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Argentine: discours d'Alberto Fernandez l’ONU

21 Septembre 2022, 17:28pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Monsieur le président,

Souvent dans l'histoire, les assassinat de chefs d'État ont été le prélude à de grandes tragédies. En sa basant sur le rejet des victimes ou sur la haine envers elles, ceux qui ont perpétré de telles actions ont brisé la paix publique et ouvert la porte à d'énormes conflits sociaux. Des peuples entiers ont succombé à cause de ces prophètes de la haine.

 

Pour cette raison, en mettant en valeur la rationalité propre à la coexistence démocratique, je veux commencer par remercier pour la solidarité que l'Argentine a reçue du monde entier pour la tentative d'assassinat perpétrée contre notre vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner.

 

En Argentine, la tentative pour assassiner la vice-présidente n'a pas seulement porté atteinte à la tranquillité publique. Elle était également destinée à perturber une vertueuse construction collective qui aura 40 ans cette année. En 1983, nous avons récupéré la démocratie et un long cycle pendant lequel différentes forces politiques ont eu le pouvoir alternativement a débuté.

 

Nous, les Argentins, avons construit l'accord du « plus jamais » de terrorisme d’Etat, de violence politique. Nous considérons la démocratie comme un modèle de développement social qui exige de respecter l'autre dans la diversité. Je suis certain que la violence fasciste qui se déguise en républicanisme ne parviendra pas à changer ce large consensus auquel adhère l'immense majorité de la société argentine.

 

Profitant de l’anxiété provoquée par la pandémie et des effets économiques de la guerre, les discours extrémistes et violents ont proliféré et ont trouvé un terreau fertile pour semer le sentiment anti politique dans nos sociétés. Garder le silence face à une telle évidence peut nous conduire à mettre en crise l'État de droit lui-même.

 

Ceux qui cherchent à affaiblir et à éroder les démocraties ont des intérêts spécifiques qui les amènent à promouvoir la polarisation extrême. Nous n'acceptons pas cette situation avec résignation. Nous provoquons un énergique rejet mondial de ceux qui encouragent la division dans nos communautés.

 

Cette Assemblée Générale doit voir à temps les signaux d'alerte qui se trouvent sur la planète. En tant que survivants d'une pandémie qui a frappé l'humanité, nous affrontons un choix. Ou nous apprenons les leçons de cette expérience dramatique ou le monde se dirigera vers des affrontement de plus en plus importants.

 

La pandémie a fait apparaître au grand jour les énormes inégalités que supporte la population mondiale. Est-il juste que la fortune de 10 hommes seulement représente plus que les revenus de 40 % de la population mondiale ? Est-il éthique que la pandémie ait coûté quatre fois plus de vies dans les pays les plus pauvres que dans les pays riches ? Ne pas dénoncer ce modèle d'accumulation qui concentre le revenu en peu d’individus  alors que des millions sont submergés par la pauvreté peut nous rendre à nouveau complices du renforcement de tant d’inégalités.

 

Nous arrivons au moment de freiner plusieurs des menaces qu’affronte l'humanité. Les injustices ce que nous observons ne s’aggraveront que si les positions extrêmes s'installent, si les guerres continuent de renforcer la faim et si une inflation persistante finit par éroder les revenus des plus faibles. Nous devons travailler ensemble et de façon solidaire. Nous devons renforcer un multi-latéralisme coopératif qui nous assure le renforcement de l'Etat de droit, que la non-violence prédomine et une meilleure équité pour réduire les brèches sociales.

 

Pour affronter ces défis, nous devons rétablir la prédominance de la paix. Nous avons toujours préconisé la résolution pacifique des conflits. Il est impératif que cessent toutes les hostilités qui se déroulent actuellement. Pour cette raison, nous devons travailler unis pour imposer le dialogue et rétablir la paix dans le conflit qui a débuté avec l'avancée militaire de la Fédération Russe en territoire ukrainien.

 

Pendant que nous cherchons à atteindre l'horizon de la pacification du monde, nous devons abandonner les pratiques économiques et financières que le monde développé exige du monde qui cherche à se développer. Soutenir ce présent ne fera qu’augmenter la pauvreté et la marginalité. Si nous ne changeons pas, nous ne pourrons pas édifier des sociétés plus justes et plus libres, stables, engagées envers leurs institutions.

 

Les nations endettées souffrent beaucoup plus des effets du système établi. L'Argentine est parmi elles. C'est pourquoi je veux rendre grâce à tous les Etats qui nous ont soutenus et nous soutiennent dans le processus complexe de renégociation de notre dette extérieure. C'est un endettement que mon Gouvernement n'a pas provoqué mais qu’il affronte très sérieusement. Nos critères sont connus. Ils répondent à ce qui est prévu par cette Assemblée Générale dans la résolution 69/319 de 2015 qui stipule que les restructurations de dettes souveraines doivent se faire en encourageant la croissance soutenue et inclusive, en diminuant les coûts économiques et sociaux, en garantissant la stabilité du système financier international et en respectant les droits de l’homme.

