Chili : Le monde se souvient de Victor Jara
Bien que la justice chilienne n'ait pas fini d'éclaircir les circonstances de sa mort son héritage continue à parcourir le monde. Les jeunes chantent et créent de nouvelles versions de ses créations.
Devenu un symbole universel de l’art face à la barbarie, c'est-à-dire le contraire de ce que souhaitaient ceux qui l’ont criblé de balles le 16 septembre 1973, des hommages de différentes sortes sont rendus à Victor Jara à l'occasion du 49e anniversaire de son assassinat.
Né dans une zone paysanne, à Lonquén, Victor s'est intéressé dès sa jeunesse à la musique, sous l'influence de sa mère. Une fois à Santiago, où il est allé étudier le théâtre à l'université du Chili, il s'est joint à une autre initiative à partir de la Maison de Bello qui marquera l’histoire de la culture nationale: L’ensemble Cuncumén, fondé par la maître Margot Loyola qui a eu comme le premier directeur Rolando Alarcon qui sera des années plus tard l'un des artistes les plus connus de la Nouvelle Chanson Chilienne.
De cette première étape, est resté dans l'imaginaire culturel chilien sa tendre interprétation de « Ici, je t'apporte une rose. »
Mais pendant ses premières années en tant qu'artiste, Viktor Jara a concentré ses efforts sur les planches où, grâce au Théâtre Expérimental de l'Université du Chili, il s’est exprimé en tant qu'acteur, directeur et dramaturge. Mais sa conscience politique croissante l’a amené à la conviction que la musique était une façon beaucoup plus massive de diffuser la culture populaire et les idées de transformation sociale.
En 1966, il abandonne enfin le théâtre pour se consacrer définitivement à la musique. Et les chansons qui resteront pour toujours dans les oreilles du peuple commencent à surgir : « Te souviens-tu Amanda? » , « Quand je vais au travail » , « Le droit de vivre en paix, » « Nous allons par une voix étroite » et « Manifeste », entre autres.
Pendant la révolte chilienne de 2019 sa chanson « Le droit de vivre en paix » est devenu l’hymne de la rébellion.
Les années pendant lesquelles il portait la guitare sur son dos ont eu entre autres, deux grandes caractéristiques : tout d'abord sa collaboration avec des ensemble comme Quilapayún, Inti-Illimani et Los Blops et d’autre part, sa profonde identification avec l'Unité Populaire et avec le processus de transformation.
Le reste de sa tragique histoire est déjà connu : son arrestation à l’UTE le 11 septembre 1973, les brutales tortures au Stade du Chili et son exécution avec des dizaines de balles. Mais, bien que jusqu'à présent, on n’ait pas fait justice et qu'on n’ait pas éclairci toutes les circonstances de son assassinat, son art traverse les générations et les continents.
Sur son compte Facebook, le groupe Inti-Illimani a écrit : « Victor, son chant, son sourire, a parcouru le sort de milliers de compatriotes, son cas, l'abîme de méchanceté qu’a ouvert sa mort s'est répété, s'est diversifié et a été la toile de fond de la dictature de la droite pendant des années… Ensuite sont arrivés d'autres complications, d'autres silences, d'autres demandes d’oubli et de justice dans la mesure du possible. De tout cela, de toute cette honte nationale il s'est levé, il est sorti par la force de son art et par la force de l'amour de son peuple. »
De nombreuses manières, Victor Jara vit.
« Nous sommes 5 000
dans cette petite partie de la ville
Nous sommes 5 000
Combien serons-nous au total
dans les villes et dans tout le pays?
Seulement ici
10 000 mains sèment
et font marcher les usines.
Combien d’humanité
avec la faim, le froid, la panique, la douleur,
la pression morale, la terreur et la folie! »
(Poème écrit pendant sa détention)
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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