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Amérique latine: Venezuela–Colombie un nouveau défi pour la diplomatie de paix

30 Août 2022, 17:20pm

Publié par Bolivar Infos

Par Geraldina Colotti

 

Le Venezuela et la Colombie ont rétabli leurs relations mutuelles. C'est officiel. Les ambassadeurs Félix Plasencia pour la République Bolivarienne et Armando Benedetti pour la République de Colombie sont arrivés à leur poste.

 

A son arrivée à Bogotá, Plasencia a manifesté sa ferme volonté « d'avancer dans la diplomatie de paix, dans cette seconde opportunité que nous offre l'histoire de rétablir les relations diplomatiques entre deux nations soeurs, » et a promis de « travailler 7 jours par semaine pour répondre aux intérêts des deux pays et  libérer des espaces vénézuéliens sous juridiction colombienne. »

 

Ce qu’il évoque, c'est principalement l’entreprise MONOMEROS, volée au  Gouvernement Bolivarien grâce a l'escroquerie de l’auto-proclamation de Guaido comme « président par intérim » du Venezuela, reconnue par le Gouvernement colombien précédent d'Ivan Duque, à la demande des États-Unis, en 2019.

 

Les démarches pour que l'entreprise qui fournit 37 % des fertilisants utilisés en Colombie revienne au peuple vénézuélien ont déjà commencé et on a désigné une nouvelle direction. Les médias hégémoniques ont essayé d'occulter le résultat positif en parlant d'une proposition de Petro pour acheter 51 % de l'entreprise vénézuélienne, très importante pour la sécurité alimentaire en ce moment où les prix augmentent à cause du conflit Ukraine.

 

L'autre sujet fondamental est celui de la réouverture de la frontière. Une frontière de plus de 2000 km qui sépare les deux pays, complètement fermée aux véhicules depuis 2015 et réouverte seulement pour les piétons depuis fin 2021.

 

En 2006, l’échange commercial entre la Colombie et le Venezuela atteignait 2 000 000 000 de dollars étasuniens selon les chiffres officiels. En 2008, il est arrivé à 5 000 000 000. Maintenant, il ne dépasse pas les 300 000 000 et le défi de la nouvelle relation, suivant l'ambassadeur colombien Armando Benedetti, est d’atteindre les 10 000 000 000.

 

Le président de du Venezuela, Nicolas Maduro, a annoncé qu'il proposera à son homologue colombien de développer une vaste zone commerciale de production sur la frontière entre les deux pays, entre le département colombien du Nord de Santander et l'État vénézuélien de Tachira. Une expérience, 10 Maduro, qui pourrait être très tendu ensuite à Zulia, Apure, Amazonas. Nous visons, a poursuivi le président, « une économie qui produise des biens et des services et satisfasse les besoins et la demande intérieurs. Une économie qui produise la richesse physique et monétaire nécessaire aux investissements que le pays a besoin de récupérer. » C'est pourquoi, a-t-il dit, « c'est une priorité de monétiser les réserves et d'en finir avec la persécution pétrolière contre le Venezuela. Celle-ci est un domaine dans lequel les patrons pourraient faire beaucoup grâce à leurs relations aux États-Unis, en faisant du lobbying devant le Congrès étasunien, le département d'État et le Bureau de Contrôle des Actifs Etrangers. Ça suffit, qu'ils laissent le Venezuela en paix ! Ils n'ont pas pu le mettre à genoux et ils ne pourront jamais, » a conclu Maduro.

 

« Jamais les relations avec le Venezuela n’auraient dû être interrompues: nous sommes frères et une ligne imaginaire ne peut nous séparer, » a dit l’ambassadeur Benedetti en ce faisant l’écho d'une déclaration du président Gustavo Pétro qui avait défini la rupture des relations avec Caracas comme « une terrible erreur. »

 

Une erreur qui vient de loin et qui a perduré de façon néfaste ces dernières années. Les principales attaques contre le Gouvernement et le peuple vénézuéliens sont venues de la frontière avec la Colombie, d'un pays qui est pratiquement une base militaire étasunienne, dont les soldats n'ont à demander la permission à personne pour faire ce qu'ils aiment le plus. L'hypocrisie impérialiste fait passer pour des opérations de « sécurité » les instruments d'une véritable colonisation du pays.

