Amérique latine : Les menaces de l'OTAN au cœur de l'Abya Yala
Par Jorge Capelán
Face à une nouvelle vague de Gouvernements progressistes dans plusieurs pays de la région pendant ces dernières années, on remarque des manœuvres alarmantes de la part des États-Unis et de l'OTAN pour empêcher un rapprochement des pays de l'Abya Yala avec la Chine et la Russie en particulier depuis la guerre actuelle en Ukraine qui menace de réduire à néant l'hégémonie occidental dans le monde.
Ces manœuvres semblent centrées essentiellement sur la forêt amazonienne à cause de sa signification stratégique pour le monde du point de vue climatique, écologique, bio génétique et économique.
Black Hawks « Écologique » sur la Colombie
En Colombie, le président récemment élu Gustavo Pétro a annoncé début septembre un accord avec la général Laura L. Richardson, commandant du Commandement Sud des États-Unis pour déployer des hélicoptères Black Hawk pour « combattre les incendies » en Amazonie.
Dans une interview accordée au journal El Pais d'Espagne, le président colombien a dit :
« Moi, ce que je cherche à faire, c'est à amener le dialogue avec les États-Unis sur un axe différent qui est le problème de la crise climatique et de là, sur l'importance de la forêt amazonienne. J'ai réussi certaines choses : la conversation avec l’OTAN - dont nous sommes membres, je ne sais pas, un statut rarissime ici mais ici nous y sommes, je pense que c'est le seul pays d'Amérique latine – qui est d'amener l'OTAN à soigner la forêt amazonienne en donnant une collaboration technique.
Avec les États-Unis, nous avons obtenu concret déjà la première unité militaire avec des hélicoptères eux, des Black Hawk–12–qui sera la première unité plus que militaire, policière, pour en finir avec les incendies dans la forêt amazonienne. C'est un changement complet d'un jeu qui a toujours été l'aide militaire nord américaine (…) C'est déjà une réussite, trois hélicoptère de cette unité sont déjà là et je veux continuer à suivre un peu ce fil parce qu'il me semble qu’ainsi, on peut construire un dialogue beaucoup plus positif avec les États-Unis que ce qu’a été jusqu'à présent la mal nommé guerre contre les drogues. »
Selon Roger Harris, de l'organisation anti-impérialiste de droits de l’homme Task Force on the Americas, « L'OTAN est un instrument essentiel de la domination de l’empire étasunien. C'est la garde prétorienne de Washington projetée à l'échelle mondiale.
Harris dit qu'en 2017, la Colombie est devenue un des partenaires mondiaux de l’OTAN, le premier en Amérique latine. En février, la Colombie a réalisé un simulacre naval provocateur conjoint avec l'OTAN près du Venezuela auquel a participé un sous-marin nucléaire.
La visite de Richardson en Colombie faisait partie d'une tournée dans différents pays de la région dans le but explicite de contrecarrer l'influence de la Chine et de la Russie et de promouvoir l'isolement en particulier du Nicaragua de Cuba et du Venezuela.
La France et l'Amazonie
Le 11 novembre, le président colombien a dit que le président français Emmanuel Macron lui avait offert son « aide » sur le problème de la préservation de l'Amazonie et sur son projet de réforme agraire, l'une de ses promesses de campagne clés.
On ne sait pas exactement ce que Macron a demandé en échange à Pétro mais pour avoir une idée de son engagement envers l'Amazonie, en 2019, le Français avait appelé impérieusement les pays du G7 à intervenir : « C'est une crise internationale, » avait-il dit. De cet appel, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et les dirigeants politiques d'autres anciennes puissances coloniales comme l'Allemagne s’étaient fait l’écho.
En tant que puissances nucléaires et anciennes puissances coloniales, la France, a son département d'outre-mer de la Guyane française, frontalièr avec le Brésil a à peine 500 km de l'embouchure du fleuve Amazone.
La France lance de là ses missiles spatiaux. De plus, la France possède un des secteurs biotechnologiques les plus forts d’Europe, c'est pourquoi un accès préférentiel à la biodiversité de la forêt amazonienne qui possède d’abondantes espèces encore inconnues de la science et sur lesquelles on peut prendre des brevets représenterait d’énormes bénéfices pour ses entreprises dans ce secteur.
