Amérique latine : Hier, grâce a Hugo Chavez, les peuples vainquaient la zone de libre-échange des Amérique.
Par Carlos Aznárez
À l'époque, le 5 novembre 2005, les rues de la ville argentine de Mar del Plata bouillaient de foules. Drapeaux, bombes, tambours et bannières visaient un seul objectif devenu slogan : « Non à l'ALCA », Il s'agissait de freiner ce « traité de libre-échange » d'ingérence avec toute la puissance possible. Plus encore, il fallait absolument prouver à Mister Bush que le continent n'était pas son « arrière-cour ».
La ville balnéaire accueillait le sommet des présidents au cours duquel l'initiative néfaste mise en place par les États-Unis et certains de leurs acolytes devait être approuvée ou non. Mais en plus, également là, tiendrait ses sessions dans un grand stade le plus gigantesque Contre-sommet dont on se souvienne sur ces terres, la figure fondamentale convoqué essentiellement par le commandant Hugo Chavez.
Le jour s'est levé avec la pluie et pourtant de tous les points du pays, sont arrivés dans toutes sortes de transports des hommes et des femmes qui savaient clairement que si ce projet contrôlé par l'empire continuait à avancer, chaque pays perdrait encore plus son indépendance et une vague de colonisation dans le domaine économique, politique et social se précipiterait à nouveau sur tout le continent comme dans les années 90. L'ALCA était à ce niveau, le vaisseau enseigne du débarquement d'un nouveau type de « marins » dont les uniformes seraient les costumes et les cravates des PDG des transnationales, désireux de dévorer les richesses ancestrales de chaque territoire.
C’est pour cela et pour bien d'autres choses, que Mar del Plata était devenu dès le départ l'endroit où les « personnes », représentés par eux-mêmes avec l'aval d'une poignée de présidents, allaient avoir la mission stratégique d'arrêter la marche du bulldozer d'un autre participant indésirable, George W. Bush, qui avait l'habitude de jouer le gagnant et pensait que le succès lui sourirait à nouveau.
S'il manquait un élément pour donner plus de couleur et de chaleur à ce matin-là, un train spécial, baptisé « Train de l’ALBA » en référence claire à l'alternative libératrice mise en place par le Venezuela et Cuba était arrivé à la gare ferroviaire de Mar del Plata. Dans ses wagons, des dirigeants sociaux, politiques et ce qu’on appelle les « personnalités » ont voyagé entremêlés. C'est ainsi que l'on a pu voir ledirigeant bolivien Evo Morales, qui était sur le point de devenir le premier président indigène du continent, le cinéaste Emir Kusturica, le grand Diego Maradona qui, avant de partir, avait déclaré sous les applaudissements : « Bush est une ordure humaine et le plus grand criminel du monde », le père Luis Farinello, Miguel Bonasso et Luis D'Elía (tous deux co-organisateurs d'un mouvement identique) et bien d’autres.
Tous et la foule qui les attendait marchaient sur la traditionnelle avenue Luro, sous la conduite d’Adolfo Pérez Esquivel et de Maradona, et à l'un des coins de rue s'est jointe à eux une énorme délégation de Cubains qui agitant leurs drapeaux et étaient ivenus dans un charter envoyé par le commandant Fidel Castro pour soutenir la bataille inégale contre l’Empire. Stratège comme il l'a toujours été, Fidel savait qu'il s’y jouait un jeu qui pouvait changer longtemps le destin de l'Amérique latine et, comme d'habitude, il a fait tout son possible pour aider à le gagner.
Dans le stade, submergé par la foule, avec Hugo Chavez comme principal maître de ballet s'est déroulé une grande assemblée populaire qui allait montrer au monde que l'empire n'est pas invincible. Dans un discours mémorable, le dirigeant bolivarien, entre plaisanteries et chants, et en donnant la parole de temps en temps à différents dirigeants populaires du continent, a clairement indiqué la signification néfaste pour les peuples que l’approbation de l'ALCA apporterait. Comme contrepartie, il a donné il a indiqué les lignes directrices de l'initiative de solidarité de peuple à peuple qui est à la base d'un projet comme l'Alternative Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA). À partir de cette pédagogie de masse qu'un communicateur comme Chávez manipulait parfaitement, il était clair qu'il y avait un besoin extrême d'enterrer l'ALCA à Mar del Plata et s'il fallait le traduire en gestes, qui peut oublier tout le stade sautant et criant à côté d'un Chávez souriant : "ALCA, ALCA, ALcarajo » (ALCA, ALCA, via te faire foutre!). Comme épilogue de cette fête du peuple, Silvio Rodriguez, guitare en main, allait encore encourager la victoire.
