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Venezuela: Les États-Unis, la diplomatie de guerre et le pétrole

20 Août 2024, 18:09pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Carlos Fazio

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

Le conflit post-électoral au Venezuela montre le retour d'anciens schémas de pression, de déstabilisation et d'attaques directes de la souveraineté nationale par la diplomatie de guerre de Washington. Ainsi, alors que, d'un côté, le département d'État exerce une pression diplomatique croissante sur l'axe formé par le Brésil, la Colombie et le Mexique pour amener ces pays sur son terrain et affaiblir leur position en tant qu'interlocuteurs et médiateurs régionaux autonomes, de l'autre, des fonctionnaires du Gouvernement de Biden font  de plus en plus allusion à une éventuelle reprise du programme de sanctions contre la compagnie d’Etat vénézuélienne Petróleos de Venezuela (PDVSA).

 

Avec sa charge d'ambiguïté stratégique et sur la base de la non-reconnaissance des résultats donnés par les autorités électorales du Venezuela qui ont indiqué que Nicolas Maduro avait gagné les élections le 28 juillet, la Maison Blanche cherche à se garantir la conduite et la tutelle de la crise politique de la région, en fonction des intérêts de la sécurité national de l'empire dans lesquels le facteur énergétique (pétrole/gaz) est essentiel face à l'élection présidentielle de novembre prochain entre Kamala Harris et Donald Trump.

 

Face a une controverse que le tribunal suprême de justice (TSJ) est en train de résoudre, l'escalade des pressions diplomatiques des États-Unis est destinée à exploiter les hésitations et les contradictions des président du Brésil et de la Colombie, Luiz Inácio Lula da Silva et Gustavo Petro, et à fabriquer un « consensus régional » qui, avec l'intervention de l'Organisation des Etats américains moribonde, permettent d'adopter une position plus agressive et plus hostile envers le Gouvernement de Nicolas Maduro.

 

La récente, proposition d'une répétition des élections esquissée  par Lula et Pétro–et soutenue par le président Joe Biden au début, ensuite démenti par un porte-parole du conseil de sécurité nationale des États-Unis qui a allégué une « mauvais interprétation » d’e la question d'un journaliste–indique que le chemin tissé par Washington pendant ces derniers jours était destiné à atteindre cet objectif.

 

À ce sujet, il faut noter que Lula a suggéré de former un Gouvernement de coalition ou de convoquer des élections avec un comité électoral indépendant et des observateurs internationaux tandis que Pétro a proposé une levée des sanctions, une amnistie générale, des garanties pour l'action politique et un Gouvernement de cohabitation transitoire qui conduiraient à de nouvelles élections. Pour sa part, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a manifesté son désaccord avec ces propositions, considérant que l'ingérence étrangère dans des affaires intérieures d’un autre pays était une imprudence.

 

Selon Mission Vérité, l'initiative de Lula et de Pétro, largement rejetée par tout le spectre politique vénézuélien, peut-être interprétée comme issue « élégante », au dilemme créé par les pressions du secrétaire d'État Anthony Blinken. Selon ce média, de cette façon, ils ont cherché en même temps à ne pas concéder à Washington la reconnaissance du candidat d'opposition Edmundo Gonzalez –l'homme de paille de Maria Corina Machado, financée par les États-Unis qui a ses entrées  à la Maison Blanche -   mais pas non plus au président Maduro, la reconnaissance de sa victoire ou la validation du contentieux électorale au TSJ.

 

Lula et  Pétro semblent ne pas avoir compris qu’en des temps de grande polarisation géopolitique, jouer sur un terrain glissant et et mouvant est le pire signal dans un contexte international dans lequel l'autonomie stratégique définit le profil des pays dans le cadre de ce grand moment multipolaire encouragé par des puissances, comme la Chine et la Russie, moteurs des BRICS+10. Le fait que les États-Unis réactivent le harcèlement économique comme principale arme de coercition, maintenant sous le prétexte de la crise post-électorale est dû à cette situation dans laquelle le Venezuela aspire à jouer un rôle actif à court terme à cause de son rôle en tant que maillon essentiel de la chaîne de fourniture mondiale des hydrocarbures.

 

Ce processus comprend également l'éloignement virtuel du Venezuela de l'empire du dollar, étant donné son entrée potentielle dans les BRICS, qui sont favorable à la mise en place d'un nouveau système de messagerie financière similaire à SWIFT, qui pourrait mettre fin à la domination mondiale du billet vert et remodeler le paysage commercial mondial.

 

Au milieu de l'escalade des pressions diplomatiques, le programme d'exemption pétrolière accordé au Venezuela par le Gouvernement Biden, ainsi que l'intensification des sanctions unilatérales, extra territoriales et illégales comprend une phase d'administration de licences qui permet d'ajuster le point de vue selon les circonstances et les urgences du marché énergétique mondial ainsi que selon des critères de convenance personnelle en relation avec la sécurité nationale et énergétique de l’impérialisme États-Unien.

 

Alors que Maduro a menacé de céder à ses alliés des BRICS les blocs de pétrole et de gaz exploités par les firmes occidentales, on ne peut écarter l’idée que dans cette nouvelle phase d'agression contre le Venezuela, les stratèges de Washington aient élaboré un plan d'endiguement destiné à renforcer les sources alternatives pour couvrir les besoins énergétiques du pays (en ciblant vraisemblablement les vastes réserves de sables bitumineux du Canada et les nouveaux puits découverts en Guinée équatoriale et dans le Golfe du Mexique), afin d'éviter la pression des grandes entreprises comme Chevron, Eni, Repsol, Shell, BP et d'autres qui font des opérations et ont des projets conjoints avec PDVSA.

 

Dans ce contexte, les propositions timorées et de toute évidence d'ingérence, de Lula et de Pétro, bien qu'ayant servi à freiner la violence initiale du terrorisme de Maria Corina, Machado et de l'extrême droite vénézuélienne, et ne satisfaisant pas pleinement l'objectif de l'empire d'augmenter l'hostilité de la région envers le Gouvernement vénézuélien se traduisent par une augmentation du récit de non reconnaissance de la victoire aux élections de Nicolas Maduro et permettrait au Gouvernement démocrates de Joe Biden de gagner du temps, de faire diversion sans perdre le sens de l'escalade multiforme propre à la guerre hybride en cours et de retarder  l'imposition de sanctions sur le pétrole qui affecteraient ses intérêts énergétiques, en particulier, dans un contexte d'élections aux États-Unis, dans lequel un déséquilibre de l'inflation ou des prix de l'essence à cause d’une mesure improvisée pourrait continuer à catapulter la candidature du républicain Donald Trump.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/08/19/venezuela-eu-la-diplomacia-de-guerra-y-el-petroleo/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/08/venezuela-les-etats-unis-la-diplomatie-de-guerre-et-le-petrole.html