Une autre source d'intérêt pour la France est la veste richesse pétrolière du Guyana et du Venezuela voisins. Dans la situation actuelle de la guerre en Ukraine, Macron –avec une minorité parlementaire– affronte une situation difficile après les fortes mobilisations et les grèves intersectorielles qui ont eu lieu pendant les mois de septembre et d'octobre dans le pays à cause des prix de l'électricité, du gaz et du pétrole.
Cela a provoqué le rapprochement du président français avec son homologue vénézuélien Nicolás Maduro pendant le dernier sommet du climaten Egypte. Lors de la réunion, Macron a abordé Maduro en l'appelant « Monsieur le président » et en se démarquant ainsi dans la pratique de la position des pays de l'OTAN qui ne reconnaissent pas le Gouvernement bolivarien et reconnaissent comme légitime Juan Guaido.
Quelle que soit la raison de fond de l'intérêt français pour l'Amazonie, un accord avec le Gouvernement de Pétro place la France dans une position d'influence sur deux extrêmités de la corne mondialement stratégique.
Lula: un autre mouton parmi les loups
Le Brésil est un autre pays dans lequel l'Amazonie a été importante en devenant le thème du débat mondial et en particulier du débat local puisque ça a été une des questions les plus importantes traitées lors de la récente campagne électorale qui a marqué le retour au gouvernement de Luis Ignatio Lula da Silva.
D’une part, l'antipathie de l'actuel Gouvernement démocrate et des élites européennes pour le président vaincu Jair Bolsonaro et le mépris de ce dernier pour l'urgence climatique qui a ouvert de part en part les portes au déboisement aveugle et excessif de la forêt au bénéfice des grands propriétaires terriens et de tous ceux qui ont fait partie des vols de terrains publics de forêt vierge (connu comme grilagem) tout au long de l'histoire récente du pays est évidente.
D'autres part, Lula a invité les Européens à « investir » dans des projets écologiquement soutenables dans la région et a affirmé que cela se ferait en respectant la souveraineté du Brésil mais on a pas beaucoup de détails à ce sujet.
Ce qui est sûr, c'est que Lula se trouve face à un avenir très difficile étant donné qu'il n'a pas la majorité au Parlement et dépend d'accordS avec des secteurs du grand capital (y compris celui de l’agro-commerce si favorisé par Bolsonaro) et une opposition féroce de l'ancien capitaine d'armée en personne à l'intérieur et à l'extérieur du Parlement.
La réduction de la pauvreté obtenue par Lula lors de sa première période de gouvernement (2003–2010) a eu lieu dans un contexte radicalement différent.
Les données de l'économie brésilienne et du reste du monde montrent que le taux de bénéfices et de rentabilité financière depuis 2010 n'a fait que baisser et a réduit à néant l'alliance de classes construite par Lula durant son sa première période au pouvoir. Si dans le passé Lula et le PT étaient devenus experts en alliances avec des forces politiques hostiles ou à la loyauté douteuse, la situation actuelle est beaucoup plus défavorable pour un projet populaire.
D'autre part, l'analyste Andrew Korybko avertit qu’une « fraction du PT pourrait être utilisée par les États-Unis pour ses fins d'ingérence. » Pour l'auteur du livre « guerres hybrides : révolutions de couleur et guerre non conventionnelle, » l'intervention des États-Unis au Brésil ne cessera pas sous le nouveau gouvernement de Lula mais changera de forme.
Cette nouvelle forme d'ingérence pourrait-elle impliquer la déstabilisation radicale du géant sud-américain pour donner un prétexte à l’OTAN pour intervenir et « sauver » un Lula politiquement les mains liées?
Nous pouvons constater que tous les éléments pour une déstabilisation totale du Brésil sont servis si on tient compte des problèmes structurels de l'économie, du faible poids parlementaire du parti au Gouvernement et de la sérieuse polarisation dans la rue entre les partisans de Bolsonaro et les partisans de Lula.
La fin du réformisme occidental.
Ni l'oligarchie brésilienne ni les capitales occidentales soumises à la dictature des finances ne soutiennent une nouvelle vague de développement ni le PT au Brésil ni Pétro en Colombie ni en aucun autre lieu de l’ Abya Yala (ni du monde).
