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Colombie:  Le Gouvernement et l'ELN signent un accord sur un cessez-le-feu bilatéral

10 Juin 2023, 15:30pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Claudia Fonseca Sosa

 

En présence du président colombien Gustavo Petro et du président cubain Miguel Díaz-Canel, le troisième cycle de la table de dialogue de paix entre le Gouvernement colombien et l'Armée de libération nationale (ELN) s’est achevé vendredi à La Havane, annonçant un accord de cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire.

 

Ce cessez-le-feu, dans le cadre des accords de Cuba, a été signé par le chef de la délégation du Gouvernement colombien, Otty Patiño, et le deuxième commandant et chef de la délégation de l'ELN, Pablo Beltrán.

 

Cette importante trêve cherche à faire diminuer la violence qui s'est répandue depuis plus d'un demi-siècle sur le territoire colombien, et est appelée à mettre fin au feu croisé, aux hostilités et aux actions offensives entre les forces armées colombiennes et les commandos de guérilla.

 

Le président Petro a accompagné pour la première fois la clôture officielle d'une série de dialogues avec l'ELN, qui s'est déroulée pendant 35 jours dans la capitale cubaine, depuis le 2 mai dernier, après deux rondes précédentes à Mexico et à Caracas.

 

Le premier commandant de l'ELN Antonio Garcia et d'autres hauts chefs de guérilla ont également participé à la cérémonie.

 

Lors de la cérémonie qui a eu lieu le 9 juin, dans la salle de protocole de Cubanacán « El Laguito », étaient également présents les chanceliers de Cuba, Bruno Rodríguez Parrilla, et de Colombie, Álvaro Leyva Durán, ainsi que d'autres représentants des pays garants et accompagnateurs permanents du processus de pourparlers pour la paix tant attendue dans la nation sud-américaine.

 

Le chancelier cubain a lu les accords signés et a annoncé que le quatrième cycle de pourparlers aura lieu au Venezuela, entre le 14 août et le 4 septembre, où les parties feront le point sur le respect de ce qu'elles ont décidé.

 

Rodríguez Parrilla a déclaré que « les parties ont décidé de mettre immédiatement en oeuvre les accords de Cuba. »

 

De plus, il a indiqué que la table de dialogue sur la paix « entre dans une activité permanente qui conjugue différentes modalités de travail, dans différents scénarios et temps, en maintenant les cycles de conversations. »

 

Les délégations du Gouvernement colombien et de l'ELN ont signé deux pactes à Cuba : le premier relatif au «  processus de participation de la société à la construction de la paix » et le second, sur « le cessez-le feu bilatéral, national et temporaire. »

 

Sur l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le chancelier cubain a précisé que l'accord prévoit trois moments pour sa mise en œuvre.

 

Il a commenté que du 9 juin au 5 juillet 2023 aura lieu un processus d'enrôlement de la société colombienne qui comprend, entre autres, l'activation d'un canal de communication entre les parties, par l'intermédiaire du représentant spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies en Colombie.

 

Au cours de cette période, la rédaction de protocoles en attente, le début des activités de pédagogie et la préparation à la mise en œuvre du mécanisme de suivi et de vérification seront également effectués.

 

Les ordres de cessation des opérations offensives par les parties entreront en vigueur le 6 juillet 2023.

 

Le 10 juillet 2023, une réunion plénière et en personne de la table des dialogues de paix aura lieu pour approuver les protocoles élaborés, et pendant cette période, les activités de pédagogie continueront à se développer.

 

Selon le ministre des Affaires étrangères de Cuba, la mise en œuvre complète du processus d'engagement du cessez-le-feu bilatéral national et temporaire commencera à partir du 3 août 2023. Celui-ci, a-t-il dit, sera effectué « grâce à l'application dans leur intégralité des protocoles et au fonctionnement complet du mécanisme de surveillance et de vérification dans toutes ses instances. »

 

À partir de cette même date, les parties commencent à compter les 180 jours ou six mois de la période effective du cessez-le-feu bilatéral national et temporaire, « qui aura une vocation de continuité, après évaluation des parties ».

