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Pensée critique : Le monde va-t-il vers la droite ?

17 Juin 2024, 17:00pm

Publié par Bolivar Infos

Par Guillermo Cieza

 

Traduction Françoise Lopez, pour Amérique latine-Bolivar infos

 

La victoire de Milei en Argentine est le reflet local d'une tendance mondiale, s'alimente de la supposition que le centre de l'univers est l'Europe, et que nous, nous sommes le nombril de l'Amérique latine.

 

Si nous évoquons la dérive des puissances occidentales, nous devons rappeler que le dernier président des États-Unis de tendance démocratique ou progressiste a été James Carter qui a gouverné de 1977 à 1981, il y a plus de 40 ans. Tous ceux qui sont venus après, y compris l’afro-descendant Barack Obama, ont été autoritaires à l'intérieur et très agressifs à l'extérieur, ils ont organisé des blocus, des guerres et des crimes sélectifs. Le panorama de l'Europe n'a pas été meilleur. Comme l’a bien dit Marcos Roitman dans un article publié récemment dans La Jornada : « Depuis les années 70, la ligne qui séparait le projet totalitaire issu du troisième Reich d'une proposition social-démocrate s’est estompée. La victoire de Margaret Thatcher a été le point d'inflexion. L'adoption des politiques néolibérales et de l'économie de marché a dévoilé le véritable visage de l'Union européenne. » En d'autres termes, il n'a pas fallu que Meloni gagne pour que l'Europe soit gouvernée par la droite.

 

La grande nouveauté dans le monde est que certains Gouvernements se dirigent plus vers la droite mais que d'autres puissances qui commencent à remettre en question la condition de gendarme du monde des États-Unis et qui ont développé des économies qui peuvent remettre en question l'hégémonie du dollar sont en train d’émerger. En ce qui concerne l'Amérique latine, la grande nouveauté est que sur les 5 pays ont le plus de poids politique dans la région (le Brésil, le Mexique, l'Argentine, la Colombie et le Venezuela), 4 ne sont pas gouvernés par la droite.

 

La croissance de l'extrême droite en Europe est une expression de la recherche d'une issue face à l'évidence que la mondialisation libérale a échoué. S’y ajoute le fait que la guerre en Ukraine a causé de graves préjudices économiques et, sur le plan militaire, la douloureuse confirmation qu’ils ne peuvent pas renverser la Russie.

 

L'extrême droite européenne est nationaliste et peut affaiblir encore plus l'Union européenne comme l'ont déjà fait les Anglais avec le Brexit. Le différend, aux États-Unis est celui de la décadence d'un empire que les deux candidats qui ont 78 et 81 ans, illustrent bien, le dernier d'entre manifestant des signes de démence sénile. D'un côté, le président Biden continue à insister pour soutenir une mondialisation décadente et de l'autre, Trump propose un repli des États-Unis sur sa propre économie pour essayer de se sauver en tant que grande puissance.

 

L'extrême droite de Milei n'est pas nationaliste. Au contraire, il se présente comme un collabo pour servir les intérêts et les conceptions des États-Unis et d'Israël. Du point de vue historique, c'est une position très semblable à celle qu'ont eu certaines oligarchies latino-américaines au début du XIXe siècle. Elles insistaient pour rester liées à la domination espagnole quand cet empire était en pleine décadence. Elles n'étaient ni indépendantistes ni des traîtres, mais des lucides comme Rivadavia, qui prévenait que de nouvelles puissances hégémoniques étaient en train d'émerger, et que les meilleures affaires étaient là.

 

Milei n'est pas en accord avec les changements mondiaux comme l'était Menem qui embrassait les mondialistes Thatcher et Reagan. Le fait est que chaque fois qu'il voyage pour chercher des capitaux,, il revient en annonçant qu'il a acheté des avions, des bateaux ou de la logistique pour renforcer la répression. Si Trump gagne aux États-Unis il va poursuivre sa politique destinée à envoyer les capitaux vers son pays et à raccourcir les chaînes de valeur.

 

Une des grandes faiblesses du gouvernement de Milei est que sa proposition est dissociée du fonctionnement actuel du monde et que cette déviation va s'exprimer dans l'économie. Il n'y a aucun signe que la chute de l'économie et de la consommation puisse être renversée. La perspective est celle d'un ajustement permanent jusqu'à ce que le peuple décide de poser des limites. Le Gouvernement de Milei est également déplacé en proposant une perspective contradictoire avec la situation géographique du pays qu’il préside. Notre Amérique est la partie du continent et du monde dans laquelle il y a le plus de luttes de résistance aux politiques ratées du néolibéralisme et des progressismes libéraux. C'est l'endroit de la planète qui a le plus de possibilité pour formuler et construire de nouvelles propositions civilisatrices.

 

Que six mois après son installation, un Gouvernement commence à dénoncer des coups d'Etat et accuse un large éventail de l'opposition qui comprend l'église, des université, des syndicats, des mouvements sociaux, des producteurs, des scientifiques, des organisations de femmes et des organisation dissidentes d'être des « terroristes » est une manifestation de faiblesse, pas de force.

 

Cela produit de la peur, mais il n'est pas bon que la peur nous embue le regard.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/06/16/pensamiento-critico-el-mundo-se-va-a-la-derecha/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/06/pensee-critique-le-monde-va-t-il-vers-la-droite.html