Amérique latine : Un Sommet de la CELAC entre le boycott de la droite et le problème de la dictature péruvienne
La rencontre aura lieu à l'hôtel Sheraton et 14 autres présidents y assisteront parmi lesquels Lula da Silva, Miguel Diaz-Canel, Nicolas Maduro, Gustavo Pétro, Gabriel, Boric, Xiomara Castro. La région cherche à mettre en place des accords stratégiques mais il est très probable que les événements qui se déroulent au Pérou où on a installé une dictature génère de fortes discussions sur le fait d'accepter ou non l'actuel Gouvernement de fait dans l'alliance.
Le Gouvernement se prépare à une semaine qui sera très importante, parce que les présidents et les représentants des 33 pays d'Amérique latine et des Caraïbes se réuniront dans notre pays pour une manifestation de dialogue et de renforcement régional.
Le premier arrivé sera le président brésilien qui arrivera dimanche soir pour sa première visite officielle et pour signer lundi avec Fernandez un accord stratégique qui, selon la Maison Rose, sera la clé de voûte de la nouvelle relation entre les deux pays. Là, il y aura des projets très ambitieux à long terme comme, par exemple, la création d'une monnaie commune pour l'échange commercial entre les deux pays sans avoir besoin de passer par le dollar.
Mercredi, après le sommet de la CELAC, le Président aura des réunions bilatérales avec certains de ses homologues comme la première ministre des Barbade, Mia Mottley, le premier ministre d’Haïti, Ariel Henry, le président du Conseil Européen, Charles Michel, Christopher Dodd, l'ancien sénateur conseiller pour les Amériques du président des États-Unis Joe Biden et le directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Il rencontrera aussi Maduro et Diaz-Canel.
Le retour de Lula à la CELAC
La présence de ses deux dirigeants, Diaz-Canel, Maduro, et l'éventuelle présence du président du Nicaragua Daniel Ortega qui, finalement, ne viendra pas a provoqué le rejet de l'opposition de droite d'Ensemble Pour le Changement qui, pendant toute la semaine passée, s'est chargé de provoquer un scandale pour essayer de boycotter la rencontre grâce à des condamnations et à des plaintes. En plus d’Ortega, ni le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador qui ne voyage jamais (à sa place, viendra le chancelier Marcelo Ebrard) ni la dictatrice fasciste du Pérou Dina Boluarte ne seront de la partie. Le président chinois xi Jinping a été invité symboliquement mais ne pourra pas être là mais en projettera un message qu'il a enregistré.
Samedi, enfin, la semaine internationale s'achèvera avec l'arrivée en Argentine du premier ministre allemand, Olaf Scholz, qui y séjournera deux jours avec une importante délégation de fonctionnaires et de patrons.
Saint-Vincent et les Grenadines, nouvelle présidente de la CELAC?
La raison officielle de ce sommet est de désigner le prochain président tournant du mécanisme. Mais l'objectif symbolique et politique est de montrer tous les dirigeants de la région unis en train de discuter de stratégies communes pour leurs peuples.
Selon ce qui a été décidé, le prochain président de la CELAC devrait être le premier ministre de Saint-Vincent et les Grenadines, Ralph Gonsalves, parce qu'il lui revient de présider, le CARICOM. L'Argentine et le Mexique, par exemple, se sont déjà engagés à voter pour lui mais pour que cette ile anglophone puisse être présidente, il faut qu’il y ait l'accord de tous les membres. Si on n' arrive pas à une décision unanime, il peut se passer deux choses : qu'on demande à l'Argentine de proroger son mandat pour quelques mois jusqu'à ce qu'on prenne une décision–ce pourrait être jusqu'en juin–ou qu’un autre pays veuille prendre la présidence,. Dans ce cas, la Colombie de Pétro serait intéressée.
Cette année, l'un des événements « les plus importants » de la CELAC sera la rencontre avec l'Union européenne. Cette réunion aura lieu à Bruxelles, en juin. Si Fernandez proroge son mandat, il ira. La possibilité que ce soit le Brésil est pratiquement écartée, parce que, même si Lula est une figure forte qui donnerait une empreinte très intéressante à la CELAC, il y est revenu il y a seulement quelques semaines. De plus, le Brésil aura la présidence du MERCOSUR à la fin de l'année et en même temps celle du G20. Cela lui donnera un ordre du jour très chargé sur le plan international.
L'ombre brutale de la dictature péruvienne
Ce sommet de la CELAC se déroule justement pendant les graves événements qui ont lieu au Pérou où on a installé un Gouvernement de fait qui n'hésite pas à réprimer les grandes mobilisations populaires et qui en quelques jours a déjà assassiné 60 habitants et fait des centaines de blessés et d'arrestations. L'usurpatrice et dictatrice Boluarte qui a participé de façon notoire au coup d'Etat fasciste ourdi par le Congrès contre le président légitime Pedro Castillo a décidé de ne pas venir à la réunion de la CELAC mais d’y envoyer son chancelier.