 

Bien que l'acte de clôture du troisième cycle ait été prévu hier jeudi, il a été décidé de le reporter à ce vendredi afin de finaliser les détails des textes des accords de Cuba et de leurs protocoles respectifs, ont déclaré les délégations sur leurs comptes Twitter, par le biais du communiqué conjoint numéro dix.

 

La paix est un droit de tous

 

Lors de la cérémonie, le chef de la délégation de l'ELN, le deuxième commandant Pablo Beltrán, a exprimé son souhait que la société colombienne soutienne les accords signés.

 

Il a déclaré que l'application du cessez-le-feu vise à ce que la Colombie change et, par conséquent, que le régime existant change, et qu'il doit être changé politiquement pour qu'il y ait des canaux démocratiques, que la protestation sociale soir respectée et qu'il n'y ait pas de régime répressif.

 

Il a estimé que ce type d'accord est une lueur d'espoir, d'où - a-t-il dit - l'importance de passer de son écriture à son application concrète.

 

Nous aspirons à ce que la paix ne soit pas  à nouveau l'interprétée comme une pacification, mais comme une analyse des causes profondes du conflit armé et de la transformation pour la paix, a-t-il demandé.

 

Il a également souligné la nécessité de faire plus participer des secteurs qui ont jusqu'à présent été historiquement marginalisés, tels que les jeunes, les femmes, les indigènes, les travailleurs et les communautés d'ascendance africaine.

 

Il a remercié Cuba pour le soutien apporté à la paix en Colombie et a qualifié d'injustice le fait que le pays des Caraïbes ait été inclus dans la liste des nations censées parrainer le terrorisme.

 

Pour sa part, le premier commandant de l'ELN, Antonio García, a remercié la communauté internationale, Cuba et les pays garants, en particulier ceux qui ont fourni leur territoire pour tenir des pourparlers de ne pas avoir laissé le processus de paix faire naufrage au cours des quatre dernières années.

 

Il a également remercié Petro et les deux délégations pour leur travail et a déclaré que le processus de paix naviguait dans l'incertitude jusqu'à ce que le cri du pays avec ses protestations ouvre la possibilité d'une transformation.

 

Il a estimé que la violence a volé le cœur et les mots en Colombie. Il faut aller à la rencontre des mots, que la société s'exprime et soit entendue, a-t-il dit.

 

II a assuré que ce processus de paix va à la rencontre du cœur et des mots, ce qui veut dire une vie digne pour les gens, ainsi que la construction d'un accord national qui marque l’ordre du jour du changement dans le pays.

 

Le chef négociateur du Gouvernement colombien, Otty Patiño, a remercié le président Petro pour sa confiance dans le peuple colombien et pour avoir cru que les changements étaient possibles ; ainsi que les artisans de la paix totale, parmi lesquels il a mentionné des membres de la délégation gouvernementale et aussi de l’ELN.

 

Il a assuré que ces changements affronteront la résistance de groupes de pouvoir et de groupes privilégiés, ainsi que d'autres liés à la violence historique.

 

Les défis seront innombrables mais ils valent la peine d'être abordés. « La paix est un droit de tous, » a-t-il déclaré.

 

Petro : Inclure Cuba sur la liste des pays terroristes était un acte d'injustice profonde

 

Le président colombien Gustavo Petro a remercié Cuba pour son hospitalité historique à la paix en Colombie et a rappelé que lors de sa récente visite à Washington, il a dit au président des Etats-Unis Joe Biden que le fait d'inclure Cuba dans la liste des pays terroristes était un acte d'injustice profonde.

 

Petro a appelé instamment Biden à revenir sur cette injustice qui provoque des sanctions unilatérales et des violations de la vie et des droits du peuple cubain.

 

Il a déclaré que d'une certaine manière, se termine ici une phase de l'insurrection en Amérique latine, une région qui se transforme maintenant d'une autre manière.

 

Il a déclaré que des temps s'ouvrent pour apporter de l'espoir aux jeunes et que les accords de Cuba conduisent l'ELN à un cessez-le-feu inédit qui s'inscrit dans l'engagement de mettre définitivement fin à la guerre entre le groupe armé et l'État de Colombie en mai 2025.

 

Il a également rappelé que pour mettre fin à la violence, il faut reconstruire la Colombie, un pacte qui exige justice et la garantie d’une vie digne pour les secteurs les plus humbles.

