Amérique latine : Sont-ils fascistes ?
Par Ricardo Romero
Qualifier de fascistes ou de nazis Jair Bolsonaro ou Javier Milei pourrait être facile politiquement mais pourrait nous conduire à une erreur stratégique en terme d'alliances ou de coalitions si nous nous trompons dans la conceptualisation.
C'est pourquoi Marco Rodrigues, un intellectuel du courant Démocratie Socialiste, du Parti des Travailleurs du Brésil est à Buenos Aires pour essayer d'analyser le cas argentin et réfléchir sur les ressemblances et des différences avec la situation brésilienne, afin de dépasser l'ère des nouvelles droites dans la région. Avec sa délégation, Marco Rodrigues a échangé des réflexions avec l'auteur de cet article afin de mettre des cadres de compréhension aux processus.
En premier lieu, dit Rodriguez, même si Milei et Bolsonaro ont des affinités avec Israël, cela ne les éloigne pas du racisme qui caractérise le nazisme. Fortement marqué par Bolsonaro contre les indigènes, il est l'objet d'affaires pour crime contre l'humanité qui ont affecter ce groupe pendant la pandémie, et il est assez méprisant avec les Afro-américains. Milei n'aurait pas de groupe cible spécifique : il délimite cependant une altérité avec le concept de « gens de bien».
Bolsonaro et Milei partagent le caractère anti communiste du fascisme et du nazisme. Au Brésil, cela se concentre sur le PT et sur Luiz Ignacio Lula Da Silva, signaler Rodriguez. Par contre, en Argentine, cela se dilue à cause de la faiblesse de la gauche locale mais ce concentre sur le Kirchnérisme, principalement sur l'image de Kristina Fernandez de Kirchner.
Par ailleurs, Bolsonaro revendique un nationalisme similaire à celui du nazisme ou du fascisme, mais qui ne se manifeste que par le port du maillot de l'équipe de Verdeamerelha, car il pratique la capitulation devant le capital financier international. Nous ajoutons à cela le fait que Milei se rend également à la banque internationale mais avec un mépris pour toute référence nationale.
En ce sens, Rodrígues attire l'attention sur la situation que cela implique pour la question des Malouines, ce qui nous fait penser que cela pourrait conduire à l'idée d'un protectorat partagé, qui est la proposition britannique pour les îles.
A cela s'ajoute une similitude : en privilégiant l'emprise du marché international, tous deux abandonnent le schéma industriel du nazisme ou du fascisme, au-delà du fait que ce dernier était centré sur la guerre. Nous concluons en accord sur ce diagnostic.
En plus de cela, des politiques néolibérales débridées que Milei promeut maintenant sans parachute sont mises en place. Bolsonaro, lui, n'a eu qu'à poursuivre celles mises en œuvre par Michel Temer après le coup d'État contre Dilma Rousseff. Au Brésil, ces politiques néolibérales débridées ont été garanties gercez à une profonde répression, souligne Rodrígues, se demandant si ce serait le cas en Argentine. Tout semble indiquer que ce serait le chemin pris par l’Argentine.
En fin de compte, le caractère répressif est quelque chose qui caractérise le fascisme et le nazisme, même s'il peut être nuancé par la situation actuelle mais latent en raison du cadre de soutien. La présence des militaires sous le gouvernement de Bolsonaro était très évidente, souligne Rodrígues, et ils se retrouvent en Argentine avec la vice-présidente Victoria Villarroel.
Et il n'est pas déraisonnable de leur attribuer un caractère antidémocratique, souligne Rodrígues, puisqu'au Brésil, Boslonaro a encouragé un coup d'État qui a échoué. Et nous soulignons que Milei réclame maintenant une délégation de pouvoirs comme Hitler l'a fait pour lancer le Troisième Reich après avoir accusé un communiste d'avoir mis le feu au Reischtag (Parlement allemand), et qu'il est évident qu’il ne croit pas à la démocratie basée sur le théorème d’Arrow.
En conclusion, bien qu'il y ait des différences avec le fascisme et le nazisme, il faut comprendre qu'ils contiennent des éléments similaires qui demanderaient une stratégie d'unité nationale qui impliquerait non seulement d'appeler à voter contre Milei, comme l'a fait la gauche argentine, mais aussi de participer à un Gouvernement de coalition, comme l'a fait une partie de la gauche brésilienne. C'est ce que suggère Rodrígues, dans le cadre d'une conversation qui pourrait fournir des éléments de réflexion pour la meilleure stratégie à mettre en oeuvre pour s'opposer au gouvernement de Milei ou éviter un retour de l'extrême droite au Brésil.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/01/14/pensamiento-critico-son-fascistas/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/01/amerique-latine-sont-ils-fascistes.html