional du ministère public a Choluteca, assassiné le 24 septembre 2012 alors qu’il se rendait du premier tribunal de cette ville au bureau du procureur.

 

Santos a réclamé que les institutions réagissent à l’assassinat des procureurs. Aussi bien le Ministère Public que le secrétariat à la sécurité manquent toujours d’enthousiasme.

 

Même quand il s’agit de menaces et d’attentats, le manque d’enthousiasme est la réponse des institutions. Cela, le procureur de l’UFERCO le sait mieux que personne. Le 1er septembre 2008, Luis Javier Santos a été victime d’un attentat à San Pedro Sula, alors qu’il était accompagné par son petit garçon.

 

« Je pense que ces faits exigent une réponse ferme des institutions sinon ils vont continuer à tuer des procureurs, ils vont continuer à tuer des agents, ils vont continuer à tuer des employés du Ministère Public et rien ne se passe, » a déclaré Santos à une télévision de la capitale hondurienne.

 

Santos a rappelé le premier assassinat commis contre un procureur au Honduras, qui s’est déroulée à Santa Barbara et a signalé que le procureur général du ministère public, à ce moment-là, était Edmundo Orellana Mercado. Selon Santos, celui-ci avait dirigé l’opération destinée à capturer les responsables et les différentes opérations qui l’avaient précédée.

 

« Ça a été une réponse ferme. Maintenant, ils tuent un procureur, Ils attrapent celui qui a tiré mais personne ne veut aller tuer un procureur seulement comme ça, » a-t-il dit. Et il a ajouté : « Un procureur, on le tue parce qu’il est impliqué dans une enquête et il y a d’autres personnes derrière qui ont intérêt » à arrêter les investigations.

 

Affaires symboliques

Comme on l’a mis en évidence au début, l’assassinat de la procureur environnementaliste Karla Gabriela Almendarez n’est pas le premier dans la zone sud. Le cas du procureur des droits de l’homme Manuel Eduardo Diaz Mazariégos l’a précédé.

 

Tous deux ne sont pas les seules victimes dans le pays. Ces affaires obéissent à un certain schéma de violence contre les officiers de justice et nous rappelle l’assassinat de la procureur spécial des délits contre la vie, Marlène Banegas, et de la procureur environnementaliste Olga Patricia Eufragio, le 10 novembre 2014.

 

La procureur Marlène Banegas, au moment de sa mort, enquêtait sur l’assassinat par des tueurs à gages de la dirigeante paysanne Margarita Murillo, le 27 août 2014, alors qu’elle ensemençait sa parcelle de terre. Avec la mort de Banegas, l’enquête sur ce crime a été paralysée.

 

Le 18 avril 2013, a été assassiné le chef de l’unité sur le blanchiment d’argent du bureau du procureur spécial contre le crime organisé, Orlan Arturo Chávez, surnommé le Procureur d’or à cause de son efficacité, de son courage et de son engagement en tant que procureur.

 

Une autre affaire qui a eu un impact sur la société hondurienne, en particulier après les fortes déclarations qu’il avait faites quelques jours avant sa mort, le 7 décembre 2011, déclarations impliquant la participation de personnalités politiques, de forces de la sécurité publique et de patrons dans le trafic de drogue, a été l’assassinat d’Alfredo Landaverde. Celui-ci avait été coordinateur et ensuite conseiller de la direction de la lutte contre le trafic de drogue (DLCN).

 

Dans le cadre du coup d’Etat et de la restructuration politique criminelle qui a suivi celui-ci, le 8 décembre 2009, a été assassiné le coordinateur de l’époque de la direction de la lutte contre le trafic de drogue (DLCN) qui dépendait du ministère public, Julien Aristide Gonzalez, connu comme le tsar antidrogue.

 

Pendant le procès dans le district de New York contre le trafiquant de drogue et chef des Cachiros Devis Leonel Maradiaga, on a appris le nom de tous ceux qui se cachaient derrière la planification et étaient impliqués dans l’assassinat de Julian Aristides Gonzalez et d’Alfredo Landaverde ainsi que la participation des forces de sécurité publique.

 

Le commissariat national aux droits de l’homme (CONADEH), dans un communiqué, a déclaré que depuis 2004, environ 200 professionnels du droit ont perdu la vie dans des circonstances violentes. Sur ceux-ci, 18 % des victimes sont des femmes. 90 % de ces crimes restent impunis.

 

Traduction de Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/05/31/honduras-fiscales-entre-la-verdad-la-justicia-y-la-muerte/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/06/honduras-les-procureurs-entre-la-verite-la-justice-et-la-mort.html