Argentine: Cristina Fernández de Kirchner condamnée à six ans de prison.
La vice-présidentes de l'Argentine, Cristina Fernández de Kirchner, a été condamnée mardi à 6 ans de prison et à l'interdiction perpétuelle d'occuper des charges publiques au terme d'un procès qui a duré trois ans et demi et a été entouré de scandales et de dénonciations de partialité.
Le tribunal oral fédéral numéro 2, composé par les juges Jorge Gorini, Rodrigo Giménez Uriburu et Andrés Basso, a déclaré l'ancienne présidente coupable du délit « d'administration frauduleuse au préjudice de l'administration publique. » Mais il l’a déclarée innocente du délit d'association de malfaiteurs que lui avaient imputé les procureurs et pour lequel la peine maximale était de 12 ans de prison.
Ainsi s'est achevé un procès lors duquel 13 accusés ont reçu des sentences allant de l'absolution à 6 ans de prison et auquel ont participé plus de 100 témoins.
Les juges ont annoncé que les fondements du verdict seront révélés le 9 mars prochain. Jusqu'à ce jour-là, les arguments judiciaires qu'ils ont pris en compte pour édicter ses sentence seront connus.
Fernandez de Kirchner a été accusée d'avoir dirigé une association illicite qui sous ses deux gouvernements (2007–2015) et celui de son mari et prédécesseur Nestor Kirchner (2003–2007), a soi-disant dirigé des fonds de travaux publics en faveur du patron Lázaro Báez qui était un ami et un associé du couple.
Dans leurs allégations, les procureur, Diego Luciani et Sergio Mollards avait demandé une peine de 12 ans de prison, l'interdiction perpétuelle d'occuper des charges publiques et la saisie de ses biens. Finalement, le tribunal a opté pour une condamnation moins importante.
Réaction
Quelques minutes après la lecture de la sentence, la vice-présidentes de as prononcé un discours dans lequel elle a rappelé les multiples illégalités de la procédure. « La condamnation était écrite (…) Il est évident que l'idée était de me condamner comme ils l’ont fait finalement. »
Ce jugement est historique car c'est la première fois qu'une personnalité politique qui occupe un poste aussi élevé est condamnée dans l'exercice de ses fonctions. Auparavant, les anciens présidents Carlos Menem,Fernando de la Rúa et l'ancien vice-président Amado Boudou ont été condamnés mais il n'occupaient plus de leurs postes.
L'importance de cette affaire est également due au fait que Cristina Fernández de Kirchner est la personnalité politique la plus importante d’Argentine depuis qu’en 2007, elle a ceint pour la première fois l'écharpe présidentielle. C'est pourquoi, bien que ni elle ni le Gouvernement n'ait appelé à réaliser de manifestations publiques, ce mardi, des organisations et des citoyens ont marché spontanément vers les tribunaux.
Depuis le début du procès, Cristina Fernández de Kirchner affirme que la condamnation est écrite d’avance car elle fait partie de la persécution judiciaire qui a été menée à bien contre elle depuis qu’en 2015, elle a achevé son second mandat de présidente et qu’elle a pour seul but de l’éliminer. « (Le tribunal) est un peloton d'exécution, », a-t-elle affirmé la semaine dernière lors de sa dernière intervention.
L'opposition politique et médiatique, pour sa part, a célébré cette condamnation avant et après qu'elle ait été connue.
L'affaire
La ferme porte le nom de « affaires viabilité » puisqu'elle a son origine dans un audit réalisé par la direction nationale de la viabilité en 2016 sous le Gouvernement de son successeur Mauricio Macri. 51 contrats de travaux publics obtenus par le patron Lázaro Báez dans la province de Santa Cruz, situé tout au sud du pays où la famille Kirchner a une grande popularité ont été l'objet d'une enquête.
Nestor Kirchner a été gouverneur de cette province de 1991 à 2003, année pendant laquelle il est devenu président. Depuis lors, Báez, l'un de ses amis les plus proches, a commencé à obtenir des adjudication qui l’ont enrichi: au total, 78,5 % des contrats de travaux publics. Malgré ce qu'il a touché, il a laissé plus de la moitié des travaux inachevée. Aujourd'hui, il est condamné dans d'autres affaires pour corruption.