 

La commission de la vérité (INDEPAZ), un organisme créé suite à l'accord de paix entre la guérilla des FARC et l'État colombien, en 2016, a montré comment l'Agence Antidrogue des États-Unis (DEA)  et le bureau du procureur ont organisé de fausses accusations de trafic de drogue contre l'ancien guérillero Jesus Santrich, député, pour qu'il retourne à la clandestinité où ensuite il a été assassiné.

 

Récemment, de nouveau, 10 policiers ont été condamnés pour avoir organisé un « faux positif » en tuant trois personnes sans antécédents criminels en les faisant passer pour des « terroristes » et justifier le grand négoce de la « sécurité. » INDEPAZ dénonce un nouveau massacre dans la ville de Barranquilla, dans le département de l'Atlantique : le 71e depuis le début de l'année pendant laquelle ont été assassiné 121 dirigeants sociaux. Un mécanisme qui arrive à son apogée dans les zones frontalières et les territoires indigènes et que Petro veut briser.

 

Pour cela, le Gouvernement a commencé à installer des Postes de Commandement Unifiés pour la Vie (PMU) dans le Cauca, l'une des régions les plus dévastées : pour amener la présence de l'État dans les 77 zones les plus affectées et répondre à la demande de sécurité des communautés, surtout indigènes et de femmes, grâce à la reconstruction du lien social. Dans son discours d'investiture, Petro a affirmé que la politique anti drogue appliquée jusqu'à présent à échoué et que son Gouvernement en appliquera une autre, différente, et il a annoncé qu'il n'aura plus de fumigation des cultures illicites avec du glyphosate.

 

Il a également promis d'intégrer la politique de genre prise personnellement par la vice-présidente Francia Marquez et la nomination d'une féministe internationaliste reconnue  comme Gloria Inès Ramírez au ministère du travail. Et un premier signal positif est arrivé avec la décision de la Colombie d'abandonner le « consensus de Genève » composé par un groupe de 36 pays dont les Gouvernements s’opposent à l'interruption de grossesse.

 

Un autre point de contact avec la diplomatie de paix bolivarienne vient de la reprise du processus de paix avec la guérilla dont le Venezuela a été l'un des principaux promoteurs. Pour cela, le président colombien a suspendu les mandats d'arrêt existant contre plusieurs commandant de l'Armée de Libération Nationale (ELN) actuellement à Cuba et a  appelé les Autodéfenses  Gaïtanistes de Colombie (AUG), des paramilitaires qui ont fusionné avec le trafic de drogue du Clan du Golfe pour qu'ils adhèrent aux bénéfices que prévoit sa proposition de « paix totale. » Et il a décidé que les forces armées de Colombie ne réaliseraient plus de bombardements aériens pour attaquer des groupes armés.

 

Avec ceci à l’esprit, Pétro a remplacé la direction de l'armée pour défendre la paix et les droits de l'homme en ne suivant  plus la doctrine de sécurité des États-Unis. La majeure partie de l'armée colombienne est entraînée à l'école des Amériques, une école de torture et de déstabilisation dirigée par les États-Unis qui manipule son anti-communisme historique.

Une voie ouvertes pour que Caracas est Bogotá rétablissent les relations militaires. Et un autre grand défi pour la diplomatie de paix bolivarienne qui pourra revendiquer l'importance de l'union civique et militaire.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/08/29/nuestramerica-venezuela-colombia-un-nuevo-desafio-para-la-diplomacia-de-paz/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/08/amerique-latine-venezuela-colombie-un-nouveau-defi-pour-la-diplomatie-de-paix.html