 

Même quand nous réclamons qu'on change les paradigmes qui régissent le système financier international, nous avons les mêmes buts  que les objectifs de développement soutenable 2030 des Nations unies.

 

Nous devons garantir la sécurité alimentaire à tous les habitants de la planète. Nous ne pouvons pas traverser cette époque avec des famines. Les récents rapports de la FAO alertent sur l'impact de l'excessive volatilité des prix de certains aliments et sur l'altération des marchés des matières premières qui influent sur la production de celles-ci. Tout cela a eu et a toujours un effet important sur l'augmentation de l'inflation mondiale. Tout est au détriment de ceux qui sont le plus en retard.

 

L'Argentine remplira son rôle de producteur et d’exportateur fiable d'aliments nourrissants et de qualité et de fournisseur de technologies appliquées à la production d'aliments pour améliorer son rendement.

 

Nous devons garantir un système de commerce international de produits agricoles plus juste, plus transparent, plus équitable et plus prévisible. Si on renforce ce système, les pays producteurs d'aliments pourront faire les investissements nécessaires pour augmenter leur production et contribuer à réduire la faim.

 

Nous devons aussi garantir la sécurité alimentaire, nous devons accéder à l’énergie dans des conditions sûres et prévisibles. L'Argentine continuera à être présente pour contribuer à affronter ce grand défi. Nous sommes en train d'augmenter la production pour fournir au monde des énergies propres et celles qui, comme le gaz naturel, permettent de réduire les émissions de carbone pendant la transition.

 

Nous avons la seconde réserve mondiale de gaz non conventionnel et la quatrième réserve mondiale de pétrole non conventionnel. Nous avons une grande réserve de lithium et le potentiel pour développer l'énergie solaire et éolienne ainsi que l'hydrogène à émissions basses et nulles. Nous travaillons pour garantir que cette voie de soutenabilité environnementale et de sécurité alimentaire et énergétique soit possible mais tous nos efforts seront vains si nous ne suivons pas cette voie dans le cadre d’un développement économique et social plus égalitaire.

 

Avec cette conviction, nous déployons nos capacités industrielles et nous créons de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne de production. Nous devons insérer dans chacune d’elles nos fournisseurs industriels, scientifiques et technologiques. La production qui appelle au travail digne est la voie que nous avons choisie pour nous développer.

 

De la même façon que nous sommes obligés de chercher un développement qui parvienne à tous, la situation environnementale de notre planète exige de nous une action urgente, ferme et décidé en faveur des générations futures. Les problèmes écologiques nécessitent l'engagement de tous. Ils ont besoin d’une relation constructive entre Etats et sociétés. Une association vitale sans laquelle le développement soutenable redeviendra illusoire. Des questions qui doivent être traitées sans retard comme le changement climatique, la biodiversité et la contamination par les plastiques appellent nos efforts dans l'espoir de pouvoir construire des consensus larges pour assurer la préservation de la planète et de l’humanité.

 

Non ne sommes pas tous également responsables de la crise climatique. Ni l'Amérique latine et les Caraïbes ni l'Afrique ne sont en première ligne pour les émissions de carbone. Les responsabilités doivent définitivement être définies et cela exige de soulager en urgence l'effort de ceux qui ne sont pas coupables.

 

Monsieur le président,

Nous voulons continuer à renforcer la tradition de l'Argentine basée sur les principes du droit international humanitaire dans le respect illimité de la souveraineté des Etats, dans l'autodétermination des peuples, dans la perspective du genre et dans la coopération.

 

Depuis la CELAC, en exerçant la présidence tournante, nous renforçons les principes de collaboration, nous faisons la promotion du pluralisme démocratique et nous fomentons  la coopération sud-sud et triangulaire. L'Argentine est active dans les opérations de maintien de la paix, un instrument essentiel de l'Organisation des Nations Unies. Nous continuerons dans cette voie. Je veux attirer l'attention sur l'utilisation de mesures unilatérales de coercition. Selon la Charte des Nations unies, les seules sanctions légitimes sont celles qui sont imposées par le Conseil de Sécurité pour faire respecter ses décisions en matière de maintien de la paix et de la sécurité. En vertu de cela, l'Argentine se joint à la revendication des peuples de Cuba et du Venezuela pour que les blocus que subissent ces nations soient levés.

 

Monsieur le président,

Je veux remercier tous les Etats membres pour avoir eu confiance en l'Argentine pour exercer la présidence du Conseil des Droits de l'Homme pendant cette année. Pour nous, la défense des droits de l'homme fait partie de notre identité et de notre histoire. Les Mères et les Grand-mères de la place de Mai nous on a pris à persister et à lutter. Elles nous ont indiqué le chemin pour que, avec une volonté politique et un consensus social, nous puissions mener à bien un processus d'éradication de l'impunité unique au monde basé sur la mémoire, la vérité et la justice.