Il ne peut y avoir de « nouveau traité vert » avec les occidentaux ni dans sa variante anglo-saxonne (États-Unis/Angleterre) ni dans sa variante européenne. De plus, les élites technologiques de la Silicon Valley aux États-Unis ont des liens étroits avec le complexe agro-industriel occidental d'entreprise comme Monsanto. Bill Gates est un exemple de cette élite soi-disant écologique. Suite à la pandémie de COVID, Gates est devenu un des plus gros propriétaires de terres agricoles aux États-Unis. De même, ses liens étroits avec Monsanto et ses projets de « capitalisme vert » en Afrique sont bien connus.
Le plan sécessionniste en Bolivie toujours en vigueur
En même temps, en Bolivie, l'embrouille putschiste–sécessionniste est réactivée dans le département de Santa Cruz avec une autre « grève civique » violente et illimitée avec la revendication bizarre d'avancer la réalisation d'un recensement national organisé par le Gouvernement.
Généralement, les recensement nationaux réveillent les rancune de l'opposition à cause de son coût ou du contenu des questions posées à la population mais ils deviennent rarement des causes de protestations violentes avec des barrages de routes, des attaques de civils et d’édifices publics, etc.…
L'organisateur de la grève n'est autre que le gouverneur Luis Fernando Camacho, un des principaux organisateurs du coup d'Etat de 2019 qui a renversé le président élu Evo Morales et qui est resté seulement un an au pouvoir. Le principal soutien de Camacho est (encore une fois) la Jeunesse de Santa Cruise, un groupe paramilitaire fasciste qui a organisé de nombreuses tentatives violentes pour renverser le Gouvernement indigène et socialistes du MAS et son actif.
Le théâtre de ce qu’on appelle la grève civique n'est autre que le département de Santa Cruz, l'axe privilégié de ce qu'on appelle « la demi-lune » sécessionniste des départements de l'Amazonie en Bolivie. L'Amazonie bolivienne constitue 43 % du territoire national et du point de vue écologique comprend les départements de Pando, Beni, Cochabamba, Santa Cruz et La Paz, ce qui fait un total de 88 municipalités.
La partition de la Bolivie a été envisagée bien longtemps avant qu’Evo Morales arrive au pouvoir fin 2006.
Mark Falcoff, le conseiller de Bush pour l'Amérique latine, une personnalité importante dans la politique latino-américaine des États-Unis pendant 30 ans, est vu comme l'un des idéologues du plan de l'empire destiné à détruire le pays. Dans son article « Les derniers jours de la Bolivie ? » publié dans American Outlook en 2004, Falcoff prédisait la division ethnique de la Bolivie après la vague de soulèvements populaires qui ont débouché sur le renversement du président Sanchez de Lozada en 2003.
Dans son article, Falcoff écrit : «… un fait essentiel sur la Bolivie, à savoir que c'est une société divisée selon deux grandes lignes de fracture : la race et la géographie. La république a deux régions différentes : l'Altiplano Andin (département de Potosi, La Paz, Cochabamba et Oruro) et une demi-lune de départements situés dans des zones plus basses, tropicales ou semi-tropicales (Pando, Béni, Santa Cruz, Chuquisaca et Tarija). »
Falcoff oppose la situation dans la Bolivie andine pauvre, où on cultive la coca pour fabriquer de la drogue, violente, sous-développée et turbulente et celle de la prospère Santa Cruz qui, en générant 51 % des revenus du pays ne reçois qu’un « petit pourcentage », des bénéfices générés par le pétrole et le gaz.
C’est pourquoi Falcoff recommande une nouvelle Constitution qui devrait « prendre en compte la nécessité de décentraliser l'autorité et les ressources » et l'accompagner d'une « véritable intention de trouver une solution fédérale avec une redistribution régionale des ressources et une politique énergétique nationale, » c'est-à-dire que les pauvres de Bolivie cessent de macérer dans leur propre misère pendant les Boliviens européanisés » de l’Amazonie, » de Santa Cruz et de ses départements satellites profitent des bénéfices de l'exploitation des ressources naturelles et des investissements des multinationales occidentales.
Maintenant, le plan de l'empire pour la Bolivie a un peu changé parce que les immenses gisement de lithium qui ont été découverts ces dernières années ne se trouvent pas dans la demi-lune de l'Amazonie mais dans l'ouest et le sud-ouest du pays. Mais le fait que la Bolivie soit devenue une puissance énergétique et minière rend pour l'empire plus urgente que jamais la nécessité de diviser le pays qui met en place des transformations sociales radicales.