Il serait réellement honteux que la CELAC ne s'exprime pas sur ce sujet, ne condamne pas la dictature péruvienne et n’offre pas une large solidarité à son peuple et au président Castillo. Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Mexique et le Nicaragua sont sur cette ligne depuis le début. Le président argentin Fernandez, le président chilien Gabriel Boric et tous les Gouvernements de droite de la région soutiennent Boluarte et on ne sait pas ce que pense Lula à ce sujet. Ce qui est clair, c'est que le Pérou sera, si la logique l'emporte, l'un des points sur lesquels la CELAC ne pourra pas éviter de s'exprimer. Ne pas condamner une dictature meurtrière comme comme celle-là porterait atteinte au rôle que veut jouer l'alliance dans la défense des droits de l'homme dans chacun des pays. Si par contre, l'opinion des pays qui comprennent qu’aussi bien Boluarte que ses sbires sont un danger pour une région dans laquelle la droite avance, et où le Commandement Sud déclare qu'il vient pour toutes ses richesses naturelles tombe dans l'oreille d'un sourd, la CELAC pourrait affronter une situation grave qui pourrait entacher sa crédibilité.
Une autre persona non grata : le président haïtien Ariel Henry
Malheureusement, les protocoles et les énormes vides idéologiques qui survolent, ces sommes, produisent le contresens que des personnages plus que rejetés par leur peuple y participent. Au cas du Pérou s’en ajoutent d'autres comme celui d'Ariel Henry qui exerce de manière frauduleuse la plus haute charge dans la république d'Haïti, souffrante et mille fois envahie.
Pendant toute l'année 2021 et le début de celle-ci, le peuple haïtien s'est mobilisé par centaines de milliers contre le régime haïtien et contre toute tentative d'intervention étrangère qu'à demandé deux manière traitresse Henry lui-même qui maintenant sera reçu avec tous les honneurs dans une réunion bilatérale avec le président Fernandez. Il est incompréhensible qu’Henry puisse se vanter le lendemain du sommet d'avoir vu son mandat officialisé par ses collègues présidents et chanceliers. Il en sera certainement ainsi pour ceux d'en haut parce qu’au niveau des peuples dont le peuple argentin, Henry continuera à être rejeté à cause de sa décision de continuer à être un paillasson de l'impérialisme nord-américain et de ses associés canadiens qui mettent souvent leur nez en Haïti.
Le scandale de l'opposition fasciste
L'opposition a passé toute la semaine à essayer de boycotter la rencontre de la CELAC et en plus de dénonciations, le bloc du PRO à la chambre des députés a présenté un projet pour déclarer Maduro « persona non grata. » Selon l'ancienne gouverneur Maria Eugenia Vidal, il l'on fait « à cause de la violation permanente des droits de l'homme du peuple vénézuélien. » Mario Negri, de l’UCR, a partagé un message de condamnation du bloc des députés sur son espace.
Le Forum, Argentin pour la Démocratie dans la Région (FADER),de droite, a aussi présenté une dénonciation du président du Venezuela, Nicolas Maduro, de Cuba, Miguel Diaz-Canel et du Nicaragua, Daniel Ortega, qu'ils ont qualifiés de « dictateurs. » Parmi ceux qui ont signé cet écrit figurent « toujours les mêmes », quand il s'agit de se manifester pour la droite : les députés et anciens fonctionnaires du PRO, Waldo Wolff, Paula Bertol, l'ancien chancelier, Jorge Faurie et des radicaux comme Karina Banfi, Alfredo Cornejo et Álvaro De Lamadrid, le député de JxC Ricardo López Murphy et Maximiliano Ferraro (CC) et les journalistes d’opposition Alfredo Leuco et Eduardo Feinmann en plus de Graciela Fernández Meijide.
Malgré les escuálidos et les gusanos, Maduro et Díaz-Canel seront ovationnés par beaucoup d’Argentins.
La Chancellerie explique que ce sont des dénonciations politiques, que la CELAC n'expulse aucun pays parce c’est un mécanisme de dialogue et précise qu'il n'y a aucun danger d'arrestation parce qu’aucun des présidents n’est l'objet d'un mandat d'arrêt international ni d'alerte rouge. Elle rappelle même que l'ancien président conservateur du Chili Sebastián Piñera a transmis la présidence à Cuba en 2013 et que la vice-présidente de Macri, Gabriela Michetti, a participé à des rencontres de la CELAC. « C’est le processus d'intégration qui a duré le plus longtemps dans la région. Il les gêne parce qu'ils ne veulent pas qu’on s’unisse,» dit-on à la Maison Rose.
Les États-Unis enverront à ce sommet l'ancien sénateur Chris Dodd. L'invitation était pour le président Joe Biden mais le Gouvernement pensait qu'il était peu probable qu'il puisse y assister parce qu'il n'existe pas de mécanisme entre la CELAC et les États-Unis. Ils ont aussi invité le président chinois xi Jinping mais Biden s'est montré inquiet et a même envoyé une lettre au Président disant qu'il remerciait pour l'invitation mais qu'il ne pourrait pas y assister en personne et qu'il enverrait un représentant.
