Venezuela : Maduro à la COP 27, la voix des peuples en défense de l’humanité
Par Geraldina Colotti
« Changer le système pour changer le climat et commencer à sauver la planète, » avait déclaré le commandant Chavez le 16 décembre 2009 lors de la conférence internationale sur le changement climatique. C'est ce qu'a rappelé le président Maduro qui accompagnait le commandant à ce moment-là en tant que chancelier, à l'occasion de la COP 27, la 27e conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se déroule en Egypte jusqu'au 18 novembre. La conférence a lieu à Sharm El-Sheikh. Selon le site des Nations unies consacré à cette événement, cet endroit n'a pas été choisi au hasard : « Entouré de deux zones protégées spectaculaires, Sharm El-Sheikh est un lieux qui incitera les participants à lutter contre le changement climatique et à protéger la planète. »
En évoquant les événements climatiques qui se produisent dans toutes les parties du monde de plus en plus fréquemment et de façon de plus en plus dramatique comme l'ont démontré les pluies intenses et continuelles qui ont récemment frappé la population de las Tejerías, le président vénézuélien a remarqué qu'on n’a déjà plus le temps. La limite a déjà été dépassée. Cela exige que l'humanité change de direction de façon urgente étant donné la rapidité avec laquelle le modèle capitaliste est en train d'entraîner le monde vers la catastrophe.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guteres l’a également souligné avec force la veille du sommet : « Nous nous rapprochons d'un point de non retour avec des impacts irréversibles dont certains sont même difficiles à imaginer, » a-t-il déclaré. C'est pourquoi, a ajouté Guteres, les pays riches « doivent signer un pacte historique avec les économies émergentes. » Dans le cas contraire, la situation « ne peut pas être changée. »
On ne peut pas la changer non plus avec des campagnes de propagande conçues pour présenter les pires bellicistes comme des champions du pacifisme et les principaux coupables de l’exploitation comme des champions de l'environnement. C'est la position des mouvements populaires les plus importants qui participent au sommet avec leurs représentants (35 000 délégués présents) et qui réalisent le traditionnel contre-sommet.
Et il y a ceux qui, comme l'activiste norvégienne Greta Thunberg qui anime la campagne des jeunes contre le changement climatique, ont critiqué le sommet et ont décidé de ne pas y aller en dénonçant le Greenwashing étant donné que ceux qui patronnent l'événement et montent les espaces sont les multinationales habituelles dans lesquelles les activistes n'ont aucune confiance à cause de leur impact sur l'environnement : dans ce cas, Coca-Cola.
Le terme anglo-saxon Greenwashing, un mot composé par Green, vert, et whitewash, blanchir ou couvrir, évoque cette forme de propagande destinée à vendre un bien toxique en le faisant passer pour un bien sain : dans ce cas, faire passer une multinationale qui contamine et exploite pour un champion de l'environnement en s'appuyant sur un appareil sophistiqué de propagande et de puissants cabinets d'avocats qui poursuivent toute personne qui cherche à donner des informations et à déposer des plaintes.
Souvenons-nous de certains cas frappants : les compagnies pétrolières qui détruisent des territoires avec leurs impacts mortifères mais se présentent comme « écologiques ». Mais il est plus difficile d'identifier l'omniprésence du phénomène au niveau de la consommation locale puisque les grandes entreprises qui investissent des fleuves d'argent dans des campagnes publicitaires changent le nom ou l'étiquette du produit pour l'adapter au goût des consommateurs.
« Il n'y a aucune façon d'éviter une situation catastrophique si le monde développé et le monde en développement ne peuvent établir un pacte historique parce qu'au niveau actuel, nous serons condamnés, » a dit Guterres et il a signalé que la moitié de l'humanité est « en danger » à cause « d'inondations, de sécheresses, de tempêtes extrêmes et d'incendies. » Aucune nation n'est à l'abri. Mais « nous continuons à alimenter notre dépendance aux combustibles fossiles. »
Un récent rapport des Nations unies a également dénoncé le fait que la plupart des pays ne respectent pas leurs engagements de réduction de la production de carbone et des émissions de gaz à effet de serre qui augmenteront de 10,6 % en 2030 par rapport au niveau de 2010. Pour les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites de 43 % pour 2030 pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5° centigrade et éviter que la situation ne puisse plus être contrôlée. « La science nous dit que nous ne sommes pas du tout sur le la bonne voie, » a dit le principal négociateur climatique de l’Égypte, Mohamed Nasr.