 

Dans ce même esprit, notre pays a élargi les droits des citoyens en créant des lois et des politiques publiques qui prônent l'égalité des femmes et des diversités d'un point de vue intersectoriel, inter-culturel et des droits de l’homme.

 

L'égalité sociale dont on parle tant exige que nous puissions tous accéder aux avantages qu’offre le présent. A l’ère digitale que nous vivons, nous considérons qu'il est prioritaire des rendre universel l'accès aux technologies de l'information et de la communication et de promouvoir des actions qui réduisent les brèches d'inégalités que nous voyons aujourd’hui.

 

L’ONU est l'environnement propice pour que la communauté internationale trouve les accords nécessaires qui garantissent un cyber-espace libre, ouvert, stable, sûr et surtout pacifique dans lequel la haine et la violence ne soient pas semées dans l’anonymat.

 

Monsieur le président,

L'Argentine condamne le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Elles doivent être combattues dans le cadre de l'État de droit et du respect total du droit international. Nous continuons à lutter contre l'impunité en enquêtant sur les attentats que nous avons subis en 1992 à l'ambassade d'Israël et en 1994 au siège de l’AMIA qui ont coûté la vie à 107 personnes et fait des centaines de blessés. Nous voulons que les responsables d'attaques si atroces soient identifiés, jugés et éventuellement condamnés.

 

Encore une fois, nous appelons instamment la République Islamique d'Iran à coopérer avec les autorités judiciaires argentines pour avancer dans l'enquête sur l'attentat contre l’AMIA. Nous appelons aussi instamment la communauté internationale à nous accompagner dans notre lutte en évitant de recevoir ou de protéger les suspects même quand ils jouissent de l'immunité diplomatique. Nous devons rappeler que sur eux pèsent des mandats d'arrêt internationaux et des alertes rouges d’INTERPOL. L'Amérique latine et les Caraïbes sont une région de Paix. Nous travaillons pour qu'elle soit aussi plus juste égalitaire. Nous connaissons l'avantage comparatif formidable qu’ont le MERCOSUR  en particulier et toute l'Amérique latine en général dans la production d'aliments et dans la fourniture d'énergie de manière soutenable. Nous avons une grande opportunité pour nous développer. Si nous améliorons la qualité de vie de notre population en créant de vrais emplois, nous pourrons éradiquer les îlots de pauvreté qui persistent aujourd'hui dans nos sociétés.

 

Monsieur le président,

Je veux réaffirmer les droits légitimes et imprescriptibles de souveraineté de la République Argentine sur les îles Malouines, Georgia du Sud, Sandwich du sud et sur les espaces maritimes qui les entourent. Ils font partie du territoire national argentin et sont occupés illégalement par le Royaume-Uni depuis presque 190 ans.

 

La demande  formulée dans la résolution 2065 de l'année 1965 est restée en vigueur et a été renouvelée à de multiples occasions.

 

Le Royaume-Uni persiste à ne pas tenir compte de notre appel  à renouer les négociations à propos de ce différent territorial. Pire encore, il a aggravé la controverse par ses appels à exploiter illégalement les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables dans cette zone. Cette action est contraire à la résolution de 31/49 de cette Assemblée. Il continue également à avoir une présence militaire injustifiée et démesurés sur ces îles, présence  qui ne fait que créer des tensions dans une région qui est une zone de paix et qui se caractérise par la coopération internationale.

 

Nous demandons au secrétaire général de renouveler ses efforts pour que ce mandat  soit respecté et que le Royaume-Uni se conforme à l'appel de la communauté internationale et mettre fin à cette situation coloniale anachronique. Dans ce contexte, je souhaite répéter que mon pays est prêt à revenir à la table de négociations et à chercher une solution qui permette de mettre fin à ce long différend concernant la souveraineté.

 

Monsieur le président,

Nous vivons dans un monde dans lequel les injustices et les inégalités augmentent. En même temps, les risques augmentent pour les démocratie, la paix est brisée et l’incertitude se renforce.

 

Nous avons un devoir éthique qu'il faut respecter immédiatement. C'est maintenant. Nous devons travailler et mettre en place des accords mondiaux réels qui éradiquent la faim, qui réduisent drastiquement les inégalités, qui assurent la stabilité démocratique, la paix et la convivialité.

 

L’humanité est en danger. Avec humilité, l'Argentine lance un appel à tous les pays du monde pour construire un nouveau paradigme mondial qui assure la prospérité avec la justice sociale. Merci beaucoup.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/09/20/argentina-el-discurso-alberto-fernandez-en-la-onu-la-violencia-fascista-no-conseguira-apagar-el-consenso-por-la-democracia/

URL de cette article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/09/argentine-discours-d-alberto-fernandez-l-onu.html