L'ordre du jour de Lula.
Lula arrivera en Argentine dimanche à 21h. Le chancelier Santiago Cafiero ira le chercher à l'aéroport et même si la délégation avec laquelle il viendra n'est pas encore connue, il est certain qu'il viendra avec son chancelier Mauro Vieira, avec le ministre de l'économie, Fernando Haddad, et avec un de ses conseillers les plus importants, Celso Amorim.
Lundi matin à 10h15, il déposera une gerbe avec Cafiero sur la place Saint-Martin. De là, ils iront à la Maison Rose où ils auront à 10h45 une rencontre seuls à seul avec le Président. Ensuite, ils auront une réunion élargie à laquelle assisteront entre autres Cafiero, le ministre de l'économie, Sergio Massa et l'ambassadeur au Brésil, Daniel Scioli. Plus tard, ils signeront des accords au Salon Blanc où ils feront également une déclaration à la presse. Il déjeuneront à la Maison du Gouvernement avec les ministres qui seront venus avec Lula et leurs homologues argentins. Enfin, les présidents recevront des organismes des droits de l'homme qui souhaitent saluer Lula, et lui faire part de leur solidarité après la tentative de coup d'Etat contre lui.
Plus tard, il y aura une rencontre entre les présidents et des patrons des deux pays au Musée du Bicentenaire. Les Brésiliens ne font pas partie de la délégation de Lula mais ont été spécialement invités et viendront par leurs propres moyens. L'événement a été organisé par l’UIA argentine et l’UIA brésilienne et l'ouverture sera à la charge de Fernandez et de Da Silva. À la fin de la réunion, Lula aura quelques heures de libres. La dernière activité sera au centre culturel Kirchner ou il y aura un concert avec des artistes comme Lisandro Aristimuño; Nacha Guevara, Baglieto, León Gieco, et Nahuel Pennisi, entre autres. On estime que cela durera une heure et ensuite on ira se reposer.
Lula a aussi prévu de rendre visite à la vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner au Sénat bien que l'heure de la rencontre ne soit pas confirmée. Ce pourrait être lundi avant l'activité. au CCK. Le lendemain, le président brésilien participera à la réunion de la CELAC et mercredi, il se rendra en Uruguay.
Un accord stratégique
Ce que les deux présidents signeront au Salon Blanc est un « accord pour l'intégration », auquel sont en train de travailler les deux Gouvernements. Pour les Argentins, en plus de la chancellerie, l'ambassadeur Daniel Scioli et Massa y travaillent. Ce sera, expliquent-ils, un premier pas, une lettre d'intention. Ce qui viendra après, c'est un travail intense des différents ministères des deux Gouvernements et de leur Banque Centrale. Le plus important sera l'accord pour le second tronçon du gazoduc Nestor Kirchner qui, avec ce financement brésilien, pourrait être terminé en juin de cette année.
On parlera aussi d'un mécanisme qui pourrait permettre la création d'une monnaie locale. « Ce qui se signe, c'est un mémorandums d'entente pour commencer à l'étudier, », explique le ministère de l’économie. Ce serait une monnaie commune, pas unique, parce qu'elle servirait pour le commerce entre les pays et serait associée à la valeur du produit brut et à la situation des banques centrales du Brésil et de l'Argentine. Cela permettrait au commerce entre les deux pays de cesser de passer par le dollar. Mais chaque pays conserverait sa monnaie locale.
Le Sommet Social fera une déclaration
Lundi 23 et mardi 24 se déroulera également un sommet qui, non seulement soutient la réalisation de la rencontre de la CELAC, mais discutera de nombreux sujets importants pour les peuples de la région. Derrière celui-ci se trouvent des organisations sociales, syndicales, politiques, du domaine populaire, qui, lundi, à partir de 14 heures, délibéreront au musée Malvinas.
Ce sommet social a déjà élaboré un document à contenu clairement anticolonialiste et anti-impérialiste qui sera présenté aux présidents et aux délégués au sommet qui délibéreront mardi.
Ce même mardi, sera convoquée dans la matinée une grande mobilisation qui arrivera jusqu'aux portes de l'hôtel Sheraton, à Retiro, en soutien à la CELAC mais aussi pour officialiser le soutien aux présidents que la droite locale et régionale essaie de diaboliser constamment comme les représentants de Cuba, du Venezuela, de Nicaragua, de la Bolivie, du Mexique et du Honduras.
Pour sa part, cette droite, essaiera également de se mobiliser à la même heure, et, activé par des extrémistes, Vénézuélien et cubain, qui réside en Argentine, protégés par le Gouvernement de Larreta et le reste du macrisme.
Enfin, à 17h30, une autre mobilisation, cette fois organisée par le Front de Gauche–Unité, marchera vers le Sheraton avec le slogan: « Tout notre soutien à la lutte du peuple péruvien » et demandera aux membres de la CELAC « aucune reconnaissance du Gouvernement de Boluarte. »
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
URL de cet article :