L'OTAN vise le cœur de l’Abya Yala
Cette voie navigable appartient à la corne hydrographique du Rio de la Plata, une des plus grande du continent en direction Nord–Sud qui fait limite avec la corne de l'Amazonie. La plainte a été recueillie par le Gouvernement argentin qui a immédiatement fait une réclamation à l'État Paraguayen responsable de l'accord avec les États-Unis.
Le but de cette voie navigable est de permettre la navigation de bateaux de gros tonnage avec de gros volumes de charge 365 jours par an en rectifiant son trajet et en éliminant des îles et d'autres obstacles. La présence de spécialistes de l'armée des États-Unis donne à ce projet un caractère très différent de ce qui avait été présenté à l'origine comme des travaux civils.
Pourquoi l'armée des États-Unis serait-elle intéressée à participer à ces travaux ? « Nous savons tous que l'un des prétextes qu'utilisent les États-Unis pour débarquer dans les pays, si ce n'est pas l'aide humanitaire, c'est la lutte contre le trafic de drogue, » signale à ce sujet le député national de Chaco Juan manuel Pedrini.
Selon Pedrin, la présence croissante de la Chine en Amérique latine dérange Washington et le Paraguay est le seul pays de la région qui n'a aucune relation diplomatique avec Pékin, avec lequel le plan directeur nord-américain répond aussi au mouvement de la géopolitique mondiale. À tout cela on peut ajouter que cette voie navigable représente moyen exceptionnel pour accéder au cœur de l'Amérique du Sud.
L'empire cherche accaparer tous les ordres du jour
L'Occident n’est pas intéressé à aider l’Abya Yala mais à contrôler et à exploiter ses ressources. L'Amazonie est une région vitale pour la planète à cause la présence de richesses extraordinaires. iI ne serait pas étonnant que les États-Unis et l'OTAN soient en train de préparer la démolition programmée d'un ou plusieurs Etats de la région qui leur permettent de contrôler la forêt amazonienne, les sources de lithium, les champs de pétrole ou d'autres zones que les concepteurs de l'empire considèrent comme intéressantes.
Même si une série de Gouvernements progressistes s'est installée dans le sud de l’Abya Yala ces dernières années, leur fragilité dans beaucoup de domaines est évidente. Depuis celui de Gabriel Boric au Chili qui est arrivé au gouvernement avec des promesses de transformation qu'il a trahies dès le début jusqu'à d'autres comme le Professeur Pedro Castillo au Pérou, otage d'un Parlement, d'une classe politique et d'un pouvoir oligarchique totalement opposés au programme avec lequel il a été élu.
Pour le moins, ces Gouvernements se voient obligés de négocier dans des conditions très désavantageuses avec les Gouvernements occidentaux et les organismes internationaux qu'ils contrôlent (ONU, FMI, BM, BID, OMC, etc.…) malgré l'avancée de la Chine sur la scène mondiale ces dernières années.
Par exemple, début octobre, l'ancienne guérilla révolutionnaire kurde, aujourd'hui recyclée comme façade de l'OTAN pour détruire la Syrie, le PKK, a été invitée à participer à la 35e rencontre pluri-nationale des femmes, des lesbiennes, des trans, des travestis, des intersexuels, des bisexuel et des non binaires dans la province de San Luis, en Argentine.
Il semblerait qu'à travers l'Europe les trotskistes et les anarchistes argentins aient ouvert les portes à ce groupe dont les activités n'ont rien à voir avec l’anti-autoritarisme, l'autonomie des peuples ou le droit des minorités sexuelles.
La tragédie des kurdes est très réel mais à des causes géopolitique.. Ils n'ont pas de sortie sur la mer, c'est pourquoi aucune puissance régionale n'acceptera sans plus leurs prétentions nationalistes et la soumission historique de leurs dirigeants à l'Occident n'aide pas non plus leur cause.
Mais les États-Unis influent aussi sur l'autre bord politique. Par exemple, dans le mouvement de personnes critiques envers le discours officiel sur le COVID (dans lequel il y a beaucoup de partisans de mouvements conservateurs de diverses sortes) circulent des publications en différentes langues du site Web The Epoch Times.
Ce site combine des informations critiques sur la médecine occidentale avec des analyses politiques proches du trumpisme étasunien et une profonde haine de la Chine. En plus d'accuser la Chine d'avoir causé la pandémie de coronavirus, la publication a un parti-pris évident contre tout ce qui est chinois.