D'où, a-t-il souligné, l'importance de débattre au niveau social des réformes que son Gouvernement promeut pour garantir les droits sociaux fondamentaux et la stabilité du travail, la répartition des terres, le respect de la protestation sociale et d'autres changements qui permettront au pays de ne pas continuer à être le plus inégal de la région.

 

Pour sa part, le président cubain, Miguel Díaz-Canel, a qualifié les travaux du troisième cycle de dialogues d'intenses et a souligné que leurs résultats sont prometteurs.

 

Il a déclaré que c'est un honneur pour Cuba que ces discussions aient conclu des accords d'une grande importance pour la paix en Colombie, tels que l'apport de secours humanitaire aux populations, le cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire, et les bases destinées à construire la paix, résultat de nombreuses années d'efforts.

 

Il a rappelé que Cuba a toujours tenu ses engagements politiques et qu'aucun pays ne peut exiger qu'elle viole la parole qu’elle a donnée.

 

Le prix payé pour avoir respecté ce qui a été convenu a été élevé, mais nous ne l'avons pas regretté, a-t-il souligné.

 

Enfin, il a demandé aux Colombiens d'avancer le plus possible et de profiter de la conjoncture historique actuelle. Colombiens, ne vous arrêtez pas. Mettez votre cœur dans la paix en Colombie, a conclu Díaz-Canel.

 

Avant de partir pour La Havane, le président colombien avait annoncé depuis la Plaza de Bolívar qu'il participerait à la clôture du troisième cycle de négociations de paix avec l'ELN, assurant devant des centaines de milliers de ses compatriotes que de Cuba se produirait un événement « important pour l'histoire de la Colombie. »

 

« Je vais signer un papier qui peut représenter le début sans retour d'une ère de paix pour ce pays » a alors précisé le chef de l'État colombien, cité par les médias locaux.

 

Petro a également noté que « ça va être difficile, nous le savons tous. Faire la paix est plus difficile que de faire la guerre. « Je veux que nous construisions le chemin que la Colombie mérite avec vous, avec le peuple mobilisé, il n'y aura pas de lâcheté dans nos cœurs, » a-t-il souligné.

 

Les dialogues entre l'ELN et le Gouvernement colombien ont débuté en février 2017 à Quito, en Équateur, sous le gouvernement du président colombien Juan Manuel Santos (2010-2018). Le président équatorien Rafael Correa gouvernait encore le pays voisin.

 

En avril 2018, le président de l'époque Lenín Moreno a annoncé que l'Équateur cesserait d'être le siège des négociations, de sorte que celles-ci ont été transférées à Cuba.

 

Après plusieurs années de suspension des pourparlers par le Gouvernement d'Ivan Duque (2018-2022), le dialogue a repris avec l'arrivée de Gustavo Petro à la présidence en Colombie.

 

Le 21 novembre 2022, le dialogue a repris dans la capitale vénézuélienne, pour un premier cycle qui s'est prolongé jusqu'au 12 décembre et a abouti à un accord visant à promouvoir une assistance humanitaire dans certaines des régions les plus touchées par le conflit armé.

À la clôture du deuxième cycle de dialogues qui a eu lieu entre le 13 février et le 10 mars à Mexico, le président Petro a signé une résolution reconnaissant l'ELN comme une « organisation armée rebelle » et a indiqué que les pourparlers visaient à « trouver des solutions au conflit armé. »

 

À cette occasion, les parties ont convenu d'avancer dans un « nouveau programme de dialogues pour la paix » à travers 6 points transversaux qui seraient abordés à l'avenir : participation de la société à la construction de la paix, démocratie pour la paix, transformations pour la paix, victimes, fin du conflit armé et plan général d'exécution des accords.

 

Les pays garants des pourparlers sont le Brésil, Cuba, le Chili, le Mexique, la Norvège et le Venezuela tandis que l'Espagne, l'Allemagne, la Suède, la Suisse sont accompagnateurs.

 

Le représentant spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies et la Conférence épiscopale de Colombie sont également des accompagnateurs permanents.

