International: Analyse de la victoire de la gauche en France
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Le professeur et politologue espagnol Juan Carlos Monedero a affirmé lundi dans une interview accordée à l’émission Le Monde depuis le Sud que la victoire de la gauche en
France est liée à la victoire de la gauche au Mexique.
« Le Mexique a été important dans la victoire de la gauche parce que si tu penses que tout est perdu ou que la droite est prédestinée à gagner partout, alors, tu te rends. Les victoires de la gauche en Amérique latine ont aidé à la victoire de la gauche en Europe et vice-versa, » a-t-il expliqué àTelesur.
Il a précisé que l’extrême-droite espérait que la gauche mexicaine soit vaincue car, après la victoire de Javier Milei en Argentine, elle pensait que si elle gagnait au Mexique et si elle gagnait le 28 juillet prochain au Venezuela, le monde serait à ses pieds.
Il a également souligné qu’il y a eu une augmentation de 20% en faveur de la gauche en France et que des gens qui restaient chez eux sont allés voter, en particulier les émigrés de seconde génération qui vivent dans des banlieues pauvres composées d’émigrés des colonies françaises dans des territoires d’outre-mer.
« Ces enfants d’Algériens, de Marocains, de toute l’Afrique, de seconde génération ont été effrayés par le discours de l’extrême-droite parce que 40 députés ont fait des discours raciaux insoutenables, » a-t-il déclaré et il a souligné que les alertes de personnages publics comme le footballer Kylian Mbappé ont eu une influence sur la décision de ces groupes d’aller exercer leur droit de vote.
Il a également souligné que le dirigeant de la coalition Nouveau Front Populaire, Jean-Luc Mélenchon, avait affirmé qu’il fallait se mettre d’accord pour reconnaître l’Etat palestinien le plus vite possible, raison pour laquelle il a été accusé d’être antisémite. Et il a rappelé que « le parti antisémite est celui de Marine Le Pen dont le père était avec les SS qui ont déporté les juifs de France à Auschwitz » et dans d’autres camps de concentration.
Monedero a précisé qu’il faut être cohérent et conséquent envers le peuple pour garantir la victoire.
Ne nous trompons pas. Les fascistes se sont arrêtés, grande joie. On chante dans les rues : Ils ne passeront pas! Mes respects. Mais ne nous leurrons pas. En Europe, changer les choses est très compliqué si tu n’es pas révolutionnaire ».
A ce sujet, il a expliqué qu’être révolutionnaire, ce n’est pas prendre d'assaut le Palais d'hiver, mais que « cela signifie que les défis et les problèmes qui sont sur la table aujourd'hui, soit nous les relevons en changeant radicalement notre façon de penser, soit nous n'irons nulle part ».
Et il a ajouté que Macron « a cru qu’en avançant les élections, dans un affrontement entre lui et l’extrême-droite, les gens allaient voter pour lui.La gauche s’est coordonnée à la hâte et a obtenu la première place, mais il ne faut pas se tromper: elle a obtenu un tiers. Macron a obtenu un autre tiers et l’extrême-droite un autre tiers, donc la droite et l'extrême droite ont deux tiers. En sièges et en voix, la différence est très importante ».
Il a évoqué les statistiques qui donnent au Nouveau Front Populaire 1870 sièges avec 7 000 000 de voix, au parti de Macron 159 sièges avec 6 600 000 voix et à celui de Le Pen, 143 sièges avec 10 000 000 de voix.
Et il a déclaré qu’il y a beaucoup de choses à apprendre de l’Amérique latine. Il y a une nuit du fascisme en Europe, ne nous trompons pas. L’extrême-droite rôde dans de nombreux pays. Ici, parce qu’elle n’a pas gagné, on l’a un peu freinée mais les raisons de son existence sont là.
L’expert a conclu que « si Macron se met d’accord avec les partis de la gauche modérée pour continuer à faire la même chose, aux prochaines élections, l’extrême-droite triomphera, c’est pourquoi il faut penser en termes plus révolutionnaires. »
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