La conférence des membres concerne les pays qui, en 1992, ont signé la Convention des Nations unies sur le changement climatique à Rio de Janeiro, le premier traité international qui a mis le réchauffement de la planète en son centre. Sa première édition a eu lieu à Berlin en 1995 et a été suivie par 27 autres, une par an, sauf en 2020 à cause de la pandémie de COVID-19.
En 2015 ont été signé des accords contraignants entre les membres comme l'accord de Paris qui stipulait que le réchauffement de la planète devait être maintenu en dessous de 2°C et qu'il fallait poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. L'Union européenne l’a ratifié le 5 octobre 2016 il est entré en vigueur le 4 novembre 2016. En 2015, un rapport du Fonds Monétaire International a calculé que les subventions aux combustibles fossiles dépassaient les dépenses sanitaires totales de tous les Gouvernements du monde.
Un argent qui, selon le FMI, a été soustrait aux investissements dans les énergies renouvelables. Selon le FMI, le combustible qui a reçu le plus de subventions cette année en proportion des dégâts qu'il a produits sur l'environnement et étant donné qu'aucun pays n'applique les impôts spéciaux sur sa consommation a été le charbon avec un peu plus de la moitié du total. Ensuite, le pétrole qui, étant donné la forte utilisation qu'on en fait et qu'on continue à en faire dans le transport, se trouve à la troisième place des subventions et le reste est pour le gaz.
Selon ce rapport, l'hypothèse d'une réforme de ces subventions pourrait avoir un grand impact en termes fiscaux, environnementaux et de bien-être et aurait sauvé 1 600 000 vies chaque année perdues à cause de morts prématurées liées à la contamination de l’air.
Étant donné que le FMI n'est pas une association de bienfaisance, ce rapport avait pour but d'orienter ce qu'on appelle la « la transition verte », l'un des principaux problèmes abordés par les groupes de travail de la COP 21 et maintenant au centre de la proposition globale de Biden en tant que grande opération de renaissance du capitalisme mondial pour l’après-pandémie.
Une proposition qui, dans le contexte hégémonique qui caractérise le « multilatéralisme » belliqueux des démocrates étasuniens, élude les responsabilités du principal pollueur de la planète et le déséquilibre que le monde capitaliste provoque dans les relations entre le nord et le sud.
Les « réformes » imposées par le FMI sont basées, en effet, sur des prêts accompagnés de changements structurels dans les politiques gouvernementales et les coûts de la « transition verte » pèsent sur les épaules des classes populaires. « Si le climat était une banque, ils l'auraient déjà sauvé, a dit fort à propos Chavez.
A la COP27, qui revient en Afrique après 6 ans, les pays du Sud remettent à nouveau en question la proposition des « aides » en dénonçant des retards et des failles dans le financement de la transition énergétique, montrent les coûts que l'adaptation au chargement climatique a déjà provoquée et exigent une indemnisation pour les dégâts subis en termes de coûts humains et économiques.
Selon le dernier rapport de l’ONU sur l'environnement, les pays du Sud auraient besoin de quelques 340 000 000 000 de dollars pour cela en 2030 alors qu'actuellement ils reçoivent 10 fois moins. L'année dernière, les pays capitalistes avancés ont promis jusqu'à 40 000 000 000 pour 2025 mais ont rejeté la proposition de «pertes et dégâts » présentée par les pays du Sud.
Nicolas Maduro a rappelé que ceux qui sont affectés de façon disproportionnée par les effets du changement climatique sont essentiellement les populations vulnérables qui ont moins de ressources et ont moins contribué à l'augmentation du réchauffement global.
L’Inde, par exemple, qui dépend du charbon à 70 % pour sa production d'électricité et qui est l'un des pays les plus exposés aux effets catastrophiques du changement climatique aurait besoin de plus de 220 000 000 000 de dollars par an d'investissements pour reconvertir son économie. Les pays africains reçoivent seulement 3 % des fonds pour le climat et perdent entre 7000 et 15 000 000 000 de dollars bien qu'ils n émettent que 4 % des émissions totales.