 

Déclaration et accord No. 11

 

Engagement dans  le processus de participation de la société et du cessez-le-feu bilatéral

 

Le Gouvernement national de la République de Colombie et l'Armée de libération nationale - ELN, ont décidé de se conformer immédiatement aux accords de Cuba. À cette fin, les Parties déclarent que le Bureau des Dialogues de Paix entre dans une activité permanente qui conjugue différentes modalités de travail dans différents scénarios et temps, en maintenant les cycles de conversations.

 

1. Préparatifs pour la participation de la société à la construction de la paix :

- Appel à la société pour participer au processus de paix.

- Formation d'équipes préparatoires à l'installation du Comité national de la participation (CNP).

- Élaboration du règlement opérationnel et du plan de travail du CNP.

  • Installation publique du CNP avant le 25 juillet 2023.

 

2. Processus d'engagement du cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire (CFBNT)

 

Celui-ci comprend dans sa phase initiale trois moments :

 

  1. Avec l'annonce du présent accord, les parties lancent le processus d'engagement dans le cessez-le-feu bilatéral. Du 9 juin au 5 juillet 2023, un processus d'engagement  qui comprend, entre autres, la mise en place d'un canal de communication entre les parties par l'intermédiaire du représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Colombie, la rédaction des protocoles en attente, le début des activités de pédagogie et la préparation à la mise en œuvre du mécanisme de surveillance et de vérification (MMV).

 

2. Les ordres d’arrêt des opérations offensives par les parties entreront en vigueur le 6 juillet 2023. Une réunion plénière et en personne du Bureau des dialogues de paix aura lieu le 10 juillet 2023 pour approuver les protocoles élaborés. Pendant cette période, les activités de pédagogie continueront à se développer.

Le 3 août 2023 commencera la mise en œuvre complète du CFBNT, avec l'application dans leur intégralité des protocoles et le fonctionnement complet du MMV dans toutes ses instances. À partir de cette date, les 180 jours de validité du CFBNT commencent à courir,. Celui-ci aura une vocation de continuité, après évaluation des parties.

 

3. Quatrième cycle

 

Entre le 14 août et le 4 septembre 2023, le quatrième cycle de pourparlers au cours duquel, entre autres sujets, un bilan sera fait sur le respect des accords signés se réunira en République bolivarienne du Venezuela.

 

La Havane, République de Cuba, 9 juin 2023.

 

Signent:

 

Délégation du Gouvernement de la République de Colombie
José Otty Patiño Hormaza / Chef de délégation

Iván Danilo Rueda Rodríguez / Haut Commissaire pour la paix

Orlando Romero Reyes

Rosmery Quintero Castro

Horacio Guerrero García

Adélade Jiménez Cortés

Carlos Alfonso Rosero

Olga Lilia Silva López

Ivan Cepeda Castro

José Félix Lafaurie Rivera

Dayana Paola Urzola Domicó

Rodrigo Botero García

Nigeria Rentería Lozano

 
Álvaro Matallana Eslava

 
María José Pizarro Rodríguez

Délégation de l'Armée de libération nationale - ELN

Pablo Beltrán / Chef de délégation

Aureliano Carbonell

Bernardo Téllez

Isabel Torres

Manuel Gustavo Martínez

Maria Consuelo Tapias

Tomás García Laviana

Simon Pabón

Maurice Iguaran

Comme observation des forces militaires :

Mg. Hugo Alejandro López Barreto

En tant que témoins et dépositaires :

Pays Garants

 
Glivânia Maria de Oliveira / République fédérative du Brésil
Raúl Vergara Meneses / République du Chili
Eugenio Martínez Enríquez / République de Cuba

Claudia Helietta González Hernández / États-Unis mexicains
Jon Otto Brødholt / Royaume de Norvège
 
Gral. Carlos Martínez Mendoza / République bolivarienne du Venezuela
 

Accompagnateurs permanents :
Carlos G. Ruiz Massieu / Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies
Mgr Héctor Fabio Henao Gaviria / Délégué pour les relations Église - État, CEC

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/06/09/cuba-dialogos-de-paz-entre-el-gobierno-de-colombia-y-el-eln-acuerdan-cese-al-fuego-bilateral/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/06/colombie-le-gouvernement-et-l-eln-signent-un-accord-sur-un-cessez-le-feu-bilateral.html