Pensée critique : Profonde crise du mouvement communiste international
Par Lois Pérez Leira
Traduction Françoise Lopez, pour Amérique latine-Bolivar infos
Après la disparition de l'URSS, la confusion, les débats sur le « sauve-qui-peut » et le cannibalisme politique ont réduit la capacité des partis communistes, leur pouvoir de mobilisation et leurs ressources.
Après la mort de Lénine, une tendance bureaucratique et politique au service des intérêts géopolitiques de l'URSS, d'une certain façon résignée au développement du socialisme dans un seul pays, s'est renforcée.
Si, d'un côté, sous la direction de Staline, l'Union soviétique, aguerrie et rendue prestigieuse par son intervention décisive dans la défaite du nazisme, est devenu une grande puissance, dans le nouveau cadre de l’après-guerre, conditionnée par les accords de Yalta et de Potsdam, son soutien au processus révolutionnaire sous d'autres latitudes a été limité. La politique de « dégel » et de « coexistence pacifique » qui ne masquait que ce qui a été connu comme la guerre froide, a conduit l’URSS et les partis communistes à prendre des positions pacifistes et réformistes.
La révolution cubaine pourrait démontrer que la théorie du socialisme dans un seul pays était due aux circonstances et n'était pas un destin. Mais son exemple perturbateur, sa vocation internationaliste dans la pratique ne pouvaient qu'entrer en collision avec la politique réformiste de la plupart des partis communistes.
La rupture de l'URSS avec la Chine allait affaiblir encore plus le mouvement communiste international. Pendant ce temps, en Afrique, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, etc. se développait un grand mouvement de libération anticolonialiste.
Pendant tout ce processus, les partis communistes ont hérité de vieux vices, la bureaucratie, la dépendance et la soumission à la politique de l'URSS. Certains sont restés très affaibli et n'ont survécu que ceux qui avaient une certaine insertion dans les masses.
L'assassinat de Che Guevara en Bolivie a confirmé que les États-Unis avaient appris la leçon de Cuba. Qu'ils ne permettraient pas de nouvelle révolution en Amérique latine. Les Nord-américains ont développé de nouvelles techniques contre les insurrections. Ils ont conseillé et entraîné les armées du continent à des tâches de renseignement, des opérations secrètes et des méthodes de torture.
L'expérience chilienne est devenue une tragédie dont les enseignements amers n'ont pas été encore capitalisés par les avant-garde révolutionnaires.
Le plan Condor, l'étape, des dictatures, sanglantes, des génocides, est né. Dans peu de pays, on a pu résister et même avoir des succès militaire comme la FARC en Colombie, la révolution sandiniste au Nicaragua, la URG N au Guatemala et le front de libération Farabundo MARTI. Avec les technologies militaires de plus en plus sophistiquées des États-Unis, il est devenu plus difficile de combattre. Dans certains processus révolutionnaires, la situation politique était devenue un dilemme. L'armée ne pouvait vaincre la guérilla et la guérilla ne pouvait prendre le pouvoir. Cela a conduit aux différents accords de paix qui, en général, ont été négatifs pour les forces révolutionnaires. C'est le cas du Guatemala, par exemple.
Ces circonstances ont ouvert un espace aux forces progressistes de la zone.
Partis de la petite bourgeoisie démocratique, d'anciennes organisations de guérilla ont formé des fronts électoraux avec des succès notables comme au Venezuela et en Bolivie. Deux processus nationalistes et anti-impérialistes. À cela, il faut ajouter le succès de Lula, de Correa, du Paraguay, du Honduras, de l'Uruguay et de l'Argentine. Tous, des Gouvernements socio-démocrates de gauche ou socio-libéraux. Pendant cette étape, les partis communistes ont accompagné les processus politique sans avoir la même incidence que dans le passé. Des processus avec des schémas et des contradictions. En n’avançant pas dans les politiques anti-capitalistes, l’oligarchie et les États-Unis ont commencé à utiliser de nouvelles méthodes pour déstabiliser les Gouvernements populaires. D'abord, le coup d'Etat contre le président du Honduras, Manuel, Zélaya, ensuite les coup d'Etat judiciaires, les fausses informations, etc…
Le recule électoral a été une preuve que le processus progressiste devenait la reconstruction conservatrice, Bolsonaro, Macri, Lenin Moreno, etc… alors que Cuba, le Venezuela, et la Bolivie résistaient aux attaques de l’empire.
Ces derniers temps, une nouvelle vague progressiste arrive en Amérique latine, qui s’étend jusqu'au Chili, au Honduras, en Argentine, au Guatemala, etc…
Et à nouveau le même dilemme : est-il possible de briser les limitations socio-démocrates ? Peut-on avancer dans des changements structurels ? Peut-on appliquer des mesures anti-impérialistes et anticapitalistes ou s'agit-il seulement de Gouvernements éthiques qui légalisent l'Etat d'oppression ? S'agit-il de s'adapter à voir le capitalisme comme « le meilleur système de production et de distribution des biens et des services », comme aime le dire l'ancienne président de l'Argentine, Cristina Fernandez.
Les partis communiste en Occident n'ont pas pu aller au-delà d'accompagner les partis de la petite bourgeoisie. Ils n'ont pas pu avoir d'incidence sur les politiques d'État et moins encore être l'avant-garde des processus de transformation.
La réalité qu'il est qu'un coup de timon des partis communistes pour récupérer leur autonomie et leur vocation de pouvoir est urgent pour qu'ils soient des acteurs actifs de la lutte anticapitaliste. Développer la théorie à la lumière des nouveaux paradigmes, des changements opérés à l'intérieur de notre classe et de leur impact sur les subjectivités. Récupérer le marxisme-léninisme comme sens créateur, anti-dogmatique, en recourant à l'expérience et aux apports du Che et de Fidel comme aussi des différents scénarios de la lutte de classe et des mouvements de masse dans le monde entier.
Aujourd'hui, le néo-fascisme est une menace réelle, les politiques agressives de l'impérialisme mettent en danger l'humanité elle-même. Nous, les communistes, avons d'énormes défis et des responsabilités auxquels nous ne pouvons pas renoncer. La crise du mouvement communiste international nous amène à récupérer la pensée de Ernst Bloch qui, dans son livre, « le principe d'espoir » affirme :
«Ainsi, cependant, il y a quelque chose d'ouvert, et son impulsion, son désir, son action, ont leur place. Ce qui n'est pas peut encore devenir, ce qui a été réalisé présuppose ce qui est possible en la matière. Ce quelque chose d'ouvert est donné dans l'homme, et les rêves et les projets y vivent. L'ouvert se trouve aussi dans les choses, à leur limite, là où le devenir est encore possible.
Ce qui est vraiment à soi n'est encore réalisé ni dans l'homme ni dans le monde, il est dans l'attente, dans la peur de se perdre, dans l'espoir de se réaliser. »
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