Après la crise énergétique, les pays du Nord (auparavant orientés vers l'abandon du financement de l'exploitation des combustibles fossiles en Afrique), sont revenus sur leurs pas. L'une des revendications amenée au sommet est, par conséquent, que les pays africains puissent exploiter leurs ressources pour le développement de leur pays face à une crise énergétique qui pèse beaucoup plus sur eux.
Le changement climatique avec les inondations et la désertification qui l’accompagnent affecte aussi l'accès aux aliments des populations vulnérables. Par conséquent, la table consacrée à la relation entre le changement climatique et la crise alimentaire à laquelle a assisté le Venezuela qui poursuit l'objectif de la souveraineté alimentaire malgré les mesures coercitives unilatérales imposées par l'impérialisme a été au centre de l’événement. Des résultats mis en évidence également dans la rencontre entre Maduro et son homologue français Emmanuel Macron dans le cadre du sommet.
Maduro a tendu la main à l'un des principaux sympathisants de l'inexistant « Gouvernement parallèle » du « président » autoproclamé Juan Guaido et a invité Macron au Venezuela pour voir les résultats de l'héroïque résistance du peuple bolivarien et de son Gouvernement qui a réussi à briser le blocus et a la plus forte croissance économique de la région. Macron a invité Maduro à l'appeler rapidement pour établir un ordre du jour bilatéral. Une rencontre qui, a dit le vice-président du PSUV Diosdado Cabello lors de la conférence de presse du parti, rétablit la vérité des faits dans une situation internationale : la vérité du Venezuela et de son président légitime.
La crise énergétique née suite à l'attitude myope de l'Union européenne face à la Russie, a-t-il ajouté, démontre l'hypocrisie des proclamations en défense de l'environnement des pays capitaliste prêts aujourd'hui à revenir au charbon. Au contraire, le Venezuela Bolivarien, sur la base du cinquième point du Plan de la Patrie qui établit la défense de l'environnement et de la Terre Mère, montre fermement une voie alternative au capitalisme.
A la COP27, Maduro a proposé un sommet des pays sud-américains pour sauver l'Amazonie, pour détruire « tous les processus de destruction du poumon du monde. » Une proposition discutée avec le nouveau président du Brésil Lula da Silva et avec le président de la Colombie Gustavo Pétro qui l’a évoquée au sommet. A cette occasion, Pétro a dénoncé la férocité des mesures coercitives unilatérales imposées par l'impérialisme des USA : « C'est le moment de l'humanité et pas des marchés, » a dit Pétro en refusant d'apparaître sur la photo officielle avec les autres chefs d'État et en appelant à mettre en place un plan global de libération des hydrocarbures.
La critique du modèle capitaliste si elle se limite à la sphère « morale » et n'implique pas ses causes structurelles, peut ne griffer qu’un peu l’écorce. On se souvient toujours des paroles prophétique de Fidel Castro sur l’environnement.
Et par conséquent, il vaut la peine de tourner son regard vers une autre rencontre internationale qui s'est achevée dimanche 6 à Buenos Aires, Argentine. Nous parlons du RUNASUR, l’UNASUR des peuples, dirigé par Evo Morales qui l’a créé en 2019. L'ancien président bolivien a expliqué que le but était « d'assainir une dette historique que les peuples doivent payer dans une situation de crise économique, sociale, culturelle et surtout de vie. » il s'agit spécifiquement de « donner une continuité aux lignes proposées à l'époque par l’UNASUR mais sans qu’elle soit sujette à des changements dans la direction des Gouvernements de service. » Ainsi, après deux ans de réunions dans différentes villes d'Amérique latine, l'assemblée plurinationale de constitution du RUNASUR a eu lieu. Des centaines de représentants de mouvements sociaux, de syndicats, d’afro-descendants et de peuples originaires de 14 pays y ont participé pour défendre la vie, l'identité culturelle, la souveraineté, l'anticolonialisme et l’anti-impérialisme.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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