The Epoch Times, en réalité, n'est pas un groupe contrôlé par le trumpisme mais par les services de renseignement étasuniens. Le propriétaire de la publication n'est autre que Falun Gong/Falun Dafa, Une secte créé par la CIA dans les années 90 pour détruire le parti communiste chinois.
En 1996, le fondateur de la secte, Li Hongzhi, a émigré aux États-Unis où il s'est consacré à faire de la propagande contre la Chine et à influencer les Chinois à l’étranger.
Depuis 1999, la Commission des États-Unis pour la Liberté Religieuse dans le monde (un organe de conseil du département d'État) mène une campagne permanente contre la soi-disant « persécutions religieuse » contre cette secte en Chine. Pourquoi est-il intéressant pour une Maison Blanche aujourd'hui contrôlée par les démocrates de poursuivre une politique qui est en réalité la conduit au cœur des républicains les plus conservateur ?
Le site de contre espionnage du FBI aujourd'hui dit : « le Gouvernement chinois ne limite plus la répression seulement à la population de ses propres frontières. La République Populaire de Chine poursuit, menaces et harcèle habituellement les Tibétains et les ouïgours qui résident aux États-Unis, les membres de Falun Gong, les défenseurs de la démocratie à Taïwan et à Hong Kong et toute autre personne qui remet en question la légitimité et l’autorité du parti communiste chinois (PCC). »
Évidemment, l'intérêt des États-Unis n'est pas d’aider les Tibétains, les Ouïgours, les membres de Falun Gong ou les défenseurs de la démocratie mais d’empêcher que des pays comme la Chine, la Russie ou le reste des BRICS conduisent le monde vers la multi-polarité.
Tout cela est très dangereux. que surgissent des groupes avec des ordres du jour sectaires et violents, qu'ils soient « de gauche » ou « de droite », pour diviser nos peuples ne nous étonne pas. Rien de mieux pour faire avancer les plans de l'empire dans l’Abya Yala qu’un chapelet de guerres de pauvres contre pauvres.
Seule la conscience civilisatrice sauvera l’Abya Yala
Il revient aux peuples de l’Abya Yala de construire leur propre projet de civilisation juste, inclusif, divers et en harmonie avec la Pachamama. Ce ne sont ni les Chinois ni les Slaves ni les Arabes ni des Africains et encore moins les Européens qui peuvent le faire. Ce projet, comme l'a dit Mariátegui, n'est ni un calque ni une copie mais une création héroïque des peuples. Face à un empire occidental en décadence qui corrompt tous les débats avec son ingérence permanente, il est essentiel de développer une conscience de masse des mécanismes de domination et de la guerre cognitive constante dont ils sont l’objet.
La guerre cognitive est plus profonde que la guerre psychologique. La guerre psychologique est destinée à obtenir des effets à court terme sur les peuples, par exemple, en les terrorisant ou en provoquant leur colère dans des buts éloignés de leurs intérêts.
Mais la guerre cognitive est une guerre culturelle qui nous rend méfiants envers les autres peuples pour qu’au bout du compte, nous fassions ce que le maître de l'empire souhaite. Elle n'implante pas seulement des idées nocives sur les autres peuples du monde mais elle nous conditionne aussi pour que nous voyions comme naturelle et souhaitable la façon de faire de l’empire.
Aujourd'hui, cette guerre est menée avec de puissantes technologies mal nommées « de l'information et de la communication » qui tout en nous donnant du pouvoir nous manipulent, nous soumettent et, en définitive, nous vainquent. Les réseaux sociaux ne sont pas seulement à moyen de transmettre des idées, ce sont aussi un pour obtenir des renseignements à partir de la communication des usagers et un moyen de contrôle social grâce à la compartimentation des interactions sociales et des dynamiques de addiction qu’ils provoquent.
Heureusement, les peuples peuvent vaincre la manipulation de l'empire comme le démontrent les défaites des « révolutions de couleur » de l’empire au Venezuela, au Nicaragua, en Bolivie et récemment à Cuba.
Pour sortir du cercle vicieux de la guerre cognitive de l'empire, les peuples ont besoin d'avoir une conscience civilisatrice et de connaître mieux les mécanismes et les technologies actuelles de la domination impériale mais ils doivent aussi connaître leurs propres racines. Les peuples qui savent qui ils sont ne peuvent être vaincus par la guerre culturelle de l’empire.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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