Brésil: Lula défend Maduro face aux attaques de Lacalle Pou et de Boric
Le président duBrésil, Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré que personne n'était obligé d'être d'accord avec ses opinions sur le Venezuela, en commentant les critiques formulées par les présidents du Chili, Gabriel Boric, et de l'Uruguay, Luis Lacalle Pou. Lula avait déclaré lundi, lors d'une réunion avec le président Nicolás Maduro, que le Venezuela était « victime d'un récit antidémocratique et autoritaire, » ce qui lui a valu les critiques des présidents du Chili et de l’Uruguay. Pour la première fois en près d'une décennie, les dirigeants de onze nations d'Amérique du Sud se sont retouvés à Brasilia pour tenter de recomposer l'intégration régionale.
« Le sommet n'est pas un groupe d'amis »
« Maduro fait partie de notre continent et il y a eu beaucoup de respect pour la participation de Maduro ; personne n'est obligé d'être d'accord avec qui que ce soit, c'est ainsi que nous faisons le dialogue démocratique, » a déclaré Lula en réponse à une question de l'agence Télam à la clôture du sommet régional qui a eu lieu mardi. Le président brésilien a soutenu Maduro et a déclaré que tous deux, avec leur condamnation pour persécution politique, ont été victimes des récits de leurs rivaux politiques.
« J'ai toujours défendu l'idée que chaque pays est souverain pour décider de son régime politique, de quel genre d'élection il aura et pour débattre des problèmes internes, » a déclaré Lula, qui a qualifié de « très étrange » » le fait que "le monde occidental fait n’exige pas de l'Arabie saoudite ce qu’il exige du Venezuela. »
« Je veux que le Venezuela soit respecté et je veux la même chose pour le Brésil, » a souligné Lula, qui a minimisé les critiques de Lacalle et de Boric et a soutenu que le sommet présidentiel « n'est pas un groupe d’amis » et qu'il y a toujours des discours enflammés avec des critiques. Lula a expliqué qu'il connaissait à peine Boric et Lacalle Pou et que ce sommet servait à construire des rapprochements et la confiance.
Pour Lula, l'union de l'Amérique du Sud en tant que bloc pour négocier de manière coordonnée dans d'autres groupes ou dans des forums internationaux est une nécessité pour maintenir l'indépendance économique. « Ou nous nous unissons pour défendre nos intérêts, ou nous serons des marionnettes dans la main des grandes économies, » a-t-il déclaré.
« Faire l’autruche »
Cependant, le président de l'Uruguay, Luis Lacalle Pou, a rendu compte du poids des divisions. « S'il y a tellement de groupes dans le monde qui essaient de faire de la médiation pour que la démocratie soit pleine au Venezuela, pour que les droits de l'homme soient respectés et qu'il n'y ait pas de prisonniers politiques, la pire chose que nous puissions faire est défaire l’autruche, » a déclaré Lacalle Pou selon le journal El País.
« Donnons-lui (au Venezuela) le nom qu'il porte et aidons-le, » a déclaré le dirigeant de droite, qui a qualifié Maduro de « dictateur. » Sur la même ligne, le président du Chili, Gabriel Boric a déclaré que la situation vénézuélienne « n'est pas une construction narrative » mais une réalité. « Les droits de l'homme doivent toujours être respectés, » a déclaré le président chilien, tout en soutenant la demande répétée de Caracas d'appeler les États-Unis et l'Union européenne à démanteler les sanctions qui pèsent sur Maduro et son Gouvernement.
Maduró a répondu en disant que des pays comme le Chili ou l'Uruguay « ont une vision des choses » et que le Venezuela, « en aune autre. » « Le plus important, c'est qu'il y a eu un débat, » a déclaré le dirigeant vénézuélien, et il a annoncé « une nouvelle étape » de l'intégration sud-américaine « avec un esprit renouvelé de respect, d'union, d'intégration et de diversité. »
Soutien du Parlement vénézuélien
L'Assemblée nationale du Venezuela a soutenu mercredi la visite de Maduro au Brésil dans un document approuvé à l'unanimité. Les parlementaires vénézuéliens ont décidé de « soutenir et de reconnaître la valeur historique, politique et sociale de la visite » de Maduro au Brésil, la première depuis 2015, lorsque le président a assisté à l'investiture pour un second mandat de l'ancienne présidente Dilma Rousseff.
L'Assemblée a rappelé qu'il s'agissait d'une rencontre dans le cadre du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, suspendues depuis 2019, et qu'elles ont été reprises avec le retour de Lula à la présidence du géant sud-américain, qui a été investi le 1er janvier dernier.
Outre Lula, Maduro, Boric et Lacalle Pou, le rendez-vous de mardi à Brasilia a réuni les présidents de l'Argentine, Alberto Fernández, de la Colombie, Gustavo Petro, du Paraguay, Mario Abdo Benítez, de l'Équateur, Guillermo Lasso, de la Bolivie, Luis Arce, du Guyana, Irfaan Ali, et du Suriname, Chan Santokhi. Le Pérou était représenté par le chef de cabinet, Alberto Otárola.
Le sommet s'est terminé par une déclaration consensuelle visant à renforcer l'intégration pour « affronter les défis partagés » et accroître les échanges commerciaux et les investissements, mais sans accords concrets. Un groupe de travail composé des chanceliers des douze pays qui doivent se réunir dans 120 jours pour discuter des progrès réalisés, a également été créé.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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