Un peu plus tard, la cérémonie allait se répéter de manière plus officielle lors d'un sommet des dirigeants militarisé au maximum lors duquel le trio Chávez, Kirchner et Lula (Tabaré Vázquez, comme il avait l’habitude de le faire, s'est effacé honteusement en se retirant du forum avant la définition finale), représentant le désir de millions de Latino-américains et de Caribéens, a mis les points sur les i au chef de l’empire qui, avec un visage décomposé, a vu son rêve de plus d'opulence s'effondrer. L'ALCA avait été doublement vaincu, d'abord dans la rue (où à cette heure les drapeaux nord-américains étaient brûlés et où l'on entendait « Yankees go home » à tous les coins de rue) et dans le courage de ces trois dirigeants qui ont uni leurs forces pour arrêter l'avancée prédatrice des transnationales représentées par Bush.
18 ans après ce geste, le panorama du continent n'est plus le même. L'Empire s'est réarmé et avec la complicité de plusieurs de ses copistes co-gouverne dans plusieurs pays et tente de récupérer le temps perdu grâce à des menaces, des pressions et des chantages. Encore une fois, le FMI et la Banque mondiale s'immiscent dans les affaires intérieures de chaque nation, aidés par des présidents et des ministres qui semblent se soucier très peu du fait que la majorité de leur peuple soit plongée dans la pauvreté.
De plus, des formules considérées comme dépassées comme les coups d'État ou les intrigues de palais ont produit des retours en arrière indéniables. Seuls trois des pays qui ont souffert de ces faits ont réussi à les surmonter et à récupérer le gouvernement: la Bolivie, le Brésil et le Honduras, mais malgré cela, ils sont toujours harcelés par l'empire.
Grâce à une résistance permanente et en conservant des valeurs révolutionnaires historiques, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua sont. toujours debout et produise autant que possible des progrès qui profitent à leur peuple. Tous, subissant des blocus et des sanctions de l’empire destinées à les déstabiliser, mais qui se heurtent à la force dévastatrice des populations prêtes à empêcher le retour de ceux qui ont tant fait de mal lorsqu'ils ont gouverné.
Un nouvel élément, à. propos de menaces, est le fait que grâce à l'extrême droite européenne et nord-américaine, sont apparus des émules latino-américains qui, grâce à des campagnes médiatiques et à la confusion délibérée insufflée dans les secteurs populaires, peuvent arriver à gouverner ou sont déjà en train de le faire dans certains pays. Le capitalisme, une fois de plus, se nourrit d'expressions fascistes pour écraser les peuples.
Mais l'ALBA-TCP est toujours debout et rien de ce qui a été expérimenté ces dernières années au niveau de l'alliance fraternelle entre les peuples, dans la chaleur de la présence solidaire du Venezuela bolivarien, de Cuba et de la Bolivie aux côtés d'autres Gouvernements progressistes, n'a été vain. Les peuples savent, ils l'ont vécu, qu'il existe un monde différent de celui qu'offre le capitalisme et c'est pourquoi dans chaque pays, les luttes et les défis envers le pouvoir établi continuent de se répéter.
La porte ouverte par cette journée historique du 5 novembre 2005, qui a été à la fois la conclusion de centaines de manifestations contre l'ALCA pendant plusieurs années, montrent que la seule recette pour faire reculer les ennemis actuels (très semblables à ceux d'hier) est la mobilisation et la coordination des efforts sur toutes les scènes possibles mais avec la rue comme principal vecteur. Comme le répétait Chavez : « il ne s'agit pas de vaincre ou de mourir, il faudra vaincre ».
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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