Colombie: Le cabinet de Gustavo Petro
Gustavo Petro a laissé planer l’incertitude sur son cabinet jusqu'à son investiture. Pendant la dernière semaine, alors que le pays allait connaître les détails et les symboles qui entoureraient la cérémonie historique d'investiture du premier président de gauche de la Colombie, on savait peu de choses sur la désignation des ministres et des directions des ministères d'État importants.
Jusqu'à vendredi le président n’avait nommé que 8 des 18 ministres, ce qui donnait une image de désordre pour le début de son gouvernement et l’idée qu’en quelque sorte, les fonctionnaires des ministères étaient en interim et que les ministères n’avaient pas de direction. Ce samedi, il a annoncé les ministres de l’intérieur (Alfonso Prada) des mines et de l’énergie (Irene Vélez) du travail (Gloria Inés Ramírez) des sports (María Isabel Urrutia) On ne sait toujours pas qui sera à la tête de ministères décisifs comme celui de la justice, du transport ou des communication sans parler des entités importante l'État comme le département national de développement.
De cette façon, il a envoyé des messages à différents secteurs de la société et indiqué certaines de ses priorités. Contrairement aux messages de rénovation politique qu’il a envoyés durable sa campagne, il a opté pour un groupe d'hommes et de femmes de plus de 60 ans avec une expérience en tant que ministres dans des Gouvernements antérieurs, un autre groupe de personnes d'âge moyen mais aussi avec de l'expérience dans leurs secteurs respectifs à a différence des hauts fonctionnaires du Gouvernement d’Ivan Duque dont le cabinet était formé par des amis du président pratiquement sans expérience dans le secteur public.
Réduire la crainte du patronat
Conscient de l'urgence d’envoyer des signaux de calme au marché, il a nommé Ocampo dont l’expérience –il avait déjà été ministre des finances sous le Gouvernement du libéral Ernesto Samper et a été professeur à Cambridge, Yale, Oxford et Columbia - et le regard néostructuraliste de l'économie sont destinés à vaincre la crainte des patrons. Ocampos s’inscrit dans ce courant qui est une version contemporaine de l'école de la CEPAL (Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes). « C'est une école qui indique qu’une macro économie qui évite les cycles économiques forts et qui promulgue une politique d'Etat productive est importante » a-t-il expliqué à El País. Et aussi dans l'école post-keynésienne. Ocampo, qui pendant la campagne était avec Sergio Fajardo, devra faire la réforme fiscale annoncée par Pétro et être le canal de communication avec les plus riches du pays.
D'autre part, avecle choix de Leyva Duran comme chancelière, Pétro cherche à mettre la paix au centre de son mandat. Conservateur, négociateur dans différents processus de paix, il a peut-être été l'un des plus actifs avant d’obtenir ce poste. Et il a parlé d'une « Paix totale », il a rencontré l'église catholique pour avancer dans un éventuel rapprochement avec l’ELN, la dernière guérilla active en Colombie. Le Gouvernement entrant vise à rétablir la diplomatie de Paix grâce à laquelle il cherche à se rapprocher de ses voisins. Ce rapprochement avec l'Amérique latine sera également soutenu par la vice-présidentes Francia Marquez qui, bien qu'elle ne soit pas chancelière, a fait une tournée non officielle dans certains pays du sud du continent comme l'Argentine, le Chili, le Brésil et la Bolivie.
Une autre de ses priorités liées à la paix est de faire à la réforme agraire toujours repoussée qui est le point le numéro un des Accords de Paix avec des FARC. Pour cette tâche qui est un défi, une fois deux plus, il a penché pour l'expérience et a nommé Cécilia Lopez qui a déjà occupé cette charge sur le Gouvernement de Samper (94–98) et se considère comme une « libérale bien qu'elle ait renoncé à ce parti depuis longtemps.
On ne sait pas encore de quelle formation politique ou de quel spectre proviendront les ministres manquants mais au moins deux: Ocampos et Alessandro Gaviria représentent le centre et viennent de la coalition Centre Espoir ratée. Gaviria qui a aussi été ministre de la santé sous le Gouvernement de Juan Manuel Santos obtient le ministère de l’éducation.
Du centre névralgique du pétrisme viennent la ministre de l'environnement Susanna Muhamad, Carolina Corcho, la ministre de la santé dont la désignation a provoqué la polémique dans certains secteurs enseignants et Patricia Ariza. Avec cette dernière, Pétro envoie un message aux artistes, aux créateurs qui ont travaillé pour la paix mais il prend ses distances avec ce qu'on appelle l'économie orange que prônait Duque.
La désignation de l'ancien magistrat auxiliaire de la Cour Suprême de Justice Ivan Vélasquez qui sera chargé du ministère de la défense est un cas à part. Sa nomination est mal tombée pour l’uribisme. Vélasquez a enquêté sur ce qu'on appelle la « para-politique » et reçu des témoignages de chefs paramilitaires qui ont dénoncé leur relation avec des politiciens. 60 membres du Congrès dont beaucoup de la formation politique uribiste –parmi lesquels Mario Uribe, cousin du président de l’époque–, ont été condamnés. Bien qu'on se soit attendu à ce qu'il soit au ministère de la justice, Pétro a opté pour le mettre à la tête d'une des forces armées discréditées impliquées dans des affaires de corruption.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/08/07/colombia-el-gabinete-de-gustavo-petro/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/08/colombie-le-cabinet-de-gustavo-petro.html