En plus de l'ancienne présidente, ont été jugés le patron Lázaro Báez, l'ancien ministre de la planification Julio De Vido, l'ancien ministre des travaux publics José López et l'ancien directeur de la viabilité nationale Néstor Periotti qui ont été accusés d'avoir fait partie de « l'association illicite. »
Pour des délits moins importants ont été jugés l'ancien sous-secrétaire aux travaux publics Abel Claudio Fatala, les anciens chefs de la direction nationale de la viabilité Raúl Osvaldo Daruich et Mauricio Collareda, les anciens directeurs généraux de l'administration générale de la viabilité, de la province de Santa Cruz Juan Carlos Villafañe, Raúl Gilberto Pavesi, José Raúl Santibáñez et Héctor René Jesús Garro et l'ancien secrétaire de coordination des travaux publics, fédéraux, Carlos Santiago Kirchner.
Appeler Michele,
Les controverses ont été permanentes pendant ces trois ans et demi et se sont intensifiées pendant ces derniers mois.
Le 1er août, le procureur Diego Luciani est devenu célèbre avec des allégations dures et ridicules dans lesquelles il a accusé l'ancienne présidente et son époux et prédécesseur Nestor Kirchner d'avoir créé «l'un des réseaux de corruption les plus extraordinaires qui, malheureusement et tristement, se sont développés dans le pays. »
Quelques jours plus tard, on a découvert des photos sur lesquelles Luciani et Rodrigo Giménez de Uriburu, l'un des juges du tribunal qui jugeait Cristina Fernández de Kirchner, jouaient ensemble au football sur le terrain de la maison de campagne de l'ancien président Mauricio, Macri. « Le pouvoir judiciaire pue, » a déclaré la vice-présidente.
Ensuite, il y a eu des marches et des actes en faveur de Cristina Fernández de Kirchner, plus de crispation sociale, jusqu'à ce que le 1er septembre, ce procès soit complètement englué dans l'émotion qu’a provoqué l'attentat contre la vice-présidente et qu'elle a attribué à la campagne de haine mise en œuvre par ses opposants.
La tension politique a encore augmenté le week-end dernier après qu’aient été révélés des chats entre des juges, des fonctionnaires et des patrons de médias dans lesquels il manipulaient soi-disant les preuves d'un voyage luxueux qu'ils avaient fait ensemble en Patagonie, tous frais payés par le groupe Clarin (le multimédia le plus important du pays et le plus grand ennemi du kirchnérisme).
L’un de ces voyageurs était le juge Julian Ercolini, qui a instruit l’affaire contre Cristina Fernández de Kirchner, c'est-à-dire qui a réuni les soi-disant éléments de preuve. et les a trouvés suffisants pour que l’affaire aboutisse à un procès oral et public.
Possibilités
Au-delà de la condamnation, il n'y a aucune possibilité que Cristina Fernández de Kirchner aille en prison. D'abord parce que grâce à sa charge de vice-présidente, elle a des privilèges. Elle devrait affronter auparavant un procès politique pour être destituée de la charge pour laquelle elle a été élue et dont le mandat s’achèvera le 10 décembre 2023.
De plus, ses avocats feront appel de toute condamnation, c'est pourquoi la sentence devra être analysée par la chambre de cassation pénale. La dernière étape se déroulera à la cour suprême de justice mais c'est une procédure qui peut durer plusieurs années.
D'autre part, Cristina Fernández de Kirchner aura 70 ans en février prochain et la loi accorde le bénéfice de l'assignation à résidence à tout condamné à partir de cet âge.
Tant que la sentence n'est pas ferme, Cristina, Fernández de Kirchner n'aura pas non plus à se soumettre à l'interdiction. C'est-à-dire que, si elle le souhaite, elle pourra postuler à toute charge publique aux élections générales de l'année prochaine.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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